Entre bars de banlieue et rue élégantes de Paris, le destin " Je m'appelle Sorb, c'est le diminutif de Sorbonne. Ceux de la bande m'ont donné ce surnom parce qu'ils me trouvent plus instruit qu'eux. Ce ne sont pas vraiment des voyous, juste une bande. Des mecs de Meudon-la-Forêt, c'est tout. On zone, on fout la pagaille, on choure deux ou trois trucs, rien de méchant. "
Pourtant, un jour, une femme meurt à cause de l'un des leurs. Un accident, comme il dit, et il faut bien que les autres le couvrent quand la police arrive. Dans cette France de 1962, où la jeunesse s'ennuie dans des cités dortoirs, c'est pour eux le début d'une dégringolade vers le pire. Sorb sait que ceux de la bande finiront mal et que lui, peut-être, pourrait s'en sortir. Mais comment ?
Le pouilleux massacreur de Ian Manook, présentation
11 janvier 1962, meurtre d’une femme. Elle a été défigurée. La scène de crime a été piétinée. Martineau enquête sur ce meurtre.
Sorb et Figo font partie d’une bande jeunes banlieusards qui s’ennuient. Ils sont enfants d’ouvriers et commettent quelques méfaits, notamment des vols.
Avis Le pouilleux massacreur de Ian Manook
Sorbonne, soit Sorb, de son vrai prénom Mathieu – que l’on apprend au cours du roman – , est un jeune homme qui fait des études de droit. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants. Son père travaille chez Renault et tente d’évoluer au sein de l’entreprise. La famille n’a pas beaucoup d’argent mais les parents économisent afin que leurs enfants puissent étudier.
Dans cette ville de banlieue désoeuvrée, il n’y a rien à faire, sauf se retrouver entre amis et faire des bêtises plus ou moins importantes, comme des vols de voitures, Lors du décès d’une femme, Sorb, informé par son ami Laurent, va le protéger afin que Laurent ne soit pas arrêté, d’où le jeu de cartes le pouilleux massacreur. Mais la police, et en particulier, Martineau, n’est pas dupe. Ils n’ont aucune preuve contre les jeunes gens, qui se sentent sortis d’affaire et qui vont accumuler les délits. Toutefois, ils sont nombreux à vouloir que Sorb ne gâche pas sa future vie. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il soit arrêté et ainsi purger une peine pour le mettre dans le droit chemin ?
Sorb ne sait pas encore ce qu’il veut faire de sa vie, s’il veut continuer ses études, s’il veut poursuivre sa relation avec Kathie, sa petite amie. Le plus important pour lui, ce sont ses amis et surtout Figo, son meilleur ami. Sorb va tenter de sauver une jeune fille qui accompagne toujours le groupe. Il va prendre conscience qu’elle subit des violences sexuelles et il fera tout pour la protéger. Il ne va pas supporter, non plus, cette vengeance gratuite contre la communauté arabe.
Figo va profiter d’une rencontre pour changer de vie. Il va abandonner toute sa famille, son meilleur ami. Ce dernier tentera de le rejoindre. Mais Sorb n’a pas l’âme d’un mercenaire. Figo lui fera un très beau cadeau car à son retour d’Afrique, après une grosse discussion avec son père, Sorb va prendre sa première grosse décision d’adulte et prendre ses responsabilités.
En 1962, la France doit faire face à de nombreux attentats, à des manifestations où la police frappe sans distinction. Le racisme est également bien présent. Le milieu ouvrier tente de survivre, dans des cités dortoirs, comme ceux qui n’ont rien pour vivre et qui vivent dans des taudis. L’auteur nous raconte les différences entre ce milieu ouvrier et le milieu bourgeois où certains nantis en profitent pour assouvir leurs plus sombres pulsions.
Une belle galerie de personnages, sans oublier une des rencontres de Sorb, une prostituée avec qui il va se lier d’amitié, Rolande. Ian Manook se rappelle ses jeunes années, avec l’argot des banlieues, les chansons en vogue dans les années 60, chansons françaises mais aussi le rock américain.
Ian Manook, quel que soit son pseudo d’écrivain, maîtrise tous les sujets de ses romans, il maîtrise toutes les atmosphères. Par conséquent, j’essaie de ne rater aucune publication de l’auteur. Je regrette qu’il ne bénéficie pas d’une couverture médiatique qui me permettrait de commander tous ces romans, surtout en avant-première. Mais d’un autre côté, heureusement que je suis abonnée aux pages de sa femme qui se charge de cette partie. Babelio, depuis quelque temps, envoie des newsletters des sorties d’auteurs déjà lus. Par conséquent, cela me permet également d’être informée.
L'auteur, le livre (320 pages, 2024) : On connait bien désormais Ian Manook cet écrivain-voyageur, auteur de polars dits "ethniques", qui nous balade depuis une dizaine d'années vers diverses contrées exotiques, depuis la Mongolie de son Yeruldelgger jusqu'au tout récent Krummavisur islandais. Ian Manook c'est l'un des multiples visages de Patrick Manoukian, journaliste au look de Commandant Cousteau (il écrit également sous le pseudo de Roy Braverman pour des trucs plus américains). Mais le voici qui nous surprend dans un tout autre registre avec Le pouilleux massacreur un roman noir très personnel, qui nous plonge au sein d'une bande de petits loubards de banlieue dans les années 60. Une histoire de HLM blême comme une chanson de Renaud sur une petite musique autobiographique et nostalgique où le héros, Sorb, partage avec l'auteur des racines arméniennes ... Avant ce récit inspiré de sa jeunesse, Ian Manook avait déjà évoqué son héritage familial avec L'oiseau bleu d'Erzeroum et l'histoire de sa grand-mère, survivante du génocide arménien.
♥ On aime : • On aime la prose de Ian Manook qui a beaucoup gagné en maturité et maîtrise au fil des ouvrages. La lecture est restée fluide et agréable et si cet épisode est habillé d'une gouaille banlieusarde parfois digne d'un San Antonio, les effets de style restent habilement maîtrisés pour ne pas lasser. • La reconstitution des sixties est soigneusement travaillée et le contexte politique n'est pas oublié : 1962, l'année de référence retenue par Ian Manook, c'est l'année des terribles attentats de l'OAS à Paris, l'année des violences policières du métro Charonne, un temps où l'extrême-droite était alors très à son aise. • Mais l'écrivain-voyageur et son héros ne résisteront pas bien longtemps à l'appel du grand large et ils finiront par nous emporter loin de Meudon-la-Forêt. On ne dévoile pas où, pour ne pas spoiler ou divulgâcher, mais ce sera un périple plein de dangers. • La prose fluide, le décor socio-politique soigné, la reconstitution savoureuse des sixties, font du récit de cette difficile transition vers l'âge adulte, une lecture bien agréable jusqu'au mot "fin" qui sera amené avec beaucoup d'élégance.
Le pitch : Ça commence mal dès la première page avec la découverte du cadavre bien amoché d'une femme dans un quartier de banlieue, à Meudon-la-Forêt. Aussitôt l'enquête oriente le lecteur et le commissaire Martineau vers Sorb et sa bande. Une bande de jeunes que l'auteur va s'appliquer à disséquer sous nos yeux. Des jeunes de banlieue gagnés par l'ennui et le refus de la vie qui les attend. Des jeunes que leurs parents immigrés (et même le flic bienveillant) tentent de sortir de leur propre condition prolétarienne (dans le coin, tout le monde bosse pour Billancourt et ses sous-traitants). Mais dans les années 60 et dans cette banlieue, il était difficile de sortir de sa classe sociale et d'échapper à sa condition ou son milieu. On parle beaucoup de transfuge de classe aujourd'hui : visiblement, ce n'était pas encore dans l'air du temps des sixties à Meudon-la-Forêt.
Ian Manook, l’un des pseudonymes de Patrick Manouchian, propose son nouveau roman, Le Pouilleur massacreur, un retour en arrière pendant l’année 62, avec sa jeunesse qui cherche un avenir. Une formidable immersion dans ce passé proche avec des retentissements actuels.
En janvier 1962, une femme est retrouvée morte, défigurée. Des traces de pieds attestent que la scène de crime a été dénaturée. Parallèlement, une bande évolue de petits larcins à de plus grandes bêtises par ennui, par naïveté ou tout simplement pour tenter d’exister autrement que dans une routine balisée sur le chemin de leur vie.
Sorb est le narrateur, cette sorte de transfuge de classe, qui ne s’assume pas avant qu’Annie Ernaux en illustre le concept. Lui, l’aîné, porte l’espoir de ce couple d’ouvriers qui, malgré tout, vote De Gaulle, en souvenir de la guerre. Dans la France des ratonnades, de l’OAS active, d’une police répressive qui a tous les droits, de la guerre d’Algérie finissante et du bidonville de Nanterre, il est difficile de faire confiance à cette droite réactionnaire, attachée à un monde qui explosera six ans plus tard.
Peinture réussie de la société des années 60 Mathieu Simonian, dit Sorb, est étudiant, mais pour poursuivre, arrivera-t-il à oublier le Baltimore, malgré l’espoir d’une famille à lui faire franchir la zone de la banlieue, devenu le symbole d’une volonté d’une ascension sociale. Pourtant, sa bande d’enfance évolue encore dans ce café avec son flipper et son juke-box où la seule fille du groupe, Annie, en est la groupie. L’enjeu de ce Pouilleux massacreur est dans cette traversée.
Impossible de croire que cette époque porte l’espoir d’une fin de la décennie où « l’amour pas la guerre » deviendra l’hymne de la jeunesse. Ian Manook choisit de décrire cette jeunesse désabusée (sa jeunesse,en fait) portant trop fortement les espoirs de la génération précédente dont la jeunesse fut percutée par les premiers crimes contre l’humanité.
Ce jeu, joué par des enfants, illustre bien que Sorb et sa bande veulent éloigner le moment où il leur faudra assumer leurs responsabilités. Seulement tout au long du roman, Ian Manook immisce le doute et laisse supposer que les bêtises accumulées risquent de bien trop rapidement les faire grandir du mauvais côté. L’intrigue est forte jusqu’à la fin, pour ce roman social et noir à la fois !
Ian Manook propose à travers son roman, Le Pouilleux massacreur, une illustration très juste des années 60 avec une galerie de portraits vivants. Mais, aussi, une interrogation sur le poids de ses actes et l’adolescence. Bref, un roman noir et social à la fois ! Chronique illustrée ici https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Avec "Le Pouilleux massacreur", Ian Manook signe un roman social d'une rare intensité. Brutal, sans espoir.
L'histoire se déroule en 1962, en banlieue parisienne. Sorb traîne avec sa bande de potes. Quelques vols, du zonage, des petits méfaits d'une jeunesse en marge. Rien de bien méchant, jusqu'au jour où tout bascule : une femme meurt à cause de l'un des leurs. Alors les autres mentent à la police pour le protéger.
Mais peu à peu, Sorb se détache. Il sent qu'il n'est plus vraiment des leurs, que certains finiront mal. Et qu'il a, peut-être, une chance d'échapper à ce destin.
Pas de lumière au bout du tunnel ici ; "Le Pouilleux massacreur" est un récit profondément sombre, mettant en scène des individus abîmés, qui survivent comme ils peuvent. C'est un roman noir, très noir. Et pourtant, on tourne les pages sans pouvoir s'arrêter. Ian Manook sait raconter, poser une ambiance, faire exister ses personnages.
L'auteur soigne particulièrement le décor socio-politique de la France de 1962, rappelant les attentats, les manifestations, les violences policières, le racisme, le décalage entre le milieu ouvrier et la bourgeoisie. Un récit qui nous parle finalement plus que jamais en 2025.
Ce n'est pas une lecture confortable, mais c'est un roman marquant, d'une noirceur assumée.
À noter : ce roman contient des scènes de violence, dont des violences sexuelles.
J'ai pas aimé, pas réussi à adhérer à ce récit superficiel qui utilise tous les codes pour attirer le lecteur mais c'est tellement fait avec de grosses ficelles que non j'ai pas aimé... Sorb est le personnage principal et du coup le policier et le journaliste le prennent sous son aile pour le sortir de sa banlieue, la prostituée de la rue où habite sa copine l'emmène chez elle, comme ça.... c'est pas crédible et pas subtil. Il habite en banlieue mais fréquente une fille riche sexuellement débridée qui va se marier avec un vieux médecin pour le statut social. Pffff trop trop stoooop.
Coup de cœur 2025 (certainement lié au fait que j'habite dans le décor du livre, certes). J'ai été transporte dans cette jeunesse qui fait face aux événements que nous lisons dans nos livres d'histoires. C'est cru, violent et mélancolique. Je recommande cette lecture !