Le matin du 7 octobre 2023, à Toulouse, Dror Mishani découvre le message de sa femme : "Bonjour, ici, c’est un sacré bordel." Il envisage tout, sauf cette attaque du Hamas… Dans l’avion qui le ramène à Tel-Aviv, il commence à rédiger un article : "Peut-être faut-il reconnaître la puissance du coup porté et la profondeur de notre douleur, reconnaître la défaite, ne pas essayer de l’escamoter sous ce qui aura l’air, à court terme, d’une victoire, mais qui ne sera qu’un engrenage de souffrances." Ces lignes sont au cœur d’un journal intime qui décrit, pendant six mois, la vie quotidienne en temps de guerre et expose les sentiments complexes d’un père de famille israélien marié à une Polonaise catholique ; un intellectuel pacifiste passant, aux yeux de certains proches, pour un traître ; un romancier écrasé par la politique qui craint de ne plus jamais pouvoir écrire et qui, pour ne pas sombrer, "cherche refuge dans la lecture des catastrophes des autres" — Natalia Ginzburg, Italo Calvino, Stefan Zweig, Emmanuel Carrère...
C’est le journal d’un écrivain qui dès le 7 octobre pense à la fois en citoyen israélien et en écrivain, pense au deuil du présent et se tente de se projeter dans un avenir. C’est cette pensée en tant qu’écrivain qui pourra à la fois heurter les uns et donner une perspective aux autres ; souvent à la même personne à des moments différents. C’est une réflexion sur le rôle de la littérature en temps de drame, parfois réconfortante et parfois dérangeante. Dror Mishani ressemble à son personnage d’Avraham Avraham : quelques fois lucide et d’autres fois complètement perdu dans les événements.
“Samson, qui a retrouvé sa force herculéenne, fait s’écrouler la maison sur eux et sur lui, après avoir dit la phrase que tout enfant israélien est capable de citer par coeur : “Meure ma personne avec les Philistins !”.....N’est-ce pas exactement ce que nous sommes en train de faire en ce moment précis : détruire Gaza sur nous, et nous détruire avec ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’ils on fait, eux aussi - ils essaient de détruire notre maison mais elle s’effondre sur nous tous, eux y compris.”