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Héros-Limite suivi de Le Chant de la carpe et de Paralipomènes

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Héros-Limite : 1953
Le Chant de la carpe : 1973
Paralipomènes : 1976

313 pages, Broché

First published October 1, 2001

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55 people want to read

About the author

Ghérasim Luca

31 books31 followers
Born in Bucharest the son of a Jewish tailor, he spoke Yiddish, Romanian, German, and French. During 1938, he traveled frequently to Paris where he was introduced to the Surrealist circles. World War II and the official antisemitism in Romania forced him into local exile. During the short pre-Communist period of Romanian independence, he founded a Surrealist artists group, together with Gellu Naum, Paul Păun, Virgil Teodorescu and Dolfi Trost.

His first publications, including poems in French followed. He was the inventor of cubomania and, with Dolfi Trost, the author of the statement "Dialetic of Dialectic" in 1945. Harassed in Romania and caught while trying to flee the country, the self-called étran-juif ("StranJew") finally left Romania in 1952, and moved to Paris through Israel.

There he worked among others with Jean Arp, Paul Celan, François Di Dio and Max Ernst, producing numerous collages, drawings, objects, and text-installations. From 1967, his reading sessions took him to places like Stockholm, Oslo, Geneva, New York City, and San Francisco. The 1988 TV-portrait by Raoul Sanglas, Comment s'en sortir sans sortir, made him famous for a larger readership.

In 1994, he was expelled from his apartment officially for "hygiene reasons." Luca had spent forty years in France without papers and could not cope. On February 9, at the age of 80, he committed suicide by jumping into the Seine.[1:]

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8 (16%)
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2 (4%)
1 star
1 (2%)
Displaying 1 - 13 of 13 reviews
Profile Image for Bogdan.
134 reviews83 followers
Currently reading
August 6, 2025
L’œuvre de Ghérasim Luca est le chaînon manquant entre la théorie de la langue comme jeu formulée par Wittgenstein et les jeux que les OULIPiens ont inventés avec elle. Je vois là deux antipodes :

(1) la logique comme degré zéro de l’esprit, qui réfléchit sur la langue et réduit la pensée à son seul moyen d’expression – la langue – cherchant ainsi à révéler les règles inhérentes à son jeu ;

(2) la langue comme véritable terrain de jeu, où les règles sont inventées par les écrivains eux-mêmes, ces versatiles utilisateurs et joueurs du langage.

(1) est une méditation sur la langue ;
(2) est une pratique de la langue, une prouesse littéraire qui s’en sert pour inventer des jeux dont les règles sont extérieures (comme écrire un roman entier sans la lettre “e”, la plus fréquente en français – La Disparition de Georges Perec) : des contraintes que les écrivains s’imposent eux-mêmes. Ces expériences, radicalement futiles, sont d’une génialité gratuite…

Les jeux de Luca, eux, court-circuitent la langue : ils la rendent absurde et pourtant pleine de sens inattendus. Sa poésie est mue par des associations phonétiques. À première vue, les mots ne semblent partager que des sons, des syllabes ; logiquement divergents, ils se révèlent énigmatiquement, étonnamment convergents. La lacune lexicale entre eux devient une transmission langagière. La langue y est jouée jusqu’à son étrangeté : ce jeu trouve une raison que la raison ignore, et parle avec la langue même – la langue comme anarchie poétique, la poésie comme langue qui enfreint les règles de conduite lexicale.
Le tangage de ma langue

Des paroles douces
et dès le départ celées :
la conque du silence frôle celle
des récifs…
d’où ce récit

Happé par l’aimant du non-sens
je parle à peu près ceci
pour dire précisément cela

Je suis hélas !
donc on me pense

(L’aveugle vise l’aigle
et tire sur un sourd)

C’est ainsi que je vis
ce que je vois
et que ma voix
se voue au moi qui s’éteint
Comme le « doux » dans le doute
suis-je le « son » de mes songes ?

A cette orgie de mots
et d’ascètes à l’écoute
mon Démon sonore agit
sur un monde qui se nie
se noie et se noue
au fond de ma gorge
Sorcier par ondes rythmes
hordes…

Pour le rite de la mort des mots
j’écris mes cris
mes rires pires que fous : faux
et mon éthique phonétique
je la jette comme un sort
sur le langage

En deçà de ceci
et au delà de cela
Hors hors de moi

Car être ailleurs
tiraille l’heure d’abord
et le mètre ensuite
leur arrêt est ici
mur du son
où l’on fusille un héros
infini
dont la houle cachée
jette un tissu de mots
– un infime drap de mort –
sur le nu d’une muette
couché comme un huit
dans les bras du zéro.


La Roumanie où Ghérasim Luca est né n’a pas mérité ce grand poète. Pendant sa vie là-bas, c’était un pays abominable où la bêtise provinciale, tant du peuple simple que de nombreux intellectuels, faisait croire aux uns et aux autres que se ranger du côté des fascistes signifiait enfin devenir des êtres ordonnés et civilisés. Mon pays, ce carrefour millénaire des empires, était, au début du XXe siècle, un terrain prêt aux expériences totalitaires les plus spontanées, scélérates, libres, chaotiques, naturelles, rustres. Le sol était fertile pour être labouré d’abord par l’extrême droite puis par l’extrême gauche. Luca a affronté les deux régimes quand cela était encore possible et s’en est échappé de justesse, lorsque survivre était devenu l’unique enjeu.

Pour rejoindre la France, il dut passer par Israël – détour qu’il aurait tant voulu éviter. Là-bas, il n’était personne. Même dans ce pays, Luca était plus qu’étranger, et même plus que juif : il était “étran-juif”. Jusqu’à son installation définitive en France, il vécut dans une extrême pauvreté en Israël. Pacifiste, pour échapper au service militaire obligatoire, il se réfugia dans une grotte qu’il éclairait d’un miroir reflétant le soleil. Ne reconnaissant pas les frontières, “son pays était son corps” (ainsi que le note la préface), et pour ce polyglotte apatride, seule la poésie était une patrie.

Assez longévif, Luca vécut encore quarante-deux ans en France. Poète par vocation totale, il n’a jamais commercialisé son génie, restant pauvre et peu connu. Pourtant, il fut une révélation pour Gilles Deleuze, qui le considérait comme “le plus grand poète de la langue française vivante”. Pour ma part, je n’ai jamais rencontré de jeu plus libre et miraculeux avec la langue que celui de sa poésie.

À quatre-vingts ans, Ghérasim Luca quitta Paris par la Seine, pour toujours, regrettant profondément son ami Paul Celan, qui, soit dit en passant, n’était pas roumain non plus.

Voici une récitation très intense – on peut dire, une véritable performance artistique – de Luca :

https://www.youtube.com/watch?v=jIX0x...

Je dois confesser que j’aime aussi son accent…
Profile Image for Salomé.
352 reviews37 followers
Read
October 29, 2022
J’avais terriblement envie de lire ce recueil après avoir découvert le poème « prendre corps » qui est, je trouve, fabuleux. Or, je suis très déçue, c’est le seul que j’aime du recueil (et c’était l’avant-dernier poème, arg)…

La manière dont Ghérasim Luca crée et écrit ses poèmes ne me touche pas du tout… Dommage…
Profile Image for Bruitsparoles.
95 reviews3 followers
July 21, 2022
C'est marrant, qu'il ait les mêmes obsessions que moi sur l'écriture poétique, le langage - sa fixation qui semble fausse, répétitive, creuse quand on l'invoque, déjà entièrement compacte que nos déplacements pour une entrée sont maigres - et qu'il réponde par l'exagération, l'épuisement du mot, une redéfinition constante, impalpable. Et que je n'ai pas été si sensible au style, c'est surtout que je déteste les jeux de mots, j'ai un esprit malade de netteté - que j'ai appris de vous, les prétentieux et les possesseurs du [italique]bon goût[italique].
Profile Image for Gabrielle Danoux.
Author 38 books40 followers
August 26, 2022
Une bonne soupe à la Mathieu Amalric mais de fraîches orties qu'on appellera herbes aux chantres à la carte. Pour la critique, faites entrer l'accusé lui-même. Êtes-vous enrouée, madame la carpe ? « Accouplé à la peur/entre la vie et le vide/le cou engendre le couteau/et le Coupeur de têtes/suspendu entre la tête et le corps/éclate de mou rire » (p.104). Mais non, mais non, me dit-elle, je ne suis pas muette, mais coquette avec ma cravate de chanvre et sans robe de chambre. Je ferme ma « paupière philosophale » (p. à vous de compléter !) : « Bien au-delà du peu/la peau et l'épée/lapent/l'eau ailée/du petit pire//Toupie d'une peur idéale/épi à pas de pou/appât/ou pâle pet de pétale//La vie dupe la fille du vite//Tapis doux/où les fées filent/les feux muets/d'un rien de doute//L'effet est fête/faute hâte/écho et cause […] faux/défi/défaut/fou//Peau fine/paupière finale/fœtale/fatale/philosophale »
Profile Image for A_hdev.
3 reviews
May 1, 2024
« mot
"atome" renversé
Sans fin ni commencement »

Les signifiants prennent vie‚ et l'encre de Ghérasim Lucas coule dans leurs veines. Leurs usages se justifient‚ de l'intérieur‚ par la poésie qui prend pour objet le poétique‚ c'est « méta ». Un savant mélange entre références (philosophiques‚ mythologiques‚ littéraires...) et jeu indéfini avec la langue‚ exploitée sous toutes ses formes par le poète. Une révélation.

« L'objet nu nu numéro 16 est un héros-limite » :

le signifiant échappe au catégories de l'entendement et transperce la carapace rationnelle dont nous revêtons le monde‚ il est non plus seulement objet-limite de la métaphysique mais agent‚ acteur qui échappe au Tout métaphysique‚ c'est un héros-limite.
12 reviews
January 13, 2024
Je n’ai malheureusement pas pu mettre 5 étoiles parce qu’il y a je dirais 30% des poèmes que j’ai pas pu comprendre parce que Ghérasim est trop haut pour nous.
Malgré ça, mon dieu qu’il est fort et qu’il maîtrise le jeu de la langue française tout en se l’appropriant pour en faire des poèmes (difficiles à comprendre) magnifiques
Profile Image for Margaux Lavigne Delcroix .
142 reviews1 follower
February 27, 2025
je suis toujours autant perplexe face à cette écriture, réécriture ou non-écriture. je bute sur les mots comme lui et finalement ça en devient fluide. il suffit de lire, un peu trop vite des fois et j’ai l’impression de rentrer dans sa tête. Attention, ça ne m’enchante pas, ce type est vraiment dérangé mais le temps d’une lecture, pourquoi pas finalement ?
Profile Image for Dmacia.
2 reviews1 follower
Read
May 7, 2022
« Mille tatous tatouages, mille tatouages couvrent d’un beau manteau d’ours et de loup, d’un beau manteau de velours lourd, sa serre, sa cervelle frêle et sauvage, mille tatouages mentaux couvrent son cerveau de vautour »
Profile Image for ayyluluu.
110 reviews10 followers
December 27, 2025

Polyglote et poète qui a fui la Roumanie et choisi sa langue de plume le français, avant de déclarer sa profession de poète et se jeter dans la Seine en 1994.

Le poème sur David Hume :
« On lit, on cause, on foule et on nombre
On nous montre celle qu’on désire, celle qu’on sublime et celle qu’on étoile
Nuit nous lave et nous songe
Je hume »

LE POÈTE MAUDIT … le monde
Profile Image for Louis Cabri.
Author 11 books14 followers
aura
May 19, 2012
This book collects three volumes by Romanian-born French poet Gherasium Luca:

Heros-limite, 1953
Le Chant de la carpe, 1973
Paralipomenes, 1976
Displaying 1 - 13 of 13 reviews

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