Découvrez un univers de jeu vidéo incroyablement addictif, avec Lila alias RedFox ! Chaque soir en rentrant du collège, Lila a un rendez-vous hyper important. Dans le refuge de sa chambre, elle allume son PC et lance le jeu CraftQuest. En un clin d'oeil, elle devient " RedFox ", son avatar virtuel prêt à mettre en oeuvre les stratégies les plus folles pour faire gagner son équipe face à des hordes d'adversaires. Surtout, elle retrouve des amis qu'elle n'a jamais vus en vrai mais qui la connaissent par coeur : " JupiterSpy ", la force de la nature, " Luuty ", la créature ailée, et " Ghost " le magicien insaisissable. Sans s'en rendre compte, Lila a développé un réel talent à CraftQuest or elle est soudain recrutée pour une compétition officielle... Et si c'était le premier pas vers la plus grande aventure de sa vie ?
Plonger dans CraftQuest – Joueuse d’élite, c’est comme ouvrir une porte vers deux mondes à la fois : celui, un peu maladroit, du quotidien d’une collégienne, et celui, vibrant et exaltant, d’un jeu vidéo où tout devient possible. Dès les premières pages, on ressent la double vie de Lila, ce mélange de fragilité et de force qui se révèle derrière un écran. Lucie Kosmala réussit à capturer avec une grande justesse ce moment où l’on cherche encore qui l’on veut être, tout en se découvrant des talents que personne n’avait remarqués. Le roman a quelque chose de chaleureux, de moderne et d’encourageant, comme un petit souffle qui donne envie de croire un peu plus en soi.
Elle écrit avec une simplicité réfléchie, une manière de dire les choses sans les ravaler mais sans jamais les surdramatiser. On ressent une forme de respect pour ses lecteurs et ses personnages : elle ne prend pas les jeunes pour des enfants, et ne cherche pas non plus à “faire ado” artificiellement. Les dialogues sonnent vrai, les pensées de Lila aussi. Il y a également beaucoup de délicatesse dans la manière dont elle évoque les émotions de Lila : les petits nœuds dans la gorge, les moments où on rougit sans le vouloir, la peur d’être jugée, l’impression de n’être bonne qu’à travers un écran… Tout cela est dépeint avec une subtilité qui touche sans forcer l’identification. Et lorsqu’elle décrit les sessions de jeu, la plume devient presque plus vive : les phrases se resserrent, le rythme s’accélère, comme si nous étions avec Lila devant l’écran, à frissonner au même moment qu’elle.
L’univers de CraftQuest fonctionne sur un double terrain : le monde réel et le monde du jeu vidéo. Chacun a sa propre atmosphère, très bien marquée. On découvre le quotidien d’une collégienne qui n’a rien d’extraordinaire en apparence, mais qui vit un combat intérieur que beaucoup reconnaîtront : celui d’oser exister. L’école est présentée comme un lieu rempli de bruit, d’apparences et d’attentes sociales, où Lila préfère passer inaperçue. La famille, les trajets, la chambre… tout est décrit avec une précision douce, presque tendre, qui rend Lila très proche du lecteur. Rien n’est exagéré : il s’agit du quotidien, mais ce qui est intéressant, c’est ce qu’elle en retient, pas ce qui s’y passe. À l’inverse, CraftQuest est présenté comme un espace en mouvement constant. On y sent une vraie culture du jeu en ligne : l’importance des rôles dans l’équipe, la rapidité des affrontements, les stratégies improvisées, les avatars qui reflètent des personnalités cachées… Lucie Kosmala arrive à trouver le bon équilibre entre détails immersifs et accessibilité. Même quelqu’un qui ne connaît rien aux jeux vidéo comprend l’enjeu et visualise la scène. Cette alternance entre les deux mondes est très bien maîtrisée et rend la lecture dynamique.
Lila mène une existence assez discrète : elle va au collège, elle essaie d’éviter les remarques, et elle rêve parfois d’être quelqu’un d’un peu plus intéressant. Mais chaque soir, tout change. Dès qu’elle allume son ordinateur, elle devient RedFox, une joueuse talentueuse et inventive qui sait prendre des risques et diriger son équipe dans les moments critiques. Ce contraste est au cœur du roman : la différence entre ce que Lila pense d’elle-même et ce qu’elle montre sans le savoir lorsqu’elle joue. Ses amis en ligne la voient comme forte, mais dans la vraie vie, elle se sent minuscule. Progressivement, l’auteure montre comment cette identité virtuelle ne se limite plus au jeu : RedFox commence à influencer Lila. Pas en la transformant en quelqu’un d’autre, mais en révélant quelque chose déjà présent en elle, quelque chose qu’elle n’osait pas encore assumer. Puis arrive l’événement déclencheur : une proposition de participer à une véritable compétition. C’est la première fois que ses talents dépassent son écran et s’imposent dans la vraie vie. Cette proposition chamboule tout : doutes, excitation, peur, besoin de se prouver quelque chose. On suit Lila dans tout ce tourbillon intérieur, et c’est ce qui rend l’histoire captivante. Le roman avance alors entre hésitations et prises de conscience, jusqu’à la naissance d’un courage très personnel.
Lila/RedFox est une héroïne particulièrement attachante parce qu’elle est complexe sans être compliquée. On ressent son manque de confiance, sa lucidité, ses peurs, mais aussi cette légère émergence de force qu’elle ne savait pas posséder. Elle est exactement à cet âge où l’on se cherche encore, où l’on se teste, et où chaque petite victoire peut changer beaucoup de choses. C’est un personnage profondément humain, jamais caricatural. Les membres de son équipe sont l’un des grands plaisirs du roman. JupiterSpy, une présence solide, stable, presque rassurante. Elle a ce côté “ami fiable” qui équilibre les autres. Luuty c’est une bouffée d’air frais, drôle, énergique, imprévisible. Il apporte beaucoup de chaleur et incarne la joie de jouer simplement pour jouer. Ghost est mystérieux, un peu insaisissable, mais incroyablement loyal. Son côté plus discret crée un contraste intéressant avec les deux autres. Le groupe n’est jamais présenté comme une simple équipe : ce sont des amis, même s’ils ne se sont jamais rencontrés en vrai. Le roman montre très bien l’intimité singulière de ces amitiés virtuelles : les nuits passées à jouer, les blagues d’équipe, les confidences spontanées, la solidarité silencieuse qu’on n’attendait pas.
CraftQuest est un roman lumineux et moderne, qui parle d’identité, de courage, de passion, et surtout d’amitié. Lucie Kosmala y déploie une histoire accessible mais profonde, dans laquelle les jeunes lecteurs se reconnaîtront immédiatement, et que les adultes liront avec un petit sourire nostalgique. C’est un premier tome qui pose de très belles bases : un personnage principal émouvant, une immersion crédible dans un univers de gaming, et un message inspirant sur le fait d’oser exister en dehors de ses peurs. Ce roman rappelle que les mondes qu’on se construit, qu’ils soient virtuels ou réels, peuvent parfois devenir des tremplins pour se révéler.