« Alors donc, au départ, il y a ça : la maison blanche simple et bourgeoise prêtée ou soldée, peu importe, et puis le reste, le fond : Antoine s’est jeté du pont de Normandie et elle ne sera jamais légère malgré ses quatorze ans et les champs de coquelicots rouges qui éclatent dans sa tête et l’écrasement du ciel délaissé, les vagues violentes des champs d’herbes sèches qui ondulent subitement, l’odeur de boucherie de ce mois de juillet vibrant. »
Elle est rêche, nerveuse, tordue, électrique. Elle ne peut plus attendre, il faut qu’elle rencontre un garçon. D’errances en déplacements sur une île de vacances, dans un village où elle n’a pas sa place, l’adolescente marche. À la recherche d’autres, pour enfin être vue, car qui peut vivre sans être vu, aimé, désiré ?
Emmanuelle Richard restitue admirablement la sauvagerie de l’adolescence dans ce roman déchirant mais dépourvu de toute forme de sensiblerie
un livre sublime sur le temps de l'adolescence, ses questionnements, son envie d'émancipation, de sexe, de garçons, de joie, de plage et de mer. Emmanuelle Richard dessine de manière fine et subtile le portrait d'une adolescente de 14 ans, issue de la classe moyenne, et qui pour des vacances d'été se retrouve avec ses parents et son petit frère sur l'île de Ré, dans un milieu bourgeois. Il y est question de honte sociale, du suicide d'un adolescent qu'elle connaissait à peine, des garçons plus âgés auxquels elle rêve de parler, du désir qui éclôt, de l'envie d'appartenir à un groupe, des parents dont on souhaite se défaire, de la nuque blonde sur une photo, et d'une relation si pleine au petit frère adoré, sur fond de soleil qui tape et bronze les peaux et mer bleu cobalt. J'ai été particulièrement touchée par le passage sur les filles qui regardent leur père, et par celui à la fin qui parle de reconnaître sa beauté dans un miroir, de ce que la perception de soi amène comme changement, comment le regard que l'on se porte peut nous faire éclore au monde, ou au contraire nous laisser en retrait. C'est un immense roman sur l'adolescence, portée par une écriture qui coule, à la fois poétique et nerveuse, à lire absolument.
Je ne sais pas pourquoi j’ai mis presque 4 ans à lire ce livre. Pourtant, j’ai adoré le personnage de la jeune fille en perpétuelle remise en question. Je sais que c’est un livre qui aurait pu accompagner les doutes que j’avais au collège et au lycée. Je reste cependant sur ma faim, je ne sais pas si j’aurais aimé que cela se termine comme ça. Ça reste un très beau livre, très bien écrit.
A superiorly intelligent portrayal of the byzantine inner life of a sagacious but self-loathing teenage girl on the brink of womanhood and the contrasting sense of dread and longing that her impending metamorphosis, in equal measures, instills in her. The novel is written by a linguistic virtuoso who effortlessly balances the fine line between sentiment and sentimentality. The former is present in profusion without ever nighing the latter.