Quand elle revient s’installer là où elle a grandi, dans un village de la plaine de l’Ain, Lumir se met à écrire. Le vieux du bout de la rue, ses potes, leurs parents, les gens qu’elle croise au PMU.. . Elle veut comprendre : ce qui les rend heureux, ce qui les met en colère, ce qui leur donne de l’espoir. En faisant parler les siens, l’autrice dessine les contours du malaise qui gronde de plus en plus fort, un peu partout dans les campagnes françaises : l’impression de payer pour tout sans jamais avoir droit à rien ; le sentiment d’être incompris et méprisés par les gens qui comptent, là-haut ; la rage de ne pas arriver à offrir mieux à ceux qu’on aime – et la recherche de responsables, encouragée par le RN qui toujours se nourrit de l’impuissance, sans jamais proposer autre chose que la haine en réponse à la colère.
Lumir Lapray livre un portrait puissant et attachant de cette France qui se cherche et, ce faisant, menace de tous nous perdre. Et dessine en creux un chemin collectif et joyeux – qu’il ne tient qu’à eux, à nous, tous ensemble, de prendre…
M’a bien remis à ma place, et m’a convaincu que je n’avais plus besoin de « me protéger » en triant autant parmi les idéologies revendiquées des gens pour envisager un échange/une interaction/un potentiel débat, du moins plus autant qu’avant
Un portrait touchant du vote extrême droite des classes moyennes populaires rurales.
« Il n’existe pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. La vérité est bien plus terrifiante. Le double maléfique, le monstre est bien plus proche qu’on ne le pense : il est en nous. C’est pour ça, je crois, qu’il est si douloureux pour celles et ceux qui se réclament des valeurs humanistes de voir les classes populaires blanches dans leur entièreté, dans leurs incohérences, dans leur lutte constante pour savoir quelle part d’eux-mêmes gagnera la bataille - la compassion ou la haine? La solidarité ou le repli? Car les électeur.ices de Donald Trump comme celles et ceux qui, dans nos campagnes, déposent les armes et cèdent - ou sont tentés de céder - à la banalité du mal nous tendent un miroir : qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui nous retient de sombrer dans l’indifférence, dans la déshumanisation, dans la violence ? »
Merci Lumir pour ce récit de la campagne de ma Maman où j'allais beaucoup pendant mon enfance (team #Leyment et #Chazey-sur-ain). Je suis aujourd'hui de retour en ruralité mais une ruralité bien différente même si j'y ai vu beaucoup de parallèle avec les récits dans le livre. Un livre à mettre dans toutes les mains pour nuancer les fantasmes qu'on a sur la campagne.
Très intéressant et agréable de suivre les réflexions de l'autrice en écho de ses rencontres et discussions avec ses proches. Lecture très importante pour réapprendre à découvrir la France rurale loin des clichés et questionner nos approches militantes pour impliquer tout le monde. Et gagner, ensemble. Je recommande vivement !