Aimer la terre, plus qu’un livre de poème, est une profession de foi en la nature, l’amour et l’humain. Le poète Jean Désy invite au meilleur de chacun.e, visant ces risques heureux qui défont de tout orgueil, seule la nature guide ici les pas et les âmes. Si le langage était simplement la descente en rivière, un rêve de lichen et de mousse ou le cri d’une perdrix qui rappellent la chanson des forêts ? Retour à ce temps primal où les expériences de la vie avaient pour parti prix le langage des vivants. Immense le poème, comme la terre et le ciel, qui nous appellent.
Carnet de poésie. Chaque page est dépouillée, aucune ponctuation, une phrase par ligne. Toutes commencent avec une lettre majuscule. Beaux moments de réflexion inspirés par la nature. Sensibilité, évasion, introspection. Un baume sur le cœur. Les mots de l’auteur aident à se rappeler qu’en dehors de toute la violence qui sévit actuellement un peu partout sur la planète, il existe encore des havres de paix tout à fait accessibles autour de soi.
Citations « Qu’est-ce que la poésie. La somme de tous nos risques heureux. » p. 15
« Le monde est une féerie. À nous d’y donner sens. » p. 41
« Nous avons tellement oublié les plages les oiseaux les crabes Tellement que nous avons créé l'artifice pour déjouer nos facéties en attendant d’être définitivement remplacés » p. 64
« … vivre c’est par-dessus tout Apprendre à mourir. » p. 50
Tout le recueil du poète s’enracine profondément dans le territoire et la nature. Le titre est d’ailleurs d’une sincérité et d’une pureté quand même rare en poésie. Désy ne passe pas par quatre chemins pour nous exprimer l’amour qu’il a de la nature, des régions et du voyage.
Nous sommes issus du paysage Comme le paysage nous transforme Jubilations méditations Impressions surimpressions Nous manifestons sur les falaises Comme nous prions devant les chutes L’esprit et le corps fusionnés – p. 16
Le poète déclame son amour profond pour la nature. Il louange les rivières, les montagnes, les fleurs et tout ce qui se trouve entre ces éléments. Dans la dernière partie du recueil, il s’envole dans le Grand Nord, où le Jean Désy pratique la médecine dans la vie. Encore une fois, il vante le territoire et la culture où il se retrouve, à la fois chez lui et en voyage. Sa sincérité est une euphorie même pour le lectorat.
Je marche dans la toundra de pierres et d’air Et soudain pour une nanoseconde Je disparais J’ai attendu ce moment toute ma vie Moment-lumière de mon destin Je suis au monde – p. 121
L’auteur s’extasie devant le monde et les vivants comme on atteint le nirvana. Ce recueil est absolument unique dans sa positivité. Exit la persona du poète malheureux derrière ses mots. Jean Désy jubile devant la grandeur de la nature et sa passion est contagieuse.
Aimer la terre est un plaidoyer pour un retour à la terre écrit par quelqu’un qui connaît très bien le sujet. Jean Désy veut que l’on renoue avec la nature qui nous entoure et il prône par l’exemple. Son nouveau recueil de poésie est un délice à cet égard.
J’ai vraiment eu de la difficulté à embarquer et ça m’a pris beaucoup trop de temps à finir:(
Tout de même de beaux mots.
« Quand les arbres et les iris fusionnent le matin Après une nuit de pleine lune qui blanchit les mains Quand la lumière de l'obscurité remplit les ravins Et que les cœurs jaillissent d'un seul coup
Il est grand temps de dire oui à la mort Cette mort que tout un siècle cherche à nier À grand renfort de technique et de mal de dents Cette mort qu'il faut apprivoiser Pour pénétrer dans le roux merveilleux Au mitan d'un cercle de cendres et de feu Fait de tendre de caresses et de temps »
J’y ai trouvé quelques perles. P.36, p.40, p.78, p.85, p.90, p.103, p.131 Et finalement j’y ai trouvé par hasard un petit ballot rempli de morceaux de toi. Alors oui, je te dis merci, oui merci d’exister !
1/3 du livre de lu : Quelle douceur et fraîcheur à lire... j'aime prendre le temps d'être dans le bon mindset et environnement pour m'asseoir et le lire. Ce qui fait que j'y touche pas souvent, trop à la course. Mais ça fait du bien. Une genre de première — poésie — pour moi, et je m'y plait bien
Livre terminé : Un livre qui fait beaucoup de bien. Ça donne le goût de se reconnecter à la Terre. Il nous fait ouvrir les yeux sur la richesse de la culture autochtone d'ici. Des fois ça goûte un peu bittersweet, mais c'est toujours très doux.