Vous ne la connaissez pas, pourtant elle a tenu le monde entre ses mains. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Gertrude Bell a dessiné les frontière de l'Orient, dans ce désert sauvage où tout a commencé : le pays entre deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate.
Aventurière, archéologue, espionne, parlant l'arabe et le persan, elle fut la première femme puissante de l'Empire britannique, mais aussi une héroïne tragique. Idéaliste comme son ami et frère d'âme Lawrence d'Arabie. Impérialiste et courageuse comme le jeune Winston Churchill. Enfant aimée et incomprise d'une riche famille victorienne. Amoureuse éperdue. Et une énigme pour nous : celle des femmes que l'Histoire a effacées.
Olivier Guez lui rend sa gloire et nous offre une épopée flamboyante : de la découverte de gigantesques gisements pétroliers aux jeux de pouvoir cruels entre Britanniques, Français et Allemands, des négociations sous les tentes bédouines aux sables de Bagdad où se perdent nos rêves. Le roman de Gertrude Bell dessine la vaste freque de la première mondialisation, quand le plus grand empire de tous les temps s'approprie une contrée mythique et maudite, terre d'Abraham, du déluge et de Babel, tombeau d'Alexandre le Grand : la Mésopotamie.
Olivier Guez est un écrivain, journaliste et scénariste français né en 1974 à Strasbourg. Diplômé de sciences politiques et de relations internationales, il a d’abord travaillé comme grand reporter avant de se consacrer à l’écriture. Auteur d’essais et de romans nourris par l’histoire et la géopolitique, il s’est fait connaître avec La Disparition de Josef Mengele (2017), couronné par le prix Renaudot, où il retrace la fuite et la fin du médecin nazi. Parmi ses autres ouvrages notables figurent L’Impossible retour : une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 (2007), Eloge de l’esquive (2014) et Les Révolutions de Jacques Koskas (2014).
Sa prose allie rigueur documentaire et souffle romanesque, une écriture, à la fois précise et nerveuse, mêle le réel et la fiction avec une grande acuité morale. Guez s’intéresse particulièrement aux zones d’ombre de l’histoire, aux exils, à la mémoire européenne et aux destins broyés par la violence politique.
Mesopotamia s’inscrit à la fois dans la tradition du roman historique et de la biographie romancée. L’ouvrage retrace la vie de Gertrude Bell, aventurière et diplomate au service de l’Empire britannique au Moyen Orient durant le premier quart du XXIe siècle. Aujourd’hui oubliée, la diplômée d’Oxford a pourtant joué un rôle prépondérant dans la création d’un État irakien au lendemain de la première guerre mondiale. Par le truchement de ce personnage, Olivier Guez invite le lecteur à plonger dans les arcanes de la politique impériale et saisir comment furent tracées les frontières modernes de ce qui fut autrefois la Mésopotamie. Une brillante épopée, contée dans une langue qui nous transporte dans les déserts syriens. On regrettera une trame narrative lâche et, à quelques exceptions dont Gertrude, des personnages auxquels on a du mal à s’attacher. À lire cependant !
Quel dilemme au moment de noter ce livre! Je suis rentré immédiatement dans la magie sensorielle du récit mais petit à petit, en approchant de la moitié du livre, deux obstacles sont venus grignoter mon enthousiasme Tout d'abord les va-et-vient incessants entre les époques et les lieux changeant à chaque chapitre, et rendant la capacité de se repérer extrêmement difficile Mais aussi la sur-information du contexte géopolitique donnant plutôt l’impression de lire un essai sur l’Histoire du Moyen-Orient et reléguant parfois complètement l’histoire de Gertrude Bell au second plan (Évidemment le travail de recherche de l’auteur apparaît ici vraiment phénoménal mais trop d'informations tue l'information!) J'ai donc pensé arrêter le roman et l’ai laissé plusieurs jours sans y toucher Puis contre toute attente, quelque chose m’a quand même poussé à reprendre ma lecture Sûrement pas vraiment l’envie de connaître la suite des aventures de miss Bell (trop confuses à ce moment-là) mais plutôt à nouveau l’envie d’évasion dans ces contrées mythiques Grand bien m’en a pris puisque passé la moitié du récit, j'ai enfin commencé à m’habituer aux changements chronologiques et moins d'explications historiques ont redonné de la place à l’héroïne Finalement j'ai beaucoup aimé la dernière centaine de pages dont la chronologie s’est avérée de plus en plus cohérente et presque entièrement consacrée aux dernières années de la vie de Gertrude Bell À chacun de se faire sa propre opinion mais pour moi en tenant compte de tous ces yoyos émotionnels, je pense que la juste note pour ce livre devrait se situer autour de 3,5/5
A mon avis un peu trop prétentieux, ce roman. Il ne raconte pas seulement la biographie de Gertrude Bell, une femme exploratrice / aventurière qui a passé sa vie à connaître l’Orient (et à se faire connaître…), mais aussi l’histoire du Moyen-Orient depuis la fin du 19ième siècle. Et comme si cela n’était pas déjà assez de matière à digérer pour le cerveau d’une personne moyennement au courant de l’histoire de la colonisation du Moyen-Orient et les intrigues entre les puissances européenne dans cette région, Olivier Guez a en plus décidé de raconter cette histoire non-chronologiquement. Ainsi, malgré le fait que j’ai beaucoup aimé apprendre et découvrir les deux, l’histoire du Moyen-Orient et la biographie de cette femme extraordinaire, j’avoue que j’ai eu pas mal de peine à suivre les événements, à comprendre ce qui se passe à quel moment, à me souvenir où le récit avait arrêté et depuis où il recommençait. Et c’est dommage, parce que je crois que même si l’auteur avait raconté son histoire d’une façon purement chronologique, elle aurait pu susciter beaucoup d’intérêt, mais sans la confusion.
« Des cercles pangermanistes lorgnaient la Palestine et les plaines entre l’Euphrate et le Tigre depuis quelques décennies déjà. Des paysans et des agronomes venus de l’Allemagne les rendaient aussi fertiles qu’à l’Antiquité, et la Mésopotamie deviendrait le grenier à blé du Reich, le joyau de son future empire, comme l’Inde l’était pour les Anglais. » « La Palestine devait être internationalisé. Mais les Britanniques y renoncent à l’automne 1917. »
Una biografía novelada de Gertrude Bell súper interesante!! Me ha impresionado su vida y he aprendido mucho sobre la historia de Oriente Medio. Muy recomendable para todas las personas a quienes les gusten las novelas históricas 🥰
J’ai mis environ une cinquantaine de page à vraiment rentrer dedans, mais après impossible de m’arrêter. On sent que c’est très documenté et représentatif de l’état d’esprit occidental au XIXe-XXe siècle. Très heureuse aussi de découvrir la figure de Gertrude Bell dont je n’avais jamais entendu parler.
Une des oubliées de l'histoire, Gertrude Bell, femme brillante, aventurière et diplomate, elle fut une des pionnières de la création de ce qui fut l'Irak à la fin de la première guerre mondiale. Tractations entre puissances coloniales, tribues locales, branches de l'islam... Pationnante plongée sur ce que l'on appela la Mésopotamie et découverte des dessous politiques ayant conduits à la création de toutes pièces de ce nouvel état.
Petit bémol malheureusement dû à la construction du roman. L'auteur nous fait passer sans cesse et sans chronologie d'une époque à l'autre, ce qui m'a laissé le sentiment d'une lecture assez complexe.
A la fin du 19ème siècle, les européens dominent les affaires internationales. Ils sont pris d'une frénésie de conquête de nouveaux territoires, notamment vers le Moyen Orient , avec la création du canal de Suez et la découverte du pétrole, moteur de la révolution industrielle en cours... Nous découvrons cette épopée, à travers le personnage de Gertrude Bell, anglaise oubliée des livres d'histoire, qui participa grandement à cette histoire. Texte dense, très documenté. J'ai appris plein de choses
importante spaccato della nascita dell'Iraq moderna per mano dei Britannici del secolo scorso che, con mire imperialistiche soprattutto sulla posizione geografica strategica e sulle enormi ricchezze petrolifere della Regione, hanno snaturato le varie tribù/famiglie dominanti, trasformandole in vassalli dell'Occidente predatore. Il libro da' finalmente un posto anche a Gertrude Bell, che dedica tutta la vita, pur con un profondo imperialismo britannico di fondo, allo studio, alla conoscenza, alle relazioni con tutti i soggetti dell'area, compresi i suoi contributi alla conoscenza strettamente geografica dell'attuale penisola arabica e Mesopotamia appunto.
Olivier Guez nous transporte à une période mal connue (le début du siècle dernier, l'entre deux guerres) dans un Moyen-Orient dont on parle beaucoup mais que l'on ne connait pas si bien que cela, il nous invite à suivre la trace d'une totale inconnue (qui donc avait entendu parler de Gertrude Bell !?) : alors avec un tel carnet de route, on ne peut que répondre à son invitation et monter à bord du premier vapeur en partance pour la Mésopotamie.
♥ On aime : • On est nombreux à avoir manqué le biopic de Werner Herzog, "La reine du désert" avec Nicole Kidman (2015), et on n'a donc absolument aucune idée de qui peut bien être cette Gertrude Bell, née vingt ans avant Lawrence d'Arabie qu'elle croisa à de nombreuses reprises : et pour cause, ils faisaient le même boulot pour l'Empire britannique (dans l'administration civile). Fille de (très) bonne famille elle fut voyageuse, alpiniste, archéologue, espionne et diplomate. Une femme élevée dans la plus stricte tradition victorienne, une femme aux amours tourmentées, qui n'aura pas eu d'enfants mais qui fut la sage-femme qui donna naissance à un pays : l'Irak.
• On est toujours avide de ces romans qui savent mêler grande et petite H/histoire, qui nous font découvrir des personnages surprenants, qui nous font voyager dans le temps et l'espace vers des périodes ou des contrées étonnantes, qui nous éclairent des pans entiers de l'Histoire et de la géopolitique, bref des romans qui nous donnent l'illusion d'être un peu plus intelligents en refermant le bouquin.
• On apprécie qu'Olivier Guez nous brosse un tableau panoramique de cette époque et de cette région mal connues. le débarquement américain de plusieurs millions d'hommes qui mit fin à la terrible guerre, l'accord franco-anglais (l'accord secret Sykes-Picot) pour dépecer l'empire ottoman défait, la création de la SDN et la venue du président US Woodrow Wilson à la Conférence de la Paix de Paris de 1920, et bien sûr la géopolitique britannique au Moyen-Orient, les rivalités entre chiites et sunnites, les dynasties hachémite et wahhabite, les débuts du sionisme en Palestine, les premières batailles pour le pétrole, le sort des Kurdes et pour finir, la transformation de cette Mésopotamie en état souverain : l'Irak. Ouf !
• Et puis il y a ce portrait en profondeur d'une femme, pur produit de son temps et de son pays. Si Miss Bell n'a pas que des qualités ("les hommes craignaient son impertinence ou se moquaient de son snobisme et de son arrogance"), et même si elle ne fait que mettre en musique les objectifs de l'impérialisme anglais ("les Kurdes n'auront ni État ni autonomie au sein de la nation irakienne"), on finit par se prendre, sinon de sympathie, tout au moins d'empathie pour cette femme au destin exceptionnel. Une femme intelligente, une "reine sans couronne" qui arrivera à ses fins, du moins en politique.
Le contexte : Si tout le monde connait le très charismatique Lawrence d'Arabie alias Sir Thomas Edward Lawrence, parti en plein désert chevaucher aux côtés des bédouins, tout le monde ou presque ignore qui fut Gertrude Bell : elle était son aînée de vingt ans et aurait pu lui être comme une tante. Leurs routes se sont croisées à plusieurs reprises, eux qui partageaient la même obsession pour le Moyen-Orient, la même passion pour l'histoire et l'archéologie, la même volonté de consolider l'Empire, ... Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, français et britanniques s'entendent pour dépecer l'Empire Ottoman vaincu après avoir choisi le côté obscur. Si les français récupèrent des mandats sur le Liban et une partie de la Syrie, les britanniques occupent ce qu'on appelait encore la Mésopotamie, littéralement le pays entre les fleuves (le Tigre et l'Euphrate), de Bassora à Mossoul via Bagdad. Dans la logique de l'Empire, c'est l'armée des Indes qui est chargée de "pacifier" la région : des milliers de cipayes débarquent à Bassora et c'est la doctrine "anglo-indienne" que l'Empire colonial veut appliquer dans la région. Dans le même temps, les agents de renseignements de ce que les britanniques appellent à l'époque le Bureau Arabe, ou le Bureau du Caire, l'entendent autrement : ils veulent miser sur les arabes et instrumentaliser les bédouins pour bouter les turcs hors du Moyen-Orient. C'est le rôle diplomatique dévolu à Gertrude Bell puis à Thomas Edward Lawrence pour mobiliser les tribus des bédouins, principalement autour du roi Hussein ben Ali, roi du Hedjaz et Grand Chérif de la Mecque. Mais après la Grande Guerre, la Grande-Bretagne est exsangue et n'a plus les moyens de ses ambitions coloniales : cela causera la fin du rêve britannique aux Indes (comme on l'a vu dans le bouquin de Lapierre et Collins : Cette nuit la liberté) mais on demande également à Winston Churchill une solution "à moindre coût" pour la Mésopotamie. le trône d'Irak est alors proposé à Fayçal, l'un des fils du Grand Chérif Hussein ben Ali.
Le canevas : C'est une véritable biographie de Miss Gertrude Margaret Lowthian Bell que nous propose Olivier Guez. Le bouquin alterne les chapitres (selon des rythmes chronologiques différents). • Tantôt des chapitres sur la vie intime de Gertrude et ses amours hésitantes ou contrariées : c'est une jeune femme de bonne famille (de très bonne famille : les Bell sont de riches industriels, des "maîtres des forges") éduquée dans la plus stricte tradition victorienne. Un carcan qu'elle cherche sans doute à fuir dans ses voyages orientaux, ses fouilles archéologiques ou ses ascensions (les Alpes Suisses ont même un sommet à son nom : le GertrudSpitze). Une femme au destin exceptionnel qui n'avait pourtant pas que des qualités ! • Et tantôt des chapitres (ceux que l'on préfère) sur l'activisme géopolitique de Miss Bell en Mésopotamie au service de la Couronne Impériale, région où elle conduira la diplomatie britannique pour y créer, excusez du peu, ce qu'on appelle aujourd'hui l'Irak. Les plus attentifs auront noté au passage que, business as usual, la diplomatie britannique n'a pas fait dans la dentelle anglaise. Mais sic transit gloria mundi. La famille Bell est en faillite en Angleterre et à Bagdad, Gertrude a pris trop de place, "elle sait trop de choses et connait trop de monde". Une page de l'Histoire doit être tournée et, tout comme Lawrence d'Arabie, elle sera mise à l'écart. Pour celles et ceux qui aiment les aventurières.
Olivier Guez reprend la figure de la Queen of the Desert, interprétée par Nicole Kidman en 2015 pour nous présenter sa Gertrude Bell dans son nouveau roman, Mesopotamia. Figure d’une femme encore trop oubliée, Gertie, comme la surnomme le Laurence d’Arabie est à la fois « archéologue, exploratrice, écrivaine, femme politique, espionne et diplomate britannique » résume Wikipedia.
À travers le destin hors norme de cette femme, Olivier Guez met en lumière la situation historique de l’époque qui a donné naissance à ce Moyen-Orient, de 1916 à 1922 dont les blessures ne cessent de retentir sur notre monde contemporain.
Des brins d’histoire Le Canal de Suez est inauguré en 1869 et Bassora, deuxième ville d’Irak après Bagdad, commence à prendre une place importante dès le début du XXè siècle. Sir Percy Cox est alors le chef de l’administration civile en Mésopotamie, occupée par l’armée britannique. Il s’active car il souhaite que l’armée britannique soit la première de tous les Occidentaux à conquérir la Mésopotamie depuis l’empereur romain Trajan. Dès 1908, la Mesopotamie devient le nouveau » jardin d’Eden » et « Jardin d’Allah « .
Gertrude Bell est une archéologue brillantissime. Elle avait 23 ans en 1892, au moment de son premier voyage en Perse. Elle parle couramment, évidemment l’anglais, l’allemand et le perse et son oncle lui propose d’entrer à l’Intelligence service, bastion de l’espionnage anglais. Sous la protection de Sir Cox, elle va déplier ses ailes. Elle fait la connaissance de Thomas Edward Laurence, dit Laurence d’Arabie, au printemps 1911. L’héritière de sixième fortune de Grande Bretagne devient à la fin de son adolescence attirante, mais pas pour son physique. Délicieux !
Savoureux, la manière dont Olivier Guez décrit la personnalité de Gertrude, tout en finesse et subtilités. Car, elle va prendre sa place au milieu des hommes, aucunement par sa beauté, mais par son intelligence, sa vivacité, sa culture et sa compréhension du monde. Seulement, elle vit dans une époque où une femme est considérée comme illustrant magnifiquement la position d’un homme de pouvoir et son savoir…un objet de promotion en somme !
De plus, j’aime son ton décalé où frise une ironie certes déguisée mais impertinente. Olivier Guez met en lumière cette femme, parfaitement inconnue. Mais il explique aussi la création de ce Moyen-Orient qui est au cœur des préoccupations actuelles. Amie précieuse de Sir Laurence elle est déclarée la femme la plus puissante de Mésopotamie par Fayçal. Alpiniste chevronnée, elle a même donné son nom à un sommet de suisse, La Gertrudspitze. Mais pas d’idées révolutionnaires chez cette bourgeoise qui refuse le mouvement des suffragettes.
Car, Gertrude est, comme la voient ses interlocuteurs selon Olivier Guez, une « vieille fille acariâtre et excentrique, la reine vierge ». Seulement, elle fut la femme de l’ombre qui sut tirer des ficelles géopolitiques aux conséquences importantes. Admise comme « Political officer » elle est rapidement promue « Oriental Secretary ». Un homme saura vraiment convaincre à la fois son cœur et son intelligence, le Major Doughty-Wylie, surnommé Dick, avec, comme l’imagine Olivier Guez, une nuit d’amour si courtois que Gertrude en criera de désir cadenassé ! Prodigieux ! En conclusion, Avec ses mélanges d’époque, Olivier Guez brise le code chronologique et évite l’ennui. Ce livre est à savourer, à méditer. Il est à reprendre, tant les répercussions des événements racontés résonnent pour notre présent. On ne peut ôter à Olivier Guez sa documentation qui permet de brosser un portrait, certainement très proche de la réalité, tant l’écrivain semble avoir combattu les penchants de l’admirateur passionné. Il n’est nullement question de découvrir une personne que l’on va aimer, mais de comprendre son implication dans cette histoire si complexe du Moyen-Orient.
La Mésopotamie a toujours été le centre de gravité des grands empires cosmopolites du Moyen Orient. Avec Mésopotamia, Olivier Guez relève le défi de décrire son histoire moderne avec le portrait hors du commun de cette aristocrate, férue de culture arabe, qui a côtoyé le pouvoir, pour qu’enfin on n’oublie plus Gertrude Bell.
Très bien recherché et plein de suspense, ce livre est vraiment un chef-d’œuvre du journalisme qui transporte le lecteur dans l’atmosphère du Moyen-Orient au début du XXe siècle. Le roman offre l’histoire méconnue de la création de l’Iraq et l’Arabie saoudienne. L’auteur explique la complexité et les tensions dans cette région dont on peut encore observer les conséquences aujourd’hui. Ce qui rend le roman plus intéressant, c’est le récit non linéaire : on saute entre les pays et le temps.
Olivier Guez portrait la personnalité complexe, les prouesses et les échecs professionnels et personnels de Gertrude Bell, archéologue, diplomate, aventurière, autrefois la femme la plus puissante de l’Empire britannique. Elle était la représentatrice de la génération victorienne, curieuse, intelligente, polyglotte, loyale à la Couronne. Elle naviguait astucieusement le grand jeu de la politique, se battant pour ses intérêts et ses protégés, et naturellement en faisant des ennemis. Presque toute seule, elle a organisé le couronnement du roi Faycal, le premier roi de l’Iraq. Elle dirigeait les destins du pays dans un contexte très compexe, en gérant les tensions entre les tribus locales, les Arabes, la Grande-Bretagne, la France, et les États-Unis. Elle est même parvenue à convaincre Churchill dans sa vision pendant la conférence du Caire en 1921.
Dans sa vie personnelle, Gertrude était très malheureuse. Ses voyages exotiques aux coins les plus éloignés du monde, à travers les déserts chauds ou les montagnes hautes, c’était une tentative de fuir sa cruelle solitude. Elle détestait la société anglaise, «si satisfaite d’elle-même», mais elle n’est pas parvenue à devenir une partie de la société arabe. Comme Lawrence d’Arabie, elle a tout sacrifié pour la mission, qui s’avère être éphémère et qui l’a éloignée de son milieu et son identité. Gertrude souffrait de la solitude et à l’âge de 57 ans, elle ne savait pas où vivre. Pendant les dernières années de sa vie elle a aussi perdu sa maison Rounton Grange, son refuge. Même après avoir été “la reine d’Orient”, elle n’a pas éprouvé les vraies joies de l’existence - l’amour, la famille, les enfants. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle ne supportait pas les suffragettes et le droit de vote pour les femmes. Même après ses voyages exotiques, son travail, elle était loyale aux mœurs de sa génération de l’Empire et de la chasteté.
Plein feu sur descriptions de l’atmosphère à Téhéran ou à Bagdad. Le récit engage tous les sens - on peut presque ressentir les arômes de fleur d’oranger, écouter les souffles du vent dans le désert, toucher les tapis persans et profiter du panorama sublime du soleil couchant.
J’aime cet extrait qui conclut bien les vies inouïes des aventuriers, Gertrude et Lawrence d’Arabie. « Jeux, guerres et aventures laissent leurs participants reconditionner leur personnalité selon les fantasmes qu'ils ont d'eux-mêmes, grisés par le vent de l'Histoire et mystifiés par l'orgueil…Puis le réel reprit le dessus; il leur retira leurs fonctions fabuleuses et les écarta d'un geste dédaigneux. Lawrence et Gertrude, pourfendeurs de dragons, furent démasqués. Ils perdirent leur raison de vivre; et, s'étant dépouillés de leur peau anglaise, qui leur allait si mal, tandis qu'endosser celle des Arabes était illusoire, ils avaient commis une erreur fatale : le Grand Jeu achevé, ils étaient devenus des étrangers sur terre. Leur idole Charles Doughty les avait mis en garde. Le voyageur peut se déguiser, s'investir et s'immerger, cependant, il doit rester lui-même. Mais eux qui ne s'aimaient pas, comment auraient-ils pu suivre ce conseil?»
Un récit très documenté. Ce livre décrit la vie de Gertrude Bell, une femme aventurière, archéologue, espionne, écrivain, diplomate britannique parlant l'arabe et le persan qui va participer aux négociations de la constitution de l'état irakien en 1925. Nation qui sera ingouvernable "peu de communautés sur terre ont des identités et des intérêts aussi divergents que ceux des peuples qui composent ce royaume..." Il décrit le partage d'une terre multiconfessionnelle, la Mésopotamie, en différents états après la Première Guerre mondiale. Cette femme est originale car très indépendante pour l'époque, passionnée de civilisations anciennes et d'histoire. Elle a même réussi à trouver sa place auprès des Arabes à l'égale des hommes. Traductrice d'un poète et mystique perse du XIVe siècle après J-C, Hafez. Elle mourra à Bagdad en 1926. Elle est aussi une grande amie du très célèbre Thomas Edward Lawrence ! C'est une figure controversée sur certains sujets car elle militait contre le vote des femmes à l'époque ;)
Si on veut redécouvrir une contrée mythique et l'histoire contemporaine de ce côté du monde, la mosaïque de confessions et de tribus, les accords Sykes-Picot, l'impérialisme britannique, les négociations, la recherche de pétrole etc... à travers la vie d'une femme hors du commun qui fut au coeur même de ces évenements, je vous le conseille.
"Mes collègues se plaignent régulièrement. Ils espéraient croiser Shéhérazade, les courtisanes sensuelles des peintres orientalistes, les pauvres...ils feraient mieux d'apprendre l'arabe. Moi, je trouve les gens amicaux, et j'aime la chaleur, l'abondance de fleurs et de fruits, la poésie de la ville lorsque je la traverse à cheval en remontant le fleuve en direction du désert au petit matin. Elle fleure le pain chaud et les galettes au sésame, les senteurs musquées de l'Orient. Des pigeons roucoulent dans les églises, le muezzin chante, les premiers tramways bondés de pèlerins grincent en direction du sanctuaire chiite de Kadhimiya, je ne m'en lasse pas. Bagdad demeure une cité bigarrée...." lettre de Gertrude à son père en novembre 1917.
"Aussi Gertrude milite-t-elle désormais pour qu'un émir soit place à la tête de la Mésopotamie et qu'un haut-commissaire britannique le seconde. Son schéma s'inspire de celui du gouverneur Frederick Lugard au début du siècle au Nigéria. Incapable de coloniser un pays de cette taille, Lugard avait su mettre en valeur les élites locales, autorisées à conserver leur prestige et leurs prérogatives symboliques, tout en s'accaparant discrètement les leviers du pouvoir, la fiscalité, les forces armées, la politique étrangère".
Incroyable qu’est l’histoire de Gertrude Bell, cette femme historienne, archéologue et aventurière qui a quitté au début du siècle une vie bien rangée anglaise, dans une riche famille industrielle, pour s’aventurer dans le mic mac qu’était la Mésopotamie et les territoires arabes où les peuples d’Europe - brittaniques, français, allemands, italiens, se battaient les droits de sol et la mise en place d’un régime d’ordre sur la région. A l’ombre de Laurence d’Arabie qui lui a volé la vedette grâce à ses écrits, Gertrude Bell a été une des figures emblématiques qui a œuvré pendant toute sa vie Pour établir un ordre et un gouvernement indépendant à l’Irak. Une femme dont le dévouement à la cause - au point de s’y perdre personnellement et de mourir finalement fort seule et abandonnée par cette cause « perdue » - aurait du la couronner et mettre son nom sous les spots, mais que l’histoire tumultueuse a omis de rendre hommage.
Parfois une lecture lourde de noms, dates et détails historiques, mais une belle explication de ce qui s’est déroulé dans cette région depuis le début du siècle dernier et les 100 ans qui ont suivi. L’histoire actuelle n’est finalement que la continuation des tensions incroyables que vit le monde arabe depuis toutes ces années - d’enjeux religieux, de tribus, de territoires, économiques et autres. Fascinant.
Un portrait intéressant d’une héroïne de la colonisation britannique au Moyen Orient, créatrice du grand musée de Bagdad après sa co-création de l’Irak à l’issue de l’effondrement de l’Empire Ottoman. Un regard dépassionné sur la période qui s’affranchit de la doxa decoloniale pour rendre aux acteurs britanniques leur complexité sans jugement étriqué et définitif. Un rappel que les femmes ont eu trop longtemps bien du mal à garder leur place au cœur de l’Histoire même lorsque les évidences de leur influence était évidente. Une confirmation qu’au delà des différences de genre, l’esprit romantique et romanesque de ces aventuriers et aventurières se nourrissait et s’influençait en permanence et un rappel que si les femmes étaient rares dans ces espaces masculins, elles le devaient souvent à leur aisance financière et à des pères. libéraux. Petits bémols: le choix de jouer sur la chronologie qui paraît un peu artificiel et un style qui a des lourdeurs ici ou là. Mais Gertrude Bell méritait pleinement ce grand portrait.
Avec Mésopotamie, Olivier Guez exhume l'histoire fascinante de Gertrude Bell, une figure méconnue qui a pourtant joué un rôle crucial dans le tracé des frontières du Moyen-Orient moderne. Ce roman nous plonge dans l'entre-deux-guerres, une époque de bouleversements géopolitiques où se dessine la carte du Proche-Orient, et où Bell, aventurière, archéologue, et espionne, tient un rôle clé.
Gertrude Bell, une femme de pouvoir et de tragédie :
Gertrude Bell est décrite comme une femme exceptionnelle, à la fois puissante et tragique. Parlant couramment l'arabe et le persan, elle s'est imposée comme une figure respectée dans un monde dominé par les hommes. À travers son regard, Olivier Guez nous raconte non seulement l'histoire de la Mésopotamie, mais aussi celle d'une femme qui a défié les conventions de son époque. Comparée à Lawrence d'Arabie, son ami proche et alter ego, et au jeune Winston Churchill, Bell incarne à la fois l'idéalisme et l'impérialisme britanniques, deux forces qui ont façonné le monde moderne.
Une fresque géopolitique et historique :
Le roman de Guez ne se contente pas de dresser le portrait d'une femme hors du commun. Il peint également une fresque géopolitique riche et complexe, où les intérêts pétroliers, les rivalités entre puissances européennes, et les intrigues diplomatiques se mêlent. L'auteur nous transporte dans le désert sauvage de la Mésopotamie, le « pays entre deux fleuves », où se jouent des jeux de pouvoir impitoyables. Les négociations sous les tentes bédouines, les manœuvres à Bagdad, et les découvertes des gisements pétroliers font de ce roman une épopée à la fois historique et humaine.
Une réflexion sur la première mondialisation :
À travers l'histoire de Bell, Olivier Guez explore également les origines de la première mondialisation, lorsque l'Empire britannique, au sommet de sa puissance, s'approprie des territoires mythiques et stratégiques. La Mésopotamie, terre d'Abraham et de Babel, devient alors le théâtre d'une lutte d'influence où les rêves et les ambitions se heurtent à la dure réalité du pouvoir.
J’aurais eu envie de mettre 4 étoiles à ce livre, mais j’ai mis beaucoup de temps à réussir à le finir. Le récit alterne entre 2 périodes de la vie de Gertrude Bell : sa maturité et sa jeunesse. C’est peut-être ce qui casse la dynamique et qui fait que ce livre n’est pas du genre qu’on dévore. Le personnage sujet du livre est intéressant, les faits historiques semblent bien documentés et l’histoire romanesque à souhaits. Bien que l’auteur soit un homme, aucune trace de condescendance vis-à-vis de ce personnage de femme haut en couleurs. Le style littéraire est tout le contraire de sobre, mais je trouve qu’il se marie bien au récit (par exemple : «Partis de grand matin, à l’heure où les brumes s’élèvent hors des creux, ils côtoyaient des montagnes couleur rouille et des monolithes de grès jaunâtre en forme de spirales, d’aiguilles ou de tourelles. Des quartz incrustés dans la roche scintillaient à la lumière cristalline.»)
Novela biográfica, biografía novelada, perfil, retrato… da igual como lo definas. Libraco cojonudo sobre Gertrude Bell, arqueóloga, viajera, diplomática y escritora, también espía, coetánea de Churchill y Lawrence de Arabia, responsable con ellos y otras figuras de trazar tras la Primera Guerra Mundial ese follón de fronteras e intereses petroleros que es Oriente Medio. Una narración maravillosa, medida, perfecta, que recoge no solo las bambalinas de la administración colonial sino la vida privada de una mujer paradójica donde las haya, adelantada a su tiempo en lo profesional, pero ferozmente protectora de los valores y las tradiciones imperiales. Un viaje a la decadencia política y personal, lleno de aventuras, romances incompletos, tejemanejes y artimañas que traslada a una época compleja y a un lugar remoto, y lo que es más difícil a una personalidad orgullosa y dolida de lo más contradictoria.
Très bien écrit et bien documenté, ce roman fait découvrir Gertrude Bell, actrice clef de la construction du Moyen Orient durant et après la Iere guerre mondiale. Moins connue que Lawrence qu'elle croisat pourtant souvent, mais beaucoup plus écoutée à Londres ou au Caire, cette femme d'exception influencera de forme décisive les choix stratégiques du gouvernement anglais pendant la guerre contre les Ottomans puis lors de la construction de l'Iraq. Olivier Guez réussit à faire revivre l'atmosphère de l'Iraq déjà divisé entre chiites, sunnites, bédouins et kurdes, comme les rivalités entre Londres et Bombay, dans laquelle son héroine réussit sa mission en étant appreciée à la fois de Churchill et Fayçal. Femme de pouvoir, elle connaitra ensuite, comme les hommes, les ingratitudes et les reniements des nouveaux maitres d'un Irak qu'elle aura pourtant dessiné.
Quelle vie fascinante - comment expliquer que je n'en ai jamais entendu parler?
J'ai bien aime le livre, mais j'ai simplement eu l'impression que Geuz hesite trop entre ecrire une biographie de Gertrude Bell et un ouvrage plus general sur l'imperialisme britannique en Mesopotamie. Malheureusement, il se tourne souvent vers ce dernier, si bien qu'a plusieurs moments cles de l'histoire, Bell semble etre releguee au second plan. J'aimerais savoir plus sur elle! Guez devrait faire confiance a son lectorat et supposer qu'il a deja une bonne comprehension des maneuvres britanniques dans la region.
Découverte pour moi de la vie et du rôle de Gertrude Bell. La construction en chapitres à différents moments de sa vie et donc de sa participation à des faits historiques donne, comme un coup d’avance au lecteur/lectrice et évite la monotonie d’un récit linéaire. L’auteur n’enjolive pas le personnage qui n’est pas très sympathique : orgueilleuse, vaniteuse, conservatrice mais pionnière, intelligente et finalement victime de son extrême sensibilité et de son éducation victorienne. Sans oublier, l’intérêt de (re)voir la construction du Moyen Orient actuel et d’une certaine façon les origines des conflits toujours en cours …
Gertrude Bell es un personaje fascinante y bastante desconocido. Una británica acaudalada que hace de Oriente Medio su segunda patria y desempeña un papel fundamental en la creación del estado de Iraq y la fijación de las fronteras de Mesopotamia. Arqueóloga, funcionaria del Foreign Office, aventurera y espía, su figura fue opacada por la menos importante pero muy cinematográfica de su amigo Lawrence.
Roman autobiographique d'une incroyable femme anglaise, Gertrude Bell. Sa vie se déroule à cheval sur le XIX et XXe s. époque historique troublée sur une terre biblique : La Mésopotamie. Olivier Guez nous fait revivre cette période souvent oubliée voire méconnue au travers de la vie de cette héroïne d'un autre temps. Il nous permet également de mieux comprendre le monde dans lequel on vit.
Ce roman est extrêmement bien documenté et c’est bien l’un des seuls points positifs que je lui trouve, avec en plus la fluidité du récit. Autrement, pour qui aime à la fois la littérature et l’Histoire, la recherche d’un terrain d’intersection que constitue la biographie romancée est nécessairement insatisfaisante.
Brillante et détaillé biographie de Gertrude Bell qui avec « Lawrence D Arabie « a essayé au début du XXeme siècle de façonner le moyen orient Une histoire passionnante et méconnue à connaître pour mieux cerner la folie contemporaine de cette région
J’ai adoré ce livre pour tout les passages historiques qui sont passionnants et bien sourcés, j’ai découvert Gertrude Bell avec fascination, cependant il y a des longueurs narrative sans grand intérêt historique ou politique et les relations entre les personnages manque de densité psychologique.
Un biographie de Gertrude Bell très détaillé mais difficile à lire à cause des sauts dans le temps et un style trop "académique ". Ça aurait été plus facile si l'auteur avait présenté sa vie en ordre chronologique.
C'est très rare que j'abandonne un livre, mais oui cette fois-ci, après plus de cent pages, je me suis décidé à le retourner à la bibliothèque. Raison: trop de détails historiques relatés de façon très factuelle et une facture romanesque peu développée.
Inzichtgevend, maar ook schokkend om te zien hoe ook westerse landen ongeremd geweld en ‘spelletjes’ konden inzetten om de wereld naar hun hand te zetten. Goed geschreven al ging ik soms wel wat sneller door bepaalde paragrafen heen