Il existe un genre dans la littérature générale que j’appelle « la vie de poivrot », généralement on y retrouve un homme, jeune, pauvre, désœuvré, fan de foot et parfois écrivain, un peu en panne sèche, qui a une obsession assez maladive sur une nana (et une autre a une obsession avec lui). Et il passe son temps à boire. Tout le temps. Pas genre le flic dans du livre noir qui boit un doigt de whisky le soir en se rappelant à quelle point la ville est une garce qu’il faut mater. Non, on parle d’un mec qui s’enfile une bouteille de vodka, de Jameson (pas n’importe quel whisky quoi), 10 bières et parfois une bouteille de vin. Tous les jours. La moitié de la narration c’est ce qu’il boit et à quel point il lève le coude ou son cheminement pour aller à un bar / café / supérette. Quand il se fait un café ou boit un verre d’eau, tel son foie on pousse un soupir et on lève les bras. Le reste de l’histoire est généralement très prosaïque, du genre à lire un rapport d’un collègue sur une intervention particulièrement chiante ou votre vieil oncle vous raconter absolument toute sa journée par le menu, du pourcentage de batterie de son téléphone au menu du food-truck qui s’est installé en face de Norauto. Il y a parfois des fulgurances, souvent absurdes, des dialogues sur des théories complotistes ou un passage un peu profond, qui semblent toujours plus perchées qu’elles sont entre deux lampées à même la bouteille qu’il promène comme d’autres promènent leur chien.
Une grande partie du bouquin, c’est ça, il boit, il boit, il boit, il boit. Puis il y a une sorte d’intrigue qui commence, avec un meurtre, où il sue tout l’alcool qu’il a ingurgité, et vu que le protagoniste est l’alter ego de l’auteur, on se doute bien que bon, est-ce vrai, n’est-ce pas ? Je dirais que l’avantage du livre c’est qu’il est un peu rigolo, dans le genre anecdotes pétées à raconter à tes potes. C’est pas désagréable à lire une fois qu’il parle d’autre chose que ses consommations.