Le vieil ennemi a encore frappé. Cette fois, c'en est trop. Alors qu'à Sarradeil on ne songe qu'à l'abattre, le maire tente de ramener les villageois à la raison: l'ours est une espèce protégée. Entre mépris et hostilité, Asha, jeune policière de l'environnement, aura la charge de repérer la bête et de la capturer. Et tandis que commence une lutte sourde entre les opposants à l'animal et ceux qui cherchent la paix, avec ou sans lui, apparaît la Vieille, qui sait le secret de l'ours.
Dans ce roman, Olivier de Robert nous embarque au sein d'une bourgade reculée des Pyrénées. Ce décor pittoresque devient le théâtre d'une lutte acharnée entre l'héritage du passé et les avancées du présent, entre l'humanité et le monde sauvage. L'histoire prend son envol suite à l'agression d'un troupeau ovin par un plantigrade, un incident qui fait ressurgir de vieux ressentiments et pousse les locaux à réclamer une mesure drastique : la suppression du prédateur.L'auteur manie une plume à la fois brute et poétique pour dépeindre l'ambiance unique de cette vallée ariégeoise. On y ressent presque physiquement le poids des légendes et des récits anciens qui semblent imprégner chaque recoin du paysage. L'auteur esquisse avec brio des portraits vivants d'individus viscéralement attachés à leur terre natale.Dans ce microcosme largement dominé par la gent masculine, trois personnages féminins se démarquent particulièrement. Asha, une agente de l'Office français de la biodiversité prête à tout pour protéger l’ours. Emma tient le bar familial, point central des discussions et des tensions du village. Enfin, la Vieille, gardienne des savoirs ancestraux et de la sagesse des montagnes. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que l’histoire dépasse le simple affrontement entre l’homme et l’animal. L’auteur nous invite à réfléchir à des enjeux bien plus vastes : le rôle des grands prédateurs dans nos écosystèmes, les difficultés des éleveurs face aux pressions économiques, et ce fossé grandissant entre les attentes des citadins et la réalité du monde rural. Sans chercher à imposer une vision, il ouvre un espace de réflexion, sans jugement ni parti pris. Ce roman court mais dense est une véritable ode à la nature et aux terres pyrénéennes, un hommage au travail des bergers et au temps passé. La fin, bouleversante, m’a laissée avec un écho profond, comme une résonance des débats universels qui dépassent largement ces montagnes. C’est un roman que je recommande sans la moindre hésitation. Bonne lecture.