Alors qu’il est plongé dans la rédaction de Moby Dick, Herman Melville fait la connaissance de Nathaniel Hawthorne, une rencontre qui bouleversera le cours de sa vie et celui de son roman. De cette histoire vraie subsistent aujourd’hui une poignée de lettres qui ont servi de point d’ancrage à La part de l’océan, un livre comme une traversée sans carte et sans boussole.
Au fil des pages, un deuxième échange se tisse entre celle qui retrace la création du grand roman américain et un compagnon mi-réel et mi-inventé, un homme qui est d’abord un poème. Car, en vérité, les écrivains sont faits de trois moitiés. La troisième part, têtue et fragile, est celle du rêve. C’est à elle que l’on doit ce récit éblouissant, traversé de fulgurances, qui raconte le plus beau des naufrages.
Dominique Fortier est née à Québec en 1972. Après un doctorat en littérature à l’Université McGill, elle exerce les métiers de réviseure, de traductrice et d’éditrice. Elle a traduit une quinzaine d’ouvrages littéraires et scientifiques, dans des disciplines aussi diverses que les sciences politiques, la linguistique et la botanique. Elle vit à Outremont. Du bon usage des étoiles est son premier roman.
4,5? Going on 5? J'ai adoré, comme toujours, la plume de Dominique Fortier et son interprétation de la relation entre Melville et Hawthorne. Mais je vous en parle plus lors de sa sortie officielle.
J’ai vécu des émotions contraires dans ce roman. Il y avait des éléments qui avaient tout pour me plaire et d’autres moins. J’étais à la fois perdue, parfois ennuyée et d’autres fois investie. J’ai pensé à l’abandonner autour de 100 pages, mais ça se lit bien grâce à la plume. À la page 200 je me demandais encore où ça allait. Je l’ai terminé avec plus d’intérêt à la fin qu’au début, mais je ne comprends toujours pas ce que j’ai lu.
J’ai apprécié la romance, si on peut l’appeler ainsi. L’énorme slow burn obsessionnel de Hermann. J’aurais pris plus de cet aspect-là, mais au final il ne se passait quand même rien de concret.
J’aimais bien les textes de Lizzie. Qui rajoutaient un peu de rythme au roman.
L’aspect « livres dans un livre » était un peu trop présent pour moi. Je trouvais le procédé intéressant de suivre Melville dans l’écriture de Moby Dick, mais sans plus.
4,5! La plume de Dominique Fortier m’envoûtera toujours! Quelle poésie, quel sens de la narration et quelle intelligence du texte! Elle a ce don de faire revivre des romans, des auteurs, et d’ainsi tisser un pont entre le passé et le présent. Les passages qui m’ont le plus émue sont ceux où Lizzie, la femme de Melville, laissait s’envoler ses mots sur le papier. Un rappel de tous ces talents qui n’ont jamais été dévoilés parce que les femmes n’avaient ni le temps ni l’espace pour être révélées.
Mon seul bémol est que je suis moins certaine du carnet de l’écrivaine, de sa relation avec cet être mystérieux (fictif ou non?) qui jalonne le roman. J’avais hâte que ces passages finissent pour retrouver Melville et Hawthorne.
Un autre petit "essais-fiction" de Dominique Fortier. J'ai beaucoup aimé les écritures de Melville et Lizzie. La partie un peu plus poétique du point de vue de l'autrice m'a moins accroché.
Splendide! Dominique Fortier a une écriture envoûtante et minutieuse. Elle a cette capacité à nous transporter dans une histoire et à nous y immerger complètement. Son interprétation de la relation entre Melville et Hawthorne, qu’elle entremêle avec des passages personnels et des informations plus factuelles sur les animaux marins, est remplie de délicatesse. Si parfois le récit divague ailleurs, c’est toujours pour ramener le lecteur à l’essentiel.
À lire, avec lenteur pour savourer les mots de Dominique Fortier.
Cette autrice m’ensorcelle dès ses premières pages. Un sort. Je ne peux laisser ma lecture dès que je la commence et, arrivée aux dernières pages, je l’étire car je ne veux pas « abandonner » cette « part », je refuse de la laisser partir. C’est ce qu’on appelle un deuil littéraire. De par ses recherches, son style et sa forme, Fortier est l’une des grandes de notre littérature.
J'aime Dominique Fortier depuis ses tout débuts ("Du bon usage des étoiles" est un de mes livres préférés à vie), car je trouve que, d'une oeuvre à l'autre, l'écrivaine peaufine son univers, son style, qu'il y a toujours quelque chose de différent, un petit supplément de magie.
Cependant, cette fois, la magie n'a pas opéré pour moi. Bien sûr, j'ai été éblouie par la fragile beauté de l'écriture (Dieu que j'aimerais écrire aussi bien!!) et la luminosité des nombreuses métaphores et comparaisons (sûrement le trait le plus distinctif de l'écriture de Fortier), mais j'avais l'impression de lire une version un peu délavée des 'Villes de papier' et des 'Ombres blanches'. En effet, l'autrice, même si elle fait montre d'une certaine vulnérabilité, ne prend pas de risque ici, ne se met pas en danger et, comme il n'y a pas d'action, on a l'impression de faire du surplace (ce qui est le sentiment voulu, je pense, qu'on se sente comme Melville et comme la narratrice, "en attente" d'une relation qui finalement n'apportera rien - ou tout, si on veut). D'une certaine façon, le livre mime la manière Moby Dick, multipliant les détours, les connaissances encyclopédiques, afin d'éviter d'arriver à sa fin, ce que j'ai trouvé un peu angoissant (j'étais contente d'avoir déjà réussi à passer à travers le roman de Melville même si il est peu question de lui ici).
Cela dit, ça reste évidemment un excellent livre, meilleur que la plupart des livres, mais, dans la production de Fortier, je le place tout au bas de la liste. D'habitude, ses livres me remplissent et là je me suis sentie totalement épuisée à la fin de celui-ci. Je n'avais pas l'impression d'y avoir ma place autrement que comme spectatrice de son talent.
Edit: j'avais donné 3 étoiles, mais, après "maturation", j'en donne 4! :-)
Loin de moi l'intention de critiquer l'écriture magnifique de Dominique Fortier. Il y a juste que le thème principal de ce livre, celui de l'ambiguité, m'a laissée infiniment perplexe et au final, m'a plutôt déçue. Bien sûr, il y a des passages magiques et trois lignes narratives habilement intriquées. Mais je ressors de ce livre avec l'impression d'avoir fait du surplace et de m'être empêtrée dans une confusion existentielle sans fin... Ou alors je n'ai rien compris.
Ambitieuse, la plume est quasi toujours magnifique. Mais la note est parfois forcée un peu trop à mon goût. Plusieurs passages sont d'une immense beauté. C'est le tout qui ne m'a pas entièrement conquise. J'aurais aimé que chacune des voix distinctes puisse être davantage développée.
4.5⭐️ c’est le deuxième livre que je lis de cette auteure. La manière dont elle nous fait voyager entre la poésie, la fiction au cœur du roman et les bribes de sa vie personnelle est déboussolante, mais, une fois accroché, c’est tout un voyage.
3,5 étoiles. Petite déception ici, qui n’en serait probablement pas une si Dominique Fortier n’était pas mon autrice québécoise préférée. On a ici un classique cas de it’s not you, it’s me : l’écriture magnifique était au rendez-vous, la douceur, les ambiances, les petites perles de poésie. C’est simplement que les sujets me touchaient moins ici que dans les Villes de papier par exemple. Peut-être que c’est que la plupart des personnages sont masculins? Qu’on parle beaucoup des profondeurs de l’océan, qui est beaucoup plus « froid » et étranger pour moi que le jardin rempli de fleurs, de soleil et d’abeilles d’Emily Dickinson ? C’est simplement une question de goût je pense bien. J’avais aussi de la difficulté à délimiter le fictionnel du réel dans l’histoire principale entre Hawthorne et Melville, ce qui m’empêchait d’être totalement immergée dans la lecture. Et il y avait aussi une grande ambiguïté dans plusieurs relations à travers le roman, qui me rendait perplexe. Mes questionnements quant à la nature de ces relations, ou vers où on s’en allait, prenaient malheureusement le dessus sur l’appréciation de la lecture.
Bref, je reste tout de même une fan invétérée de Dominique Fortier, et ça ne changera pas que je sauterai sans faute sur ses prochains livres.
En 1850, Herman Melville, ex-marin devenu écrivain, procrastine avec l’écriture de son roman Moby Dick. Une attirance et un désir secret le tenaille. Fasciné par son collègue écrivain Nathaniel Hawthorne, il tente par l’écriture de son roman de rester en lien avec cet homme qui suscite en lui fascination et obsession. En parallèle, la narratrice et Simon, tous deux écrivains contemporains, entretiennent une relation surtout épistolaire qui ressemble à celle de Melville et Hawthrone.
Quel talent ici ! Une écriture réfléchie, intelligente, sensible, poétique, imagée, créative. À partir de lettres manuscrites que Melville adressait à Hawthorne, l’autrice s’y plonge et invente le reste. Un certain parallèle avec Les villes de papier au sens où Fortier imagine le monde de l’écrivain qui devient en quelque sorte son sujet, son fil conducteur. De courts paragraphes, quelques chapitres en italique, sans majuscules ou ponctuation (L’œuvre imaginée de Lizzie ?). Il y a aussi dans ce roman plusieurs phrases qui résonnent, qui évoquent la beauté de la nature, sans parler des comparaisons recherchées qui nous mènent là où on ne s’y attend pas, ex. p. 98 : Retarder à jamais le moment du coucher, comme on repousse une exécution. Des passages éducatifs nous apprennent par exemple des détails sur les poissons (p. 217), les plantes (p. 221), les baleines (p. 241 et 257). L’autrice fait aussi un clin d’œil à la magie des livres, offre sa représentation du monde de l’écrivain et expose comment l’acte de lire agit sur le lecteur. Bref, une sorte de louage à la littérature. Très beaux moments de lecture…
Citations « … il a ouvert son cœur comme on ouvre une orange, comme on ouvre une blessure. » p. 15
« … on passe autant de temps, sinon plus, avec les auteurs dont on choisit de s’entourer dans sa bibliothèque qu’avec ses « vrais » ami. Ce sont eux, les véritables compagnons de nos jours, qui en révèlent davantage sur notre compte que les fréquentations que le hasard ou les circonstances ont mis sur notre chemin. » p. 130
Par où commencer ?...J'ai eu plus de la difficulté à embarquer dans l'histoire, malgré que le récit empruntait beaucoup à ses deux derniers livres quant à la forme. La transposition de sa propre existence avec ceux ou celle dont on raconte l'histoire. L'amour entre Hawthorne et Melville est touchant quoique traînant parfois en longueur. Aussi...les paragraphes éternels avec quantité de virgules sans point...Désolé, mais c'est illisible et incompréhensible. Il est parfois ardu de représenter ces pensées tourbillonnantes qui nous habitent, mais je crois pas que c'est la bonne forme. Bref le moins bien réussi des trois derniers.
"Hawthore est celui que Melville cherchait sans le savoir, sans même savoir qu'il existait. Comment appelle-t-on quelqu'un qui est à la fois autre et presque un deuxième soi-même. À cette question, la plupart des gens répondraient sans doute: frère, amoureux, âme soeur. Mais Melville a une autre réponse: lecteur.
Lego, en latin, cela veut dire lire, choisir, cueillir mais aussi : voler.
Le lecteur n'est pas la personne qui a lu, lit ou lira son livre. Le lecteur est un trou, une béance dans son roman. Il est celui qui viendra l'habiter, c'est-à-dire l'animer, lui donner vie. Le lecteur, ou son absence, est d'abord une blessure, ensuite un remède -avant de redevenir blessure. "
Avec ce nouveau roman, Dominique Fortier nous démontre une fois de plus, de belle façon, qu'il n'y a pas de limite à l'imagination.
"Depuis le premier jour Simon était à moitié livre, peut-être parce que j'avais d'abord connu de lui sa poésie. Mais à ce moment-là il est devenu poème. C'est à ce poème que j'écris."
"Quelle est-elle, la promesse du roman, si ce n'est de mentir le mieux possible?"
"Abandonner, ce n'est pas renoncer, c'est faire confiance."
"Le lecteur n'est pas la personne qui a lu, lit ou lira son livre. Le lecteur est un trou, une béance dans roman. Il est celui qui viendra l'habiter, c'est-à-dire l'animer, lui donner vie."
La part de l’océan s’avère une fiction inspirée d’une partie de la vie de Melville, métissée à la vie de Fortier et quelques fragments tantôt encyclopédiques, tantôt poétiques sur la mer. L’autrice raconte surtout la relation indécodable que Melville entretient avec l’auteur Nathaniel Hawthorne. On sait que Melville et Hawthorne ont été bons amis à un certain point dans leur vie en Nouvelle-Angleterre. À partir de quel moment l’amitié devient-elle si profonde qu’elle se transforme en autre chose? Cette relation sur laquelle il est difficile de plaquer un mot précis, surtout selon les standards de l’époque, mènera définitivement à l’écriture de Moby Dick. Cela la rend non seulement intéressante, mais surtout importante pour le monde de la littérature.
Fortier véritablement a trouvé un créneau dans lequel elle brille de mille feux. Cette fixation sur une personnalité littéraire, et surtout ce qui l’entoure, lui permet de divaguer et d’inventer un univers nouveau. Qui ne s’est jamais demandé comment était telle personnalité artistique? Quelle était réellement la profondeur de la relation entre cette personne et une autre? Fortier nuance avec plus de couleurs qu’il y a de poissons dans la mer. Elle ne se contente pas de résumer qu’ils étaient plus qu’amis. Elle vogue fictivement dans les eaux mystérieuses de la psyché de Melville avec précaution et modération. C’est tellement bien fait qu’on dirait qu’elle s’est faufilée derrière une porte pour entendre toutes les conversations lourdes de silence.
Aussi, je ne sais pas s’il faut encore en 2024 mentionner que la plume de Dominique Fortier est l’une des plus belles au Québec. Elle maîtrise les mots avec une douceur qui étonne et qui apaise. Elle contrôle les nuances avec une adresse que beaucoup d’auteurs rêvent de maîtriser ne serait-ce qu’à moitié.
La part de l’océan continue la lignée fabuleuse de Les villes de papier et de Les ombres blanches. Dominique Fortier signe encore une fois un roman-essai absolument fascinant tant par son histoire que par sa construction. En plongeant dans les profondeurs de Herman Melville, l’autrice elle-même devient obsédée par une quête inatteignable, exactement comme le personnage principal de Moby Dick. Elle veut comprendre la relation Melville-Hawthorne. Mais au final, on se demande toujours ce qui est le plus important entre la vérité ou le réconfort de l’imagination.
Les coups de cœur, c’est parfois comme les coups de foudre. Ça ne s’explique pas. Ça se vit. C’est le phénomène ressenti lors de ma première lecture de Dominique Fortier: Les villes de papier. C’est de la plume de l’autrice dont je suis tombée amoureuse et de ses courtepointes de dentelles (la vision que je me fais de la construction de ses romans). J’ai ensuite senti encore plus d’affinités avec Les ombres blanches! Alors, vous vous doutez bien; j’étais déjà conquise en commençant La part de l’océan.
Cette fois-ci, j’ai eu l’impression d’entrer dans mes pantoufles préférées. Dès les premières pages, je m’y suis sentie bien. On navigue à nouveau entre le rêve (la fiction) et le réel. On apprend. On réfléchit. Les thèmes principaux à mes yeux sont l’amour… et l’absence.
Inutile de vous résumer l’histoire; la couverture arrière fait bien le travail. Cela dit, mention spéciale pour Lizzie, la femme de Melville, qui mêle sa voix à travers le récit. C’est vraiment réussi! Il s’agit d’un personnage fort attachant.
Est-ce que ce livre détrône le duo Les villes de papier et Les ombres blanches? Hum? Je ne crois pas. Mais il y est presque arrivé!
J’étais sceptique, j’ai même résisté au début. J’adore Dominique Fortier mais j’avais l’impression , en lisant la 4e de couverture, d’un sentiment de déjà-vu dans la forme. Finalement, je me suis laissé submergée et j’ai adoré. Je vais me coucher hantée par Melville et Hawthorne… Par contre: honnêtement j’ai pas trop compris l’importance du volet de l’auteur et ce Simon. On ne comprend pas trop si c’est réel ou une fiction ( la 4e de couverture est vague ) et je trouve que ce procédé histoire / vie privée de l’auteure est un peu réchauffé . C’est un roman où ça en est pas un. Bon… ça n’enlève pas que j’ai adoré quand même , mais était-ce essentiel ? Pas sûre.
Je ne sais pas. Prêter des intentions me dérange, intervertir la fiction et le mensonge me dérange, détailler la poésie et si essayer de façon presque impulsive me dérange, mettre des mots et des émotions en français dans la bouche d’un anglophone me dérange. Pas pour moi. Par contre, je serais curieux de voir ce que Fortier pourrait faire avec une figure comme Louise Labé.
Dominique Fortier nous amène dans un monde où le vrai et le faux s'entremêlent. A la fois une fiction et un essai sur le chef d'oeuvre de Melville, Moby Dick. En parallèle on suit la liaison amoureuse belle, mais toxique, que l'autrice entretien pendant l'écriture du roman. Bref c'est moins compliqué de le lire que d'en parler :)
Pour les amants de la mer, des cachalots et des amours interdits.