La Révolution est fille de la misère La Révolution française commence avec la prise de la Bastille Robespierre fut le roi de la Révolution La Révolution est anti-religieuse La Révolution française a causé un génocide en Vendée La Révolution française marque le début des temps modernes
Issues de la tradition au de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.
Le nom de la collection dans laquelle il est sorti, idées reçues, annonce la couleur. Il ne s’agit donc pas, comme beaucoup de pamphlets historico-politiques qui traitent de la révolution, d’exposer partiellement certains faits pour établir ensuite une théorie qui permette de comprendre et d’interpréter la révolution dans son ensemble ; il s’agit plutôt de partir des idées générales que chacun peu avoir sur cette période, quelque soit leur couleur politique d’ailleurs, et d’examiner à la lumière des faits les difficultés à les soutenir lorsqu’ils ne s’accordent pas. C’est donc une approche résolument sceptique qui a tout pour me plaire, d’autant plus que l’auteur, au lieu de fulminer comme tant d’autres contre l’impéritie de ses prédécesseurs, se contente modestement de constater que chacun apporte sa pierre à l’édifice, et laisse au lecteur la liberté de tirer les conclusions qui lui plaisent. Il renvoie ainsi dos-à-dos autant les interprétations marxistes que celles des réactionnaires des années quatre-vingt.
Le plan adopté par l’ouvrage se porte admirablement à cet objectif. Court, il aborde des questions bornées qu’il traite une par une en mettant simplement en lumière les difficultés de l’interprétation communément reçues. La révolution est fille de la misère ? La révolution est anti-religieuse ? La terreur est-elle l’essence de la révolution ? La révolution est mère du libéralisme (libéralisme au sens français péjoratif) ? Toutes questions dont les réponses toutes faites communément répandues contiennent un mélange de vrai et de faux. En exposant les faits qui démentes ces opinions, en faisant l’histoire de ces idées, il permet de réintroduire quelque chose de nécessaire à la recherche du vrai : le doute.
Conclusion ? Aucune, si ce n’est qu’en histoire, comme dans toute science, il faut continuer encore et toujours à tout examiner sans préventions ni rien tenir pour définitivement acquis. Il a aussi le bon goût de ne pas souhaiter que la recherche historique soit laissées au mains des seuls autoproclamés savants (il n’hésite pas à citer l’œuvre de Zweig à propos de Marie-Antoinette), sans pour autant négliger l’importance d’un lent compagnonnage nécessaire pour acquérir cet art. Ça me plait ! Un très bon ouvrage sur la révolution française, peut être un des meilleurs et des plus utiles que j’ai pu lire jusqu’à présent sur la révolution en général et de cet auteur en particulier.