Je suis une personne née sous X, qui ne possède rien de son passé : ni antécédents médicaux, ni arbre généalogique, ni mémoire familiale. Je dois donc écrire mon histoire pour ne pas être qu’une somme de silences, de traumas et de dépossessions. Ce livre est une trace, une archive, une pièce du puzzle que je tente de compléter grâce à l’analyse politique de ce qui m’arrive. On oublie trop souvent que si des familles sont constituées par l’adoption, c’est parce que d’autres, plus précaires, ont été détruites. Qu’il s’agisse des rapports de classes, des inégalités mondiales ou du continuum colonial, en contexte occidental, l’adoption est inscrite dans une histoire de violences. C’est de cette histoire que les personnes adoptées héritent ; contre ses persistances qu’elles luttent. Devons-nous être une tabula rasa pour que l’adoption fonctionne ? Qui sont nos vrais parents ? Est-ce une chance d’être adoptée ? Suis-je une vraie Noire ? Cet essai autobiographique invite à s’interroger sur l’identité, la filiation et la parentalité à partir du regard que nous, personnes adoptées, posons sur la famille et la société.
Dans cet essai, l’autrice raconte son parcours de femme noire, née sous X en France et adoptée par une famille blanche. Difficile de résumer tous les sujets abordés dans ce livre dense, riche et sensible. Amandine Gay développe une réflexion politique sur la question de l’adoption, et montre par exemple comment les parcours d’adoptions transnationales s’inscrivent dans la logique impérialiste à laquelle ils prétendent remédier. . En explorant les racines du colonialisme et de la domination du Nord global sur le Sud global, A. Gay démontre que vouloir « sauver » des enfants de leur milieu d’origine perpétue les dominations de race, de genre et de classe qui ont rendu ce milieu d’origine précaire. Encore une fois, il est très difficile de résumer un propos aussi dense et sourcé en une chronique et je vous invite vivement à lire le livre par vous-même. . Car en développant sa réflexion autour du fil autobiographique, l’autrice permet de rendre son propos accessible et très incarné. J’ai trouvé le livre remarquablement agréable à lire et très narratif, sans compter le souffle émotionnel très fort apporté au service de la démarche politique. L’occasion de démontrer encore une fois la nécessaire réappropriation de la parole par les personnes concernées : elles seules peuvent donner à voir les multiples implications de leurs parcours et de leurs luttes. . Une lecture que je recommande à toustes, mais en particulier aux personnes concernées, ainsi qu’à celles et ceux qui travaillent dans des services sociaux. Les pages d’Amandine Gay sur l’ASE notamment sont brillantes, et m’ont amenées à reconsidérer ma vision de la « protection » de l’enfance.
Ce livre sera probablement mon préféré de 2021. À la fois essai de sociologie, manifeste militant et évidemment autobiographie, il connecte tous les points et rappelle que l'intime est politique. La dureté des multiples sujets traités (racisme systémique et privilège blanc, violences policières, politique judiciaire et carcérale, sexisme, violences médicales ...) laisse un goût d'amertume, mais il est vite balayé par l'espoir et l'énergie galvanisante qu'Amandine Gay insuffle dans ce premier livre. Merci à elle pour ce travail de fond absolument nécessaire, pour le témoignage qu'elle livre et pour le chemin qu'elle trace.
Superbe livre, informatif et qui aborde un nombre de sujets assez impressionants en mêlant mémoire et essai. J'ai mis longtemps à le terminer car je l'ai trouvé très touchant, il a beaucoup résonné en moi en tant que femme noire, métisse ayant grandi dans la partie blanche de ma famille avec très peu de contact avec ma famille paternelle et un pays dans lequel j'ai partiellement grandi mais que j'ai totalement oublié. Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver beaucoup de parralèle avec le vécu de l'autrice et de nombres de personnes adoptés.
Comme une envie de mettre ce livre féministe et anti raciste entre toutes les mains. C'était illuminant et une lecture réellement importante qui touche une cause dont on ne parle pas assez en France. Révolutionaire.
"L'amour et la volonté de bien faire ne sont pas suffisants. Seule une éducation politique des familles adoptantes sur les questions raciales, effectuée par les institutions en amont de l'adoption, peut permettre aux enfants racisées grandissant dans des familles blanches de faire face au racisme systématique dont elles seront victimes toute leur vie."
Amandine Gay a mélangé un récit autobiographique avec un livre de sociologie, bien sourcé et clair. Et le résultat est impressionnant.
Au vu de la législation française actuelle, je n'ai pas le droit d'avoir d'enfant biologique. Si un jour, je veux un-e enfant, et que la loi n'a pas changé, j'aurais plusieurs possibilités : partir faire un parcours de PMA à l'étranger, ou essayer d'adopter. Si pendant un moment, l'adoption était une idée que j'aurais pu envisager, entendre des discours de personnes adoptées sur leur expérience m'avait fait questionner ce choix. Ce livre m'a apporté beaucoup, beaucoup d'informations complémentaires.
Tout au long du livre, l'autrice questionne l'aspect éthique de certaines adoptions, son histoire, l'impact sur les adoptées. C'est un système qui, à l'heure actuelle, a beaucoup de défauts, et n'accompagne pas les adoptées correctement.
Très intéressant aussi bien sur la forme (essai autobiographique / essai sociologique / manifeste) que sur le fond. Le livre traite le racisme inhérent à l'adoption transnationale et traite également des thématiques plus large de l'adoption / des adopté.e.s, du racisme dans la société française... En plus de son histoire personnelle et de celle d'autres adopté.e.s l'autrice cite de nombreux travaux sociologiques et études pour appuyer son propos. Le livre est écrit avec le choix du féminin comme genre universel / par défaut, ce que j'ai beaucoup apprécié (c'est le premier livre en français que je vois rédigé ainsi, alors que c'est plus courant dans la littérature scientifique anglo-saxonne). Une lecture dure par ses thèmes mais bien écrite, passionnante et qui fait réfléchir. A lire.
Un livre très intéressant sur l'expérience des personnes racisées noires en France. Bien que l'adoption soit un élément important, le cœur du livre réside avant tout dans son message anti-raciste percutant.
Je suis totalement d'accord sur le fond. Amandine Gay dénonce d'une manière très parlante toutes les agressions (micro ou non) racistes du quotidien, leurs origines et leurs conséquences concrètes sur la vie des personnes concernées.
Je suis d'accord sur le fond, mais la forme m'a pas mal insupporté. L'autrice adopte un ton extrêmement agressif envers le lecteur, comme l'équivalent littéraire d'un tweet écrit tout en majuscules. Je ne suis pas sûr(e) que cette attitude si vindicative serve la cause : - ce•lle•ux qui sont d'accord ne méritent peut-être pas qu'on les engueule ; - ce•lle•ux qui ne le sont pas ne vont pas être plus convertis du fait que leur cri dessus.
Le livre contient des récits personnels de la vie de l'autrice, que j'ai trouvé poignants et touchants, mais qui sont mélangés à des explications se voulant scientifiques mais qui, de mon point de vue, manquent de la rigueur d'un texte académique. La structure des raisonnements me semble particulièrement problématique car, n'ayant pas vraiment d'hypothèse ou de point à infirmer ou à démontrer, le texte ressemble juste à une suite d'arguments académiques sans but. Le résultat est un texte assez pompeux, voire parfois incompréhensible mais qui, au lieu de convaincre par la raison, comme on sent qu'elle voudrait, base tout sur l'émotion.
En résumé, j'ai trouvé que c'était un livre très intéressant mais pas très agréable à lire à cause de sa forme et de son ton.
Je suis le travail d'Amandine Gay depuis plusieurs années et il me tardait de lire son premier livre alors je me le suis procuré dès sa sortie. Je suis contente de l'avoir terminé aujourd'hui, après plusieurs mois d'effort, parce qu'il se mérite. L'écriture est très universitaire, et les multiples citations qui émaillent le propos m'ont rendu la lecture un peu laborieuse. Je remercie Amandine Gay pour ce travail d'utilité publique. J'ai appris énormément sur les enjeux de l'adoption internationale ou transnationale, le racisme (encore et toujours) et la lutte des personnes adoptées (ne plus dire ni écrire "les enfants adoptés").
J'ai apprécié également suivre le parcours personnel d'Amandine Gay, sa lutte pour accéder à ses origines, et ses réflexions personnelles sur l'antiracisme et le féminisme.
J'étais persuadée que ce livre était un roman et j'ai mis un temps à rentrer dedans. Une fois la déception passée car je ne m'attendais pas à lire un essai, j'ai été emballée. C'est un livre riche d'éléments sur l'adoption internationale et transraciale où le vécu d'Amandine Gay est mis en perspective de façon globale. C'est passionnant. Il m'a donné envie de lire Moi tituba sorcière de Salem de Maryse Condé et Bad Feminist de Roxane Gay. J'ai aussi hâte de voir les documentaires d'Amandine Gay maintenant.
Comme Amandine Gay dit dans son livre, ceci lui a aidé d'accepter qui elle est et de surmonter ses difficultés tant que adoptée et de femme noire dans un France qui ne collect pas des statistiques sur des ethnique personnes - liberté, égalité et fraternité ! Un livre qui a beaucoup à dire. Informative
Ce livre me prouve que les conversations sur des sujets socio-politiques tels que le racisme commencent enfin à se faire entendre (grâce aux femmes noires et de couleur bien sûr) en France. Ce livre est intéressant et bien construit entre récit biographique (qui apporte beaucoup de nuance) et essai sociologique (qui tente tant bien que mal d'apporter chiffres et analyses).
Un livre qui a été dans ma PAL depuis sa sortie, et vraiment je suis contente d'avoir pu finalement le lire. C'est un livre puissant, excellement documenté selon moi concernant l'expérience d'une personne racisé adoptée. Elle nous montre comment le le colonialisme, impérialisme, genre, racisme et plus encore continue de motiver et d'impacter la vie de personnes adoptées. Une claque.
Je suis très contente d'avoir lu ce livre, car je n'ai pas eu la motivation de finir Why I'm No Longer Talking to White People About Race, malgré un très bon début sur l'histoire du racisme au Royaume-Uni, dont je me suis rendue compte que je ne connaissais rien en comparaison de celle des États-Unis (ce qui est aussi un point de l'auteure, le manque de traitement de l'histoire des Noirs au Royaume-Uni dans l'enseignement, les représentations historiques, etc.).
Ce livre était plus accessible, car je m'accrochais à mon envie d'en savoir plus sur l'expérience personnelle de l'auteure, et je m'attendais à un roman autobiographique. Au final, je dirais que ce livre est composé à 60 % des résultats des recherches de l'auteure et à 40 % de son expérience personnelle.
Ce livre m'a fait me questionner sur le sujet de l'adoption, l'adoption transraciale, et bien sûr le racisme en France. Les références sont riches et ouvrent de nouvelles perspectives de recherche. J'ai aussi appris beaucoup de faits de société en France (ex : l'appel au SAMU ignoré de Naomi Musenga) que j'ai complètement manqués, car je ne vis plus en France depuis 2007. Le sujet de l'adoption transracial m'avait deja emu dans la serie netflix "Colin in Black & White" (auto-biographique) qui est aussi tres bien faite.
J'ai beaucoup aimé l'écriture au féminin ; le livre ne m'a pas paru moins inclusif pour autant. J'ai aussi bien apprécié son approche de la parentalité, du fait que l'on n'a pas qu'une mère/un père, mais plusieurs personnes qui nous influencent tout au long de notre vie.
Mais je dois avouer que l'auteure était trop en colère pour mon goût. Je comprends sa colère et son authenticité, et que ce style d'écriture est sûrement réconfortant pour d'autres personnes adoptées qui ont dû toute leur vie s'adapter, ignorer leur frustration, tristesse, colère... mais pour moi, c'était un peu trop.
Pour l'anecdote, pour moi, n'étant pas adoptée, j'ai trouvé ce livre et l'expérience de l'auteure très informatifs, et je suis curieuse d'entendre plus de voix (peut-être regarder ses documentaires sur le sujet). J'ai été très surprise après avoir parlé de ce livre à deux personnes à deux occasions séparées (hommes, non adoptés) d'observer à quel point ils avaient une opinion forte sur les bienfaits de l'adoption, transraciale ou pas ! Du coup, je me dis que cela n'a sûrement pas dû être facile pour l'auteure, tout au long de sa vie, de se faire entendre, d'où sa colère.
J'ai hâte de lire ses prochains ouvrages et de voir comment son style littéraire évolue au fil des années.
Un livre à lire absolument! Sur l'adoption mais aussi les failles de l'état français negrophobe, le manque de mise en place de certaines structures et la difficulté d'être adopté.e. superbement écrit et appuyé par de nombreuses recherches. J'ai adoré!
C'EST EXCELLENT. OH MY, OH MY. EXCELLENT vous dis-je. // C’est un essai-témoignage dense en informations et riche en émotions qui se lit lentement. Pour une fois, je n’ai pas pris de notes – J’écris directement dans mes livres puisqu’une feuille de papier, même si elle n’est pas vierge, est toujours une invitation à y verser de l’encre. Par paresse, d’abord, parce que je me suis laissé imprégner par le livre, ensuite. Imprégné par tout ce qu’on y apprend concernant la parentalité blanche, le continuum colonial que représente l’adoption internationale et transraciale ou encore le rapport à la fois profondément intime et éminemment collectif de la recherche de ses racines. La violence de certaines informations vous fout les larmes aux yeux. D’autres informations, toujours aussi violentes, ne surprennent pas forcément, mais inspirent néanmoins du dégoût (dégoutée, mais pas surprise, comme on dit). Mais on sent tout au long de sa lecture, et Amandine Gay le précise bien en fin d’ouvrage, tout l’amour de l’autrice derrière sa plume. Son amour pour elle-même, pour son histoire, pour les personnes adoptées, pour celles qui sont restées, pour ceux qui sont partis. Et dire que quand j’étais au Salon du livre de Montréal j’ai hésité à acheter ce livre parce que je n’aimais pas la sensation du papier sur mes doigts. Mais qu’est-ce que je peux être ridicule des fois ! // Tout le livre est écrit au féminin et je ne l’ai remarqué que vers la cinquantième page… J’envisage de faire de même pour mes futurs travaux écrits à l’école.
Ce livre est une porte d'entrée dans plein de sujets (adoption, antiracisme, féminisme intersectionnel), il est très bien écrit, sourcé et très agréable à lire (et il donne envie de voir les documentaires d'Amandine Gay) : un de mes livres préférés parmi mes lectures de 2024