« La meilleure façon d’écrire un roman c’est une phrase à la fois, je ne suis pas sortie du bois, de l’auberge, de mon putain de bungalow pourri. »
Mariée à un workaholic et mère d’une adolescente victime d’intimidation à la polyvalente, la narratrice voudrait écrire, mais elle est constamment happée par les mille et une tâches quotidiennes : le linge sale qui s’empile, les draps à changer, la toilette à nettoyer, les emplettes à aller chercher, les repas santé à préparer, les légumes à éplucher, à mettre en dés ou en biseaux, les viandes à décongeler, les sauces à touiller, les devoirs de la petite à superviser, les comptes à payer, les médicaments à gérer, la litière de la chatte à changer et rebelote, la lessive, les draps, les sauces, les médicaments, les devoirs de la petite, les comptes et, bien sûr, le poulet à mettre au four, le satané poulet qui poursuit l’écrivaine jusque dans ses rêves où elle se voit enceinte de croquettes.
Comment demeurer un individu créateur quand on est seule à tenir maison et famille à bout de bras ? Quand il y a si peu de reconnaissance pour les écrivains, quand seul le vedettariat semble compter et quand, en plus, il faut courir après des contrats débilitants pour ramener quelques sous à la maison, question de garder cette impression d’être encore un peu indépendante ? Mais elle persiste, l’écrivaine. Jour après jour, elle s’assoit à sa table de travail, se bouche les oreilles pour ne plus entendre les demandes incessantes du mari, de la gamine, de la chatte, du poulet à mettre au four et, comme une Sisyphe des temps modernes, elle se remet à la tâche, pousse son rocher, et écrit.
Elle a complété une Maîtrise en création littéraire, avec mention « excellent », à l'Université du Québec à Montréal – 1998-1999. Sujet de recherche : l’autofiction; sujet de création : son premier roman, Borderline, paru aux Éditions du Boréal en mars 2000. Borderline a été traduit en allemand, chez Antje Kunstmann, en russe chez Text, en grec chez Diigisi et en néerlandais chez Van Gennep. Max Films en a assuré l’adaptation cinématographique sur un scénario de Marie-Sissi Labrèche et Lyne Charlebois.
Son deuxième roman, La Brèche (Éditions du Boréal, 2002), a été publié avec succès en allemand, toujours chez Antje Kunstmann.
Depuis 1996, Marie-Sissi Labrèche est journaliste au magazine Filles d’aujourd’hui, devenu Filles Clin d’œil. Elle collabore également aux magazines Clin d’œil et Lou (magazine européen). Elle a été intervieweuse pour l’émission Clin d’œil sur les ondes de TVA, à l’été 2003. De 1996 à 1997, elle a été journaliste culturelle à Montréal Campus, le journal des étudiants de l’Université du Québec à Montréal.
De 1994 à 1997, Marie-Sissi Labrèche a été auteur-compositeur-interprète dans le groupe rock alternatif Sylph. Le groupe a donné plusieurs spectacles dans la plupart des bars de la métropole, et a produit un CD, Hiroshima.
Au niveau littéraire, elle a remporté le Premier prix des Grands Prix de la Société Radio-Canada avec la nouvelle « Dessine-moi un mouton! » (chapitre 4 de son roman Borderline) ; elle a gagné le concours « Nouvelles Fraîches douze », avec la nouvelle « J’ai dix doigts ». Elle a fait paraître des nouvelles dans diverses revues, dont XYZ (notamment « Dessine-moi un mouton »), STOP, et dans l’ouvrage collectif Le Aquin des écrivains (Éditions La Mise en quarantaine, 2002). Marie-Sissi Labrèche a fait des lectures publiques de ces textes, notamment au bar Le Hasard, à l’émission « Les Nerfs Électriques », à la radio de CISM (89,3 FM), à la radio de Radio-Canada, et à l’APES (Association professionnelle des écrivains de la Sagamie).
J’ai été déçue par Un roman au four de Marie-Sissi Labrèche. Le fond est hyper pertinent — elle expose franchement le quotidien d’une maman avec des passages qui n’ont bien fait rire tellement ils étaient justes — mais le style sans ponctuation m’a perdu. J’ai eu du mal à rester accrochée jusqu’à la fin. Cela dit, je reconnais le talent de l’autrice, la qualité de son travail et ça m’a donné envie de découvrir ses autres œuvres.
J’ai adoré ce livre! La première moitié est tout simplement savoureuse; j’avais même parfois l’impression que l’auteure avait fait un séjour dans ma tête et en transcrivait le verbatim 😂. Savoureux en tous points; me voilà rassurée de savoir que nous sommes au moins deux à avoir des pensées qui filent en tous sens!!
J'adore Marie-Sissi Labrèche, d'habitude, et je comprends que le style qu'elle a choisi pour ce livre illustre les pensées et la vie essoufflante de l'autrice-maman, mais j'ai une capacité d'attention trop limitée pour ce que j'appelle la "lecture en apnée" (phrases et sections infinies sans pause).
Forme plus intéressante que le fond; 151 pages de flux de pensée, sans un seul point, mais ça se lit super bien ! Quelques petites perles dans le fond, quand même :)
Je sors épuisée de cette lecture qui se veut une incursion dans les pensées galopantes de l’auteure, qui elle tente de balancer son quotidien de mère de banlieue et d’écrivaine. L’exercice d’écriture, et de lecture, est athlétique, on ne peut s’arrêter ni ralentir. Je serais amie demain matin avec cette femme si elle était ma voisine, la banlieue ne s’en trouverait que plus joyeuse. Mine de rien, des thèmes importants y sont abordés dont l’ennui, la solitude même dans un couple qui s’aime, l’inertie, l’intimidation, la charge familiale des mères. J’ai aimé!
Pendant quelques heures j'ai eu l'impression de lire mes fonctions cérébrales en pleine débandade.
La charge mentale, le poids des obligations qu'on s'inflige, la procrastination, les distractions, les chats, les repas et surtout, le désir obstiné de créer.
[..] ils viennent de poser du terrazzo blanc avec des taches de couleurs gris perle au sol, c'est lumineux, j'aurais dû choisir du terrazzo pour ma salle de bain au lieu de tuiles de béton, peut-être qu'un jour je le ferai pour le sol de la cuisine si on continue d'habiter dans notre fichu bungalow, faute de changer de maison, de famille, de vie, changeons de décor, ça doit être pour ça que les émissions déco pullulent, une manière de pelleter en avant, dans la salle de bain rénovée tiens, ça explique aussi peut-être le nombre de couples qui explosent durant les travaux, la cuisine sera magnifique avec le comptoir en quartz et le dosseret en pierres de lune, mais bordel, on devra encore se farcir la tête de gnou de l'autre en mangeant nos Corn Flakes [...]
[...] Il pleut des cordes, les sportifs en lycra courent en poncho de pluie, on dirait un film d'horreur avec des fantômes pressés, le poulet sent mauvais, il est bon à mettre à la poubelle tout comme ma vulve, ça pique, un autre des effets secondaires de la préménopause, l'assèchement de la muqueuse les vaginites à la clé, j'ai passé la nuit à me gratter, saleté d'hormones, le poulet est gâché et je m'en veux, mais on a reçu une invitation inattendue et j'avais tellement envie de me frotter à la vie d'entendre la musique des autres, ça tombait pile dans un moment où ma déprime fait briller le soleil à l'envers, je ne pouvais pas refuser [...]
Lu pendant la sieste de mon filleul que je garde. Ça prend de la disponibilité mentale et de la concentration pour se plonger dans cet ouvrage. Le texte est constitué de phrases longues et ponctuées à la va-comme-je-te-pousse, uniquement de virgules, mimant peut-être la femme-mère-écrivaine perpétuellement à la course. C’est comme une logorrhée, de l’écriture automatique presque. Labrèche dit qu’elle a été inspirée par une phrase de Duras, quelque chose comme “adapter l’écriture aux circonvolutions du cerveau”. Voici deux extraits que j’ai notés qui montrent bien fait rire: -Répondre à une des questions de mon mari “As-tu vu mes clefs/mon veston/ma vie?” 😂 -Si l’écriture, c’était comme les fines herbes, et qu’il fallait la cueillir au bon moment L’écrivaine écrit tout haut tout ce qui lui passe par la tête: la difficulté de concilier l’écriture avec le quotidien, la charge mentale, la vie de mère, de femme, d’épouse, de banlieusarde malgré elle. Il faut être disposé mentalement pour ce genre de lecture, mais c’est bien quand on le sait et qu’on prend le temps qu’il faut.
Le titre aurait bien pu être: « Dans la tête de Marie-Sissi ».
Ouf. Lecture totalement épuisante et anxiogène, surtout si on est un tant soit peu empathique.
Je savais en ouvrant le livre que ça serait un défi quand j’ai vu l’écriture condensée et continue. C’était étouffant et ponctué des cris du mari râleur, complètement insupportable. Ils font quoi ensemble ces deux-là!?
J’ai fermé ce livre avec soulagement et un grand besoin de silence.
Un très beau livre, où la virgule est reine. Un livre qui se respire. Un style littéraire très travaillé. J'imagine une pièce de théâtre où le livre serait récité. Sous des airs de surface, les sujets abordés vont en profondeur. De très belles pages sur l'écriture. Et comme je suis une fan finie de Karl Ove Knausgaard, j'ai bien aimé ce qu'elle en pense.
J’ai adoré ce livre. Vraiment bien écrit, c’est tout un exploit d’avoir réussi à mettre en mots cette voix qui nous habite. Une belle réflexion sur la place des femmes, de la maternité, de l’écriture.
Si le style peut intéresser de jeunes lecteurs, je ne suis pas arrivé à m'y accrocher. La structure des écrits est beaucoup trop désorganisée pour me plaire.
Par contre, j'ai aimé l'humour avec lequel l'autrice aborde sa multitude de sujets.
On sent bien l’essoufflement de la mère écrivaine dans ce livre sans ponctuation. On suit donc le flot incessant de ses pensées. J’ai eu quelques éclats de rire, son style est unique. Par contre, j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs.
Ouf! Impossible à lire d’une traite… il faut digérer un peu et reprendre. On ne peut pas lire en diagonale: on a besoin de tous les mots pour comprendre. J’ai adoré.