Jean-Claude Michéa (né en 1950) est un professeur de philosophie (aujourd'hui à la retraite) et un philosophe français, auteur de plusieurs essais consacrés notamment à la pensée et à l'œuvre de George Orwell.
Fils d'Abel Michéa, résistant communiste pendant la Seconde Guerre mondiale, il passe l'agrégation de philosophie en 1972 à l'âge de vingt-deux ans. Engagé au Parti communiste français, il s'en écarte en 1976.
Professeur de philosophie au lycée Joffre à Montpellier depuis la fin des années 1970 (il a pris sa retraite à la fin de l'année scolaire 2009-2010), Jean-Claude Michéa est connu pour ses prises de positions très engagées contre les courants dominants de la gauche qui, selon lui, ont perdu tout esprit de lutte anticapitaliste pour laisser place à la « religion du progrès ».
Prônant des valeurs morales proches du socialisme de George Orwell, Jean-Claude Michéa fustige l'intelligentsia de gauche qui s'est selon lui éloignée du monde prolétarien et populaire. Il défend des valeurs morales collectives dans une société de plus en plus individualiste et libérale, faisant exclusivement appel au droit et à l'économie pour se justifier. Il « considère que les idéaux bourgeois libéraux ont triomphé du socialisme en le phagocytant » et « déplore que le socialisme ait accepté les thèses du libéralisme politique ».
Participant depuis de nombreuses années à l'entraînement d'adolescents, il a publié un livre sur le football, tout à la fois éloge de ce sport populaire par excellence, et critique de l'industrie footballistique. Selon lui, le football est mis à mal par les doctrines comme le merchandising et le supporter qui en sont les conséquences les plus néfastes.
Puis, dans L'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes, Michéa développe la théorie selon laquelle l'enseignement serait passé d'un enseignement tourné vers la culture générale et l'émancipation intellectuelle du citoyen à une formation préparant l'individu à la compétition économique du xxie siècle.
Dans Impasse Adam Smith, Michéa considère que la gauche est une alliance entre le socialisme et le progressisme formée lors de l'Affaire Dreyfus, qui ne peut se faire qu'au détriment du socialisme, la gauche ne faisant ainsi que livrer un peu plus le monde à l'emprise économique du libéralisme économique. Pour Michéa, le libéralisme est structurellement une idéologie progressiste, opposée aux positions conservatrices ou réactionnaires comme l'avait souligné Marx. De la droite à l'extrême gauche, une idéologie libérale est selon lui à l'œuvre. L'essai qu'il a publié en 2007, L'Empire du moindre mal, est consacré à cette question. Son livre a fait l'objet d'un accueil critique plutôt positif chez les partisans de la décroissance ou la Revue du MAUSS5. Sa position est proche de celle du philosophe Dany-Robert Dufour dans son ouvrage Le Divin marché.
Dans les Mystères de la gauche (2013), il poursuit cette critique de la gauche, qui selon lui, « ne signifie plus que la seule aptitude à devancer fièrement tous les mouvements qui travaillent la société capitaliste moderne, qu'ils soient ou non conformes à l'intérêt du peuple, ou même au simple bon sens ». La gauche étant devenue identique à la droite, cherche à dissimuler cette proximité en mettant en avant les questions «sociétales».
Jean-Claude Michéa est également l'un des principaux introducteurs en France de l'œuvre de l'historien américain Christopher Lasch, dont il a préfacé plusieurs ouvrages dans leur traduction française.