Dans le langage ordinaire, ressentir de l’empathie signifie se mettre à la place de l’autre, et éventuellement partager ses émotions. Ce phénomène complexe, souvent considéré comme étant à l’origine du comportement moral et altruiste, s’est retrouvé au cœur du débat public, certains arguant qu’il serait la solution à l’intolérance et aux discriminations. Mais, dans une société traversée par les conflits et les rapports de domination, l’empathie permet-elle vraiment de comprendre l’autre ? À la lumière des dernières découvertes en neurosciences et en sciences sociales, Samah Karaki démontre que l’empathie se révèle foncièrement faillible et sélective, ne résistant pas à la déshumanisation de l’autre ou à sa prétendue infériorité construite par les discours médiatiques ou politiques. Dans un essai stimulant et puissant, elle invite à reconnaître que l’on est inévitablement exclu de l’expérience des autres, et à imaginer de nouvelles voies pour s’ouvrir à leurs réalités. Plutôt que d’apporter à la souffrance et à l’injustice une réponse individuelle et affective, elle plaide en faveur de mesures politiques et sociales.
Cet essai nous invite à déconstruire ce que l’on entend par empathie, en en révélant la dimension profondément politique. Sarah Karaki montre comment cette notion, souvent présentée comme universelle et bienveillante, est en réalité traversée par des rapports sociaux et des rapports de pouvoir : elle peut renforcer des inégalités autant qu’elle peut devenir un outil politique d’émancipation. C’est un texte riche, extrêmement bien documenté et solidement référencé, qui ouvre des pistes de réflexion stimulantes. La lecture n’est pas toujours facile : certaines parties paraissent denses, et d’autres un peu expéditives, comme si on passait trop vite sur des enjeux qui mériteraient davantage d’approfondissement. Mais malgré cela, j’en ressors avec de nouvelles clés d’analyse et surtout des mots pour penser des réalités que j’avais déjà pressenties. Un essai exigeant mais nécessaire, qui continue de résonner après l’avoir refermé.
"C'est à partir de cette position inconfortable dans laquelle on admet ignorer l'autre, que peut surgir le point de départ de toute véritable rencontre".
Après avoir écouté un Podcast @inpower qui m'a fait découvrir la belle personnalité, scientifique et engagée, de Samah Karaki, j'ai ouvert son dernier essai.
Et quelle claque ! Des questionnements sur le monde, une analyse scientifique et documentée rigoureuse, des pistes de réflexion pour aller plus loin 😍
Seul bémol, ça manque un peu de fluidité. Le style de rédaction aurait gagné à être un peu simplifié, pour être plus accessible
🫶🏼 J'ai appris énormément de choses. Une belle lecture pour celles et ceux qui ont aimé "Résister" (de Salomé Saqué) tout en le trouvant un peu trop "en surface".
À la moitié du livre j’ai cru avoir compris le message principal : l’empathie est biaisée, donc il faut connaître ses biais pour informer son empathie et l’utiliser à bon escient. Je l’ai fini un peu plus tard, plus par acquis de conscience qu’autre chose. Très heureuse de l’avoir fait, parce que la deuxième moitié rajoute une vraie couche de complexité dans la réflexion, rythmée par les références à Hannah Arendt. Je remercie Samah Karaki d’avoir nourri ma réflexion sur mon rapport aux autres.
Mon passage préféré, qui résume assez bien le propos du livre (mais je recommande de lire l’ouvrage entier!) :
« La représentation de l’autre doit être construite en permettant sa différence assumée, une différence d’expérience, de valeurs, de normes et de pensée. Elle n’est pas faite de connaissances figées de l’autre, mais d’interrogations et d’incertitudes. C’est ainsi que la représentation devient un espace inachevé, ouvert pour la dissonance que peut créer l’autre en exposant son expérience. Un espace d’incompréhension assumée et avec la volonté de laisser la place à la voix qui souffre mais qui se raconte elle-même. »
Je m’attendais a une analyse plus scientifique de l’empathie visant à déconstruire la biologie des sentiments, comme l’indique le titre du livre. Cependant, l’essai est clair dans son argument: l’empathie n’est pas suffisante pour déconstruire les inégalités systématiques. L’emapthie est un sentiment fluide, sélectif et biaisé qui nous donne le faux sentiment de comprendre la place de l’autre. Karaki propose de repenser une empathie complémentaire à la colère, l’indignation et la honte, selon elle des émotions fortes et capables de succiter un changement à long terme.
Un essai qui se lit plutôt bien. La thèse défendue est étayée à la fois par des exemples concrets (empruntés à l'histoire et aux médias) et par des études en neurosciences et sciences sociales.
Ça permet de prendre conscience de certains biais que nous avons toustes, des limites politiques et morales de l'empathie.
Cependant, j'adhérais déjà à de nombreuses idées avant de lire le livre, donc j'espérais découvrir et apprendre encore plus de choses.
Essentiel pour connaître et comprendre les ressorts de l’empathie, ses biais et donc ses limites. L’empathie qui y est décrite ressemble à celle du thérapeute pour son patient (du moins dans ma philosophie de la pratique de la psychologie = qui cherche à comprendre ce que vit l’autre, sans se projeter dedans et sans interpréter). Une philosophie est proposée en conclusion mais j’aurais aimé un approfondissement pour aller plus loin sur ce comment faire autrement.
Un excellent essai, qui démontre scientifiquement comment notre empathie est sélective, ce qui permet entre autres des mécanismes de déshumanisation. En s'appuyant sur des cas concrets, Samah Karaki explique aussi que l’empathie ne mène pas forcément à l’action politique et peut même être une extension des rapports de domination. Une belle ode à la curiosité pour l'autre et l'action collective.
This book is absolutely superb. Understanding empathy and its limits allows us to meet our fellow humans in a more accurate and truthful way, even if that means dealing with more uncertainties on their behalf. This book is a great step towards bringing us all together. Samah Karaki is also absolutely awesome to listen to by the way (in French mainly)!
Magnifique essai qui invite à repenser notre rapport à l’empathie et son rôle dans le champ politique et social. L’autrice a brillamment réussi à relier neurosciences, psychologie et sociologie pour nous montrer comment l’empathie est loin d’être une simple émotion individuelle. Le livre reste accessible mais rigoureusement documenté.
Super lecture à la fois accessible et mûrement réfléchie et documentée ! L'autrice m'a amenée à me questionner sur ma propre perception de l'empathie, des autres et du monde en général. Je recommande à 100%
Des idées vraiment intéressantes mais difficile à lire : des phrases très longues et complexes qui rendent des idées simples parfois un peu inabordables. Mais des concepts vraiment éclairants. Cool mais un peu périlleux à lire sans buter sur des paragraphes
Plutôt 3.5 étoiles, bonne analyse mais trop rapide parfois, sautant d’une étude à une autre pour appuyer son analyse sans aller en profondeur de ce qui en sort.
Lecture très bien documentée, à contre pied du discours d'aujourd'hui autour de l'empathie. Samah Karaki nous amène en conclusion à des pistes de réflexion vers l'action.
Mon must-read de 2024. C'est une lecture qui me semble indispensable aujourd'hui, pour réflechir et penser le monde. Samah Karaki présente encore une fois un très bon travail de vulgarisation scientifique (après Le talent est une fiction, dont je recommande tout autant la lecture) : son lien entre culture scientifique et politique est brillamment effectué.