Le tabou des tabous. La journaliste Marine Courtade décortique les mécanismes de silence autour de l’inceste. Son terrain d’enquête ? Sa propre famille. Avec un savant mélange de rigueur et de dérision, elle s’embarque dans un tour de France audacieux afin de confronter un à un ses oncles et tantes avec la même question : pourquoi vous êtes-vous tu ?
Violée par son grand-père alors qu’elle était enfant, l’autrice va à la rencontre des membres de sa famille afin de comprendre comment se construit le silence autour de l’inceste
Ce qui m’a énormément touchée c’est de voir les conséquences de ce silence, sur les victimes bien sur, qui auraient pu être évitées (car plusieurs générations sont touchées) mais aussi chez les proches — notamment le père qui s’est empêché d’avoir des gestes de tendresse envers sa fille par peur (peur d’être soupçonné, peur de réveiller des souvenirs chez elle, etc.)
Il y a aussi un dossier avec des ressources à la fin et un entretien avec Dorothée Dussy
Dites donc, dans nos vielles, pas bonnes, sociétés, est-ce qu'on ne qualifierait pas de tabou tout sujet dont on a honte, dont on ne veut, en aucun cas,assumer la responsabilité 🤔?
Le silence complice, qui fait plus mal aux victimes que l'acte lui même. La trahison, la solitude, la culpabilité que ressentent les victimes sont d'autant plus grandes que le violeur est proche, et que les proches qui se soucient plus de leur statut que des sentiments et du bien-être d'un être, je ne dirais pas cher, car ce n'est pas le cas, profondément lésé.
Une lecture assez lourde et difficile, car en voyant ce que des millions de personnes traversent et traverseront durant, peut-etre, toute leur vie, me rend malade. Je n'ai jamais ressentie autant de mépris envers quelqu'un, qu'envers les membrses de cette famille. Et on se dit humain, et se dit civilisé et on se dit respectable, mais oui, c'est ça 🙄😒.
Un roman graphique dur mais essentiel. Marine Courtade brise le silence de l’inceste en interrogeant sa propre famille. Avec courage et justesse, elle met en lumière l’omerta qui détruit autant que l’acte lui-même. La partie documentaire en fin d’ouvrage, avec chiffres et ressources, rend le livre encore plus précieux. Une lecture bouleversante, nécessaire.
C'est un très bon récit sur le silence des proches et leurs raisons diverses de ne pas agir... Le livre se lit comme une petite enquête avec notre reporter qui interrogerait chaque membre de la famille, et on a hâte de passer à l'oncle ou à la tante suivante, dans cette grande fratrie ! Sauf qu'ici, la journaliste est aussi la victime. Ce biais de départ est bien assumé. Il n'y a aucune tentative de le maquiller, et même un effort pour tendre à la neutralité dans la façon de poser les questions.
L'autrice parvient à être plus bienveillante qu'on aurait envie de l'être avec sa famille.
Mention spéciale au dessin, qui convient parfaitement au sujet... Les romans graphiques de documentaire et de témoignage sont rarement attractifs et intéressants graphiquement, là c'est tout le contraire ! L'esthétique est douce et élégante, et le portrait de l'autrice/héroïne/victime est d'ailleurs très ressemblant. Bravo !
Septembre 2025. C’est une lecture difficile, qui remue, qui met en colère. Je suis dévastée par ce silence. Par les chiffres! Je ne crois pas que les statistiques soient comparables ici à la France, mais probablement que je suis seulement dans l’ignorance. (J’espère que non.) C’est juste d’une horreur sans nom. Qu’est-ce que ça dit de nous comme société de ne pas être capables de protéger nos enfants? De se taire? C’est une prise de parole courageuse et importante. Nécessaire.
L'histoire d'une femme qui cherche à comprendre comment, parmi tous les membres de sa famille, tant ont été victimes ou ont connu des victimes d'inceste (de la part "du père de son père" comme elle dit) sans jamais rien dire... Comment les agressions sexuelles au sein d'une famille peuvent être si taboues ?
Une lecture nécessaire, intime et en même temps universelle, c'est très fort bravo. Des ressources pédagogiques et chiffrées en fin de bd, vraiment merci pour ce travail
Dans On ne parle pas de ces choses-là, Marine Courtade, journaliste engagée, s'attaque à un sujet délicat et douloureux : l’inceste. Mais elle ne se contente pas de décortiquer ce tabou omniprésent ; elle choisit de l’explorer à travers une perspective personnelle et intime, en plongeant dans son propre passé familial. Ce livre n’est pas un simple reportage ou une enquête journalistique classique, mais une véritable quête, une exploration du silence qui entoure l’inceste et des mécanismes qui le préservent dans l’ombre.
Le projet de Marine Courtade est audacieux et particulièrement dérangeant, à la fois pour l’autrice et pour ses proches. En partant sur les routes de France, elle décide de confronter ses oncles et tantes à une question simple, mais profondément perturbante : pourquoi se sont-ils tus ? Pourquoi, au sein de sa propre famille, la violence et l’abus ont été niés, étouffés et dissimulés ? Ce tour de France, qui pourrait paraître provocateur, devient une exploration à la fois intime et sociale du silence, du déni et du poids de l’héritage familial.
Ce qui frappe d’emblée dans On ne parle pas de ces choses-là, c’est le mélange de rigueur journalistique et de dérision subtile que l’autrice adopte. À travers des témoignages glaçants et parfois dérangeants, elle parvient à exposer la réalité crue de l’inceste, sans jamais verser dans le voyeurisme. Elle garde une distance nécessaire tout en naviguant dans le dédale de son propre passé, un équilibre fragile qui fait tout le sel de cette enquête. En interrogeant ses proches, elle met en lumière la manière dont le silence familial devient une chape de plomb, un mur invisible mais terriblement présent.
Les dessins d’Alexandra Petit apportent une dimension visuelle forte à ce récit. Leur traitement épuré et parfois presque minimaliste sert à renforcer la froideur du silence et la violence sous-jacente qui imprègne ces conversations. Parfois, le dessin fait écho aux mots, parfois il les complète, amplifie l’émotion ou l’absurdité de certaines réponses. Ce jeu entre texte et illustration accentue le paradoxe central du livre : l’horreur cachée derrière une façade de normalité. Les personnages dessinnés sont souvent réduits à des silhouettes anonymes, presque fantomatiques, ce qui permet de maintenir une distance émotionnelle tout en plongeant le lecteur dans un univers où l'indicible semble suspendu dans l'air.
Ce qui rend ce livre particulièrement puissant, c’est la manière dont il déconstruit le tabou de l’inceste, non seulement à travers l’enquête, mais aussi par la construction de l’introspection personnelle. À chaque étape du voyage, l’autrice se confronte à ses propres blessures et aux complices passifs de ce silence. Elle donne la parole à ceux qui l’ont perpetué, mais aussi, et surtout, à ceux qui ont souffert de ce silence. La question qui revient sans cesse dans le livre – pourquoi vous êtes-vous tus ? – n’est pas seulement celle de l’indifférence ou du déni, mais aussi celle de la culpabilité, de la peur, et des mécanismes sociaux et psychologiques qui rendent ce silence presque inébranlable.
Marine Courtade ne cherche pas seulement à dénoncer ; elle veut comprendre. Comprendre pourquoi, dans des familles comme la sienne, les victimes sont réduites à des ombres et les agresseurs parfois considérés comme des membres respectés de la communauté. L’ouvrage met en lumière le poids des non-dits, l'impact destructeur d’un secret familial qui finit par infecter les relations et détruire la possibilité même d'une vie saine et épanouie. Les entretiens avec ses oncles et tantes, souvent tendus et chargés d’émotions, ne livrent pas toutes les réponses, mais chaque réponse, chaque silence, révèle davantage que de simples mots.
Ce livre est avant tout un cri. Un cri contre le tabou le plus intime et le plus silencieux. L’inceste, un mot trop souvent murmuré, chuchoté à demi-mots, reste une vérité difficile à affronter, même lorsqu’elle se cache au sein de la famille. Marine Courtade réussit à percer ce silence avec une persévérance rare, tout en respectant la dignité des victimes et des témoins. On ne parle pas de ces choses-là n’est pas seulement un livre sur l’inceste, mais sur le poids du silence et l’urgence de le briser.
Le travail de Courtade nous rappelle l’importance de lever le voile sur des réalités cachées, et l’importance de comprendre, d’écouter et de parler, même quand la vérité est insupportable. Il est aussi une invitation à la réflexion collective : combien de familles partagent ces secrets enfouis ? Combien de souffrances restent invisibles à force de silence ?
À travers cette enquête courageuse et cette introspection bouleversante, On ne parle pas de ces choses-là devient bien plus qu’un livre. C’est un acte de résistance, un acte de parole libératrice. Il n’y a pas de meilleure manière de lutter contre l’inceste que de briser le silence qui l’entoure. Et Marine Courtade, avec une plume acérée et un regard sans concession, nous le montre de manière poignante.
Mars 2020, Marine aménage à Bordeaux. Ses parents l'aident à emménager, l'ambiance est sereine jusqu'au moment où elle leur montre la vue la plus paisible de l'appartement, le cimetière ! A ce moment son père lui dit qu'il veut être enterré avec son père, qu'il y tient !
Un froid, des souvenirs qui reviennent, Auguste, son grand-père paternel dont il est question est aussi celui qui a abusé d'elle enfant ! L'inceste, sujet difficile est traité dans cet album.
"On ne parle pas de ces choses-là" c'est le titre mais aussi un phrase trop souvent entendue par Marine et toutes les victimes d'inceste. Marine est journaliste, elle se rend compte que dans son métier, elle aborde toujours le même thème, en Espagne libérer la parole des victimes, au Rwanda les enfants nés des viols du génocide, en Ukraine les crimes sexuels de guerre, elle ne parle jamais de sa blessure mais écoute les drames des autres et leurs conséquences. Est-elle devenue journaliste pour ça, pour apporter l'écoute dont elle a manqué ?
Elle décide de raconter son histoire, l'inceste subi par Auguste, son grand-père paternel mais surtout de comprendre le mécanisme du silence familial. Elle veut comprendre pourquoi personne n'a parlé, pourquoi cette omerta collective, pourquoi ces œillères et l'oubli ?
Un livre qui met en lumière les traumatismes enfouis, ce qui fait basculer les agresseurs, reproduisent-ils ce qu'ils ont connu comme victimes? Quelles conséquences pour les victimes ?
Un livre essentiel sur le sujet pour casser ce tabou. Les dessins d'Alexandra Petit sont tout en délicatesse et douceur. C'est épuré, délicat, évocateur, à la fois sobre et puissant, et font écho à merveille au texte.
L'album se termine par un dossier très complet sur le sujet.
A lire absolument , un récit essentiel.
Les jolies phrases
C'est le silence qui entoure l'inceste qui empêche de voir son ampleur et sa violence.
Comment ça se fabrique un secret de famille ? Le tabou n'est-il pas créé aussi parce que les gens ne posent pas de questions ? C'est vrai, j'ai peut-être contribué au tabou en ne cherchant pas à en savoir plus, à avoir des détails sur ce qui s'est passé. Comment tu expliques qu'un tel silence se mette en place ? Quand il s'agit des actes, de la folie d'un père ou d'un membre de la famille, il y a sûrement la peur d'être assimilé à cette personne et à ses agissements.
L'honnêteté et la dureté des entretiens avec les membres de sa famille. Briser l'omerta, la loi du silence. Tout le monde savait mais personne n'a rien fait, personne n'a prononcé les bons mots, n'a tenter de le stopper et ça sur plusieurs générations. Mais surtout la dualité entre haïr son agresseur, son grand père le patriarche, mais aussi d'avoir de la compassion pour lui sur certains points.
Marine Coutrade ne cherche pas à comprendre l'enfance de son agresseur mais plutôt pourquoi personne n'a rien fait ? Y'a t'il eux d'autres victimes ? Pourquoi il est toujours aussi présent aux repas de famille, pourquoi parle t'ont encore de lui avec parfois encore de l'affection ? Pourquoi justifier le vécu de l'agresseur pour justifier ses actes ?? Alors que la plupart des personnes agressées, violées sont des femmes et qu'elles ne reproduisent pas ce qu'elles ont vécues et en ressortent surtout traumatisées.
+ En fin de livre, des entretiens avec des psychologues et autres spécialistes du sujet. + Des lectures complémentaires, des podcasts etc... Mais aussi de quoi accompagner les enfants victimes et comment les aider en tant qu'adulte.
Une BD effrayante sur l'omerta qui règne dans les familles autour des histoires d'inceste.
Marine enquête au sein de sa famille afin de recueillir les témoignages d'oncles, tantes, cousins et cousines, témoins ou victimes des agressions que son grand-père perpétuait au sein de la famille, sur des petites filles. La vérité qu'elle découvre est sidérante: beaucoup savent mais peu parlent, par peur, parce que c'est la famille, parce qu'il ne faut pas attirer la honte sur soi, parce qu'il vaut mieux se taire. A quoi bon ? Les entretiens qu'elle relate ne laissent pas indifférent.
Des chiffres alarmants, qui attirent l'attention sur un sujet tabou mais néanmoins omniprésent.
Des dessins subtils, un contraste de couleurs évocateur. J'ai beaucoup aimé la délicatesse du voile pour symboliser l'omerta, le silence.
plus je lis ce genre de récit, plus je me demande comment c'est possible de ne rien dire et rien faire, malgré tous les arguments que les personnes peuvent sortir je n'ai pas lu le petit dossier documentaire à la fin (la BD toute seule m'a déjà assez secoué) mais il a l'air vraiment complet, et je lirais peut-être l'entretien avec l'anthropologue une prochaine fois car je pense qu'elle a des choses vraiment très intéressantes à dire
Une BD qui est forcément une lecture obligatoire. L'inceste ... enquête au coeur d'une famille où tout le monde se tait. Pourquoi ? Voilà un sujet qui fait mal et pourtant quand on voit les stats, c'est tout bonnement affreux. Pourquoi ? Alors oui c'est dérangeant, mais utile. Libérons la parole, témoignons ... éduquons. Que cela ne reste plus caché. Que les agresseurs fassent face à leurs actes ... Bref .. oui lecture difficile, mais nécessaire.
Une bande dessinée qui aborde sans tabou l’inceste et les répercussions des non-dits de plusieurs générations au sein d’une famille. Le propos est terrifiant et les conséquences sont bouleversantes. Les illustrations aux couleurs changeantes servent le récit et les révélations ainsi que la tension liée au silence, à la honte.
Dessin au trait super fluide, couleurs remarquables. Le récit authentique ; structure assez simple et claire, très "page turner" Accompagné d'une sorte de dossier pédagogique très instructif et recommandations d'autres lectures pour en savoir plus
Enquête autobiographique sur l'inceste mais surtout sur l'omerta qui entoure le sujet. Terrible de lire tant d'adultes dire qu'ils savaient... mais n'ont pas agi. Combien de victimes le sont de leurs bourreaux mais aussi de nos silences complices ?
★★★★ Un album profondément bouleversant. Une enquête sensible sur le silence, sur sa transmission culturelle et sur la manière dont il s’installe, se perpétue et étouffe. Pourquoi n’ont-ils rien dit ? Pourquoi personne n’a rien fait ? Pourquoi le silence prend-il si naturellement toute la place au sein des foyers touchés par l’inceste ? Si la fin m’a semblé un peu brutale, le reste de l’album m’a totalement transpercer par sa justesse, par sa force et surtout par sa prise de parole ; une parole enfin libérée.
« Ta grand-mère savait, elle me l’a dit. Quand j’ai appris pour toi, je suis allée la voir. Elle m’a répondu : “On ne parle pas de ces choses-là !” »