Au cœur de la forêt vivent, reclus et sauvages, le père Courge et son jeune fils. Mais lorsque le père doit impérativement se faire soigner, ils n’ont d’autre choix que de se rendre au village le plus proche. Leur réalité entre alors brutalement en collision avec celle du monde civilisé, et le fragile édifice mental construit par eux se lézarde, puis s’écroule.
Jean-François Beauchemin a été tour à tour rédacteur, concepteur puis réalisateur à la Société Radio-Canada. Une première trilogie constituée de Comme enfant je suis cuit, Garage Molinari et Les Choses terrestres, s’inspirait de l’émouvante profondeur de l’enfance. Il s’est également adressé aux adolescents avec la parution en 2001 de Mon père est une chaise. Au secteur adulte, on lui doit aussi Le Petit Pont de la Louve et Turkana Boy. Le Hasard et la volonté s’inscrit dans la lignée des romans La Fabrication de l’aube (Prix des libraires 2007), Ceci est mon corps, Cette année s’envole ma jeunesse et Le Temps qui m’est donné. En 2013, il publie une édition en format compact du Jour des corneilles, roman d'abord paru chez les Allusifs et lauréat du prix France/Québec de l'année 2005
Au bout de 40 pages, rien ne présageait que ce roman allait devenir un vrai coup de coeur. Dès le début en effet, j'ai été déroutée par le langage utilisé par le narrateur, à la fois familier et archaïque, et il faut un petit moment pour comprendre pourquoi il s'exprime de cette manière. Qui plus est, on entre directement dans un monde de violence et de brutalité terribles. Ce petit livre est en effet l'histoire de la vie du fils Courge, un jeune homme élevé par un père psychotique et abusif en pleine forêt, loin de la civilisation. Le garçon subit de véritables tortures de la part de son père. Puis un jour, il va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Contre toute attente, ce roman parle avant tout d'amour. Le langage, si particulier voire repoussant de prime abord, dessert au final merveilleusement le propos de ce jeune garçon en manque d'amour. Il permet à la fois de prendre de la distance sur les horreurs perpétrées par le père et de parler avec une réelle poésie du sentiment, de la vie et de la mort, de la place dans le monde. Uniquement visité par des fantômes muets, le jeune garçon essaye de comprendre ce qui l'entoure, les crises de son père, la vie après la mort. Il porte un regard naïf et brut sur les choses, sur l'amour, et c'est bouleversant. Ce livre est aussi un sublime plaidoyer pour le language, le vocabulaire. C'est un véritable ovni littéraire, trop halluciné pour laisser indifférent, plein d'une innocence désarmante. Très court, c'est l'équivalent d'une petite bombe, qu'il faut absolument prendre quelques instants pour découvrir.
"Père possédait toutes sciences. Notions et lumières siégeaient sous son casque. Il concevait que Terre est plate, qu'elle stationne au milieu des cieux et que les astres tournoient à l'entour tel le chien ancré au pieu. Que la déesse Lune assure le salut de toutes choses vives : bestieuses, végéteuses et humaines. Que maux de corps se soignent par saignées et autres secours modernes. Que le cauchemar engouffre la cervelle par les esgourdes."
Un jour des corneilles hallucinant et halluciné. Au milieu des forêts québécoises, vivent deux ermites, un père et son fils.
Suite à des « actes inqualifiables », le fils raconte sa vie dans un invraisemblable français. La mort de sa mère le jour de sa naissance, la douleur et la folie du père, leur vie loin de tous.
Véritable OVNI littéraire, trop halluciné pour laisser indifférent, ce court roman peut déstabiliser au départ par son style et sa violence, et pourtant... Ce récit est une splendeur plein d'une innocence désarmante. Le regard naïf porté par le narrateur sur la vie, la mort ou l'amour est bouleversant. A découvrir !
Une sorte de conte de fées effrayant et québécois ou l'on suit un ogre et son fils dans une quête d'amour filial éperdu racontée dans une langue incroyable. Il faut parfois s'accrocher mais cela vaut le coup
Langue superbe mais récit pénible dans son contenu violent. Ça m’a beaucoup rappelé L’homme qui savait la langue des serpents et aussi Le démon de la coline aux loups.
Un livre qui m’a surprise et un peu rebutée par son style et son narrateur, même si les thèmes développés sont intéressants. J’avais hâte de le finir pour passer à autre chose !
Presque un cinq étoiles! Quel fascinant contrôle de la langue française par Jean-François Beauchemin! Une maitrise du langage, qui rappelle Rabelais, que je n’avais pas vu depuis fort longtemps pour un roman québécois. Malgré la noirceur du récit ainsi que la relation père-fils qui va en dépérissant, les pages s’envolent à un rythme effréné. Les descriptions crues, le manque d’amour maternelle, les délires du père, l’oppression de la forêt et parfois une tendance à flirter avec le paranormal et l’horreur, cette vision hors norme qu’a Jean-François Beauchemin de nous emmener dans ce court roman qui ne demande qu’une parcelle d’amour et de lumière, est abordée d’une façon originale et est fabuleusement maitrisé sur tout ses angles! Recommandé!
Le jour de son procès, le fils Courge fait le récit de sa vie et de ce qui l'a conduit à commettre son terrible crime. Depuis toujours, le garçon vit en ermite avec son père dans la forêt. Né dans la mort, il a le don de voir les êtres de l'au-delà qui le visitent parfois, dont sa chère mère qui est seule à l'aimer. Car d'amour, son père, fou et brutal, ne lui en donne point... Et comment vivre sans amour ?
C'est un roman extraordinaire par son écriture, qui peut aussi bien enthousiasmer que fatiguer. Le fils Courge a à peine appris à parler avec son père et manie un vocabulaire archaïque et inventif qui donne tout son charme désuet à un récit pourtant très dur.
Dans mes souvenirs, j'ai tendance à mélanger ce livre et "Sukkwan Island" de David Vann, dans les deux cette relation père-fils taiseuse et maladroite, une nature omniprésente et angoissante. Je garde le souvenir d'une atmosphère fascinante et effrayante dotée d'une poésie certaine.