Entre les trois collines qui l’ont vue naître, Malu se bat contre le temps qui passe et emporte tout sur son passage : l’odeur de la terre, les souvenirs des êtres chers, et son insouciance. Flanquée d'un père taiseux et d'une grand-mère qui perd la mémoire, Malu découvre un monde qui va la faire grandir plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Aux différents éléments qui la cernent – les orages et les canicules, la maladie et la solitude – elle oppose des gestes de résistance. Un huis-clos familial où, telle une Antigone moderne, l’héroïne compose avec la fin d’une nature idyllique pour ne pas périr avec elle.
⭐ 3,5/5 - Ce premier roman nous plonge dans l’univers rude et silencieux d’une ferme isolée, où Malu, 12 ans, grandit auprès de son père et de sa grand-mère. Le trio vit à l'écart du village, dans une vallée cernée par trois collines presque mythiques, à la fois protectrices et étouffantes.
Malu à contre-vent est une succession de scènes du quotidien, marqué par la dureté du monde agricole, la solitude, la transmission, et une forme de résistance face au changement. L’autrice dépeint avec justesse le poids du silence familial, la disparition de la mère, taboue, mais omniprésente à travers le mal-être de Malu, qui cherche des repères dans un monde qui vacille.
Malu est une héroïne singulière, en décalage avec les autres adolescents. Rebelle dans le silence, elle refuse le collège, s’ancre dans sa terre, et enterre secrètement les agneaux morts sur une colline, dans un rituel aussi poignant que dérangeant. Son lien aux siens est fort, mais fragile, et la perte progressive de sa grand-mère, pilier du foyer, va bousculer son équilibre.
L’écriture est belle, ciselée, poétique. Les descriptions des paysages, des collines personnifiées, de la nature qui gronde ou s’éteint, m’ont marquée. L’ambiance est dense, mélancolique, voire morbide par moments.
J’ai néanmoins eu du mal à pleinement m’immerger dans la première moitié du livre, trop lente à mon goût. Et si la seconde partie gagne en tension et en émotion, la fin m’a laissée un peu amère, même si je reconnais sa force littéraire.
Une lecture à la fois belle et inconfortable, qui ne laisse pas indifférent, et qui révèle une autrice à suivre.
Malu à contre-vent est un roman très unique, très intéressant et singulier. À travers des bribes de souvenirs et de moments, on découvre de plus en plus Malu. Le personnage nous révèle ce qu’elle veut et sait, mais surtout ce dont elle a conscience. Malu grandit et évolue à travers le roman, étant confrontée à la mortalité, à la non pérennité de tout ce qui l’entoure et la sécurise. Un roman qui traite des croyances, des liens familiaux, de la chair et de la terre. Un très bon premier roman.