Un classico della letteratura. Immediatamente censurato, condannato e ritirato dal commercio alla sua prima pubblicazione nel 1957, ripubblicato solamente vent'anni dopo. La storia, in gran parte autobiografica, del risveglio della vocazione letteraria di un trentenne, alimentata dagli incontri con le donne e da una visione totalmente disillusa delle prospettive offerte dalla società. Leggere Calaferte è come prendersi uno schiaffo. Ogni parola vi stordisce, ogni frase vi trafigge, ogni immagine vi abbaglia. Ogni riga di questo libro è un'opera d'arte in cui la poesia è onnipresente. Uno stile di scrittura orgiastica e scioccante, sublime e poetica al contempo, che evocherà ai lettori più attenti Henry Miller, Céline e Bukowski.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dévoré si goulûment un roman... Il appartient à cette catégorie d'ouvrages sans intrigue, sans d'autre chose que les pensées d'un homme vulgairement extraordinaire comme fil conducteur. J'ai laissé de côté depuis plus d'un an toute cette frange d'ouvrages issus du dirty realism les voyant comme attachés à un état d'esprit particulier - sombre, mélancolique - et nécessitant une certaine indifférence de vue pour ne pas fléchir sous les assauts des choix inconsistants et du pathétique sublime des alter ego dépeints. Peut-être avais-je tort...
(A déguster à grands traits, avec la Messe en si mineur de Bach en fond, à mon humble avis)
"En lisant, je m'enfouissais sous le texte, comme une taupe. J'ai aimé les écrivains. Tous les écrivains. D'un amour de béatitude. Respect. Admiration. Envie. Imagination. Et superstition aussi. Tout cela composait cette espèce de tendresse bizarre que je leur accordais spontanément. [...] Je passais le plus clair de mon temps dans l'intimité des écrivains sans en connaître un seul. Fanatique et amoureux. Idolâtre. Subissant comme les autres toute la journée les engueulades des chefs d'ateliers ou du chef du personnel, supportant l'atmosphère du travail en usine auquel je n'ai jamais pu m'acclimater, meurtri dans mon amour-propre, ne pouvant répliquer sous peine d'être mal noté, tenu à l'œil et chargé des boulots les plus emmerdants de la boîte, il me suffisait pourtant de me souvenir tout à coup d'une description d'un bureau d'écrivain que j'avais lue quelque part, et instantanément la colère fondait. [...] Par je ne sais quel processus de projection, je me sentais métamorphosé, n'ayant rien de commun avec toute cette misère, toute cette veulerie entretenue, morbide. Que j'y fusse provisoirement mêlé n'était plus alors selon moi qu'un accident fortuit. Je me coulais dans la peau de mon second personnage que je ne perdais jamais de vue : l'écrivain que j'aurais voulu être. (A noter que je ne me suis jamais autant pris pour un écrivain qu'à l'époque bienheureuse où je n'avais rien écrit). Pas de la même trempe que ce tas de larbins foireux ! Telle était ma conclusion au sortir d'un accrochage sérieux avec l'un de mes chefs. Et surenchérissant dans mon langage, j'ajoutais mentalement : "Bande de sales pouilleux que vous êtes tous, vous ne vous doutez pas de quoi je suis capable. Attendez seulement que l'occasion me soit donnée de prouver ce que je vaux en réalité, et ce jour-là, chef ou pas, je vous ferai avaler mon foutre si ça me chante ! Il y a belle lurette que j'ai bifurqué sur la voie de garage presque sans m'en apercevoir moi-même. Mais je ne l'ai encore dit à personne. C'est pourquoi j'ai l'air de vous ressembler. Sur ce, bon voyage, et ne m'en veuillez pas de vous quitter si tôt, mais j'ai un rendez-vous de la plus haute importance à la septième borne astrale avec un nommé Schopenhauer le Misogyne, un nouveau pote à moi qui aurait tendance à se payer la gueule du monde avec ce grain d'humour impénétrable que j'apprécie tant. Bonsoir.""
"J'ai pleuré par les yeux des autres tout le mal que j'ai fait et tout se retrouve pour m'accabler dans cette rue déserte de mes morts innombrables. Voyez le travail de sape que la putréfaction a déjà accompli sur moi. Si je ne ferme jamais les paupières, c'est qu'elles sont trouées de coups d'épingles. Mes yeux peuvent rouler sur la table d'un instant à l'autre. Voulez-vous voir l'intérieur de ma boîte crânienne ? La dernière fois que je l'ai ouverte devant témoins, c'était pour dénicher un couple de chauves-souris qui y forniquaient jour et nuit depuis des années. Raffut abominable que la morphine elle-même était impuissante à calmer. [...] La peste est en moi. Et comme Dieu y est aussi, cela provoque un ravage continuel. Mais peut-être est-Il Lui-même contaminé ? Je ne sais. Je suis plein de villes démolies, éventrées, plein de bouches tordues par l'anxiété et la peur de l'homme, plein de visages et de corps abîmés par le travail et la famine. La seule musique que je puisse produire a le son des prières et des suppliques d'angoisse. Je ne me sers que du tocsin des morts, mon instrument préféré. Tout être qui m'approche repart en me laissant la meilleure moitié de lui-même. C'est une bien grande épreuve que de vouloir écrire, chère madame. Croyez-moi : ne vous en mêlez jamais, par pitié."
"Vingt dieux ! Quel cirque ! Là, à portée de la main ! Pavane des femmes sculpturales qui marchent, splendides et inaccessibles, vont et viennent, impériales, comme sur des avenues aériennes pavées de cristal limpide et de scories en feu. Directement surgies du monde inexploré des méduses. Nymphes stellaires descendues par erreur sur notre terre aride et se déplaçant depuis à des hauteurs insoupçonnées, déjà statufiées vivantes sur les colonnades impeccables de leurs cuisses d'opaline au grain poudreux. Ne laissant derrière elles que la lueur du fluide corrosif de leurs ovaires en effervescence. Triomphales, fruitales, évoluant dans l'aura bleutée de la convoitise sans avoir l'air de remarquer l'orage sexuel qu'elles déchaînent, qu'elles allument par un seul balancement de toute l'opulente, de toute l'admirable masse de leurs hanches chevalines. Insouciantes, elles traversent des haies compactes de fous furieux, maniaques aux regards avides, tenus en laisse d'extrême justesse au bout de leurs instincts domestiqués. Impossible qu'elles ne sentent pas cela ! Cette foudre blanche qui les entoure, l'encens brûlé à chacun de leurs pas. Enchevêtrement fou des désirs à peine dissimulés, obscurs, forcenés, qui zèbrent l'air en tous sens sur leur passage, partent, fusent, les précèdent dans leur marche hiératique comme les signes précurseurs d'une catastrophe latente, sillonnent, grésillent, crépitent, pèlent les nerfs, aiguilles rougies qui viennent se piquer d'elles-mêmes dans chaque millimètre de peau aimantée. Impossible qu'elles ne devinent pas cela ! Ou est-ce cela précisément qu'elles souhaitent, qu'elles recherchent, qu'elles viennent renifler en public, dans la rue, avec leurs beaux visages impassibles sous le fard ?"
"Pourquoi m'obstiner à attendre je ne sais quoi d'un coup du sort au lieu de baisser pavillon et d'accepter n'importe quel travail de jour ou de nuit dans une usine, puisque l'usine est le dernier refuge ? Pourquoi ? Parce que je ne suis pas un manœuvre, mais un écrivain. Et retenez bien ceci : que je n'écrive que par à-coups et que je ne sois pas encore montré à la hauteur de la tâche n'enlève pas une once de foi à ce que je viens d'émettre. Car ce que personne ne peut faire à ma place, c'est vivre ma vie avec l'intensité du dégoût, de l'amertume, de la rage et de l'ineffable joie qui m'inonde par tous les pores quand je me dis à moi-même, quand je sens, que je suis réellement un écrivain. A partir de là, la question n'est pas de savoir si je crèverai de faim un an ou ma vie entière, il est question de la minute unique où se produira en moi la déflagration souveraine qui fera que d'un coup un livre, vingt livres, cent livres seront effectivement écrits et jetés en pleine figure de tout homme qui tombera, même par hasard, sur une de ces pages. A présent, laissez-moi ausculter ce qui vit et meurt, en moi et autour de moi."
"C'est ainsi, nus et sages, que nous devrions glisser en terre, enveloppés de ce drap, te tenant dans mon bras. Accouplés. Il est si tard et nous sommes si las qu'il ferait bon mourir. Il n'y a rien à attendre de demain que le sempiternel recommencement de soi. Pourquoi faire ? Tu es belle. Ils sauraient si bien se passer de nous."
"Pourquoi à cette époque ne parvenais-je pas à me tirer de cette torpeur intérieure qui agit sur l'esprit à la façon d'un anesthésiant ? Des années durant que je menais la lutte, frôlant le fond de quelque chose qui devait ressembler aux dernières secondes de résistance avant l'agonie. Entre la volonté de vivre et l'obligation de mourir. Chute pleine d'abandon. Un trait sur l'ambition de s'exprimer. Renoncer. Se reconnaître pour nul et tâcher ainsi de vivre en paix si on le peut. Ce que vous désireriez se situe tellement au-delà de ce que peuvent imaginer même ceux qui seraient tout disposés à vous encourager. Personne ne vous accompagnera jusqu'à ces hauteurs déroutantes où ne règne qu'une solitude transie. Qu'étais-je de plus que les autres ? La somme inexprimable de ténacité cruelle, impitoyable envers soi, qu'implique ce tour de force de devenir créateur. Après tout, écrire n'est rien d'autre que s'avouer malheureux. Il serait si commode de ne jamais ruer dans les brancards."
J’ai voulu mettre à l’épreuve ma mansuétude et quoi de mieux pour cela qu’un incipit qui dit “Le monde est femelle, comme l’est la Création. Et putain, impudique, comme l’est la femelle” ?
Contre toute attente (rappel : je suis féministe), je sors de Septentrion conquise. Syndrome de Stockholm ? Même pas. Simplement, il m'a été impossible de ne pas être saisie par la frénésie de ces confessions.
En un peu moins de 500 pages, Louis Calaferte raconte ses origines sociales et comment lui qui a connu l’usine dès ses 14 ans a pu s’en extirper pour écrire son 1er roman. C’est donc le récit d’une ascension sociale, traversée par des périodes de grand dénuement (psychologique et physique), avec, comme fil conducteur, sa passion dévorante pour la littérature et l’écriture (“Je me jetais sur les livres comme s'ils devaient nécessairement me livrer la clef de moi-même. Et la serrure avec”). C’est rare, très rare, les livres qui décrivent si bien ce que la littérature apporte à l’existence et à quel point elle peut être libératrice et Septentrion contient parmi les plus belles pages qui ont été écrites sur le sujet.
Calaferte évoque également les conditions de cette ascension sociale : sa rencontre avec une riche et vieille hollandaise qui l’entretient. Cette relation est particulièrement intéressante parce qu’elle témoigne des violences sexuelles que peut engendrer la condition sociale par le prisme du sexe masculin - pour une fois - et de ce qu’on peut être prêt à sacrifier pour échapper au travail aliénant. Lui parle d’ailleurs de liaison (alors qu’il ne prend aucun plaisir) et une fois seulement, du fait d'être un gigolo. C'est dans ces moments-là que ressurgit le plus sa misogynie, seul bémol de l’ouvrage : des qualificatifs aux insultes, en passant par l'envie de "mettre des gnons et taloches dans la gueule" ou une agression sexuelle dans un taxi... Si vous vous lancez, assurez-vous donc d'abord que vous êtes capable de lire “un sac femelle tout dégonflé” sans avoir envie d'un autodafé.
De mon côté, ce point mis à part, j’ai adoré cette autobiographie fiévreuse et existentialiste, avec une plume singulière, très crue, qu'on sent en appétit pour les choses de la vie et avec des réflexions sociologiques brutes pour autant extrêmement pertinentes, comme ce passage où il dissèque le rapport à l’argent des riches par rapport aux plus précaires et où l'on ressent une colère sourde le ronger. C'est plus édifiant que bien des ouvrages sociologiques à mon sens. Une lecture qui m’a donc rappelé - même si dans une moindre mesure attention - la claque immense que j’avais prise en lisant Avant la nuit d'Arenas que j'avais refermé la gorge nouée et les yeux embués et que je vous recommande également.
"Les livres me donnaient confiance. Sentiment assez indéfinissable. Ils représentent une force sûre, un secours permanent. Toujours réceptif, un livre !"
"Je suis brusquement dans l'arrière-boutique d'une de ces librairies où les livres font corps avec l'homme, vivent dans leur silence, se resserrent sur soi comme pour vous habiller, vous enlever au monde de la détresse. Chaque livre est le calice d'une cérémonie ancienne."
"Le mot est avant tout un cri. C'est par un cri que nous nous manifestons au monde. Expression ! C'est-à-dire besoin incontrôlable de faire entendre sa voix. Les mots sont faits pour scintiller de tout leur éclat. Il n'y a pas de mesure à la mesure des mots."
"Passer à côté des êtres, les manquer, nous ne faisons que ça pendant toute une vie."
Une langue celinienne en beaucoup plus narcissique. La vision des femmes est terriblement datée. Je ne me retrouve ni dans son discours sur elles ni dans celui sur dieu. Il reste la curiosité de lire un livre bien écrit et interdit dans les années soixante.
Le voici, enfin, le livre que je cherchais désespérément, durant toutes ces années de lecture à tâtons. Après tant de romans terminés sans que mon cœur en soit effleuré, tant de pages survolées sans qu'un seul de mes poils ne se dresse, enfin mes genoux cèdent absolument devant cet incendie de papier et mon corps ploie tout entier, écrasé par le génie évident du chef d'œuvre.
Chaque page est une lance qui traverse les viscères, chaque mot est craché avec les tripes. C'est une littérature sale, éminemment vulgaire, pleine d'impuretés et de crasse. Abjections sublimes. Turpitude transcendante. Calaferte s'inscrit dans la lignée des pontes romanesques de la perversion poétique, qui savent dessiner le vice humain dans toute sa grâce.
De quoi déplaire à beaucoup de nos contemporains puritains, aux lecteurs immatures abreuvés à l'eau de rose, aux bigots qui refuse dans l'art tout ce qui touche à l'immanence, à la bassesse et au stupre. Toutefois, notons que les premiers détracteurs n'émanaient pas du public mais des plus hautes sphères de l'Etat. Ecrit dans les années 60, le roman est interdit à la publication par le minist��re de la Santé et le ministère de l'Intérieur pendant plus de vingt ans. Quelle excitation de lire un bouquin jugé dangereux pour l'ordre public ! Quant à vous, tristes lecteurs, condamnez, vomissez, qualifiez cette œuvre d’immorale, de dégoûtante, de blasphématoire ou même d’emmerdante si ça vous chante, je m’en taperai joyeusement, rien ne me fera changer d’avis.
Car voici le genre de bouquin qui peut tutoyer le Voyage au bout de la nuit, et même exiger le vouvoiement en retour. Oui, Septentrion dépasse et de loin tout ce que j'ai pu lire avant, et Céline n'est pas exempté. Pourtant Calaferte s'est très certainement inspiré du génie de son prédécesseur, de son invention de l'oralité littéraire, de sa découverte du sublime dans le vulgaire, de la poésie dans l'argot populaire.
J'interromps brièvement ce panégyrique pour présenter le bouquin. C'est une sorte d'autobiographie, voire un journal de bord, dans lequel un prolo viré de son usine raconte l'itinéraire l'ayant conduit à devenir écrivain. Ce rêve d'écriture hante son quotidien de débauche, comme une quête existentielle, et il suivra aveuglément cette boussole vitale lui indiquant son ... septentrion. Evidemment, c'est un peu plus que ça, l'esprit génial de l'auteur partant tous azimuts au fil des 400 pages.
Calaferte fait partie de ces marginaux comme on en fait plus, un marteau en guise de plume, de la TNT dans l'encrier. Son côté nymphomane se traduit en une obsession violente, l'inspiration jaillit directement de ses couilles. Les femmes sont au centre du récit, femmes qu'il décrit tantôt comme des morceaux de chair à dévorer, ne voyant dans leurs yeux qu'un con béant, tantôt comme des déesses généreuses, avec le langage de l'amour.
Il est violemment iconoclaste, détruit tout sur son passage, il crache sur les mœurs bourgeoises, les petites vies bien rangée, la famille, l'Eglise, le fric, la morale en général. Mais c'est aussi un romantique passionné, le cœur brûlant comme une météorite, qui fait l'éloge de l'Art, de la création, du sexe.
Il abhorre la culture, qui est de la règle, et encense l'exception, qui est de l'art. Qu'elle soit d'or ou de sang, chacune de ces pages est comme un lambeau taillé à même la peau de l'écrivain écorché vif.
If you can get past the first 90 pages of smut, you'll find some incredibly compelling emotional awareness and humanity encased in these 400 pages. Despite the author's seemingly pessimistic view of the act of creation, with his tirade on its cynical nature bringing about the end of the novel, Calaferte conveys the pits and the heights of his existence in a way that enchants the reader to live through him. I could not help but live this novel. It is profoundly human in the unique way which allows you to ignore the sometimes grating personality of Calaferte as, much like an old friend, he redeems himself continuously.
I have to say, however, that this book's portrayal of women is pretty shocking and almost always uncomfortable, something that isn't easily dissimulated by eloquence. I found myself sleazed out frequently during this book which definitely made me want to stop getting to know Calaferte.
Reductively, this book is just getting to know someone and entering into a complex relationship with him, just as he had done with writers before him. Next time, I won't start a book of his without a dictionary at the ready.
Per digerire la caseula, un vecchio piatto lombardo a base di maiale, in alcune vecchie trattorie milanesi, prima ancora di essere servita la caseula, ti portano un bicchiere di grappa da bere a pancia vuota per "preparare lo stomaco". Un altro paio di grappini li butti giù dopo averla mangiata, per favorire la digestione. Questo "Settentrione", è l'analogo letterario della caseula.
Il linguaggio è rabbioso, volgare e immorale, sin dalle prime pagine si capisce il motivo per cui questo libro sia stato per lungo tempo censurato.
Forse per aver usato in maniera così poetica un vocabolario osceno, nel suo complesso mi è piaciuto. Le pagine trasudano frustrazione per una società che impedisce al protagonista di fare ciò che vorrebbe davvero: scrivere. Le parole, taglienti, ti vengono tirate in faccia in uno sfogo lungo 360 pagine, ogni volta che lo chiudevo pensavo a ciò che avevo appena letto, e questo vuol dire che è uno dei pochi libri che ricorderò nel tempo.
Écriture magnifique. Chaque phrase est une bombe, tant dans son propos que dans sa formulation. Le premier et le dernier chapitre sont des œuvres d'art. Cependant, le cœur du récit est tellement âpre, dérangeant, parfois vulgaire et immoral et le personnage etllement passif qu'on a envie de le secouer pour lui dire d'agir. En somme une lecture très instructive et recommandable à toute personne en quête d'une expérience littéraire déroutante et poétique.
Ce récit autobiographique et thérapeutique est brillant et comporte des passages d’une beauté rare. C’est l’expression des souffrances et souvenirs d’un homme en quête d’apaisement. Mais au delà des passages extraordinaires, le texte n’est, je crois pas voué à être lu pas des tiers, c’est un exutoire, sa propre thérapie qui ressort et qui est parfois indigeste pour le commun des mortels. Néanmoins, Calaferte est un des plus grand écrivains français du 20e siècle.
Chaque phrase de Septentrion est une gorgée de vie brûlante. La vie telle qu'elle s'expérimente pour un prolétaire : dure, incertaine, drôle, cruelle mais magnifique. Calaferte provoque (le roman est interdit pendant une vingtaine d'année), choque et percute par la puissance de son style. Chaque paragraphe frappe par sa crudité voire son obscénité mais derrière il y a une rude beauté. Calaferte attaque tout azimut les normes sociales, la religion et l'hypocrisie de son époque. C'est la morale (bourgeoise), une morale de domination, d'asservissement et l'illusion d'ordre et de justice qui se révèle sous la plume de l'auteur lyonnais.
"La morale est un instrument de domestication."
Le narrateur oscille entre quête existentielle et conscience fine du néant. Il n'y a aucune réponse, pas plus qu'il n'existe de concilliation entre le néant et sa propre vitalité. Constamment au bord de l'abîme, il y danse aussi bien que Nietzsche.
"Il n'y a rien. Le monde n'est qu'un décor. Et pourtant, j'ai faim, j'ai soif, j'aime."
Septentrion est plus qu'un roman, il ne nous épargne aucune douleur afin que toute beauté se montre ; c'est une dénonciation autant qu'une célébration, en fait c'est la vie elle-même !
"Il faut porter en soi un chaos afin de mettre au monde une étoile dansante." F. Nietzsche, Le gai savoir