À la fin du XIXe siècle, Bilal Seck achève un pèlerinage à La Mecque et s'apprête à rentrer à Saint-Louis du Sénégal. Une épidémie de choléra décime alors la région, mais Bilal en réchappe, sous le regard incrédule d'un médecin français qui cherche à percer les secrets de son immunité. En pure perte. Déjà, Bilal est ailleurs, porté par une autre histoire, celle qu'il ne cesse de psalmodier, un mythe immense, demeuré intact en lui, transmis par la grande chaîne de la parole qui le relie à ses ancêtres. Une odyssée qui fut celle du peuple égyptien, alors sous le joug des Ptolémées, conduite par Ounifer, grand prêtre d'Osiris qui caressait le rêve de rendre leur liberté aux siens, les menant vers l'ouest à travers les déserts, jusqu'à une terre promise, un bel horizon, là où s'adosse le ciel... Ce chemin, Bilal l'emprunte à son tour, vers son pays natal, en passant par Djenné, la cité rouge, où vint buter un temps le voyage d'Ounifer et de son peuple.
De l'Égypte ancienne au Sénégal, David Diop signe un roman magistral sur un homme parti à la reconquête de ses origines et des sources immémoriales de sa parole.
David Diop a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de conférences à l’université de Pau. -------------- David Diop grew up in Senegal. He is currently a lecturer at the University of Pau.
Double histoire, celle de Bilal à la fin du XIXe siècle mais aussi celle de sacrilèges et leurs gardiens soixante douze générations plus tôt. Il s’agit d’une part de Bilal qui trace sa propre histoire mais aussi d’autre part de la transmission d’une mémoire orale. Passé et présent sont intimement lié tout au long de ce double roman de voyage. Si au début j’ai eu du mal à comprendre l’histoire, tout est très vite devenu plus clair. La mise en lumière de la colonisation française en Afrique du Nord et de ses conséquences / son fonctionnement, est très édifiante.
Je ne saurais trop dire pourquoi, mais j’ai simplement adoré ce livre. Je me suis fait raconter une grande fresque, une grande histoire et je me suis laissée emportée.
Incroyable et magnifique Bilal Seck. Une remarque, je me suis demandé si les répétitions en début de chapitre étaient ennuyeuses ou géniales. D'un côté, répéter ce qui s'est passé 10 pages auparavant c'est un peu trop prendre les lecteurices par la main et nous prendre pour des débiles qui ne peuvent pas suivre 2 narrations en même temps (ce n'est pas sorcier) ; de l'autre ça permet aussi de mettre en abîme le récit du voyage de Bilal, comme si sa propre histoire était également un récit qu'on se racontait. Comme si son histoire était narrée à voix haute et qu'à chaque fois qu'on reprenait le fil de cette histoire, on devait revenir un peu en arrière pour mieux repartir.
[livre audio] : Une intrigue un peu nébuleuse, surtout pour la partie Ancienne Egypte. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages de cette période. La partie plus contemporaine était intéressante et la conclusion plutôt belle, mais je n'ai pas été touchée plus que cela. Dommage.
Au temps des pharaons un grand prêtre et ses fidèles sont bannis et partent vers l'ouest, surveillés par des soldats, jusqu'où iront-ils ? Fin du 19eme siècle Bilal, griot sénégalais est abandonné par son maître en pleine épidémie de choléra sur la route de La Mecque. Il décide alors de faire le même chemin que ces bannis dont il est l'héritier et le gardien de la mémoire. C'est un roman brillant, exigeant, poétique, d'aventure, de vengeance, d'amour, porté par une écriture fine scandée sur le rythme des histoires que l'on se raconte de génération en génération.
Un voyage initiatique puissant mais sans doute difficile d'accès, entre Égypte et Sénégal, où histoire et légende se répondent pour éclairer la quête des origines de Bilal Seck. L’alternance des époques crée une épopée dense, portée par une écriture hypnotique et magistrale en totale immersion. Un récit vibrant sur la mémoire, les ancêtres et la transmission, qui continue de résonner longtemps après coup.
En beaucoup plus de mots :
Où s’adosse le ciel est, par essence, un roman de voyage initiatique : un chemin entre histoire et légende, entre quête des origines et quête de soi. Ce livre m’a rappelé L’Alchimiste de Paulo Coelho, dans cette manière d’utiliser la route pour transformer un homme, pour lui permettre de devenir pleinement lui-même.
David Diop nous transporte sur deux époques : celle des pharaons et celle de la fin du XIXᵉ siècle, entre l’Égypte et le Sénégal. Bilal Seck part pour La Mecque avec son ami, mais à l’entrée d’une ville ravagée par le choléra, il est lâchement abandonné. Seul, il n’a plus que les mythes de ses ancêtres ayant fui l’Égypte pour tenter de retrouver le chemin du retour. Les deux récits alternent, et l’on se retrouve embarqué dans une épopée dense, pleine de rebondissements, de dangers et de révélations.
L’écriture est magistrale : rythmée, presque scandée, hypnotique, avec quelque chose d’incantatoire. Une qualité littéraire rare qui, une fois que l’on dépasse les premiers chapitres exigeants, nous enveloppe totalement. Ce roman demande un lecteur averti, mais il offre une immersion remarquable. Certaines scènes, visuelles, poétiques ou brutales, restent longtemps en mémoire telles des visions gravées dans la pierre.
J’ai découvert ce texte dans sa version audio, et je ne regrette absolument pas ce choix. La voix d’Olivier Dote-Doevi est chaude, posée, et porte l’histoire avec une justesse précieuse. Pour une fois, je n’ai pas eu besoin d’accélérer la vitesse de lecture : son rythme était parfait. J’ai voyagé avec lui dans les dunes de sable, sur le Nil, au cœur des déserts de pierre. Une expérience totalement immersive.
C’est un roman sur la mémoire, les origines, les ancêtres ; sur ce que l’on se transmet de génération en génération ; sur les présences lumineuses comme les présences mal intentionnées qui traversent nos vies ; sur les amours qui marquent une existence.
"Je suis le voyant, l'élu des élus. Je suis le rapporteur omniscient. le lien vivant entre le passé et le présent le scribe d'antan et d'aujourd'hui. le premier passeur du chant des origines a dit, et je le répète tel que je l'ai entendu et appris."
Une fois la dernière page tournée, ce livre continue de vibrer. Il résonne comme un chant ancien : celui des ancêtres qui instruisent, guident, murmurent. Un souffle profond, hypnotique, qui laisse en nous une paix étrange, comme si le monde, un instant, avait cessé de courir.
Excellent et très érudit, David Diop nous livre dans son roman "Où s'adosse le ciel" une fiction chorale où l'on suit deux temporalités distinctes.
Dans une époque contemporaine qui commence fin du 19ème siècle, on suit Bilal qui revient de la Mecque vers son Sénégal natal, après avoir fait son pèlerinage à la Mecque. Un mystère autour de son sang "impur" se révèle très vite, ainsi que sur l'origine de celui-ci qui se transmet de génération en génération, Bilal étant la 72ème à transmettre l'histoire se déroulant dans la seconde temporalité.
Dans la seconde temporalité qui se passe au temps de l'Egypte antique sous le règne des Ptolémées (donc si je comprends bien, on est ici plutôt au 1er ou 2ème siècle avant JC), l'on suit les jeux de pouvoirs d'un prêtre et d'un général qui vont tenter d'amener leur peuple vers la terre sacrée d'Osiris qui se trouve loin à l'Ouest (ce qui fait écho au chemin retour de Bilal).
Chacun de ces points de vue est particulièrement documenté et pointu sur la terminologie ou le contexte général de chaque époque, sans être inaccessible, l'auteur rappelant régulièrement à quoi ils font référence.
A chaque fois que Bilal avance dans son chemin retour, l'on suit en parallèle les péripéties de ses ancêtres qui ont suivi le même chemin, au début sans comprendre totalement le lien, jusqu'à ce que les histoires s'entremêlent et nous livrent le secret du sang impur de Bilal Seck.
Brillant et très intéressant, bravo Monsieur Diop.
Merci à Netgalley et aux éditions Julliard pour la mise à disposition d'une version numérique 🙏
"Je suis le voyant, l'élu des élus. je suis le rapporteur omniscient, le lien vivant entre le passé et le présent, le scribe d'antan et d'aujourd'hui. le premier passeur du chant des origines. le premier passeur du chant a dit et je le répète après lui... " Bilal Seck est le soixante troisième passeur . Nous sommes en 1893, de retour de la Mecque, en pleine épidémie de choléra , Bilal Seck est abandonné par l' "ami" avec lequel il était venu du Sénégal . Il réchappe à la maladie et maintenant que le voilà seul , sans un sou , un projet s'impose ; refaire la route des origines , partir de l'Egypte sur les traces d'Ounifer et des Sacrilèges et regagner le Sénégal. le trajet sera long, difficile, dangereux mais il ressortira grandi et enrichi de ce périple. David Diop est un conteur né. Sous nos yeux la route se déploie, le voyage de Bilal ouvre notre regard à celui des anciens, les mots se font paroles et le lecteur devient captif de ce voyage pas comme les autres. Quel beau roman! Tout est là: l'écriture bien sur , des personnages de chair et d'os ,et un vibrant hommage à ces "passeurs". Merci à David Diop pour cette splendide "voix silencieuse" qu'est son écriture.
Comme pour d'autres livres de cet auteur, j'ai adoré la délicatesse avec laquelle ce roman a été écrit. C'est un roman très intéressant et stimulant.
Si j'ai eu du mal à comprendre l'histoire au début, d'autant plus qu'il s'agit d'une double histoire bien ficelée, tout est rapidement devenu plus clair. L'éclairage sur la colonisation française en Afrique du Nord et ses conséquences a été très éclairant.
L'histoire principale raconte comment un grand prêtre et ses disciples ont été bannis et se sont dirigés vers l'ouest, surveillés par des soldats. Jusqu'où iraient-ils ? Puis, à la fin du XIXe siècle, Bilal, un griot sénégalais, a été abandonné par son maître en pleine épidémie de choléra sur la route de La Mecque. Il a alors décidé de suivre le même chemin que ces bannis, devenant leur gardien de la mémoire.
C'est un roman brillant, empreint de poésie, plein d'aventure, de vengeance et d'amour.
Merci à Netgalley, l'éditeur et l'auteur pour cet exemplaire lu avec impatience. Toutes les opinions exprimées sont les miennes.
Sixième roman de David Diop, Où s’adosse le ciel est à la fois le récit d’un voyage et un roman historique, porté avec une langue poétique et délicate faisant l’éloge de valeurs humanistes et d’engagement. Cette narration captivante entremêle la fin du XIXe siècle et l’Égypte antique. « Là où s’adosse le ciel » fusionne habilement tradition orale, carnet de voyage et fresque historique dans un récit envoûtant. David Diop y dénonce les pratiquants de l’islam qui ne respectent pas les préceptes et se conduisent sans satisfaire aux valeurs. Bref, une belle découverte littéraire ! #RL2025 Chronique entière et illustrée ici https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Encore une pépite signée David Diop, qui nous emporte dans un voyage entre l’Egypte pharaonique et le Senegal tombé sous protectorat français. Entre mythe et histoire, l’oralité et l’ecrit, les hommes font leur chemin, entre curiosité et bigotrie, entre puissance et lâcheté, entre grâce et laideur. Superbe