Après la faim du monde, la France est devenue le Foodistan. Les anciennes divisions sociales ont disparu, désormais remplacées par des régimes alimentaires : panivores, capacivores, pastavores… Chacun de ces régimes façonne ses propres mythes, sa propre langue, ses propres coutumes, ses propres recettes. Dans un monde où la poursuite de la sustentation est devenue la quête essentielle de tous et toutes, le destin de Maelle l’emmènera à travers les différentes strates du Foodistan, à la découverte des régimes les plus excentriques, où elle découvrira de nouvelles recettes au fil de ses rencontres extravagantes. Au risque de publier son propre livre de recettes ?
Je l'ai dévoré ! C'était un régal de découvrir cette histoire et de réfléchir sur notre société à travers un regard et des mœurs différents. J'aurais bien ajouté quelques pages au menu pour étoffer l'histoire, tant j'ai été conquise par toutes les saveurs que nous propose l'autrice à travers ses quelques lignes.
Sacrément original ! Entrée dans une réflexion sur l'alimentation via la SF, c'est inattendu et ici super bien mené. Cette nouvella pose des questions tout en jouant avec la langue. Point bonus pour les recettes de cuisine très appétissantes à l'intérieur !
UPDATE: je l’ai lu une deuxième fois et j’ai capté que le “je” qui se présent au dernier chapitre est aussi présent dans les deux premiers chapitres (et plusieurs autres tout au long du livre). Je crois que cette narratrice est un membre de la vanille Aromy, mais pas Maëlle. J’ai aussi mieux compris l’inclusion des recettes d’autres livres (expliqués dans les premiers chapitres), même si je les apprécie toujours pas beaucoup.
Je suis mitigée… d’un côté j’ai adoré les particularités de langue / les jeux de mots (la satiété, la Faim du monde, panser, la cerise sanitaire, etc.) ainsi que les critiques du monde d’av.F, c’est-à-dire notre monde (notamment le chapitre sur la grossophobie).
De l’autre côté, je m’attendais à plus d’action et d’explications - il y a un tas de questions qui me restent en tête. Comment est-ce que Clémentine s’est échappée de Hungerland ? Qu’est-ce que Maelle et C vont faire des infos (qui sont facilement accessibles) qu’elles ont apprises ? Parlant de ça, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas de réel enjeu tout au long de l’histoire. La secrétaire divulge des informations dangereuses à Maelle sur les origines de Clémentine…sans conséquence. En fait, Clémentine peut facilement cacher ses origines. Même quand un personnage ne cache pas le fait qu’il vient d’ailleurs (Colin), il n’y a aucune conséquence pour lui.
Enfin, le format du livre me semble un peu bizarre. J’ai pas forcément compris l’interêt d’ajouter des recettes d’autres livres, à part le fait que certains d’entre eux proviennent du même genre (science-fiction). Cette intertexualité ne m’a pas satisfait, mais peut-être que je rate quelque chose.
Enfin enfin, c’est qui le “je” qui se présente dans le dernier chapitre ? A relire pour voir si j’arriverai à mieux comprendre.
Foodistan est un curieux récit à l’originalité folle qui constitue une expérimentation littéraire particulièrement savoureuse. L’intrigue se tisse entre des chapitres plus atypiques composés de recettes et d’extrait de manuels de savoir-vivre et propose des réflexions intéressantes sur notre rapport à l’alimentation. Si je me suis un peu égarée en chemin, j’ai néanmoins trouvé l’ensemble très intéressant!
Première lecture dans cette nouvelle collection de novellas consacrée exclusivement à des autrices. Première lecture également de Ketty Steward, qui écrit en français contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser penser. On se retrouve dans un mash up de très courts textes prenant tous pour décor le foodistan, c'est-à-dire la France après une crise alimentaire mondiale qui a placé la nourriture comme élément central de la culture. C'est truffé de bonnes idées, de jeux de mots très amusants. Un petit récit court à travers quelques textes mais ne trouve pas de conclusion particulière. J'ai apprécié le jeu littéraire, même si l'absence de trame globale m'a un peu laissé... sur ma faim !
Ketty Steward est une autrice dont j’apprécie la langue ludique et la personnalité solaire. Foodistan est un monde où tout a été façonnée autour de la nourriture. Langue nouvelles, habitudes neuves, la société se divisent en strates sévères selon leur régime alimentaire. La langue savoureuse nous entraîne à travers de courts chapitres pour découvrir les spécificités de cet univers. Si j’ai apprécié la créativité globale, j’aurais aimé un texte plus approfondi qui explore les liens entre sociologie, identité et nourriture. Cela reste une lecture sympathique qui nous montre l’importance que peut prendre la nourriture dans nos vies, et ses aspects philosophiques inattendus.
De bonnes idées et un jeu avec le langage que j'ai particulièrement apprécié, bien que certains remplacements n'aient pas grand sens. C'est un texte hybride qui mêle anticipation, livre historique, recettes, listes de mots, une forme de journal intime ou essai intime ; le tout au dépend d'une intrigue malheureusement. L'expérience est intéressante en soi mais le goût qu'elle me laisse est plutôt amer.
3,5 ⭐️ C’était une chouette lecture, pleine d’innovation de langage, très originale. Un genre de petit voyage dans une société où la nourriture est devenue centrale (les gens ne « pensent » pas, ils « pansent »). Je crois que les passages plus originaux (recettes de cuisines basées sur des classiques de la SF ou liste de mots et verbes comme une poésie) ne m’ont pas plus même si j’en vois l’intérêt dans le livre. Ça me faisait un peu « sortir » même si du coup, je testerai peut-être quelques recettes. Pour l’histoire en tant que tel, cela reste un voyage/exposé de cette société. C’est tranquille, imaginatif, original. Mais je n’ai pas particulièrement été embarquée. J’ai l’impression qu’on pourrait des fils pour plein d’autres histoires à partir de cette base. C’est sûrement la volonté de l’autrice justement, ouvrir l’imagination. Bref, une expérience plus qu’intéressante !
J'ai trouvé ça hyper malin et drôle à lire, tout en abordant des sujets sérieux (l'écologie, notre rapport à la nourriture, la grossophobie etc) mais je reste sur ma faim (haha). Je pense que j'en voulais plus : plus d'histoire, plus de péripéties avec ces personnages, en savoir plus sur l'univers
Voici un texte intéressant et qui a beaucoup parlé à mon petit cœur de néologiste !
Foodistan est un texte court, mais riche, extrêmement inventif en matière de langue.
Le récit se déroule dans un futur indéterminé, dans une France devenue le Foodistan après ce que les contemporains nomment : "la Faim du Monde".
Notre satiété capitaliste s'est effondrée, et ses classes sociales avec elle. Dans un monde qui s'est reconstruit sur les problématiques de subsistance, la satiété s'est réorganisée autour des régimes alimentaires (fort nombreux) : panivorisme, pastavorisme, et tant d'autres dont j'ai oublié le nom, chacun d'entre eux ayant développé sa propre culture, ses propres évolutions linguistiques et ses propres codes.
Et c'est là l'occasion pour Ketty Stewart de jouer avec la langue française et d'y inventer des mots, ou encore d'imaginer un nouveau vocabulaire empruntant au champ lexical de la nourriture pour construire son roman. La société devient ainsi "la satiété", la fin devient "la faim", on ne règle plus ses factures, on les "régale", on ne parle plus de préliminaires, mais de "mises en bouche", et ainsi de suite...
Nous découvrons cette satiété nouvelle par le biais du carnet de notes de Maëlle, une serrurière qui profite de ses déplacements professionnels pour enrichir le dit carnet de recettes de cuisine, d'impressions et réflexions sur le monde et de considérations diverses et variées sur l'art de la table.
On pourrait reprocher à Foodistan de ne pas avoir de réelle intrigue, ou plutôt le côté minimaliste de cette dernière, mais de mon point de vue, c'est passer à côté du texte.
Le plaisir à la lecture de ce texte réside clairement dans les ingrédients qui le compose : son inventivité linguistique, son amour passionné pour la cuisine (il y a de vraies recette dedans), et l'imagination débordante dont Ketty Stewart fait preuve pour créer de nouveaux régimes alimentaires et les coutumes qui les accompagnent.
Le groupe qui choisit de se nourrir à la perfusion tout en singeant des repas mondains en odorama, avec des enregistrements de bruits de couverts et de bouche m'a traumatisé ^^
On est dans une écriture plus intimiste (il s'agit de notes proches de celles d'un journal intime après tout), de l'ordre du moléculaire si je veux filer la métaphore culinaire.
Un met que j'ai pour ma part trouvé savoureux, et que j'invite à consommer sans modération.
il est vrai que ce texte m'attirait pas trop : la couverture et la thématique de la nourriture m'intéressaient pas des masses mais quelle erreur !! le travail sur la langue est hyper intelligent mais à la fois ça se lit très très bien, y a pas trop de gymnastique à faire pour comprendre. le propos sur la place de la nourriture dans notre société et ce système de production massive est hyper bien traité, ça donne vraiment à voir les défauts et les alternatives qu'on peut imaginer. pas forcément dans la mise en œuvre mais dans la façon de conceptualiser cet aspect de la vie au moins. c'est à la limite de la fiction-essai, ça évoque et développe des concepts, des idées mais il y a aussi une petite histoire qui permet d'explorer tous les recoins dans lesquels veut nous emmener l'autrice.
gros gros coup de cœur ! ketty steward passe assurément dans mes autrices fav à suivre
ps: merci merci merci anso pour me l'avoir offert, je serais totalement passé à côté sans toi <3
C'est un livre qui étonne parce qu'il s'agit d'un monde qu'on pourrait dire "inventé" mais tellement similaire à notre monde contemporain qu'on se dit qu'on pourrait bien finir par arriver à cette situation. Il serait facile de juger la société du Foodistan, mais Maelle Aromy, le personnage guide, et ses rencontres nous montrent comment les valeurs comme la solidarité et l'intérêt envers son prochain existent encore quand on exerce son libre-arbitre. Même sans mener une révolution, on voit comment au niveau individuel, il est possible d'avoir son opinion sur "l'ordre" imposé par la société et agir (même par son silence) quand l'occasion se présente d'aider un autre individu.
Le travail sur la langue avec une autre utilisation du lexique culinaire tout en donnant du sens à ce monde en quête d'une humanité toujours superficielle est remarquable. Bien que situé dans une France du futur, c'est un livre de notre époque qui semble déjà intemporel.
Et bien sûr, les recettes donnent à réfléchir sur notre rapport à la cuisine, sur les traditions culturelles d'un pays construit sur la contribution de plusieurs cultures.
Le premier tiers est savoureux (sans mauvais jeu de mot), il y a même beaucoup de charme dans la visite de cette maison d'une bourgeoise fondue (rebelote) dans la masse. On aimerait suivre cette serrurière comme une petite souris dans ses pérégrinations, qu'elle finisse emportée dans une aventure plus grande qu'elle et qu'on embarque dans un grand huit d'actions rocambolesque et sautillantes, et... plouf. Reste de très belles idées, des synapses qui pétillent grâce au travail de la langue, un bel univers et des critiques acerbes de notre monde actuel.
Surprenant ! La langue "gourmande" est particulièrement originale et ne peut que susciter l'admiration pour autant d'inventivité. Au niveau de l'intrigue, je suis restée un peu sur ma "faim" (justement^^), mais je n'aurais pas dû vraiment m'attendre à ce qu'il y en ait une, façon classique. C'est un assemblage de tant de choses, entre micro-nouvelles, recettes, extraits de textes divers, que l'autrice a tissé entre eux en tentant d'y greffer un fil conducteur, mais l'essentiel est ailleurs. C'est plutôt l'exploration d'un monde qui aurait pu s'arrêter d'être et d'un autre qui aurait pu être, le tout basé sur l'industrie et nos régimes alimentaires, tout en jouant avec la langue et les idées, et en égratignant les travers de notre société actuelle.
J'ai rarement lu un texte aussi original, une dystopie alimentaire avec des us et coutumes qui tourne autour de la faim, l'appétit donc, jusqu'à créer un changement dans le langage. Une lecture atypique et intelligente qui propose un livre de recette qui s'avère être un regard sur la consommation de notre société actuelle. Et si le futur tournait autour de l'alimentation ? Ce n'est pas le récit et ses persos qui importent dans ce texte, puisqu'il ne s'agit pas tout à fait d'une histoire. C'est inventif, brillant et ça donne étonnement, très faim.
J'adore cette autrice, c'est la première œuvre que je lis d'elle mais j'adore les métaphores, le format des nouvelles courtes, l'univers post-apo assez sympa et tordue. j'ai envie de le relire juste pour les recettes
J'ai beaucoup aimé ce futur décrit par Ketty Steward et finalement je reste sur ma faim ! J'aurais aimé plus de développements aussi bien de cet univers que des personnages qui le peuplent. J'ai eu l'impression de n'effleurer que la surface, de ne goûter que le glaçage.