Pourquoi, un matin d'automne, une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d'amis, admirée, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d'un beau soldat américain qui l'aimait aussi, s'est-elle jetée à l'aube par la fenêtre d'une chambre d'hôtel, à vingt ans ? J'aimerais savoir, comprendre.
Philippe Jaenada est né à Saint-Germain-en-Laye où ses grands parents maternels possèdaient le restaurant Le Grand Cerf.
Issu d’une famille de pieds-noirs récemment revenue d’Algérie, il a grandi dans une banlieue pavillonnaire de Morsang-sur-Orge dans l’Essonne. Après des études scientifiques, il s’est installé à Paris en 1986 où il enchaîne les petits boulots pendant plusieurs années.
Sa première nouvelle est publiée en 1990 dans L'Autre Journal. Les sept premiers romans de Philippe Jaenada sont d'inspiration autobiographique. Outre ses livres, il écrit des articles pour le magazine Voici
Un livre qui aurait pu être complètement quelconque: un auteur raconte la vie de jeunes des années 50 et son tour de France (des bars). Oui, mais l’auteur est Jaenada… et sa plume embarque le lecteur en quelques mots, trimballé d’une parenthèse à une autre. Comme Modiano avec Dora Brüder qui écrivait pour rappeler qu’elle avait existé, Jaenada redonne vie à une communauté de jeunes proto-punks (no future façon 50s). Et j’ai toujours autant envie d’aller prendre un verre avec lui. Sans être aussi passionnant que ses recherches sur des affaires criminelles, il sait être percutant et signe un grand livre sur la jeunesse qui passe
3.5 On ouvre les livres de Jeaneda comme on retrouve un vieil ami. On ne s’est pas vu depuis des mois, des années, mais on se sent quand même bien ensemble. On reprend la conversation facilement, on a les mêmes références, les mêmes amis. C’est agréable, reposant.
Cette fois, il veut comprendre pourquoi Jacqueline Harispe, dite Kaki, s’est suicidée en se jetant de sa chambre d’hôtel à 20 ans, alors qu’elle était amoureuse et aimée de Boris, un beau soldat américain. Il part donc à la trace de cette jeunesse désœuvrée, intéressante et perdue qui peuplait les bars de Saint-Germain-des-Prés au début des années 1950.
Jeaneda est, comme d’habitude, mordant, drôle, attendrissant, sincère et foisonnant.
Comme d’habitude, c’est un mélange savant, astucieux et incroyablement homogène de sourires, d’autodérision et de grande émotion. J’ai le cœur broyé pour ces adolescentes, incarcérées dans les années 1950 pour toutes les raisons, aussi insignifiantes les unes que les autres, subissent des maltraitances psychologiques et physiques insupportables. J'ai les larmes aux yeux pour ces jeunes hommes, en manque d'amour et de cadre, qui fuguent et noient leur désarroi dans l'alcool.
Mais au fil du récit, on oublie un peu pourquoi Jeaneda fait tout cela et ce qu'il cherche au juste (j'ai l'impression, lui aussi).
La quête semble vide et inutile. Les digressions sont meilleures que l'objet principal du livre. Reste tout de même, ici et là, des trouvailles intéressantes. L'auteur est presque un mystique, voyant partout des liens qui le laissent cloué à sa chaise. Je suis étonnée de voir tous ces inconnus et volontaires qui participent de bon cœur à des recherches superflues et complètement inutiles (retrouver le sort d'un bar perdu, la collection d'une tenue portée sur une photo...).
C'est le livre de Jeanada le moins fort (selon moi), mais cela reste un témoignage d'une époque : la nôtre, à travers son tour de France par les bords. Mais aussi une époque pas si lointaine et qui semble pourtant si ancienne, celle des années 1950 au cœur de Paris.
« Entre la rue du Four et la rue de Buci, où notre jeunesse s’est si complètement perdue, en buvant quelques verres, on pouvait sentir avec certitude que nous ne ferions jamais rien de mieux. »
De l’histoire des moineaux, bande d’ados déguenillés et rebelles des années 50, dont il nous reste le situationnisme (Guy Debord), à celle du tour de France des bistrots (ma partie préférée du roman), il n’y a pas à dire, P. Jaenada nous embarque. Les sentimentaux, ça frappe en plein cœur.
Un peu particulier de lire ce livre dont j’avais énormément entendu parler au préalable, et d’essayer de reconnaître les personnages à travers les récits que j’ai entendu dans ma famille. Ce livre m’a avant tout rendu ultra triste devant le destin gâché de tous ces Moineaux (archi galère de retenir tous les noms par contre, j’étais un peu larguée) Philippe toujours une crème, toujours aussi drôle, encore plus alcoolo qu’avant par contre il faudrait penser à ralentir
Impossible de lire plus de 100 pages. Des digressions à tout va qui n’apportent rien à son enquête. Il nous perd avec une multitude d’articles, de presse, de personnages et j’en passe. La travail de recherche effectué est admirable mais pour moi, cela n’a aucun sens et ne m’apporte rien dans ma lecture si ce n’est des maux de tête.
Mince, c’est la première fois que je suis déçue par un livre de Jaenada ☹️ je n’ai pas réussi à être embarquée cette fois ci. C’est un incroyable travail d’archives, mais là où ses livres précédents réussissent à me retourner le cerveau, j’ai trouvé celui-là assez redondant et lourd à la lecture
Toujours aussi fan de Jaenada. Sourire, quelques éclats de rire, être touchée et émue par l’histoire de ces jeunes, fantômes d’un autre temps. Jaenada me donnerait presque envie de me mettre au whisky et de faire la tournée des bistrots. Qu’est-ce que j’aime son humour, sa curiosité, sa délicatesse. J’ai adoré! Et aussi : c’est époustouflant tout ce qu’on peut trouver dans des archives quand on sait où chercher… quel boulot. Très touchée aussi par le travail de réhabilitation des « mauvaises filles » de Véronique Blanchard.
J’adore les digressions de l’auteur plus que le reste, mais je n’aimerais pas le croiser dans un café car il me JU-GE-RAIT sur ma commande de chocolat chaud/panaché/jus de tomates et je me trouverais coincée dans un livre de 500 pages.
Un livre qui n’est sans doute pas pour tout le monde, mais qui est pour moi, qui aime par dessus tout ou presque lire Modiano et écouter les gens dans les cafés. (Et les hôtels vieillots de villes de province, et les autres livres de Jaenada, et plonger dans une époque à travers les archives, et ces quelques rues du sixième arrondissement où je n’ai jamais trouvé ce que j’étais venue y chercher)
Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec La Désinvolture est une Bien Belle Chose ? "Sulak restera, avec la Petite Femelle également, l'un des plus gros coups de coeur de l'histoire de mon blog. Depuis, je lis tout ce qu'écrit Philippe Jaenada et j'ai eu la chance de recevoir celui-ci grâce à la Masse Critique Babelio."
Dites-nous en un peu plus sur son histoire... "Une jeune fille, peut-être 20 ans à peine, amoureuse, sublime, aurait sauté du balcon de sa chambre d'hôtel pour mourir sur le pavé et plus demi-siècle après l'auteur ne peut s'empêcher de se demander pourquoi..."
Mais que s'est-il exactement passé entre vous ? "Philippe Jaenada prévient dès le début, on ne savait rien, ou vraiment presque rien, de Kaki, s'il arrive à en faire un livre, vraiment, c'est un miracle, surtout après autant de temps. Sauf que Jaenada, on le sait, c'est le roi de la digression donc il arrive à en faire un livre mais on ne sait toujours rien de Kaki. Finalement, c'est surtout de sa bande qu'il nous parle, de ceux qui la connaissaient et l'entouraient, et de ce qu'ils ont vécu, du mal être de cette jeunesse dont la guerre a volé l'enfance, un sujet interessant également mais alors autant leur dédier cette histoire plutôt que de préciser qu'il est inutile de retenir tous les noms puisqu'ils ne sont pas le sujet. Avec ce si peu pourtant, il arrive quand même à nous émouvoir, comme toujours. Il est fort, très fort. Et puis moi, j'adore sa façon de décortiquer son enquête point par point, de nous détailler chacune de ses recherches minutieuses... Malgré tout, ici, ça reste trop peu pour que je puisse dire que j'ai vraiment apprécié ma lecture. Quand à son tour de France par les bords et par les bars, c'est comme toujours avec cet auteur aussi amusant que légèrement dérangeant."
Et comment cela s'est-il fini ? "Bizarrement, si j'ai un peu peiné pendant ma lecture, j'en garde déjà, quelques semaines plus tard, plus d'un bon souvenir. C'est là tout son talent. Mais j'espère qu'un jour, il nous racontera à nouveau des destins comme ceux de Sulak et de Pauline Dubuisson."
Philippe jaenada nous plonge dans la France de l entre deux guerres et plus spécifiquement de la jeunesse à Paris entre 1945 et 1956. On suit un groupe de jeunes adeptes du bar "le moineau" rue du Four à Paris. Il s intéresse à kaki, une femme de 20ans qui s est defenestre, elle avait pourtant sur le papier tout pour elle...
Jaenada retrace le parcours cabossé de ce groupe de jeunes.. Sans repère, parents morts ou absents, ils étaient bien souvent laissés tombé par la société, ou bien mis sur le banc des accusés en les internant dans les hopitaux psychiatriques.. C est bien connu tout ce qui depasse du cadre est forcément malade... On s attache à ces jeunes qui ont été immortalisé par un artiste néerlandais qui a publié leurs photos.. On entrapercoit kaki, frêle et confiante.. En nous racontant cette histoire, jaenada parcourt la France avec sa kuno. On ne se lasse pas de ces anecdotes bien à lui qui nous font régulièrement sourire.
Contrairement aux autres romans, jaenada ne cherche pas à résoudre une affaire criminelle, ni à l analyser.. Il nous retrace tout un pan de l histoire parfois laisse de côté.. Un mai 68 arrivait un peu plus tôt.. Cette insouciance qui est attrait à cette période... La désinvolture est une bien belle chose..
Je suis impressionnée par tout le travail que l'auteur à mis dans ce roman, toutes les recherches et la réflexion menée pour reconstruire l'histoire des personnages. Cependant j'ai eu du mal à finir ce roman. Les histoires se ressemblaient et les sujets traités plus en profondeur étaient fort similaires, j'ai trouvé le récit redondant et lassant après 150-200 pages. Le style de l'auteur est aussi particulier. Il semble adorer les parenthèses et les utilisent à tout va, en les enchassant parfois sur 3-4 niveaux. Ça rend la lecture difficile par moment et on se perd dans les très longues phrases. Les compléments d'information dedans sont quand même intéressants mais mal inclus dans le récit. Le nombre de personnages est également difficile à suivre. Il y en a énormement, qui changent parfois de noms (ou en ont plusieurs) et je me suis souvent perdue entre les différentes histoires. Intéressant mais très long. Je n'ai pas particulièrement apprécié ma lecture mais c'est sûrement parce que je ne suis pas fan de ce style d'écriture et de ce genre, trop décousu, aléatoire et lourd pour moi. Intéressant quand même par moment et avec un humour qui m'a plu.
Philippe Jaenada nous perds (et se perds ?) dans un labyrinthe de personnages qui n’ont que peu de lien direct avec le sujet principal de son livre … une certaine kaki qu’on ne croisera finalement qu’assez peu et très tardivement dans ce pavé de tout de même 480 pages.
Heureusement il est toujours aussi drôle et ses digressions restent légendaires mais ça ne nous sauve pas de l’ennui. Il y a trop de monde et trop de pages dans ce roman.
« Elle était (et est toujours) absolument indifférente à ce qu'on pouvait et peut penser de sa conduite, je l'ai vue faire ce qui ne se fait pas, sans se soucier le moins du monde de ce que pensaient les gens, je l'ai entendue raconter des détails de sa vie intime (de notre vie intime) qui laissaient pétrifiés les invités d'un diner (qu'elle ne connaissait pas pour la plupart), et ce n'était pas de la provocation, juste comme si elle leur disait qu'elle préférait les huîtres aux palourdes ; je l'ai vue très simplement donner son chapeau, dans un bar, à une fille qui le trouvait beau (…) »
Le style, un peu feuilletoniste, est très attachant. Il faut accepter le parti pris des allers et retours entre les vies des personnages et celle de l’auteur et son égocentrisme. Son attachement aux personnages apparaît sincère et il le transmet très bien. Ils deviennent effectivement, comme pour l’auteur dont j’ai quasi le même âge, des jeunes gens qu’on aurait pu connaître…. Et le caractère très resserré autour des personnages (même avec les digressions sur leurs familles ) , du petit périmètre géographique, de la très courte période de leur vie commune est très fort.
un livre intéressant plein de détails sur les jeunes d'après guerre qui fréquentaient le quartier St Germain. à partir de la mort brutale de l'une d'entre eux. l'écrivain raconte ses recherches au long d'un périple autour de la France par les bords. écrivain attachant, qui remonte le temps sur les antécédents et les vies que ces jeunes ont eu, ainsi que les coïncidences dans leurs histoires. long à lire, mais on apprend plein de choses
Bien sûr, c'est quand-même bien, puisque c'est Jaenada. Mais la structure est bien plus monotone que dans les précédents (je me balade en voiture, je raconte des trucs sur Kaky, je me balade en voiture...). Et finalement, l'enquête qui est promise dans le résumé n'est que très annexe au livre, au profit d'une plongée "à la Modiano" dans un bar parisien au XXe siècle.
Il y a toujours (ou presque) un moment dans les livres de Philippe Jaeneda où je trouve que quand même ça fait beaucoup de monde et beaucoup de pages, mais je les termine toujours ravie. j'aime cet écrivain de la parenthèse.
Une traversée de la France par les côte où Jaenada, d'hotel en hotel, de bar en bar, se plonge dans la vie d'une jeune fille suicidée dans le Saint Germain des années 1950. Jaenadesque donc savoureux et émouvant
Magnifique enlacement de plusieurs niveaux de récit, dans le style si emblématique de l'auteur. Jaenada continue de se bonifier avec le temps et c'est un régal.
Eu du mal à rentrer dedans, première fois que ça m'arrive avec Jaenada, peut être le format du livre. L'enquête est aboutie mais j'ai eu du mal à saisir l'enjeu.