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122 pages, Paperback
First published June 12, 1933
Ce n’était pas seulement une petite chatte que j’apportais. C’étaient la noblesse féline, son désintéressement sans bornes, son savoir-vivre, ses affinités avec l’élite humaine…
Alain l’écoutait sans ennui et sans indulgence. Il la connaissait depuis plusieurs années et la cotait à son prix de jeune fille d’aujourd’hui.
"Qu’elle est belle sur le mur! Juste assez étirée, juste comme je l’aimerais…" (…) Il se reprocha mollement ensuite son inclination à aimer, en Camille, une forme perfectionnée ou immobile de Camille, cette ombre, par exemple, un portrait, ou le vif souvenir qu’elle lui laissait de certaines heures, de certaines robes…
Alain voyait qu’elle cherchait dans l’air, vaguement, la fragrance d’un corps blond, à peine couvert et dont il jugea secrètement qu’elle n’avait pas assez peur.
- Saha n’est pas ta rivale, dit Alain simplement. "Comment serait-elle ta rivale ?", poursuivit-il en lui-même. "Tu ne peux avoir des rivales que dans l’impur…"
Elle s’engraisse à faire l’amour… Elle engraisse de moi.
…elle ne pouvait pas comprendre que l’humeur sensuelle d’un homme est une saison brève, dont le retour incertain n’est jamais un recommencement.
Après toi je serai sans doute à qui voudra… À une femme, à des femmes… Mais jamais à un autre chat.
Si j’avais tué, ou voulu tuer une femme par jalousie, tu me pardonnerais probablement.

