Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C'est à peu près tout. Les enfants d'Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n'en parlent pas à leurs enfants qui n'en parlent pas à leurs petits-enfants. "C'était un nom qu'on ne prononçait pas. Maman, c'était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c'était un non-sujet."
Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres : l'enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l'essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l'hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d'une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.
Prix littéraire du Nouvel Obs Prix Essai France Télévisions 2025
Unpopular opinion. L’histoire est prenante, et le récit familial est intéressant. Mais.
Spoiler alert : Je suis critique, et pour être sincère je ne souhaite pas que l’autrice lise la suite parce que ce n’est pas elle ni son livre, le problème, il me semble qu’elle est davantage le symptôme de quelque chose que le problème lui-même et je ne souhaite pas la blesser.
Donc.
1) c’est un livre bourgeois qui termine sur ce qui aurait du être le début. La révélation finale (qu’on devine dès la page 30), si elle avait été posé d’emblée, aurait pu permettre de déployer la dimension sociologique de l’ouvrage, en interrogeant le fait que l’accès à ce récit familial, aux archives etc relève d’un privilège de classe, tant pour l’enquêtrice dont la recherche est littéralement financée que pour les conditions de préservation de la mémoire familiale, du récit et de la capacité matérielle à le questionner. Donc à mon sens, c’est nombriliste (c’est pas grave, on parle de soi) et surtout c’est aveugle sur ses propres angles morts (et ça me pose problème). L’effacement des autres conditions sociales - à peine évoquées dans une description de l’asile - est frappant.
2)Par ailleurs, si on note des éléments d’anti-psychiatrie (l’idée que les médicaments ont remplacé la chirurgie), je les trouve assez mal digérés : ce qui est « choquant » dans le roman, au final, c’est que cette femme ait subi tout ça alors qu’elle n’était pas malade. Mais en fait, si elle avait été vraiment schizophrène, est-ce que ça aurait rendu son destin moins choquant ? (Ma réponse est non, un vrai schizophrène ne mérite pas ça non plus… et malheureusement la réalité c’est qu’aujourd’hui encore des méthodes barbares sont utilisées à leur encontre, ce qui n’est jamais évoqué)
D’après moi, deux angles morts du livre qui ne sont pas du tout adressés…
3) Et troisième point, le style est bof. (Je pèse mes mots, c’est mal écrit)
En soi, tout ça n’est pas grave, tout ça ne serait pas grave, si le roman ne bénéficiait pas d’une telle hype, d’une telle promo, d’une telle fame, et de moyens financiers et institutionnels… il y a un décalage trop important entre la réception et la qualité réelle du livre, qu’on l’envisage du point de vue littéraire / stylistique ou du point de vue sociologique .
Faut savoir que je l’ai commencé à 14h30 et que je viens de le finir (il est 21h) : une fois lancée je pouvais plus m’arrêter
J’avais un peu peur de la forme et de me perdre dans la généalogie familiale mais en fait c’est juste éblouissant
Déjà simplement sur la forme : t’as pas du tout le sentiment de lire c’est extrêmement fluide, j’ai pas vu le temps passe (a un moment ma coloc est venue elle m’a dit : attends ça fait 2h30 que tu lis la ? Et j’étais en mode wtf 2h30 sont passées)
Ensuite que dire ? C’est une enquête familiale qui est terriblement commune et c’est ce qui la rend je crois si touchante, si captivante aussi : elle résume à elle seule la façon dont la misogynie impacte tous les aspects de notre vie
C’est très dur à résumer pcq ça touche à une multitude de thématiques bouleversantes (folie, colère féminine, patriarcat, silence et transmission de traumatismes au sein d’une famille, déshumanisation, misogynie de la médecine, violences médicales et violences familiales, etc etc)
le torrent de larmes est interminable et je suis inconsolable, c’est puissant, révélateur et terriblement touchant, comme ce vécu des années 50 frappe le cœur, fait saigner et pleurer, ça fout la rage, mais me dire que certaines personnes regrettent cette ancienne époque me fout la nausée c’est l’histoire de Betsy mais aussi l’histoire de toutes les femmes de l’Histoire franchement ceux qui n’aiment pas ce livre sont soit eux-mêmes des créateurs de ce genre de problématiques soit des gens sans cœur… sorry… mais ici objectivement ce livre est à lire et sans nul doute dans mon palmarès des livres à garder au creux du cœur et à offrir à tous, à toutes
4,5 Un essai très bien fait, hyper intéressant et rageant à la fois. Une réflexion sur la santé mentale, surtout celle des femmes, et sur ce qu'on leur a fait subir si elles n'entraient pas tout à fait dans le moule. L'autrice part à la recherche de son arrière grand-mère, celle qui a été internée, ce qui permet d'explorer de nombreux thèmes, dont les secrets de famille et les traumas intergénérationnels.
Je commence l'année fort avec deux lectures centrées sur la quête de soi à travers les ancêtres. (Mon sujet préféré et qui me hante depuis toujours)
Ce livre en particulier explore les silences qui pèsent sur plusieurs générations, les femmes et la folie (la peur d'être/de devenir folle), le rapport à la colère en tant que femme, et comment se construire en tant que jeune personne quand les souffrances de la lignée maternelle résonnent trop fort. C'est une (en)quête, c'est poétique, c'est beau, ça donne envie de tout brûler. J'aimerai pouvoir en parler mieux mais la seule chose que je peux dire c'est que j'ai commencé le livre hier matin et que je viens de le finir et que l'histoire de Betsy restera en moi pendant longtemps.
Merci Netgalley France !
PS: It gives me "what a shame she went mad" (the real ones will know) and I'm HERE for it
DNF - Unpopular Opinion Je me suis perdue dans le récit à cause de la forme et du fait que les nombreux personnages n'aient aucun nom (alors que je suis habituée aux grosses sagas de Fantasy à 172 persos alors...) J'ai trouvé la narration laborieuse et les personnages détestables. Et j'avais l'impression de tout savoir déjà à cause du matraquage médiatique. La société française découvre en 2025 la lobotomisation des femmes "hystériques" au siècle dernier. Très bien. Tant mieux. Mais en vrai, rien de neuf sous le soleil quoi... Bref, la hype autour de ce livre est incompréhensible à mes yeux.
Impossible de le finir, il m'est tombé des mains. Je me suis forcée car j'en avais entendu que du bien : l'histoire de la psychiatrisation des femmes à travers le portrait d'une grand-mère jamais connue, effacée de l'histoire familiale etc. Au bout d'un tiers pourtant, toujours aucun décentrage ni aucune réflexion sociologique. C'est le récit assez autocentré d'une famille bourgeoise dont la classe n'est jamais questionnée. Très peu d'efforts sont faits pour que l'on comprenne qui est qui dans cet arbre généalogique complexe, le style est assez ampoulé et ne raconte finalement pas grand chose. Je suis déçue d'être déçue mais je suis vraiment déçue
lu d'un coup hier soir, impossible de refermer le livre une fois ouvert. dire que je savais et que j'avais compris serait un peu préoccupant et présomptueux, mais il y a des histoires qui se ressemblent et des familles qui se taisent, toujours.
Je l'ai commencé à 16h, fini à 21h : les critiques qui vous disent que c'est une lecture prenante n'ont pas menti.
J'ai pourtant eu peur au début, en me confrontant à la plume, que j'ai trouvée pompeuse et pleine de circonvolutions qui m'ont fait penser que je n'allais pas accrocher. Comme pour beaucoup de choses, on s'y fait, et on se laisse happer par le fond plutôt que par la forme (même si à quelques reprises il a quand même fallu que je me batte un peu). Au final, je trouve qu'elle est le témoin assez révélateur de la classe sociale (famille très catholique bourgeoise) et de l'environnement (ENS) de l'autrice, qu'on devine avant même que ça ne nous soit décrit.
Le sujet en lui-même est prenant et poignant, et pas si surprenant. Mais là, je suis sans doute biaisée car je m'intéresse au sujet depuis mon adolescence : j'aime à dire que c'est un livre de fiction le traitant qui a radicalisé mon féminisme, et à force on finit par reconnaître les mécanismes d'une époque et d'une méthode de pensée. J'aurais aimé parfois une prise de recul un peu plus large sur la condition des troubles mentaux et des institutions psychiatriques en France, avec un regard plus critique sur la classe sociale, mais il faut croire que ce n'était pas l'ambition de l'autrice ici.
Dans tous les cas, c'est révoltant, ça critique à sa manière le patriarcat et la fonction de patriarche, ça parle de traumas générationnels, et l'autrice ne remet jamais en cause la parole des gens qu'elle interroge, sans doute pour nous permettre de mieux identifier les mécanismes à l'oeuvre dans ce genre d'environnement familial (même si c'est frustrant au possible), tout en nourrissant ses recherches de matériaux factuels (photos, rapports, correspondance...). C'était plutôt bien mené, et on sent toute la douleur du projet.
O livro de Adèle Yon foi recebido em França com entusiasmo: premiado, celebrado, apresentado como obra de investigação íntima e de restituição histórica. A promessa era forte — dar voz a uma antepassada silenciada pela psiquiatria francesa do século XX. Baseado em arquivos familiares e defendido como tese de doutoramento, Mon vrai nom est Élisabeth chega ao leitor como documento e como literatura.
A forma é, em teoria, estimulante: entrevistas, cartas, notas de investigação, genealogia. Yon procura criar uma narrativa polifónica, cruzando o real com a memória. Mas a execução é desigual. O livro repete-se, insiste até à exaustão no nome de Betsy, martela sempre a mesma posição: a vítima inocente esmagada pela família, pelo patriarcado, pela medicina. A leitura torna-se pesada não pela dificuldade, mas pela redundância.
O discurso central é claro: Betsy, internada e submetida a tratamentos violentos, é transformada em símbolo universal da condição feminina. É aqui que reside a fragilidade. A narrativa apresenta-se como denúncia, mas generaliza em excesso: todos os homens como opressores, todas as mulheres como vítimas. O passado surge achatado, sem nuance, como palco para um manifesto contemporâneo.
4,5/5 Un livre passionnant, qui pose beaucoup de questions. Je comprends l’engouement qu’il a suscité car finalement, toutes les familles ont leurs secrets, leur « Betsy ».
Il y a un énorme problème de rythme dans ce roman/fiction qui m’a rendu la lecture vraiment pénible. Même si le travail de recherche d’Adele Yon est à saluer, son roman reste très glacial dans sa narration et parfois se veut plus éloquent sur des passages sans intérêts. Le fait de jouer avec les temporalités aurait pu être un atout dans ce livre, mais malheureusement même cet exercice de style manque cruellement de fluidité.
Ce n’est pas un mauvais roman, loin de là mais je regrette malgré tout le traitement médiatique qu’il y a autour de celui-ci alors qu’il reste malgré tout très indigeste et académique.
Une claque, une déflagration, une nécessité. Roman-enquête sur une femme, celle qui est tue lors des assemblées familiales, qui n'est pas nommée dans les albums photos. Cette femme on en a toutes et tous une dans nos mémoires, qui intrigue mais effraie, protégée par les silences complices l'empêchant de donner sa voix au chapitre. Adèle Yon raconte Betsy, son ancêtre trouble, mais révèle une histoire globale, celle des femmes silenciées. Ouvrir ce texte c'est éclairer la folie des Hommes, et donner les clés de l'apaisement.
C'est haletant, mais malgré tout ce qu'en dit son autrice - parce que c'est parfois trop bavard, dans des passages que j'aurai préféré écourtés - ça manque de réflexivité sociologique sur certains points.
L'écriture est prenante parce que c'est celle d'une enquête mais pas sûre d'avoir été excessivement convaincue.
J'avais abandonné cette lecture à la moitié du livre, il y a quelques mois, parce que je trouvais vraiment certaines analyses prolixes. J'ai repris, notamment parce que la psychiatrie (et + spécifiquement la lobotomie) m'obsède. Mais quelque chose m'a manqué. Je ne sais pas s'il y aurait dû avoir plus d'insistance sur le poids de cette socialisation bourgeoise-catho-réac emprisonnante et dangereuse. Ou si c'est l'essence bourgeoise de ce récit qui empêche sa propre autrice de se défaire de ses a priori et de plonger jusqu'au bout des racines de ce mal transgénérationnel. Puis, oh la la, le discours sur la puissance de la féminité/l'expérience féminine, à la toute fin : très peu pour moi.
In fine, c'est intéressant à lire, même passionnant par moments, mais il faut faire redescendre la côte de ce livre qui reste, malgré tout, une énième autofiction bourge un peu réflexive.
J'ai perdu ma grand-mère il y a quelque temps et avec son décès j'ai appris un secret de famille.
En choisissant ce livre je crois que je cherchais un miroir à ma propre expérience; c'est une histoire très différente que j'ai découverte. Mais comment aurait-il pu en être autrement finalement, puisque c'est un type de famille très distinct de la mienne ? (et par là j'entends : une famille très chrétienne et très bourgeoise) Et tant mieux.
Cependant, dans les noms que l'on ne prononce pas, dans les visages photographiés que l'on ne reconnaît pas, dans les pièces et les objets d'une maison qui prennent un autre sens, là, je me suis reconnue.
C'est un récit qui se lit facilement (malgré quelques lourdeurs stylistiques qui n'atteignent pas leur but, et aussi les nombreuses fois où je me suis perdue dans l'arbre généalogique), documenté, dans lequel l'autrice donne l'impression d'avoir mis toutes ses tripes. C'est une histoire de famille individuelle qui se transforme en histoire commune. L'histoire d'une femme qui est en fait celle de beaucoup de femmes. J'y ai appris des choses qui m'ont scandalisée et j'ai ressenti moi aussi cette colère toute justifiée de l'autrice. Toutefois, le discours féministe que je trouve très bourgeois et très parisien est sans doute la seule chose qui m'a laissée de marbre dans cet essai. Je l'ai trop lu, trop entendu, et il ne me parle pas particulièrement, alors j'en suis lassée.
Bref, un livre dont j'ai envie de discuter, alors si mes potes qui lisent ce commentaire veulent bien le tenter ce serait top !
(Entre Jane Eyre et Rebecca, puisqu'il y a une chambre jaune dans son récit, une référence à "The Yellow Wallpaper" ("La Séquestrée") aurait été parfaite, une lecture que je conseille aussi !)
Pardon mais pas glorieux comme livre. Je l’ai trouvé trop compliqué à lire en fait. Déjà qu’il parle de maladie mentale, de secret de famille tout ça mais EN PLUS l’auteure ne met pas de nom sur les persos (ils ont tous des surnom comme La fille cadette ou Le fils aîné, La nièce…) c’est insupportable et j’ai pas arrêté de me perdre dans le récit. Si bien que je fais même pas la distinction entre tous mdr En vrai la fin (les 200 dernières pages sur 300 et quelques opus) je l’ai lu vachement en travers. C’était troooop long et le récit et trop décousu : on passe d’un témoignage a un autre, à des lettres pour ensuite revenir à l’auteure qui parle à quelqu’un. J’ai même l’impression que la chronologie est pas linéaire, ça vient par vague.
C’est dommage pcq l’histoire avait l’air super, surtout que c’est inspiré de l’histoire de l’arrière grand-mère de l’auteure en fait. Il aurait fallu un peu plus de forme au livre, plutôt que de passer par toutes ces chronologies. Le sujet reste intéressant, notamment la partie sur la lobotomie et les pratiques médicales de l’époque (horrible) mais aussi le fait qu’on enfermait les femmes pcq elles avaient des idées différentes et qu’elles ne voulaient pas se soumettre à leur mari.
Lecture absolument exceptionnelle et bouleversante.
Adèle Yon raconte l’histoire de son arrière grand-mère diagnostiquée schizophrène, devenue malgré elle un secret de famille, une paria, une folle dangereuse puisque sa descendance pourrait partager les mêmes gènes qu’elle. Et l’autrice a d’ailleurs expliqué qu’elle a commencé cette enquête sur son arrière grand-mère parce qu’elle avait peur, elle aussi, de devenir folle.
Attention les filles c’est un livre très dur, très violent. L’histoire de cette femme, Betsy, c’est celle d’un traumatisme familial tellement fort qu’elle a développé une colère démesurée, qui l’a éloignée de tout, son mari, ses enfants, ses parents…
Et c’est aussi le récit d’une société française d’après guerre qui traitait les femmes comme des objets, des accessoires qui sont bons à jeter s’ils ne correspondent pas aux standards de « l’épouse-mère modèle » Rien de bien étonnant mais toujours important de s’en rappeler.
Bref Betsy est devenue folle à force de souffrir, d’être incomprise, de subir une violence inouïe racontée dans tout le bouquin avec des témoignages de la famille, des documents officiels, des visites chez d’autres témoins…
C’est très bien fait, notamment toute une partie sur la pratique de la lobotomie aux États-Unis et en France qui est absolument passionnante et révoltante.
L’histoire de Betsy est marquante, elle laisse des traces, en tout cas je pense que je ne l’oublierai pas de sitot
Je vous conseille à 1000% cette lecture si le cœur vous en dit
magistrale enquête autour d’un secret de famille, à lire d’une traite entre récit familial, archives médicales et souvenirs fragmentaires.
on aurait pu creuser la dimension sociologique et les dynamiques familiales autres que celles abordées mais ce livre reste une œuvre à mettre dans toutes les mains !
Le point de départ de ce livre, c’est une interrogation de l’autrice, somme toute bien légitime : y a-t-il un risque, même infime, qu’elle ait hérité des gènes défaillants de son arrière-grand-mère, internée pour schizophrénie ? Alors qu’elle interroge les membres de sa famille sur cette aïeule encombrante, elle se heurte rapidement à des silences, des non-dits, des « on ne parle pas de ces choses-là ».
Mais cela ne décourage pas Adèle Yon. Bien au contraire. Elle entame une véritable enquête familiale qui la mènera, pièce après pièce, à exhumer une réalité bien plus troublante que le simple diagnostic de maladie mentale. Ce qu’elle découvre, c’est l’histoire d’une jeune femme enfermée parce qu’elle ne rentrait pas dans les cases, une femme peu docile, trop vive pour son temps et son mari.
Le récit alterne entre témoignages , correspondances, extraits historiques sur la psychiatrie et références littéraires (attention, le livre spoile Jane Eyre et Rebecca). Il explore non seulement le sort réservé aux femmes qui dérangent, mais aussi les traumas transgénérationnels que laissent les secrets familiaux.
Si vous avez aimé Le Bal des folles et que vous êtes sensible au thème de l’aliénation des femmes, ce livre vous plaira certainement ! J’ai eu un peu de mal avec la structure parfois cryptique et avec l’énorme spoil de Rebecca - qui était dans ma wishlist - mais je le rajoute sans peine dans ma liste des incontournables sur le sujet!
Ce livre est un chef d’œuvre très particulier, il faut être dans le mood car c’est très documentarisé. Mais c’est passionnant sur la schizophrénie et l’histoire familiale.
Pour être tout à fait honnête je me suis forcée à aller jusqu'au bout de ce récit. J'ai trouvé le style pompeux et la lecture entravée par la multitude des personnages qui n'étaient pas clairement nommés. Ayant déjà lu en ce début d'année 2 livres sur les femmes enfermées contre leur gré (10 jours dans un asile de Nelly Bly et Boucher de Joyce Carole Oates) j'ai sans doute été moins touchée par cette quête.
« Tout le noir qui est en moi, je l'ai mis dans la terre. Il n'y a que la création qui peut nous faire survivre. Je vis dans la survie, et après tout beaucoup d'artistes le disent : ce n'est pas la pire des façons de vivre. Ce n'est pas la pire. C'est l'aventure. »
Moi quand j’ai fait une immense dépression en m’installant à Paris pour mes études à l’âge de 17 ans, puis que j’ai découvert quelques années plus tard que ma grand-mère avait voulu déménager à Paris à l’exact même âge. Elle voulait faire de la musique là-bas après avoir gagné le premier prix de piano du Conservatoire de Toulon mais elle n’a jamais pu car mon arrière-grand-père lui a interdit. Elle a dû rester dans le Var au motif que c’était inconvenant pour une femme de vivre célibataire en ville loin de sa famille (ou devrais-je dire loin du contrôle des hommes de sa famille