Elle s’appelle Françoise Roy. Son métier consiste à accompagner les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer et leurs proches dans leur vie quotidienne. Étienne Davodeau trouve que c’est là un métier passionnant. Alors il a demandé à Françoise de lui raconter au plus près les heures et les journées qu’elle passe dans l’intimité de ces femmes et ces hommes pour qui la qualité de l’instant présent est essentielle. Il lui a dit : « Là où tu vas, chaque jour, tu seras mes yeux et mes oreilles ». L’idée est de raconter au plus près la singularité de ces existences au pays de la mémoire qui flanche tout en préservant l’intimité des personnes concernées. La bande dessinée peut faire ça. Un détail qui n’en est pas un donne une intensité particulière à ce récit : Françoise et Étienne vivent ensemble depuis longtemps. Depuis toujours, elle est sa première lectrice. Il sait qu’il n’aurait pas pu faire un livre comme celui-ci avec quelqu’un d’autre. Ce livre sera aussi, d’une certaine manière, un épisode de leur vie de couple et donc aussi le plus intime de ses récits.
Comment côtoyer des gens qui ne vont pas forcément se souvenir de vous ? Que faire pour leur faciliter la vie au quotidien ? Grâce à Françoise, Étienne Davodeau nous donne à voir le quotidien de ces personnes malades, de leurs proches et de celles et ceux qui les accompagnent pour éclairer ce sujet dont l’importance ne cesse de croitre avec le vieillissement de la population.
Il entreprend des études d'arts plastiques en 1985 à Rennes, et fonde avec quelques amis, dont Joub, Jean-Luc et Fred Simon, le studio BD Psurde. Cette petite structure éditoriale leur permet de publier leurs premiers travaux, dont un album collectif, La Vie Tourmentée d'Ernest Formidable.
Touchée par le sujet dans mon entourage, j'attendais cette BD avec impatience. Peut-être trop justement... Au début j'étais un peu déçue parce que je trouvais la place de l'histoire du livre et de sa construction en couple trop prenante. Finalement, j'ai fini cet ouvrage en larmes devant la justesse des propos de Françoise. Je la remercie d'avoir accepté de raconter son quotidien de soignante et pour son accompagnement auprès des personnes touchées par les pertes de mémoire.
Comme d’habitude je suis fan des BD d’Etienne. Celle là aborde l’Alzheimer à travers le travail de sa femme qui a accepté qu’il y dédit un livre. On y voit à la fois le côté professionnel et le côté des patients et des familles, les difficultés, les réussites, etc.
C’était vraiment touchant.
Puis les dessins sont toujours aussi magnifiques…!
BD sur la maladie d'Alzheimer et plus généralement sur les maladies neurodégénératives. L'auteur est très impliqué car il raconte la vie de sa femme, là où elle va et peut-être aussi là où ses "patients" vont. Cet angle est bien développé dans la BD et amène un autre arc narratif interessant puisque Françoise ne souhaite pas du tout partager sa vie professionnelle au départ, de par sa nature et parce qu'elle la juge peu intéressante et a peur que les personnes dont elle s'occupe ne puissent pas valider en âme et conscience leur présence et cette intrusion dans leur vie déjà chamboulée. L'auteur travaille sa compagne car il croit en cette idée et s'adaptera aux contraintes.. Bref la BD est top car elle humanise beaucoup les "malades" qui sont avant tout des personnes avec leur spécificité, on voit aussi bien les difficultés de l'entourage prohe et des aidants, la bienveillance très marquée de Françoise et son implication, l'âge et l'avancée de la maladie (début dès la cinquantaine possible et avancée jusqu'à la perte de la parole..). Il est intéressant de mieux comprendre les différentes choses à faire ou ne pas faire face à des personnes souffrant d'Alzheimer: typiquement ne pas challenger leur mémoire pour ne pas les mettre en échec (tu te souviens ça.?), leur offrir un cadre rassurant, stimuler la mémoire procédurale (instinctive comme la musique, les gestes répétés), utiliser les bons mots qui ne sont pas trop déshumanisants ou péjoratifs (démence, il perd la mémoire, il a alzheimer --> plutôt dire qu'une personne a des troubles de la mémoire).. Je regrette juste un peu le noir et blanc à l'intérieur un peu tristounet, la couleur rajoute tellement de vie aux pages!
J’ai lu Là où tu vas d’Étienne Davodeau, un roman graphique d’une délicatesse rare, consacré à la relation de Françoise — sa compagne — avec les personnes dont elle prend soin, atteintes de maladies neurodégénératives, notamment Alzheimer.
Au fil des pages, Davodeau tisse une mosaïque de vies fragiles : celles des malades, bien sûr, mais aussi celles des aidants, des proches, de tout cet écosystème humain qui entoure la perte. On entre dans un établissement, on écoute les voix, on observe les gestes.
Ce qui m’a touchée, c’est cette bienveillance. Le regard reste lucide, pudique, mais profondément humain. On apprend, on comprend, et surtout, on ressent — cette usure du quotidien, cette tendresse obstinée, cette dignité des corps et des esprits qui s’effacent peu à peu.
Ma grand-mère a elle aussi été atteinte de démence. Elle n’est plus là aujourd’hui, mais ce livre m’a ramenée à elle, avec douceur. J’aurais aimé le lire plus tôt : il aurait peut-être apaisé certaines incompréhensions, offert des mots justes à ce que l’on vit quand la mémoire s’effrite.
Là où tu vas est, je crois, un livre à offrir à tous : aux aidants, à ceux qui ont peur de la perte, à ceux qui ne comprennent pas, aux enfants qui voient leurs grands-parents s’éloigner. C’est une œuvre d’utilité humaine, mais aussi un très beau livre, humble et nécessaire, qui rappelle que prendre soin, c’est aussi aimer.
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Cette BD m’a beaucoup touchée, car elle parle de tous ces soignants qui s’intéressent aux personnes atteintes de troubles cognitifs et qui les accompagnent du mieux possible pour rendre leur vie un peu plus simple et plus douce. Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans le récit. Je pensais qu’on suivrait davantage les personnes concernées et leurs histoires, mais le couple principal coupe souvent le récit et cela m’a parfois un peu frustré. Finalement, j’ai compris que le vrai sujet n’était pas tant la maladie que tous ceux qui entourent les personnes malades et les aide à garder un minimum d'humanité et à trouver un minimum de sens à leur quotidien.
magnifique. Ma grand-mère fait parti de ces gens-là, dont la memoire flanche. Actuellement elle a des “bons jours” et des moins bons mais je comprends que lui demander de se rappeler de choses précises n’est pas la bonne approche. C’est avec le toucher que j’arrive à me connecter à elle. Et puis en faisant des jeux ou en dessinant des mandalas. Merci pour cet ouvrage qui aide à comprendre comment appréhendes les gens atteints de troubles cognitifs.