"C’est un enfant merveilleux. Je vous assure, j’en ai vu passer des drôles, il n’y en a pas deux comme lui, pas un qui arrive au talon de ce petit. Il ne fait rien comme tout le monde, c’est vrai, il a toujours une idée derrière la tête, toujours une parole rusée. Il se passionne pour les belles choses. Il aime qu’on l’aime, c’est tout, c’est ça que son père ne comprend pas." Personnage méconnu et pourtant central de la vie de Francis Bacon, la bien nommée Jessie Lightfoot fut celle qui le protégea toujours, de son tyran de père dans son enfance comme de ses pires excès à Londres. La tendresse de cette Nanny venue des Cornouailles contraste avec les violences que subit très tôt Bacon, et apporte une couleur inédite à la palette sulfureuse du peintre. Au-delà de l’humour et de la gouaille inégalables de cette femme extraordinaire confrontée au monde interlope des artistes, Maylis Besserie nous donne aussi à voir l’Irlande de la première moitié du vingtième siècle, à la fois poudrière et île splendide dont les paysages, les décors et les animaux hanteront les toiles du peintre.
Deux voix se répondent dans ce roman de Maylis Besserie. Celle de Jessie Lightfoot qui fût sa nourrice lorsque le peintre était petit puis qu’elle a suivi adulte. Et l’autre, la voix de Francis Bacon posée sur ses tableaux, qu’ainsi Maylis Besserie commente.
La fiction autour de la nourrice éclaire, renforce et permet de trouver des clefs de compréhension d’une œuvre qui reste difficile. Cette attention toute maternelle éclaire une personnalité blessée, repoussant ses limites, pour s’éprouver dans une violence recherchée. Même si le registre de langue que lui fait adopter Maylis Besserie perd quelquefois en crédibilité en voulant faire un peu trop “peuple”. Celui-ci permet des respirations salutaires tant la course du peintre vers sa destruction est à la hauteur de son désir de plaire.
Mais, ce sont les mots que posent Maylis Besserie sur les tableaux qui sont le plus remarquables !
Bien sûr, impossible de découvrir cet essai fiction d’une seule traite. Non seulement la description des sévices à l’enfant, mais aussi ceux que le peintre aimera retrouver à l’âge adulte, est une véritable épreuve. Mais, l’analyse des tableaux proposés, tablette disponible aux côtés, ne peut se faire de façon linéaire.
Il faut du temps pour que les mots trouvent leur chemin vers la nouvelle œuvre présentée et argumentée par la voix du peintre. De plus, l’importance ici est d’y confronter son propre ressenti. Alors, Il faut ingérer, digérer et éprouver. Dommage que la présentation des tableaux ne suive le fil chronologique du récit.
En tout cas, le travail de Maylis Besserie devient, me semble-t-il, un incontournable pour donner des clefs à cette œuvre, si particulière, illustrant de façon magistrale la meurtrissure d’une vie brûlée de tous côtés.
SP de la rentree littéraire Écriture très fluide, à tel point qu'on a l'impression de prendre le thé avec l'héroïne. Par contre attention, c'est assez triste tout ce qui est raconté, et surtout violent.
Je comprends mieux l'art de Bacon grâce à ce livre. Je ne l'aime toujours pas. Il y a des petites tournures de phrases, métaphores et comparaisons très sympa. J'ai bien aimé la nourrice.
Pas pu finir ce livre Quand un écrivain en arrive à écrire « fouille ouille ouille » je ne peux pas persévérer C’est dommage car la vie de Bacon mérite mieux Mais comment peut-on imaginer un tel dialogue ? Aucune empathie pour les personnages La parole de cette femme est caricaturée Dommage