L'histoire de l'humanité, jusqu'à très récemment, a été une vaste entreprise d'archivage - une lutte contre la faillibilité de la mémoire humaine et les mâchoires oblitératrices de l'Histoire. Or, depuis quelques décennies, nous nous sommes dotés de technologies nous permettant de ne plus jamais oublier, voire de ne plus pouvoir oublier. Pourtant, notre mémoire collective semble de plus en plus dispersée, de moins en moins enracinée. Et si nous avions perdu quelque chose en route?
Elle fait partie du mouvement littéraire Chick lit et son premier roman, "Soutien-gorge rose et veston noir" s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires Elle fait ses études secondaires au Collège Marie de France et choisit des études françaises à l’Université de Montréal. Elle est aussi recherchiste et scripteure à la télévision.
J'ai fait une petite pause pendant que je lisais un roman/récit sur la mémoire pour lire...un essai sur la mémoire.
Entre ses réflexions sur la mémoire au temps d'Internet, l'ironie terrible du mal qui a emporté son père plusieurs mois après que ce dernier ait publié ses mémoires et les souvenirs de l'auteure (les moments où elle évoque son père sont tellement pleins d'amour que la gorge ne peut que se serrer), on sent l'auteure en réflexion sur ce qui la relie au monde et à ses racines.
La mémoire profite du silence : comment s'articulera-t-elle dans la cacophonie d'Internet? À suggérer largement, ne serait-ce que pour pouvoir favoriser les échanges entre les générations.
J'aime énormément la série Documents d'Atelier 10 (qui est liée au magazine Nouveau Projet) et Rafaële Germain, alors je savais que j'allais aimer cette plaquette. Et effectivement, j'ai adoré! J'ai particulièrement apprécié le fait qu'elle alterne entre les souvenirs personnels relatifs à son père et le contenu plus théorique et fouillé, ce qu'elle fait avec brio. L'alternance permet de souffler et d'inclure la notion de mémoire dans ce qu'elle a de plus intime. Le seul bémol, c'est que je n'adhère pas du tout aux inquiétudes de l'auteure en ce qui a trait aux dangers que créent les changements technologiques récents, mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture! Je crois que c'est important de réfléchir aux changements actuels, pour mieux éviter certains écueils. Un livre qui pourrait se lire rapidement, mais que j'ai savouré lentement!
Dans cet essai assez personnel, Rafaële Germain partage ses réflexions entourant les souvenirs et l'oubli dans un monde où tout est documenté et archivé sur les réseaux sociaux. Elle se confie aussi au sujet de sa relation avec son père, le journaliste Georges-Hébert Germain, qui a perdu la mémoire à la fin de sa vie.
C'est une réflexion nécessaire, portée par une plume douce et sensible, sur notre époque et notre rapport à l'Histoire et au temps qui passe. C'était une lecture très agréable!
LES HAUTS : Une belle plume accessible et des idées intéressantes...
LES BAS : Des pistes de réflexion pertinentes, mais qui auraient pu être plus approfondies...
Pour tout ceux et celles qui aiment parler et ressentir les choses sans se sentir obligé d'inscrire un "j'aime" sur facebook. Pour mes copines de cercle de lecture d'amour. Pour toutes les filles à papa, les auteurs(es). Pour quand on a envie de réfléchir sur notre époque sans se casser la tête et sans se prendre au sérieux. Ce livre est juste parfait. Bien documenté, bien écrit. Et très émouvant!
J'ai beaucoup aimé l'approche de l'auteure. On revit avec elle les moments touchants entre elle et son père, ce qui ajoute au livre un côté émotionnel assez intéressant. C'était particulièrement touchant à la fin lorsqu'elle parle de la progression de la maladie de son père. Cet essai aborde l'impact de la technologie sur notre concept de mémoire. À mon avis, l'auteure arrive de parler de son point de vue sans toutefois tomber dans le cliché alarmiste. Il y a une certaine délicatesse dans la façon dont elle exprime ses idées et ses souvenirs, chose que j'ai apprécié. Je recommande ce livre pour une belle réflexion sur l'importance de se souvenir, sans l'aide d'un ordinateur.
Quel étrange paradoxe que de vivre dans la mémoire et dans l'oubli. Nos mémoires et celles de nos machines et à la fois la vacuité de nos têtes. Quoi de plus ironique que de mourir de la mémoire quand on a passé notre vie à essayer de ne rien oublier. L'écriture délicate et lucide forme des réflexions suspendues, comme une invitation à s'oublier dans des pensées plus que pertinentes sur notre rapport au monde d'aujourd'hui. Être récalcitrant ou alarmiste n'est pas la solution : il faut juste "être de son temps" et se rappeler qu'il peut y avoir des dérapages et des excès dans tout ce qui nous entoure. Réfléchir à notre place dans cette haute technologie nous évitera de nous perdre. La rencontre du récit avec le souvenir du père de l'auteure est un excellent support aux propos. De doux instants, vécus à fond, écrits nulle part mais permanents dans les mémoires du père et de la fille. Une très belle réflexion, très réussie et très apaisante.
Je n'ai pas l'habitude de lire des ouvrages de ce format, aussi ai-je trouvé la lecture un peu difficile parce qu'il me manque la fluidité de la fiction et du divertissement. Cependant, j'apprécie toujours autant la plume de Rafaële Germain, qui possède ma foi un talent incomparable. Certains passages m'ont arraché quelques larmes, même s'ils ne se voulaient pas du tout larmoyants, le but de l'auteure n'étant pas du tout ici de nous faire pleurer sur la perte de son père. Elle nous transmet avec brio la lourdeur de l'épreuve traversée sans en mettre trop. J'ai particulièrement aimé les dernières pages, sur l'enfance. C'était juste... beau. Merci Rafaële.
Sujet super intéressant, c’est ce qui m’a poussé à lire le livre à la base. La mémoire est un sujet hyper intéressant et, à travers de courtes écritures, l’autrice s’adresse à son père décédé quelques temps avant.C’est un essai tellement personnel, c’était beau de pouvoir avoir un accès privilégié à leur relation.
J’aurais tant aimé tripper plus, mais je n’ai tout simplement pas accroché. Je trouve que certaines réflexions étaient pertinentes, mais auraient pu être amenées plus loin.
cette plaquette est tellement juste... un paquet de références intéressantes et la proximité du sujet père/fille m'a bouleversée. la fille à son père aurait eu envie ce soir de l'entendre lui raconter tout un tas de souvenirs.
Sujets vraiment originaux et intéressants que sont l'oubli et la mémoire personnelle et collective en tant de communication abondante grâce à Internet. Lecture qui a amené de bonnes réflexions et discussions autour d'un bon café le matin.
Bien que ce document soit très bien écrit et que les souvenirs de l'auteure soient touchants, je n'aime pas la vision alarmiste sur notre présent et futur. Les humains ne changent pas tant et on ne cessera pas de s'ostiner sur des souvenirs d'enfance parce qu'une preuve visuelle existe...
Une réflexion intéressante sur l'hyper archivage caractéristique de notre époque, mais le tout est un peu décousu. Ça donne quand même l'envie d'essayer de vivre plus souvent les évènements sans autre témoignage que le souvenir qu'on en garde.
Intéressant, mais un peu décousu et parfois répétitif. J'aurais apprécié plus de profondeur. On sent qu'il y a quelque chose là, mais on n'y plonge pas complètement. Le sujet est toutefois intéressant et les références personnelles de l'autrice à son père ajoutent une perspective humaine intéressante à la réflexion.
Depuis que Les luttes fécondes m'a rentrée dedans, je m'intéresse beaucoup à cette collection. Celui-ci était moins percutant, mais tout de même fort intéressant. Le côté personnel était très touchant, et la réflexion sur la mémoire à l'ère numérique était porteuse.
Rafaële Germain s’intéresse, dans cette petite plaquette jaune, à la mémoire, à l’oubli et aux nouvelles technologies qui ont modifié l’entièreté de nos rapports humains, mais pas que.
Sous forme de petits fragments adressés à son père, la quête de Rafaële Germain est bien évidemment propre à elle-même et à son rapport intime avec la mémoire, les technologies et l’oubli. Elle touche cependant une société entière, me questionnant moi-même sur ces thèmes. Elle s’y attarde toutefois de façon très sincère et vulnérable en s’adressant à son père et en nous dévoilant des parts intimes de ce dernier et d’elle-même. Ainsi, elle s’interroge sur la transmission, l’importance d’avoir des racines, des ancrages réels et concrets.
Inspirée par le décès de son père, l’auteur Georges-Hébert Germain, Rafaële Germain nous raconte comment son père était un homme qui aimait l’histoire, la recherche et comprendre les choses et qu’il l’a inspirée à faire de même. Dans une ère où l’on recherche de moins en moins et l’on oublie de plus en plus (car de toute façon, les données y sont si facilement trouvables), il y a un clash assez important entre cette période Facebook et Google et celle des ouvrages poussiéreux des bibliothèques qu’on devait consulter.
« J’essaie de structurer ma pensée, de ne pas la laisser s’éparpiller — parce que malgré mon rechignagne, je reste une enfant de mon époque, j’ai l’éparpillement naturel et spontané.
J’essaie, malgré moi, de lui faire pousser quelques racines. »
Depuis quelque temps, je regarde de temps en temps la série Black Mirror sur Netflix. Cette série remet en question les changements et les rapports à la technologie qui nous entoure. Que ce soit dans le futur ou le présent, chaque épisode donne un regard unique sur les conséquences que peuvent avoir les technologies sur nos vies. Un présent infini en parle un peu et cela me confirmait ce questionnement criant qui nous hante un peu tous : est-ce que tout ce qui change est toujours pour le mieux? Les technologies nous éloignent-elles de nos vraies valeurs, de nos racines, comme le dit Rafaële?
La même semaine, j’ai vu passé sur mon Facebook (eh oui, comble de l’ironie!) un fabuleux article publié sur The Guardian, Technology is diminishing us, écrit par Jonathan Safran Foer, un auteur formidable, qui se prononce sur les effets dévastateurs que peuvent avoir les technologies et nos nouvelles façons de fonctionner qui frôlent la normalité. On se doit de questionner nos rapports un peu fous avec les technologies et savoir se réapproprier des gestes si sains tels qu’ouvrir un livre pour effectuer une recherche au lieu d’utiliser Google.
L’essai de Rafaële Germain n’a pas de réponse, il soulève toutefois des questions fascinantes, bien propres à notre époque et ce, qu’on y soit connectée (telle que moi, dont le travail relève entièrement du web) ou comme Rafaële, qui se considère déconnectée de son époque. Ce qui est bien de sa quête, c’est qu’il n’y pas de jugement ni de constatation. Elle ne condamne pas les technologies et c’est tant mieux. Sa quête révèle une part de vérité intime, de la douleur d’avoir perdu son père, en premier, par la mémoire, après de corps. Elle y rencontre aussi des experts de la question tels que Jean-Francois Blanchette, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, ce qui vient ajouter à sa posture et développer les questionnements.
« C’était une chose douloureuse et fascinante que de voir ta mémoire se défaire en lambeaux. L’adjectif fascinante semble mal choisi et plutôt déplacé, mais il reste exact : il se passait quelque chose dans ta tête de platement biologique, mais dont les répercussions étaient en grande partie abstraites. Mille questions sans réponses surgissaient qui semblaient soudainement d’une pertinence absolue. »
Je terminerai en disant que je me suis beaucoup reconnue dans cette quête, étant moi-même souvent à la recherche d’un équilibre parfait qui, je crois, n’existe pas. Combien de temps par jour devrais-je regarder mes courriels, y répondre et être sur Instagram? Je ne le sais pas très bien, mais j’essaie tout de même de garder mes racines bien profondes et pour moi, cela passe par la lecture. Cette activité qui ne se démode pas et qui ne sera jamais à améliorer, parfaite est-elle déjà! Un essai qui nous fait réfléchir à son propre rapport aux technologies et qui nous ramène à l’essentiel.
À lire si la question vous intéresse et si vous vous sentez parfois un peu trop enseveli sous les technologies…
Si vous sentez que vous vous « éparpillez » un peu trop…
De bons points sont soulevés dans cet essai mais j'aurais préféré qu'on creuse davantage le sujet de la mémoire dans sa globalité plutôt que de tout ramener à notre utilisation d'Internet et de son lien avec les souvenirs.
Très bel ouvrage, partage les mêmes inquiètudes que moi vis-à-vis la mémoire et les « progrès » de la technologie. L'oeuvre est donc venue me chercher.