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L'Épaisseur de l'aube

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" C'est ce que j'avais ressenti, ce jour-là, en regardant s'éloigner la côte. J'avais respiré. J'avais pensé : nous laissons derrière nous la terre des fantômes. J'avais six ans, presque sept. Je ne savais pas encore que les fantômes nous suivraient. "





Roy et Ness n'étaient que des enfants lorsqu'ils ont dû quitter l'Écosse. Ils sont partis avec leur père parce qu'il le fallait, laissant tout derrière eux, jusqu'à leurs prénoms. Trente ans plus tard, les deux frères habitent en Suisse. L'un s'est marié, a eu une fille, l'autre vit seul. Ils se voient peu. Mais quand Roy demande à Ness de l'accompagner au bothy, la maison familiale perdue au milieu des montagnes, Ness n'hésite pas. Il veut renouer avec son frère, entendre à nouveau la voix qui lui racontait des histoires le soir. Il veut surtout aider Roy à affronter le drame qui a enveloppé leur famille de silence – au risque de réveiller d'autres secrets plus anciens...

330 pages, Kindle Edition

Published August 22, 2024

16 people want to read

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1 (4%)
Displaying 1 - 5 of 5 reviews
Profile Image for Matatoune.
630 reviews29 followers
August 23, 2024
L’épaisseur de l’aube de Nicolas Garma-Berman est un roman que ses lecteurs ne sont pas près d’oublier. La qualité de l’écriture, le réalisme des personnages affrontant les vicissitudes de la vie et les mots de l’écrivain pour décrire l’absence, le deuil, la culpabilité, est une véritable expérience de lecture, lumineuse et magistrale !

La vie d’une famille est décrite du point de vue de deux frères. Roy est le frère de David de cinq ans l’aîné. Un jour, Roy le surnomme Ness, le monstre des mers, ce qui lui restera à jamais. Le récit des deux frères commence au temps où ils vivaient en famille à Edimbourg et notamment, lors du dernier été de vacances au bord de la mer, à Granton Harbour. Kenneth et Isra, leurs parents, composaient une famille heureuse.

Seulement le père et ses fils ont déménagé à Genève, au bord du lac. Le lecteur apprend la disparition d’Isra qui a provoqué ce départ. Il découvre beaucoup plus tard ce qui s’est réellement passé.

Ness commence le premier son récit. Il décrit entre autres sa jeunesse, sa vie de journaliste, la vie que son frère Roy, musicien de talent, a réussi à construire. Roy vit avec Selkie, surnom pour Audrey qu’elle n’aimait pas, artiste de théâtre. Ils sont en couple depuis quinze ans. Roy lui a donné ce surnom pour rappeler « les femmes sirènes vêtues d’une peau de phoque ». Émily est leur fille de onze ans, futée et qui sait ce qu’elle veut.

Roman magistral
« On l’eût pris à le voir comme un Immortel », ce vers de l’Illiade est un leitmotiv pour Ness.
Après le drame de leur jeunesse, Roy et Ness vont revivre ensemble la disparition de la mère, sans père pour les protéger et sans les histoires et les chansons que l’enfance avait inventé.

Nicolas Garma-Berman nous captive par sa capacité à dépeindre l’amour entre frères, le fardeau de l’absence et la solitude insupportable face à la souffrance de la perte de l’autre. Son récit alterne pour que les expériences des deux frères se répondent, malgré leurs différences de personnalité et d’implication dans leurs drames.

Des mots lourds de charge affective relient les deux frères : « Elle n’est plus là, Ness » d’une absence à l’autre, comme si la conscience de la répétition ne pouvait arrêter l’effet de l’anéantissement dans lequel les deux hommes sont depuis l’enfance.

Les deux récits ne racontent pas les mêmes situations vues de deux aspects complètement différents. Chacun des frères suit sa logique pour captiver le lecteur qui reste longtemps sans comprendre le drame qu’a vécu leur mère. Au fur et à mesure où le lecteur accompagne chacun sur les chemins de leurs propres souvenirs, il découvre une partie de leur vérité.

L’épaisseur de l’aube mérite l’attention du plus grand nombre. Déjà sélectionné pour un futur prix, ce nouveau roman de Nicolas Garma-Berman est une petite perle littéraire !

Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Profile Image for Aude Bouquine Lagandre.
725 reviews218 followers
September 9, 2024
Avec « L’épaisseur de l’aube », Nicolas Garma-Berman livre une œuvre qui s’inscrit profondément dans l’âme de ses lecteurs, tel un murmure persistant au creux de la conscience. Ce roman explore avec délicatesse et justesse la complexité des relations fraternelles, en particulier face à la douleur de l’absence et du deuil. À travers les voix de Roy et Ness, deux frères que la vie a façonnés différemment, l’auteur nous entraîne dans une danse sensuelle où le passé et le présent s’entrelacent, où chaque souvenir porte la trace d’une blessure ancienne, jamais tout à fait refermée.

Le récit se déploie d’abord dans la lumière douce d’un été écossais, à Granton Harbour, où la famille – encore intacte – passe ses dernières vacances ensemble. La mer, omniprésente, devient rapidement un miroir des âmes, des tourments et des espoirs de chacun. Lorsque la mère, Isra, disparaît, la mer semble tout à coup plus froide, plus obscure, comme une promesse trahie. « C’est ce que j’ai ressenti, ce jour-là, en regardant s’éloigner la côte. J’avais respiré. J’avais pensé : nous laissons derrière nous la terre des fantômes. J’avais six ans, presque sept. Je ne savais pas encore que les fantômes nous suivraient. » Les fils et leur père Kenneth, brisés par cette perte inexpliquée, tentent de reconstruire leur vie à Genève, au bord d’un lac (encore la présence de l’eau) qui ne peut offrir la même consolation que les vagues familières de l’Écosse.

Ness, surnommé ainsi par son frère en référence au monstre du loch Ness, prend la parole le premier. Il est devenu journaliste, un observateur du monde, mais il semble toujours chercher à comprendre ce qu’il n’a jamais pu voir clairement : ce qu’il reste de l’amour d’une mère absente, du silence d’un père réfugié en lui-même, de l’affection d’un frère qui prend une autre direction. Roy, de cinq ans son aîné, a choisi un chemin différent : celui de la musique, des scènes, des compositions qui racontent autrement ce qu’il ne parvient pas à dire. Marié depuis quinze ans à Selkie, une artiste de théâtre au caractère bien trempé, et père d’une petite fille de 11 ans, Emily, il semble avoir réussi à construire quelque chose de solide, mais des fissures apparaissent quand surgit un terrible drame.

« L’épaisseur de l’aube » alterne les points de vue des deux frères, chacun offrant un regard unique sur leur passé «commun» et leur présent séparé. Cette structure narrative crée un jeu de reflets, où l’un est toujours la contrepartie de l’autre. C’est un peu comme regarder une peinture à l’eau, où chaque coup de pinceau affecte le suivant, ajoutant des nuances, des contrastes, des ombres. Les souvenirs d’enfance se chevauchent, se contredisent parfois, laissant au lecteur le soin de démêler la vérité subjective de chacun. L’écriture de Nicolas Garma-Berman est d’une rare finesse, sa plume est à la fois poétique et précise, capable de capturer une émotion fugace comme une « aurore aux doigts de rose. »

Ce qui frappe avant tout, c’est la capacité de l’auteur à explorer les recoins les plus intimes de l’âme humaine, à sonder ce que signifie vivre avec l’absence, faire face au silence, et continuer malgré tout. Roy et Ness ne vivent pas le deuil de la même manière : l’un s’enfonce dans une introspection qui frôle l’obsession, tandis que l’autre tente de fuir la souffrance en se construisant une vie stable et prévisible. Pourtant, tous deux sont liés par une douleur commune, un passé qui ne cesse de remonter à la surface, comme ces vagues écossaises qui déferlent sans cesse.

La force de « L’épaisseur de l’aube » réside également dans la manière dont il traite de la mémoire et de la temporalité. Le temps, chez Nicolas Garma-Berman, est une matière vivante, fluide, qui coule entre les doigts et ne se laisse jamais apprivoiser. À travers les souvenirs des deux frères, le lecteur découvre progressivement la vérité de leur histoire familiale, mais toujours par fragments, jamais de manière linéaire. Ce choix narratif ajoute une dimension presque hypnotique à la lecture : on est happé par cette exploration psychologique qui progresse par touches successives, par petites révélations qui éclairent l’ensemble d’une lumière nouvelle.

« L’épaisseur de l’aube » est une réflexion subtile sur les différentes manières d’affronter l’absence et le deuil. Chaque personnage porte ses blessures de manière unique : Roy se réfugie dans la musique et la stabilité de son foyer, tandis que Ness, éternel solitaire, cherche des réponses dans ses reportages et ses voyages. Chacun des deux frères semble errer dans un labyrinthe personnel, où les murs sont faits de souvenirs et de non-dits. Leur quête d’apaisement est une lutte contre l’inéluctable, contre cette absence qui les hante depuis l’enfance et qu’ils ne parviennent jamais vraiment à nommer.

Nicolas Garma-Berman ne tombe jamais dans le piège de l’emphase ou du pathos facile. Son écriture est sobre, épurée, mais poétique, et d’une grande beauté. C’est un roman où les silences sont aussi éloquents que les dialogues, où chaque geste, chaque regard compte. Le lecteur est invité à partager cette intimité, à ressentir la mélancolie diffuse qui imprègne les pages, sans jamais se sentir voyeur ni intrusif.

« L’épaisseur de l’aube » est une exploration poétique de l’humain, un voyage intérieur qui interroge la mémoire, l’oubli, et la reconstruction de soi. C’est un texte qui parle à tous ceux qui ont connu la perte, le manque, la difficulté de dire adieu. C’est un livre qui, par son écriture fine et lumineuse, parvient à transformer la douleur en une forme de beauté étrange, où chaque mot résonne comme une note sur la portée de la vie. Un roman à la fois douloureux et réconfortant, qui laisse une empreinte durable et qui mérite d’être lu avec attention, non seulement pour sa narration exquise, mais aussi pour la réflexion qu’il suscite, sur ce que signifie vraiment « rester », quand tout semble nous quitter. « Bien sûr que si, bien sûr que les monstres existent. »
Profile Image for Matt Hieu.
4 reviews2 followers
June 15, 2024
Beau et bouleversant, poétique et parfois onirique un superbe livre qui méritera une immense place lors de la prochaine rentrée littéraire
.
Rarement une relation entre frères aura été aussi bien racontée. On est hypnotisé par cette relation entre Roy et Ness.

Aux souvenirs de l’enfance se mêlent les thèmes de la disparition, de l’absence et du deuil, traversés des histoires traditionnelles écossaises. Les monstres, les spectres et les fantômes ne sont ils finalement que nos souvenirs qui nous accompagnent à l’âge adulte?

Et le tout accompagné des Beatles, Dylan et Joy division.
Magistral
646 reviews8 followers
November 1, 2024
Voici un roman d’une grande sensibilité qui raconte deux frères, Roy et Ness, très dissemblables, entre passé et présent, l’Ecosse et la Suisse, les morts et les vivants !

La mort accidentelle de la fille de Roy ravive la blessure, jamais refermée, de la disparition de leur mère quand ils vivaient en Ecosse. Incapable de surmonter son deuil, leur père les emmena vivre en Suisse où chacun a grandi et vécu, sans heurt ni réel épanouissement, dans un silence feutré.

Cet événement dramatique oblige les frères à se remettre en cause. Tour à tour, ils vont reconnaître et exprimer leurs peines, les espoirs et les rêves réalisés ou enfouis, les désirs et les regrets. Le fracas du deuil et de la disparition programmée du mental de leur père, les obligent à se rapprocher pour se reconstruire.

Ce récit a un côté onirique, bien que douloureux, avec un grand voile gris qui se serait déposé sur les vivants jusqu’à ce qu’ils soient obligés d’affronter la réalité de leurs vies.

Les descriptions des paysages participent beaucoup à cette ambiance floue, froide mais où l’amour prédomine. Les légendes m'ont semblées être comme une seconde peau pour Ness, le protégeant de la réalité et du temps qui passe. Où se situent donc le rêve et la réalité ?

#nicolasgarmaberman #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2024
546 reviews50 followers
September 21, 2024
Après nous avoir touchés et fait rire avec « La fille aux plumes de poussière », Nicolas Garma-Berman nous emmène dans les paysages hantés des Higlands et du lac Léman avec une histoire familiale.
Roy et Ness sont frères. Ils ont grandi en Écosse jusqu’à ce qu’une tragédie les oblige à partir. Plusieurs années après, alors qu’ils sont adultes, ils vont à nouveau être confrontés à un drame qui va les mettre face à face et faire ressurgir leur passé. La voix des deux frères s’entremêlent pour raconter leurs souvenirs et leur ressenti. Le récit de l’un éclairant subtilement celui de l’autre. L’auteur compose avec justesse cette relation blessée faite de ressentiments et de tendresse. Sa plume pleine de poésie enveloppe d’une atmosphère évanescente et âpre cette histoire intense faite de silence et d’absence. Un deuxième roman émouvant et habité qui imprègne profondément. Un conseil, lisez ce talentueux auteur si vous ne l’avez pas encore fait.
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