Thérèse, sur les photographies, semble ailleurs, le regard absent. On dirait qu’elle retient son souffle, protégeant un secret ou ravalant un cri. Depuis plus d’un demi-siècle, Thérèse Lefebvre, née Larin, est disparue et on n’a plus jamais reparlé de tout ça. Alexandra Boilard-Lefebvre, sa petite-fille, souhaite pourtant redonner corps à cette femme qu’elle n’a pas connue, la matérialiser. Elle enquête, elle retrace, elle enregistre et retranscrit, pour remplir les trous de l’histoire. Elle écrit les joies et le drame de cette jeune femme qui, comme tant d’autres housewives des décennies d’après-guerre, a vu ses aspirations englouties dans le confort de banlieues uniformes.
Une histoire silencieuse est l’aboutissement d’un attentif travail de mémoire au plus près des surgissements fantomatiques du passé, et la silhouette de Thérèse apparaît progressivement parmi les mots et les souvenirs, dans la scansion des voix et la blancheur des images.
je pense et j'ai vu que pas mal de gens disent "oooh mais en fait c'est une enquête et pas un roman oooh c'est dommage le roman aurait été mieux s'il avait vraiment été roman du point de vue de Thérèse aussi et qu'il s'était autorisé cela oooh c'est aride c'est froid" j'en ai même vu qui disaient que l'autrice aurait pu davantage bosser et à ceux-là je répondrai rien car je préfère plutôt vous dire que ce roman est très très réussi et très très beau. qu'il est exactement ce qu'il cherche à être, et que c'est un accomplissement tellement rare en littérature contemporaine qu'il faut prendre le temps de le dire. oui, c'est une enquête littéraire, oui, il est quasi intégralement constitué de retranscriptions d'entretiens et de descriptions de photos, mais je crois qu'il faut être de sacrée mauvaise foi pour dire que ces deux éléments ne constituent pas un racontage d'histoire. moi en tout cas on m'a profondément, totalement et magnifiquement bien raconté une histoire. par des outils et des tons qui sont inhabituels, ça je le dis et l'admets et je n'ai aucun souci en soi avec le fait que ça ne plaise ou ne parle pas à certains. mais qu'on ne dise pas que ce n'est pas du travail, du travail romanesque : c'est un putain de roman qui creuse et dit et éclaire et pleure et acidifie et racle et caresse. c'est trop beau. c'est juste trop trop beau. et triste ! et oui il y a des silences et des ellipses, mais ils sont magnifiques ces silences et ces ellipses. c'est là que Thérèse se déploie le plus et nous est la plus réelle. c'est là qu'on la devine, qu'on la ressent vraiment. bravo à l'autrice d'avoir eu l'intelligence de préserver ces silences-là. littéralement, il y a beaucoup d'espace non imprimé sur les pages, et il y a une expérience de lecture hyper forte dans les quelques secondes qu'on prend à intervalles réguliers, en fixant ce blanc, après quelques lignes d'une force immense, et en laissant Thérèse exister sur ce blanc. en comprenant vraiment qu'elle existe. comment elle existe. je suis tellement heureuse pour Thérèse que ce livre existe. j'ai le coeur brisé pour Thérèse. le livre ne redécouvre pas la poudre et ne prétend pas le faire. en revanche, il nous invite à nous réintéresser vraiment à l'histoire de ces femmes au foyer dont la vie a été détruite par le rien, aspirée par l'ennui, gâchée par l'attente, à comprendre à nouveau, c'est-à-dire d'une nouvelle façon, ces femmes qui existent bien sûr toujours, et le livre le sait et sait que nous le savons et a l'intelligence de ne pas nous le dire explicitement. bref. ce livre est trop bien
impression immédiate: le coeur en miettes pour toutes les femmes histoires silencieuses comme celle-ci. tale as old as time, traduit le trauma de nos aïeules (qui traîne toujours en plusieurs de nous), ces femmes fortes, aux personnalités pétillantes, qui se sont vues effacer jusqu'à quasi-disparaître par le statut de ménagère aliénée auquel les attentes et espoirs familiaux et sociaux les confinait. J'y ai reconnu ma grand-mère et toutes celles qui l'ont précédées. J'ai reconnu l'omerta et les tabous qui entourent les événements tragiques dans les familles de région. J'ai reconnu la source de la frustration de tant de femmes encore en 2025. fuck le patriarcat pis vive les femmes
Dans «Une histoire silencieuse», le premier roman d’Alexandra Boilard-Lefebvre, la narratrice enquête sur sa grand-mère Thérèse, disparue trop jeune dans des circonstances nébuleuses. Le silence du secret familial est assourdissant.
Par des descriptions de vieilles photographies, des retranscriptions de conversations qui cherchent à percer un mystère que les années ont rendu flou, on dresse peu à peu le portrait d’une femme forte, indépendante, que les conventions de la vie familiale d’antan ont tué à petit feu. Il y a de très beaux moments, dont l’entrevue avec une femme qui a osé divorcer dans les années ’70. Un portait émouvant, un récit un peu triste, un beau livre.
je n’avais jamais lu un roman « historique » qui m’ait autant plu (de mémoire) hormis la femme qui fuit. on y est dans le passé mais avec une modernité qui m’a surprise. je l’ai lu d’une traite, tellement absorbée que j’ai oublié de me remettre de la crème solaire…🌞 était-ce voulu, ou si c’est juste moi qui est un peu nounoune mais parfois je ne savais plus qui racontait ses souvenirs? mais reste que ce n’est pas grave je trouvais que ça ajoutais au mystère de Thérèse et de ces femmes anonymes…
Mini bémol : Ce matin même, j’avais l’impression de bien suivre, mais en fin de journée en reprenant ma lecture, j’arrivais plus du tout à me souvenir de qui était qui, vu le grand nombre de prénom et le peu de mise en contexte dans les transcriptions 🙊 C’EST QUI DÉJÀ MARCEL ???
J’ai beaucoup apprécié ce livre, que j’ai vu en deux jours. Je voulais en savoir toujours plus sur Thérèse, « voir » plus de photos, entendre plus d’anecdotes. J’ai adoré la réflexion sur les femmes au foyer de cette époque, ainsi que le côté révolutionnaire de là grand-mère de l’autrice. J’ai aimé les retranscriptions rythmées des témoignages, mais en même temps ça m’a fait sentir un peu comme au travail (je suis journaliste). Je crois que beaucoup de familles québécoises peuvent se reconnaître dans ce récit ! Le seul bémol, la voix de l’autrice disparaissais un peu derrière tous ces témoignages, et j’avais l’impression de me sentir devant une recherche non terminée.
J’ai littéralement dévoré ce livre, dans lequel nombre de femmes et de familles sauront se reconnaître. Il n’est pas si loin ce temps où les femmes devaient littéralement se mettre au service des autres et, quoiqu’on ait pu en dire ou en penser, la plupart d’entre elles éprouvaient une violente détresse dans ce rôle qui leur avait été attribué.
J’ai particulièrement apprécié les passages où on semble lire des enregistrements vocaux captés lors des entretiens menés par l’autrice. Pour ma part, j’aurais apprécié que des passages fictifs viennent ponctuer le récit, par ailleurs très factuel, ça aurait si bien complété cette passionnante histoire !
3,5 étoiles. C'est l'histoire d'une femme, comme des centaines d'autres, qui se sont mariées parce qu'il le fallait, qui ont eu des enfants parce qu'il le fallait, et qui se sont éteintes peu à peu. Des femmes qui aimaient rire et s'amuser, des femmes intelligentes qu'on a confinées à une cuisine. Je pense à ma grand-mère qui a eu 10 enfants... Préparer trois repas pour 12 personnes CHAQUE JOUR. Qui voudrait d'une vie comme ça ?
Une histoire silencieuse, c'est une tentative d'enquête, avec le peu d'informations qui restent après cinquante ans. Des photos, quelques souvenirs. Pas grand chose. Mais on comprend. On ressent la détresse de Thérèse, sa colère, son désir de vivre autre chose. De juste vivre.
3.5 ✨ | cette enquête personnelle de l'autrice retrace sa vaine tentative de compréhension entourant le décès de sa grand-mère. ainsi, elle mène des entrevues auprès des membres de sa famille et des proches de thérèse laurin, ainsi qu'auprès des services d'archives d'institutions municipales, provinciales et privées. j'apprécie qu'à travers ces bribes de discussions ou de descriptions iconographiques, l'importance accordée aux témoignages, aux souvenirs et aux archives soit si bien dépeinte. les discussions écrites textuellement sont incroyables et transposent le bon français verbal québécois, c'était de la pure magie. 😍
pour l'époque, j'ai fait beaucoup de parallèles avec ma propre grand-mère maternelle et son vécu dans une société où les femmes, en pleine quête de leur émancipation individuelle et professionnelle, n'étaient perçues que comme utiles à la maison et à la gestion familiale. elles étaient bien souvent malheureuses et dans l'incapacité de quitter le nid familial. 🥲
j'ai eu du mal à lire ce livre d'un trait, d'où ma note à la baisse. j'ai trouvé moins utile les descriptions des photos, qui, je le conçois pour l'autrice, ont une valeur de témoignage significative.
Une Histoire Silencieuse d’Alexandra Boilard-Lefebvre m’a profondément marquée. J’ai adoré la manière dont l’autrice tisse une véritable enquête à travers le récit, en mêlant habilement faits personnels, fragments d’archives et éléments historiques. Le livre nous entraîne dans une exploration sensible d’une époque où les femmes étaient trop souvent effacées, réduites à leur obéissance, à leur capacité de taire leurs désirs, leurs rêves, leurs souffrances.
Ce que j’ai aussi beaucoup aimé, c’est l’aspect visuel du livre. Les descriptions des photographies sont riches, précises, presque cinématographiques. Elles permettent au lecteur de recr��er mentalement des scènes d’époque, de se connecter avec les visages figés par le temps, et de ressentir l’émotion cachée derrière chaque cliché. C’est un livre qui donne à voir autant qu’il donne à penser.
Je restes avec des questions et un sentiment troublant, triste et mélancolique pour une femme que je n'ai jamais connue.
Tout simplement envoûtant. L'autrice nous présente les résultats de ses recherches alors qu'elle tente de donner un sens à la mort prématurée de sa grand-mère, décédée à 27 ans. La précision avec laquelle l'autrice décrit les photos de sa grand-mère et relate les entrevues avec les proches de celle-ci est époustouflante. Les souvenirs, bien que parfois flous, s'animent dans nos têtes comme si ils nous appartenaient. J'admire le travail de recherche accompli et le souci du détail de l'autrice. Elle nous fait ressentir, de par sa forte sensibilité, le besoin de redonner vie à sa grand-mère qui fût trop facilement effacée du monde. Ça frappe droit au coeur!
C'était vraiment unique et intéressant comme roman! J'ai beaucoup aimé les thématiques du mal être des femmes au foyer et des secrets dont les familles ne veulent pas parler.
Ce livre suit le parcours de l'autrice qui essaie de comprendre ce qui est arrivé à sa grand-mère décédée dans les années 60 à 27 ans et dont personne dans sa famille ne semble vouloir parler. Plus que juste sa grand-mère, c'est tout une époque qui semble se reconstituer au fils de ses recherches.
J'ai trouvé qu'à certain moment les dialogues rapportés étaient un peu durs à suivre, mais sonnait très véridiques (particulièrement en ce qui touche le language des Québecois d'un certain âge). J'ai fini par ressentir beaucoup d'empathie pour cette femme qu'on entraperçoit au fil du récit (et un peu de colère contre les grand-père on va pas se le cacher). L'autrice réussit très bien à livrer son message.
Je n'ai cependant absolument pas compris la décision de l'autrice de passer près d'un tiers du livre à décrire en détails certaines photos trouvées, mais de ne pas les inclure dans le livre. Tu sais ce qui est mieux que de décrire une photo pendant deux pages? Inclure la photo. Ce qui m'amène à me demander: pourquoi? est ce que c'est parce que ce n'est pas véridique et les photos en question n'existent pas? ou pour faciliter une certaine narration et forcer les lecteurs à les interpréter d'une façon spécifique? Un désir de sauver de l'argent sur l'impression? Qui sait...
Au final une très bonne lecture qui retrace un pan de notre histoire peu explorée.
Une enquête assez intéressante menée par l’autrice sur le décès de sa grand-mère, sur lequel plane un certain tabou dans la famille. La forme dans laquelle est présenté le récit est particulière : des extraits d’entrevues dans un style versifié entrecoupés de descriptions de photographies et de commentaires de l’autrice sur ses trouvailles. J’ai trouvé un peu dérangeant que les personnes avec qui la narratrice parle ne sont jamais identifiées, ce qui rend l’histoire un peu difficile à suivre par moments – ce qui est probablement un choix conscient de l’autrice, et je comprends la réflexion derrière. La partie que j’ai aimé par-dessus tout est celle qui réfléchit sur la condition des femmes ménagères dans les années 1950-1960, j’en aurais pris plus! C’est incroyable à quel point ces femmes pouvaient être malheureuses et en détresse sans que quiconque s’en préoccupe réellement.
4 ⭐️ : J’ai été très touchée par le récit des bribes de la vie de Thérèse, la grand-mère de l’autrice. Celle-ci a osé creuser le tabou entourant sa grand-mère morte alors que son père était tout jeune. On retrouve des extraits d’entrevue avec des gens qui ont connu Thérèse et les découvertes que l’autrice fait sur cette femme mystérieuse.
C’est bien écrit. On a une oralité et un côté cru avec cette écriture très personnelle et originale. J’avais l’impression d’être avec les gens qui témoignaient.
J’ai particulièrement été touchée par l’aspect sur la santé mentale des femmes ménagères. C’est aussi un espèce de tabou autour de la place de la femme à l’époque, de sa réalisation en tant que femme. L’ennui décrit est profond. C’est triste de réaliser ce mal-être qui était caché, tassé. Je crois que c’est important de le nommer et de le reconnaitre.
Ce livre est un beau travail de recherche et de mémoire. J’ai aimé ma lecture.
Comme tant d’histoire de femmes au Québec dans les années 60. J’y ai reconnu ma grand mère et sûrement un peu de ma mère. Heureusement que l’on s’émancipe mais il reste du chemin à faire car dans bien des familles le patriarcat y règne encore beaucoup trop. Ce livre est différent et intéressant car l’on retrouve beaucoup de passages comme si l’on se parlait directement ce qui demande une certaine concentration.
L’histoire silencieuse de certainement bien d’autres femmes de cette époque qui n’avaient pas d’autre choix que de vivre la vie qu’on leur imposait. Les passages d’entrevue sont particulièrement touchants !
Au départ je n'étais pas certaine de la narration, mais on fini par s'habituer et j'ai passé un bon moment. Toutes les familles ont leur secret et c'est fascinant de suivre l'enquête de l'autrice au sujet de sa grand-mère qu'elle n'a pas connue. Une belle découverte.
Tellement de thèmes abordés à travers l’histoire de Thérèse. J’adore les formats entrevues mélangés avec des récits, très humain comme façon de raconter une histoire comme celle-là.
J'aime beaucoup l'idée de l'autrice de chercher à reconstituer l'histoire de sa grand-mère qu'elle n'a jamais connue, mais c'était parfois difficile à suivre. Il y a beaucoup de noms qui sont cités et j'oubliais parfois qui est qui.
Mes passages préférés sont ceux où on a une retranscription exacte des entretiens avec des membres de l'entourage de l'autrice, surtout les moments d'hésitation ou de reformulation d'idées. Je pense par contre que le tout aurait été plus abouti si ça avait été vraiment écrit comme une fiction.