Maïka Sondarjee est issue à la fois d’une famille catholique canadienne-française et d’une famille musulmane et malgache d’origine indienne. Chez elle, on mange du pouding chômeur à Noël et des samosas au Jour de l’An. Elle est ce qu’elle appelle une « personne mixte ».
Dans cet essai, l’autrice raconte son histoire, mais aussi celle de toutes les personnes dont la peau est une mosaïque et dont l’expérience de métissage n’entre pas dans une case. Comme personnes mixtes, ceux-ci habitent un espace frontalier entre deux mondes, où les récits et les discours sont souvent invisibilisés, et cela même si une grande part de la société québécoise est traversée par l’expérience de l’immigration.
En s’attardant à l’histoire légale des mariages mixtes, aux concepts théoriques du white passing (passer pour blanc) et du colorisme, Sondarjee s’interroge sur la manière dont les parcours transnationaux et postcoloniaux des familles influencent l’identité des individus et leur façon de se positionner dans le monde. Voilà un formidable livre, une missive d’amour et de gratitude à la société qui a accueilli son père à Sherbrooke dans les années 1970, mais aussi un plaidoyer pour que tous puissent se voir représentés adéquatement dans les productions culturelles et médiatiques.
''L'identité mixte est loin d'être un peu de ceci additionné d'un soupçon de cela ou, pire, une moitié de ceci et une autre de cela. Pour beaucoup de personnes mixtes, il est impossible de choisir entre l'une ou l'autre des parties de soi.''
Pour la féministe Gloria Anzaldúa, être /mestiza/ signifie appartenir à toutes les cultures à la fois, à tous les mondes, entendre plusieurs voix simultanément. Elle voit la frontière comme un espace toujours en transition, où des lieux se mélangent pour en forme d'autres. Il ne s'agit pas d'une ligne de séparation entre les identités, mais d'un seuil où se lient nous différentes généalogies. (p.68-69)
S'il est normal de vouloir construire un "nous" à l'intérieur d'un espace physique délimité, laisser les gens croupir à l'extérieur de nos murailles devenues fosses communes ou de nos mers devenus tombeaux à ciel ouvert l'est beaucoup moins. (p.71-72)
...et plusieurs autres passages qui mérite toute notre attention.
« Chez nous, on mange du pouding chômeur à Noël et des samosas au jour de l’An. »
Il y a les frontières qui divisent et les frontières qui unissent. Maïka nous parle ici des secondes. De celles qu'on habite et qui servent de passerelles entre diverses cultures. Sa réflexion personnelle sur le sujet est éclairante, une belle lecture pour débuter l'année.
Une lecture m qui m’a fait sentir connectée et validée, en plus de me fournir de multiples pistes de réflexion. J’ai aimé que ce soit brodé autour de ses expériences mais aussi de celles d’autres personnes.
Un heureux mélange entre la théorie et le vécu personnelle de l’autrice. Merci pour ce livre Maïka Sondarjee, il me permet de mieux comprendre la complexité de l’identité au bénéfice des personnes mixtes autour de moi.
C'est beau, c'est touchant, c'est bien écrit. Une belle lettre d'amour à la mixité et à l'ouverture à l'autre. Alors que certain.e.s se reconnaiteront, d'autres y apprendront a porter un regard différent sur celleux qui partage leur vie, mais dont les identités sont parfois plus complexe et masqués.
J'aimerais que les soupers de Noël aient lu ce livre avec ouverture. On y gagnerait collectivement.
J’ai beaucoup aimé ce court essai qui se lit très vite mais qui dont le contenu est malgré tout nuancé et bien documenté. J’ai aimé le croisement entre le récit et le vécu personnel de l’autrice et les parties plus historiques / réflexions sociopolitiques. Ça me fait un peu mieux comprendre la réalité des personnes issues d’unions mixtes ou de cultures diverses, bien que l’autrice souligne à plusieurs reprises que chaque expérience est unique.
This had a lot of personal stories entwined with some critical mixed race theory. I much preferred the last third of the book because it included more discussions on racial perceptions and frontiers.
4,5⭐️ j’en aurais pris vraiment plus! Encore plus d’exemples, plus de réflexions! C’est un sujet fascinant, un puit sans fond pour ma grande curiosité. Merci pour ce partage!
Plein de beaux sujets explorés en surface. J’aurais apprécié plus de profondeur…ou carrément assumer le côté anecdotique du livre et en faire un roman.
Tu viens d’où ? La question que plusieurs posent aux gens issus de deux « races », deux cultures. Parfois c’est vécu comme une microagression, mais c’est souvent assez difficile d’y répondre. Parce qu’on ne sait pas trop quoi dire, quoi mettre de côté. On ne sait pas trop comment on se sent à ce moment-là. Parce que oui, l’identité est un concept mouvant. Quand on est le produit d’une union mixte, la composante d’où l’on vient de notre identité n’est pas toujours claire, claire.
À travers le récit de son histoire personnelle, Maïka Sondarjee rend compte de la multitude d’enjeux auxquels font face les individus nés d’unions mixtes. On parle, notamment de l’absence ou du manque de variété des mots pour nous désigner, de la nécessité de la représentativité dans les sentiments d’identité et d’appartenance, de colorisme, « ce produit dérivé de la colonisation et de l’esclavage ».
J’aimerais préciser que, bien que la composante multiraciale soit un des éléments centraux du bouquin, Maïka Sondarjee parle de « mixité transnationale », ce qui inclut les gens qui sont issus de l’alliance de deux cultures (Irlandaise et Québécoise, par exemple). Je trouve ça important, car même s’il est moins visible que le mélange de deux « races » (je le mets entre guillemets parce que c’est une construction sociale et non scientifique), cet aspect influe également sur qui on est.
Je pourrais développer davantage, faire un paquet de commentaires, mais ce serait trop long, pis pas assez punché. Ce qu’il faut que tu saches, c’est que Tu viens d’où ? est accessible à tous, hyper pertinent, ça se lit vite, pis si tu es issu.e de deux cultures, tu vas VRAIMENT aimer. Je m’y suis retrouvée à de nombreux moments. Comme je n’ai pas d’autres personnes mixtes à part mon frère dans mon entourage, je n’ai jamais discuté de ça avec quiconque. Ça m’a rasséréné. Et j’aimerais que les gens que je connais puissent le lire. Pour non seulement comprendre ce qu’on vit, mais également pour ouvrir les horizons et constater la force, la richesse de la diversité. Parce qu’on vit en société et que cela implique de se côtoyer, de travailler ensemble et que tout ça fonctionne davantage quand on comprend mieux l’autre. Je suis d’avis que s’il y avait une formation continue de la vie, ce livre devrait faire partie des lectures obligatoires.
Si tu veux en savoir plus sur ce que je pense du sujet lui-même et mon vécu par rapport à lui, je t’invite à te rendre à aller voir mon commentaire plus bas.
Merci à Lux Éditeur pour cette excellente lecture !
Opinions et commentaires perso :
Ah, les cases à cocher sur les formulaires ! Tu sais, « blanc, noir, asiatique, autochtone, autre » ? Ces mauzusses de cases-là ! Dans les années 80, ça me paralysait. D’autant plus qu’à l’époque on ne pouvait cocher qu’une case, selon ce qu’on avait l’air physiquement. On écrit quoi, quand on est mixte ?
Le fait de lire qu’il a été cru au XIXe siècle (et plus tard) par plusieurs que les enfants de la mixité seraient mésadaptés socialement m’a un peu rassuré. Attends avant de te choquer, je t’explique brièvement. Mes grands-parents n’étaient pas chauds à l’idée que mes parents se marient. Quand, à 18 ans, j’ai confronté ma grand-mère, elle m’a donné comme raison qu’elle ne souhaitait pas que ses petits-enfants soient des mésadaptés sociaux. Je t’expliquerais plus, mais c’est vraiment compliqué et pas pour les réseaux sociaux. Bref ! Je tiens à préciser que même si parfois on a l’impression qu’on est toujours trop ceci ou pas assez cela pour un groupe donné, on n’en sort pas plus mésadapté qu’un autre. Sérieusement.
Concernant l’appellation « immigrante de deuxième génération » qu’utilise l’autrice, je ne m’y reconnais pas. NON ! Nop ! Pantoute ! Je n’ai pas le vécu d’une personne immigrante, le déchirement, l’adaptation. Je me doutais un peu ce que c’était, mais avec mon chum, j’en ai eu une idée plus juste. Et je ne considère pas que je suis Congolaise, Allemande, Belge. Oui, génétiquement, je suis les autres. Mais je ne sais pas ce que c’est d’avoir vécu au Congo, en Allemagne ou en Belgique. Je ne veux pas m’approprier leurs expériences. Pas du tout. Je suis née et j’ai grandi dans la société québécoise. Peut-être qu’il y avait quelques relents européens dans mon éducation, mais je suis Québécoise. Une Québécoise issue de l’immigration, certes.
Une petite plaquette bien concise, bien vulgarisée. L'idée d'enchevêtrer son expérience personnelle à cette réflexion sur l'immigration ne révolutionne pas la roue, mais ça demeure intéressant. En effet, tant de livres se publient sur ce sujet, à mon sens, ces temps-ci. La chercheuse et autrice, qui a des origines à moitié indo-malgache, aurait pu relater avec plus de détails l'histoire de sa famille débarquée au Québec il y a déjà quelques décennies. Je salue le propos et sa pertinence, en revanche ! Il est important de souligner en caractères gras le métissage qui a lieu au Québec et, aussi, l'apport significatif des immigrants à notre société.
J'ai l'impression cependant qu'on reste ici un peu en surface, qu'on évoque quelques statistiques-choc et que, dès qu'on entre dans une portion sensible, ça vire limite cliché, du genre « je suis enfant de samosas et de pâté chinois ». On se dirait dans Le plus voyage de Claude Gauthier !
This was an academic read that I read in its original French language. I greatly enjoyed this insightful reflexion on diversity, mixed race identity, and borders. It was a very short yet informative and thought-provoking read.
J'ai beaucoup apprécié "Tu viens d'où ?" de Maïka Sondarjee. Elle propose plusieurs réflexions sur ses origines mixtes, sur son identité, et sur le monde. Elle partage généreusement son histoire familiale en trame de fond à travers cet essai. Ce que j'ai le plus aimé a été sa reconceptualization des frontières, ces zones qui sont en réalité beaucoup plus que de simples délimitations territoriales.
Maïka Sondarjee nous donne beaucoup de matière à réflexion, ce qui est d'une importance capitale dans notre contexte politique actuel.
Magnifique lecture. Un récit à la fois très personnel, mais aussi universel. Un essai qui se lit facilement et dans lequel on plonge pour en connaître toutes les subtilités du sujet. Super travail de recherche pour venir bonifier la réflexion.
Beaucoup de pistes de réflexion très intéressantes, mais (et là c'est moi qui ne m'étais pas bien informé sur la nature du livre) j'aurais aimé une réflexion encore plus en profondeur sur l'aspect personnel de la pluriculturalité.
🗺️ J'ai bien aimé découvrir l'histoire de Maika Sondarjee. Une histoire à la fois informative et intéressante.
📍J'ai trouvé cependant qu'à certains moments, il y avait peut-être un peu trop d'informations. Ce qui pouvait apporter une certaine lourdeur au texte. Cela n'empêche pas que j'ai adoré apprendre à travers ce texte.
🗾 Nous alternons entre un chapitre de son vécu et un chapitre à titre informatif. Par exemple, des statistiques concernant les immigrants, les mariages interraciaux, les termes à utiliser et à ne pas utiliser.
🧭 Bref, je recommande ce roman, mais celui-ci doit être lu au bon moment dû à toutes l'informations contenues.