Hier pourchassés par l’État français, les gays sont aujourd’hui invités à souscrire à une gestion sécuritaire de l’homophobie: incorporation des valeurs républicaines, d’une culture de la peur et des solutions policières. Que faire de cette mise en scène d’une guerre sexuelle dont le but est de produire une masculinité hégémonique souveraine en faisant la part entre ceux qu’on élimine, ceux qu’on sacrifie, ceux qu’on contrôle et ceux qu’on fantasme ? Pour résister à cette guerre et cerner la raison de la permanence des brutalités anti-homosexuelles, il faut en remonter l’histoire. À partir de discours politiques, de disputes scientifiques, de faits divers et de séquences médiatiques, cet essai explore les bases théoriques qui constituent la répression sans fin du désir homosexuel.
une étoile en moins parce que les notes de bas de page sont à la fin dsl……
Plus sérieusement j'ai été assez déstabilisée par la première moitié du livre. Je crois que je m'attendais à un livre assez chronologique et méthodique sur l'histoire de l'homophobie, et ce n'est pas vraiment ce qu'est ce livre. La deuxième partie m'a permise de me réconcilier avec lui et de finalement mieux apprécier ce que j'avais pu lire dans les 100 premières pages.
C'est un livre qui décrypte les affects homophobes, et ce qu'est et n'est pas l'homophobie ("ni une haine individuelle, ni une homosexualité refoulée, ni un délit en soi" pour reprendre la critique du livre par Twoinou sur insta). Pour ça, il mobilise des éléments historiques à titre d'exemple, mais pas de manière exhaustive (un amendement homophobe des années 60, une action du FHAR, des jugements de mecs gays dans les années 70, ou d'agresseurs homophobes plus récemment, etc.), qui lui permettent de détailler comment penser l'homophobie et surtout la lutte contre. C'est comme ça qu'il faut comprendre "histoire politique", et une fois que je l'ai capté, c'était mieux.
J'ai beaucoup aimé le chapitre sur les débats militants sur l'usage d'homophobie VS hétérosexisme, l'analyse de l'institutionnalisation des luttes LGBTI dans les années 90 et 2000, les chapitres sur l'articulation avec le racisme, les débats sur le recours à la justice étatique et à la prison, notamment sa critique du fameux/fumeux argument "l'homophobie est un délit pas une opinion".
Tres intéressant pour comprendre le contexte de l’homophobie en France, ses implications, et ses liens (que certains oublient trop vite) avec le racisme et la misogynie.