Partis de Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, une centaine d'étudiants du 93 ont enquêté sur trois quartiers bourgeois du VIII e arrondissement de la capitale. Pour s'initier à la démarche sociologique, ils ont dû se familiariser avec un monde nouveau et étrange, avec ses " indigènes " aux coutumes insolites. Ce livre étonnant raconte de manière crue et joyeuse, implacable et drôle, les batailles de tous ordres menées pour mieux connaître le monde de " ceux d'en haut ".
Une demi-heure de métro sépare les quartiers parmi les plus pauvres de France de ses zones les plus riches. Partis de Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, une centaine d'étudiants ont enquêté sur trois quartiers bourgeois du VIII e arrondissement de la capitale. Pour s'initier à la démarche sociologique, ils ont dû se familiariser avec un monde nouveau et étrange, dont les indigènes présentent des coutumes et préoccupations insolites.
Boire un café dans un palace pour observer ce qui s'y passe (et être traité comme un client illégitime), stationner dans les boutiques de luxe pour décrire leur organisation (et se faire mettre dehors), apprendre à manger un mille-feuille à 14 euros avec des " bourgeoises ", approcher des institutions prestigieuses où les femmes n'ont pas le droit de vote, se faire expliquer le Bottin mondain et l'arrangement des mariages, interviewer dans son hôtel particulier un grand dirigeant qui " fait partie de ces familles qui ont des châteaux un peu partout " : ce sont quelques-unes des expériences que ces étudiants du 93 ont vécues. En même temps qu'il leur a fallu dompter l'exotisme pour bien comprendre le milieu dans lequel ils pénétraient, ils ont dû encaisser l'humiliation des multiples rappels à l'ordre social que suscitait leur démarche.
Des premières incursions anonymes et timides jusqu'aux face-à face sans échappatoire, ce livre raconte de manière crue et joyeuse les batailles livrées pour mieux connaître un monde social dominant. L'enjeu : renverser l'habitude qui veut que ce soit " ceux d'en haut " qui inspectent l'existence de " ceux d'en bas ".
On m’a récemment demandé quels essais je recommanderais aux personnes qui n’ont jamais lu de sociologie : ce livre me semble une excellente réponse !
Enseignant à l’université Paris 8 de Saint-Denis, Nicolas JOUNIN raconte les enquêtes qu’il a menées avec ses étudiants de première année de sociologie, dans le quartier dit du « triangle d’or », au sein du prestigieux 8ème arrondissement parisien.
En 230 pages, la lectrice découvre en même temps que les étudiantes les différentes étapes d’une enquête sociologique. Jounin rappelle que les classes populaires sont plus volontiers étudiées, les classes aisées semblant réservées à des sociologues plus chevronné.e.s. Il prend donc ce constat à contrepied en proposant à des débutants d’enquêter dans l’un des quartiers les plus riches de France.
L’essai est très narratif et se lit comme un roman. On découvre avec effarement la difficulté de telles enquêtes : comment observer un magasin de luxe ou un hôtel 5 étoiles sans se faire expulser ? Comment encaisser la violence symbolique, le racisme et le sexisme lors des entretiens ? Comment, surtout, trouver la juste distance avec son objet d’étude, celle qui permet de faire de ces interactions du matériau de recherche ?
Car Jounin montre bien que la sociologie doit faire feu de tout bois, et le vrai sujet de VOYAGE DE CLASSES n’est pas tant la bourgeoisie du 8ème que l’enquête sociologique en elle-même. Un essai très enthousiasmant, politique et enlevé, où le plaisir du récit ne cède en rien à la rigueur et à l’érudition. Très gros coup de cœur.
N. Jounin emmène ses élèves de L1 de socio de Paris 8 réaliser leur première enquête dans les beaux quartiers. Saint Denis est à 1/2h de métro du 8è mais le quartier présente pour ces derniers un exotisme dont il convient de prendre la mesure pour faire véritablement oeuvre de sociologue. 4 étapes : première incursion et premières impressions, observation, distribution de questionnaires puis entretiens avec des habitants du quartier. Le livre se finit sur une défense de l'université : elle est vouée à accueillir 50% de notre classe d'âge jusqu'en licence (les quantités brassées par les grandes école et même les DUT étant négligeables) : dans un contexte de restrictions budgétaires, dans quelles conditions cela se fera-t-il ? Il y a la solution des MOOCS, qui n'a rien à envier aux CM dispenséx encore aujourd'hui. Mais serait-il possible de faire ce qu'il a fait avec ses étudiants ?
Il met des mots sur le malaise que j'ai moi-même éprouvé lorsqu'il m'est arrivé de faire une incursion dans les beaux quartiers. Inhibitions, maladresse, impression de ne pas être à sa place, réaction défensive, agacement devant l'attitude du personnel...
Lecture obligatoire pour un cours de sociologie. Quelle opportunité, quelle belle découverte. Je dois le relire pour l'annoter prochainement et j'en ai déjà hâte.
Je pense que c'est une bonne introduction à la sociologie, à l'enquête de terrain, et en même temps une aide au développement de l'œil du sociologue. On se sent immergé au sein de cette classe d'étudiants de première année. Pour une novice comme moi, c'est parfait, je ne suis pas perdue et j'apprends de leurs erreurs (avant de commettre les miennes au prochain semestre).
Un enseignant en sociologie de Paris8 lance ses étudiants dans une enquête sur les beaux quartiers parisiens du VIII arrondissement entre lieux du pouvoir politique, épicentre du luxe, et hôtels particuliers du parc monceau. Découverte d'un monde qui d'appréhende par l'extérieurement connu (les magasins de luxe ) et s'épaissit au fil de l'enquête (découverte des sociabilités propres, des modes de domination des ultra riches mais aussi de l'univers des outsiders). L'enquête d'écrire dans ses composantes méthodologiques sans minimiser ni ses impasses ni ses difficultés nous fait entrer au cœur des problématiques du creusement des inégalités. C'est aussi un plaidoyer pour une forme et des lieux d'enseignement émancipateurs dans le sens où ils permettent à ceux qui s'en emparent de se situer et de devenir des acteurs sociaux dites d'un regard critique et distancié. Passionnant de bout en bout.
À la fois une leçon de sociologie (comment on enquête), et à la fois une réflexion sur la domination de classe. Un essai à la fois intéressant, original et engagé.
*** *** Un ouvrage de vulgarisation scientifique , surtout dans un domaine aussi large et influent que la sociologie appliquée, est, en principe, fait pour créer les ponts, par pour pontifier. *** *** Il est nécessaire cependant qu'il est difficile d'éduquer l'Autre, et que l'éducation et le don du savoir trouver la connaissance et la vérité passe également par une analyse de soi et une adaptation des méthodes constante, un professeur ne fait que montrer la voie. *** Nicolas Jounin entreprend, ou - tente d'entreprendre une tâche systémicienne et sisyphéenne que d'essayer de faire comprendre à ses étudiants des différences de classes et une structure de société qui se dit fondée sur certains idéaux, mais qui ne l'est pas, et laquelle cependant défie une contre-analyse simpliste et contrarienne , vers laquelle cet apprentissage semble malheureusement dériver dans ce livre - le positif est que l'auteur en a, au moins partiellement, conscience.
Ce voyage de classe, et voyage vers une compréhension du soi, commence bien évidemment pour ces étudiants les moins fortunés et les plus racialement visibles, vers des "beaux quartiers" de la capitale.
Les résidents de ces beaux quartiers sont au même temps "chics" et au même temps c'était comme s'ils "portaient un sorte d'uniforme". Une longue observation des visiteurs des boutiques des vêtements de luxe est alors faite par les étudiants. Malheureusement aucune forme de rapprochement entre le fait que chaque classe et groupe social porte en effet "un uniforme" dont il est très difficile de s'en rendre compte et s'en défaire, malgré la prétendue "liberté" des choix. Cette remarque n'est jamais faite bien même qu'on voit quelques pensées dans cette direction avec les "patrons et milliardaires en jeans", et également sur l'être et le paraître et la question de l'ostentation dans une société pseudo-égalitaire, mais ce n'est jamais développé plus que cela.
Un autre moment raté du rapprochement potentiel arrive lors de l'analyse des vies ordinaires des habitants de ces quartiers, donc des " autochtones locaux", il suffit vraiment d'une toute petite impulsion pour que les étudiants voient que la gentrification ou plutôt l'évolution vers les commerces de luxe ne profite, en réalité qu'aux étrangers et aux grands groupes, qui sont souvent porteurs des intérêts financiers étrangers , et qu'ils commencent à se poser la question sur leur vraie place dans la société française, telle qu'imaginée par ces autorités invisibles. Malheuresement, encore une fois, c'est une réalité occultée, tout autant que celle de la présence de l'industrie immobilière internationale avec les sociétés-coquilles et sociétés-écrans, et la non-transparence totale sur des véritables résidents et propriétaires des beaux quartiers beaucoup plus cosmopolites, que celle imaginée, en découlant. Encore une fois c'est occulté et on avance vers une variation du discours qui n'est qu'un petit cran au-dessus d'un discours victimaire habituel. Cependant, il est aussi compréhensible que dans une idéologéa officielle, qu'on peut observer à l'état idéalisé aux Etats Unis et qu'on observaient autrefois dans les républiques de l'URSS, il ne peut être autrement, surtout vu que légalement parlant les professeurs français ont beaucoup moins de libertés personnelles que leurs prédécesseurs soviétiques ou que leurs amis américains.
Dernièrement, l’occasion d'interroger sur les vraies relations entre les "parvenus" et les "anciennes familles", sur ce qui est considéré un "bon" et un "mauvais" lieu de naissance, dans cette "haute société" prétendument contrôlant tant bien que mal, le pays, ainsi que sur la contradiction entre les "vraies valeurs martiales" désuètes mais décrites comme s'ils étaient encore d'actualité (avec la protection des musées et monuments où l'histoire de la France représente une "histoire de famille" et où cette "histoire de famille" est financée et donc "parasite" l'état) et les valeurs contemporaines dont le passeur est ce bien malheureux professeur qui reste bouche bée devant un "hôtel particulier faisant face au musée Nissim de Camondo " mais oublie totalement l'entourage politico-financier d'une telle résidence.
Il est également intéressant de voir les personnes non-européennes être automatiquement considérées par ces étudiants "dépaysés" comme des "nounous/au-pairs", au parc Monceau... un quartier prisé par des riches asiatiques et pas uniquement qu'eux, dont le "visage" franco-français a bien changé et depuis longtemps (ce que je dis en tant que voisin parisien et visiteur du quartier entre 2004 et 2014).
Bref, ce qui se profile, malgré les efforts pour faire sortir les étudiants de leur entourage et retourner leur regard vers leur groupe social mais pas avec un œil plein des stéréotypes, mais un regard frais et riche de ces comparaisons et informations nouvelles, est un échec de la mission du professeur - celle de changer le monde pour le meilleur en faisant donner le meilleur de soi-même à ses étudiants, en une très large proportion. Les refus essuyées dans les mairies et dans les commissariats ne sont pas delors surprenants, puis-ce qu'ils suivent la même logique d'un état détourne de sa fonction, pour dispenser une formation du stéréotype social, ou plutôt - d'un formatage victimaire tiers qui sème délibérément la division au détriment de la France et des français, qu'ils soient de "l'immigration" ou "de souche", des beaux quartiers ou des quartiers populaires, et un même formatage du même type au niveau de l'Europe.
Vu l'année de publication du livre, l'avenir immédiat s'annonce très sombre. On ne peut qu’espérer que la nuit est toujours plus sombre avant l'aube...
Une pépite !!! Ce livre est à mettre entre les mains de tous ceux qui s'intéressent à la sociologie (mais même de ceux qui ne croient pas s'y intéresser... ils y trouveront forcément quelque chose). Nicolas Jounin nous narre dans le détail l'enquête menée par ses classes d'étudiants en sociologie (à Paris 8, Seine-Saint-Denis) dans un des quartiers les plus riches de Paris, le 8ème arrondissement. C'est absolument passionnant, très drôle, écrit avec beaucoup d'esprit, de rigueur et d'élégance. C'est "Sociologie 101", le cours de base de sociologie, qui nous montre minutieusement les différents outils à disposition de l'enquêteur (questionnaire, entretien, observation...), l'attitude à adopter (neutre), les écueils à éviter et toutes les règles à respecter pour apporter une réelle rigueur scientifique à l'enquête. L'auteur décrit avec beaucoup de sensibilité et un sens de l'analyse remarquable les moindres petits écueils, obstacles, difficultés qui peuvent apparaître au cours de l'enquête ; il interroge sans cesse également le regard de l'enquêteur et la nécessité de ne pas céder à ses propres préjugés. Le livre est très documenté, très sourcé, il s'appuie sur de nombreuses recherches et essais en sociologie, notamment sur le travail de Michel et Monique Pinçon-Charlot qui ont beaucoup enquêté sur "les riches" (qui constituent la principale classe sociale enquêtée ici) ; il n'en est pas pour autant pesant à lire ; l'auteur a un style très pédagogue et fluide. C'est également un livre politique, qui souligne sans cesse les privilèges dont bénéficient les riches et les inégalités de richesse qui s'accroissent dans notre société. J'ai aimé que l'auteur nous montre comment le sociologue fait subtilement cohabiter la neutralité de son regard et "l'angle" qu'il adopte, qui nécessite forcément un parti pris. En bref, un livre absolument génial que je recommande à tous.
J'ai trouvé très intéressant le fait d'en apprendre plus à la fois sur le déroulement d'une enquête sociologique et sur les quartiers bourgeois du 8ème arrondissement de Paris. Le livre est très bien organisé, on voit une véritable progression dans l'enquête et dans la façon dont elle est menée par les étudiants. J'aurais adoré y participer.
J'ai aussi apprécié la vision de la pédagogie que Nicolas Jounin détaille dans sa conclusion (page 228 à 230). Selon lui, l'enseignant devrait permettre à l'élève de rechercher le savoir par lui-même pour mieux l'intégrer, tout en étant guidé par le professeur qui lui donne des techniques ou des connaissances supplémentaires (c'est cette dernière partie qui manque souvent dans la nouvelle "pédagogie" mise en place depuis quelques années, dans laquelle les élèves sont le plus souvent livrés à eux-mêmes et n'apprennent finalement pas grand chose).
Un bon équilibre entre la découverte, chapitre par chapitre, de la méthode sociologique; et de l'autre côté, du monde des bourgeois. Les citations des étudiants rendent la lecture plus attrayante. J'ai eu plus de mal avec certaines parties, comme la conclusion, beaucoup plus abstraite. C'est un livre enrichissant sur de nombreux points et qui éclaire beaucoup quand on est en formation de sociologie.
Lu durant mes années d’étude en sociologie. Je recommande entièrement cette enquête qui portent sur les inégalités et les conflits de classes. Une enquête empirique immersive qui met en lumière les différences sociales au sein d’un même territoire. Jeunes étudiants de sociologie, n’hésitez pas à lire cette étude très accessible.
Un prof propose à ses élèves de Seine Saint Denis de réaliser une enquête dans les beaux quartiers de Paris. Permet de découvrir l'envers d'une étude de sociologie. Écriture fluide et non dénuée d'ironie et d'humour.
J'ai du lire ce livre pour un de mes cours à l'université. Je dois préciser que j'étudie présentement en sociologie et dans une recherche que je devais faire pour un de mes cours, ce livre m'a grandement aidé. C'est un livre assez intéressant pour les intéresser de la sociologie, surtout les débutants. J'ai aimé suivre les étudiants dans leur recherche, je pouvais m'identifier à eux lors de ma propre recherche.
Le livre m'a fait réfléchir sur la société dans laquelle on vit, la domination sociale que j'ai pu subir ou même infliger par le passé. Il a mis en perspective beaucoup de choses que je ressentais mais sur lesquelles je ne savais pas mettre les mots. Excellent livre d'introduction à la sociologie et à la méthode sociologique.