Depuis l’enfance, on me perçoit comme une étrangère. Partout où je vais, on me reproche de ne pas parler français, de ne pas connaître les codes. Lorsque je tombe amoureuse pour la première fois, je trouve enfin un refuge. À ses côtés, j’ose regarder le Québec dans les yeux, j’ose écrire dans une langue qui ne m’appartient pas. Mais quand on naît dans un corps comme le mien, l’amour n’est pas libre. Pas plus que la prise de parole.
Comparution est un carnet de mémoire et d’images, une vaine tentative de saisir le traumatisme de l’exil et de la violence conjugale. C’est ma version des faits, celle dont la Cour n’a pas voulu.
D’une délicatesse et d’une sensibilité incontournable. Le premier livre d’Angelina Guo marque bien le commencement d’une magnifique carrière, probablement parsemée de livres qui toucheront bien des âmes.
un premier recueil cru et élégant qui ne craint d’exprimer la complexité et le poids des émotions par une plume trilingue; tranchante, voire perçante. quelle réussite !
« Fils de sa mère. Il avait pour chaque cri, pour chaque viol, une explication. »
« Un formulaire, un site web, un numéro de téléphone. Il n’y a rien d’autre à dire, rien d’autre à donner. Après le rendez-vous, je reçois mon indemnité de témoignage. Quarante-cinq dollars. »
« Ce n’est pas un verdict de culpabilité. Il ne m’offrira que douze mois de paix factice. Le sergent-détective pourra penser à mon cas comme un mauvais resto, rentrer chez lui, embrasser sa fille. L’accusé pourra souffler. La folle n’aura pas réussi. Les folles. »
« Je ne choisis pas quand les souvenirs reviennent. Je ne cherche plus à comprendre la violence. J’écris pour ensevelir le tiroir rempli de corps, la collection de filles dont je suis. »
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La poésie n'est pas dans mes habitudes. C'est subjectif, personnel et si facilement mal interprété/compris par les lecteurs. Cette lecture-ci, c'était délicat et froid. Une invitation à s'arrêter devant son tableau; portrait que l'auteure peint depuis... 2019? Personnel, imagé, dansant délicatement d'une langue à l'autre. Je suis restée pour l'histoire flottante et le jeu des mots. J'ai trouvé que c'était très personnel, dans le sens que tout le long, on entend la voix de Angelina qui raconte. Je ne suis pas censée tout comprendre, car au fond, c'est son mystère à elle, son portrait. Elle nous laisse le soupçon, le ressenti. L'interprétation n'est pas requise, car c'est l'émotion qui est reine de la narration. En tout cas, j'ai vraiment aimé, c'est courageux et généreux. D'une belle humilité.... merci
« Hausser la voix, c'est enterrer une autre voix. »
Quand la société ne parvient pas à rendre la justice, il reste la littérature et la poésie pour témoigner, pour avertir, et pour lutter contre la culture du viol. Récit douloureux, magnifiquement rédigé en français, ponctué de passages en anglais, saupoudré de mandarin.