Claire Touzard a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire au moment où son engagement politique allait croissant. Dans ce récit à la fois personnel et politique, l'autrice de Sans Alcool s'intéresse à la folie, un concept désuet en psychiatrie mais encore d'usage courant, qui pourrait rassembler, en une forme de communauté politique, les personnes neuroatypiques ou atteintes de troubles psychiques. L'autrice nous montre que notre santé mentale est instrumentalisée par les dirigeant.e.s, pour mieux ériger en norme une vraie déraison : capitaliste, colonialiste et patriarcale. Or notre folie peut être un outil de résistance et de libération. Elle explore une vision du soin différente, politique, à travers les voix des plus grand.e.s activistes, de la poétesse Audre Lorde au mouvement Black Panthers. Et si notre réparation passait par une révolution intellectuelle et collective ?
Honnêtement : le livre amène de vrais sujets, des sujets capitaux même, mais de manière pas assez rigoureuse du tout. On donne pour acquise une certaine connivence avec le lectorat (en employant un "nous" parfois déroutant : comme si le livre ne s'adressait pas à tout le monde, mais qu'à des gens qui seraient positionnés de la même manière que l'autrice...). Et même si je suis plutôt d'accord avec l'idée générale, qui est que ça ne sert pas à grand chose que d'individualiser le malheur, de le couper de ses racines sociales et collectives, je trouve que le sujet mérite une réflexion un peu plus poussée que de dire : on irait pas toustes mieux si on faisait la révolution ? Sans doute, et en attendant ?
La journaliste Claire Touzard nous propose un joli essai qui part de son diagnostic d'un trouble bipolaire pour s'ouvrir sur les liens forts entre santé mentale, folie et engagement politique. La structure du livre n'est pas toujours facile à suivre, tant l'autrice aborde des sujets différents et néanmoins liés entre eux, mais le propos est vraiment intéressant et convaincant. Claire Touzard propose finalement que nos folies soient des outils de résistance, de révolution et de libération face aux systèmes oppressifs et oppresseurs qui nous dominent.
Une réflexion poussée, qui prend le parti de s’appuyer fortement sur l’expérience personnelle de l’autrice. On regrette l’absence de bibliographie pour regrouper l’ensemble de textes utilisés par Claire Touzard (ou même de notes de bas de page).
J'ai acheté ce livre car je trouve rarement des ouvrages français en lien avec l'antipsychiatrie, sans en attendre grand chose pour autant. Si je peux attribuer un mérite à ce livre, c'est de synthétiser la pensée de plusieurs auteur.ices qui ont écrit sur l'instrumentalisation de la santé mentale pour mieux discriminer et dominer, ce qui en fait une bonne introduction pour connaître les différentes idées avancées dans ce courant. Maintenant, j'ai été déçue par plusieurs points. J'ai trouvé que les idées/arguments qu'avance Claire Touzard manquent clairement de rigueur et qu'il y a des raccourcis très rapides qui sont faits sur les liens entre capitalisme et santé mentale, la folie et être de gauche, la libération par la révolution... Les fous/folles, personnes neuroatypiques dont l'autrice parle sont souvent décrits comme un groupe exceptionnellement lucide et sensible, doté d'un esprit imaginatif et inventif qui influence leur lutte. Si on ne se reconnaît pas dans cette description, la lecture devient rapidement peu agréable. J'ai été un peu déçue du passage où Claire Touzard avance dans une phrase que l'antipsychiatrie a eu peu de place en France, ce qui est vrai mais aussi réducteur car il y a eu des initiatives qu'il aurait été intéressant de mentionner (Gérard Hof, le Groupe Information Asiles...). Et en moins important, il y a beaucoup de citations, de références à d'autres penseurs dans l'ouvrage qui font que j'aurais aimé une petite biblio à la fin pour aller voir tout ça.
Ça reste un livre facile à lire et qui a le mérite d'exister sur des sujets que je trouve importants, c'est aussi pour une partie le récit personnel de l'autrice dont je ne remets pas en cause le vécu, mais dont je me suis sentie trop éloignée pour apprécier la lecture.
« Puisque le système capitaliste, raciste, sexiste d’octobre le pourvoi de déshumaniser, d’anormaliser, de marginaliser, de tuer, d’enfermer contre son gré, nous devons lui opposer le soin comme révolution collective »
Je n’avais jamais lu de livre anti-psychiatrie. J’ai beaucoup appris dans cet ouvrage, et j’ai adoré le propos incarné de Claire Touzard elle même atteint d’un trouble psychique : la bipolarité.
D’où viennent nos troubles ? Sont-ils vraiment lié à des parcours individuels ou plutôt à des oppressions sociales ? Comment le système de soin actuel est défaillant, et pousse les opprimées vers encore plus de désarroi et d’isolement ? Comment remettre le soin au cœur d’un projet politique pour que celui-ci ne concerne pas que « la santé mentale » des blancs bourgeois mais toute la population.