« Ici, soigner c’est prescrire. La confiance n’est pas un enjeu fondamental. La confiance est entre les mains des murs, des portes closes, des mots savants, des piqûres et des sangles qu’ils utiliseront pour me maîtriser si je me risque à exprimer le fond de ma pensée. »
À trente et un ans, Philippa Motte est internée sous contrainte dans un service psychiatrique. C’est la troisième fois. Elle y reste plusieurs mois, assommée de médicaments et confrontée à la brutalité de certaines pratiques de soin. Pour tenir, elle s’allie aux autres patients et fait certaines des plus belles rencontres de sa vie. Longtemps blessée par le regard d’une société qui marginalise ceux qui souffrent psychiquement, c’est finalement dans la lutte pour préserver son identité que Philippa trouve son humanité profonde. Un récit puissant qui donne à ressentir les violences psychiatriques, et qui rend leur dignité à celles et ceux qui les subissent.
Quel courage de prendre la plume pour se mettre à nu et se livrer avec une telle acuité sur sa maladie ! Philippa Motte raconte dans ce récit intime sa bipolarité, et la souffrance engendrée par les internements en psychiatrie qu'elle a subis, vécus comme autant d'humiliations et d'agressions. J'ai été touchée par sa lutte constante pour préserver sa dignité et par les effets physiques des médicaments administrés, qu'elle décrit avec une précision chirurgicale. En phase maniaque, elle se réfugie derrière la carapace de celle qu'elle appelle La Guerrière, qui l'aide à ne pas sombrer dans le "désarroi psychique engendré par les molécules et l'enfermement". Ce qui frappe dans la description du quotidien en psychiatrie, ce sont les journées rythmées par l'administration des médicaments, véritable camisole chimique à laquelle la patiente rebelle ne peut se soustraire. On attendrait dans le protocole de soins un accompagnement psychologique, humain, mais ici il n'en est pas question. Sûrement fait-il partie d'une autre étape, ou alors l'auteure a-t-elle préféré insister sur ce qui l'a traumatisée, cet internement forcé, vécu comme une détention carcérale. Philippa Motte raconte avec une grande lucidité l'impact de la maladie sur sa famille. J'ai apprécié son écriture poétique, délicate, très juste pour évoquer les affres de cette maladie complexe. Elle a fait de son expérience une force puisqu'elle est aujourd'hui formatrice dans les services de soin en santé mentale. Elle œuvre à faire évoluer la représentation et l'accompagnement des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Merci à Netgalley et aux éditions Stock de m'avoir offert cette lecture, qui m'a donné envie de découvrir le premier roman de l'auteure, Le Jour où ma mère m'a tout raconté. #NetgalleyFrance #Etcestmoiquonenferme
Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour cet exemplaire
A la suite d’une crise maniaque en pleine rue, Philippa est hospitalisée sous contrainte (à Saint Anne à priori), si ce livre ne parle pas que de ça, il raconte essentiellement cette hospitalisation. L’autrice décrit très bien la crise maniaque d’une personne bipolaire, elle ne cache à quel point ça peut être violent pour un entourage qui ne s’y attend pas forcément, elle devient parfois très méchante.
Quiconque ayant connu l’hospitalisation psychiatrique (sous contrainte ou non) pourra réaliser à quel point elle n’édulcore pas l’expérience. La psychiatrie ça reste la seule spécialité ou l’on traite les adultes comme des enfants, l’infantilisation y est permanente. On y pratique aussi le système de punition/récompense (encore une fois comme si on avait affaire à des enfants), si tu es sage tu auras droit à tes propres vêtements, mais si tu n’es pas sage tu seras à l’isolement. C’est un univers très proche de l’univers carcéral, qui enferme et punit des gens qui n’ont commis aucun crime.
Ce n’est pas non plus un brulot anti psychiatrie et anti médicaments, le malade psychiatrique a besoin de traitements et de soins ; c’est plus une critique de la méthode : on enferme, on punit, on bourre de médicaments sans expliquer. Je suis totalement en accord avec elle sur ces points, il est temps de changer la manière dont on traite les malades psychiatriques, l’immense majorité n’étant des dangers que pour eux mêmes et ne méritant absolument pas un tel traitement.
Dans ce nouveau roman, Philippa Motte livre un témoignage personnel autour de la santé mentale et de l’hospitalisation en psychiatrie. À travers un récit à la première personne, elle décrit avec honnêteté ses crises, ses internements, les effets des traitements, ainsi que les difficultés à maintenir une forme de stabilité dans sa vie personnelle et professionnelle.
Le livre aborde frontalement les réalités parfois dures de la psychiatrie : médication lourde, perte de repères, relations humaines parfois difficiles avec le personnel soignant. Lors de sa troisième hospitalisation, l’autrice raconte comment elle tente de préserver son identité malgré le contexte, en se rapprochant des autres patients et en s’opposant, à sa manière, à la déshumanisation.
Le roman met en lumière la complexité de vivre avec un trouble psychiatrique, tout en insistant sur l’importance de la compréhension, de l’écoute et du respect de la personne dans le soin. Il offre également une réflexion plus large sur la perception sociale des troubles mentaux.
L’écriture est fluide, engagée, sans pathos. La démarche est sincère et documentée, portée par une volonté de témoigner et de faire évoluer les regards sur la santé mentale.
Un texte touchant et nécessaire, qui participe à lever les tabous autour de sujets encore trop souvent ignorés. Merci à @netgalleyfrance et aux éditions @editionsstock pour l’envoi de ce service de presse.
Dans ce récit autobiographique, Philippa Motte met des mots sur la phase maniaque de sa bipolarité qui l’a conduite à son troisième séjour en hôpital psychiatrique, à Sainte-Anne précisément. De son internement sous contrainte à la demande d’un tiers à sa sortie, Philippa Motte présente dans un langage simple et accessible cette expérience qu’on ne souhaite à personne. Une phase maniaque a été rarement décrite, sauf à la célébrer de façon romantique ! Reste que Et c’est moi qu’on enferme est un récit particulièrement fort pour comprendre la bipolarité, non du versant de la dépression, mais, sur son revers, la manie. Le récit de Philippa Motte devient ainsi essentiel, terrriblement louable et même indispensable. Chronique illustrée et entière ici https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Je pense que tout le monde devrait lire ce livre. Il y a, je trouve, une grande justesse et honnêteté dans les propos de l’autrice. Je ne connais pas la bipolarité (‘bipolaire ta mère’ pour reprendre son mot) mais avec ce livre j’ai pu écouter ce qu’elle représente pour la personne qui la vit. Et puis l’approche psychiatrique qu’elle a vécue… ça me paraît tellement évident qu’une autre voie est possible, mais ça se passe encore comme ça. Ça met en colère!
Un récit profondément touchant et poignant. Philippa Motte raconte sa phase maniaque avec les mots qu’il faut pour nous faire ressentir la folie dans sa forme la plus pure. Un livre qui aborde un sujet lourd mais essentiel, le tout enrobé de poésie et de métaphores.