Ils s’appellent Michel, Patricia, Marie-Thérèse et Joseph. Arrachés brutalement à la douceur de l’enfance, les voici loin de chez eux, désemparés. Ils ont froid. Un adulte plein de sérieux leur avait parlé de Notre-Dame de Paris, mais très vite ils se retrouvent en pleine campagne, dans une ferme. Le même adulte avait aussi parlé d’école, cependant il s’agira surtout de soigner les bêtes, entretenir la maison, faire le ménage. Est-ce une nouvelle forme d’esclavage ? Qui a permis cela dans cette glorieuse République française dont on leur a naguère chanté les vertus ? Il n’est pas temps pour eux de chercher des réponses à ces questions. Il faut vivre. Tenir bon. Jusqu’à ce qu’un jour l’opportunité se présente de forger leur destin. Plongée au coeur d’un épisode sinistre et méconnu de l’histoire de France, au cours duquel des milliers d’enfants furent enlevés à leurs familles pour repeupler certaines régions en proie à la dénatalité et à l’exode rural, ce premier roman ambitieux et poétique est surtout une ode à la réinvention de soi et à la liberté. Celle-là même dont Nietzsche disait qu’elle consiste à danser avec ses chaînes. Anaëlle Jonah est journaliste. Danse avec tes chaînes est son premier roman.
Un très joli roman qui raconte des choses qui ne le sont pourtant pas. L’écriture est simple et poétique. J’ai apprécié la construction en 2 temporalités et les petits chapitres avec des poèmes et des articles de presse qui donnait l’impression d’une sorte de mystère à élucider. L’histoire est importante et j’aime ce qu’elle dit des gens malveillants comme bienveillants: les intentions ne suffisant pas toujours.
Je n'avais jamais entendu parlé de l'affaire des enfants de la Creuse, ce qui est quand même grave puisqu'on parle de plus de 2000 enfants réunionnais déportés par la DDASS dans les années 70 pour être travailleurs forcés dans des zones rurales en métropole. Le livre est incroyable, il traite le sujet avec des personnages complexes et une écriture que j'ai beaucoup aimé.
Un scandale dévoilé, les "enfants de la Creuse" , près de 1500 enfants déracinés plein 20ème siècle pour repeupler les campagnes désertées Des destins "enchainés"à des comportements de violence et maltraitance dans les fermes, leur jeunesse et leurs destins à jamais meurtris par tant de souffrances infligées Très dur à lire et supporter, mais c'est révélé et un sentiment nauséeux de honte nous submerge
De 1962 à 1984, plus de 2000 enfants réunionnais ont été arrachés à leur terre et parfois à leur famille pour être envoyés en Métropole. Sous couvert de leur offrir une meilleure vie, le gouvernement français avait dans l'idée de “repeupler” certains départements vidés par l'exode rural. Alors bon, déjà, si on me dit “vie meilleure”, perso, je ne pense pas forcément à la Creuse (sorry les creusois·es) surtout s'il y a La Réunion en face mais admettons… le souci principal, c'est que si quelques enfants furent adoptés et connurent un sort semi-enviable, la plupart furent négligés, maltraités et/ou exploités comme esclaves dans les fermes du cru.
Dans “Danse avec tes chaînes”, Anaëlle Jonah raconte l'histoire - fictive - de Marie-Thérèse et Joseph, deux frères et soeurs placés d'abord en foyer et puis dans une exploitation agricole sous la coupe d'un couple de paysans qui verra en eux une main-d'oeuvre gratuite tombée du ciel et pas grand-chose d'autre.
Un roman dur et touchant sur un pan de l'histoire que certain·es auraient certainement préféré laisser au placard. L'autrice ne sombre pas dans le pathos et a su maintenir mon intérêt jusqu'au bout. Une très belle lecture !
Ce premier roman est une réussite. La plume poétique d' Anaëlle Jonah décrit avec justesse l'histoire d'une fratrie déportée en France (!) dans les années 70 (!), un crime organisé par le gouvernement français avec la complicité de l'église (toujours elle !) qui a touché près de 1600 enfants...
"Quand l'étau de la misère se resserre autour de ton cœur et de tes poignets tu te dois de créer ton semblant de liberté dessine l'objectif écris l'indicible chante ton silence danse avec tes chaînes"
(poème d'après la citation de Nietsche : ...la liberté consiste à danser avec ses chaînes...)
Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonah, présentation 27 juin 1974, ils savent à peine écrire et lire. Ils sont considérés comme du bétail. Ce sont deux garçons et deux filles. Marie-Thérèse et Joseph sont les plus jeunes.
Ils se retrouvent à Guéret, dans un foyer, où il y a déjà de nombreux enfants, comme eux.
Avis Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonah Elle est belle, glorieuse, la France. A plus de 55 ans, j’en apprends encore du passé de mon pays. Ma phrase du début est vraiment ironique. J’ai été scotchée du début à la fin par ce roman, qui m’a appris des faits qui semblent encore méconnus, même si les médias en ont, un peu parlé. C’est le passé, mais cela a duré de nombreuses années. C’est l’histoire des Enfants de la Creuse. Ce sont des enfants, souvent très jeunes, d’autres adolescents, qui ont quitté la Réunion, de force, pour aller peupler l’hexagone, et surtout les régions rurales françaises qui se dépeuplaient. Ce sont les services sociaux et donc l’Etat qui s’est occupé de choisir ces enfants, et ce de 1962 à 1984, soit plus de vingt ans.
Ici, c’est l’histoire de quatre enfants qui vivaient avec leur mère. Après le passage d’une assistante sociale, leur mère a signé des papiers. On a fait miroiter à tout le monde un beau voyage à Paris et revenir chez eux. C’est le moment du départ, ils sont cantonnés quelque temps dans une sorte d’orphelinat avant de prendre un avion pour ensuite rejoindre la Creuse et notamment Guéret et une institution où sont déjà présents de nombreux enfants. Ils n’ont pratiquement rien pour se vêtir, les pleurs sont toujours présents et surtout des questions qui reviennent sans cesse et une peur. Ils n’ont pas la même couleur de peau, ils sont considérés comme orphelins, sans instruction, et aller étudier à l’école leur fera affronter les sévices imposés par les plus jeunes. Ils n’ont le droit de ne rien dire, ni de se défendre. Le but est de se faire adopter. Mais quand on est une famille de quatre enfants, ils seront séparés. Les deux plus jeunes âges seront adoptés par un couple de fermiers. Cela semble tout beau. Mais la réalité se révèle bien différente. Ils n’iront pas à l’école, devront travailler, tenir la maison, préparer les repas. Ils subiront de la colère, les coups. Ils en porteront les stigmates sur le corps et dans l’esprit. Une amitié avec un garçon leur permettra de s’évader. Mais ils devront toujours se cacher. De plus, leurs prénoms seront changés. Le fils de ce couple leur permettra de passer un week-end dans la capitale. Le retour sera encore plus dur. Marie-Thérèse n’a qu’une hâte partir. Mais cela ne sera pas facile.
Le roman est partagé entre les souvenirs de cette période et cette partie de la commémoration pour son poète de frère et ses enfants dont toutes les promesses ont été brisées. Elle est malade et elle sait qu’elle n’en a plus pour longtemps. Ce voyage est une épreuve mais elle est heureuse car accompagnée, surtout de sa fille. Elle relate tout ce qu’elle a vécu, du plus dur au plus beau, soit sa vie professionnelle, sa vie personnelle. Elle a fait preuve de beaucoup de courage, d’endurance. Elle n’a jamais abdiqué même si elle a souvent culpabilisé d’avoir abandonné Joseph.
J’ai tellement été happée par ce roman que je pensais que Joseph Gosse était un poète connu. J’ai donc dû aller vérifier. Mais ce n’est pas le cas et cela ne change rien à tout ça. Poète torturé ou pas, il n’a pas su, comme bon nombre de ces enfants devenus adultes, oublier ce monde de sévices, ce qu’il a pu vivre. Le titre de ce roman porte le titre d’un des poèmes de Joseph. Est-ce que ce roman va pouvoir faire avancer les choses pour Les enfants de la Creuse, car franchement, je ne crois pas qu’il y ait eu une réelle reconnaissance de l’Etat Français. En tous les cas, j’ai été choquée. Il faut des romans de ce type pour que tous puissent comprendre que l’on ne vit pas forcément dans un pays des droits de l’homme. L’actualité actuelle nous le démontre encore.
Un coup de coeur pour ce roman. Un roman lu, en avant première, pour le Prix du Roman Fnac.
Michel, Patricia, Marie-Therese et Joseph sont 4 frères et sœurs vivant sur l’île de la Réunion. Ils se retrouvent alors arrachés à leur famille, à leurs racines, à leur terre et sont envoyés en France. On leur avait promis Paris, la tour Eiffel, Notre Dame… ils se retrouvent en pleine campagne, dans la Creuse, à être traités comme des esclaves.
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Je n’ai pas de mots.
Je n’ai pas de mots pour décrire l’horreur qui est dépeint dans ce roman. L’horreur d’une réalité qu’on nous a cachée. L’horreur du crime commis par mon pays.
C’est quand je lis ce genre d’histoires que j’ai honte. Honte d’appartenir à un peuple qui a fait subir ces atrocités à ses compatriotes d’outre-mer.
Comment cela se fait-il que personne n’en parle? Je n’ai jamais entendu quelqu’un évoquer de ce pan de l’Histoire de France et pourtant cela me semble nécessaire.
Transmettre le passé, c’est assumer les erreurs et les crimes commis. C’est se repentir, en parler, demander pardon encore et encore. Rien n’effacera jamais ces souffrances, mais il est urgent de les reconnaître, de briser le silence.
J’ai le cœur en miettes en pensant à tous ces enfants et ces familles meurtris. Cette lecture devrait être obligatoire pour tous.
La France aussi a eu la bonne idée de déporter certains de ses enfants, comme l'Angleterre avant elle. Des enfants réunionnais, avec l'aval de leur famille, sont emmenés dans la Creuse pour la repeupler. La narratrice raconte ce qu'elle a vécu depuis le sol réunionnais enfant jusqu'à son retour à l'aube de sa vieillesse. Un récit prenant qui raconte tous les déboires de la fratrie dans la ferme dans laquelle ils sont adoptés. Malheureusement, certaines phrases bancales ont eu raison de ma patience et j'ai fini par trouver le récit larmoyant à souhait. Dommage, car le sujet méritait plus.
C'est sublime. Je ne saurais par où commencer entre l'originalité de la narration, la beauté des mots, la profondeur des personnages ou encore la puissance du récit. J'ai été tenu de bout en bout du roman, j'ai souffert, j'ai espéré, j'ai pleuré, j'ai vécu avec Marie Thérèse durant l'intégralité de ma lecture. Une claque comme on en reçoit pas souvent, un premier roman impressionnant de justesse et qui nous prend aux tripes. Peut-être LE roman de cette rentrée sans aucun doutes.
très émouvant, je suis choquée de ne jamais avoir entendu parler de ces histoires et ce livre permet d’en apprendre + à travers des personnages attachants
4 frères et sœurs de La Réunion envoyés en France, avec d’autres, en leur promettant Paris, des études, des carrières, des adultes bienveillants. La fratrie est séparée, les 2 plus jeunes sont envoyés dans une ferme dans la Creuse pour aider leurs parents adoptifs.
Promesses brisées, déceptions, violences, travail forcé, absence d’éducation… Un beau roman sur un épisode inconnu de l’histoire de France où des milliers d’enfants furent deportés pour repeupler des régions en proie à la dénatalité et à l’exode rural.
Le récit est en deux temps : la jeune fille qui a quitté son île pour monter à la métropole et la vieille dame qu’elle est devenue qui retourne pour la première fois sur ses terres natales pour commémorer son jeune frère poète disparu. Les deux voix se mêlent d’un chapitre à l’autre, la femme âgée et malade se rappelant sa jeunesse volée.
L’écriture est poétique, réaliste, sans mélodrame, on envisage les vies qu’ont dû vivre ces enfants enlevés jeunes à leur familles. Un roman qui vient rappeler à nos mémoires des périodes oubliées de l’histoire de la France.