Un collectif féministe pour reprendre le pouvoir sur nos ventres et nos vies.
Dans notre société, l’assignation fondamentale est celle de la reproduction. Ne pas donner la vie alors qu’on le pourrait est perçu comme une faute ou une anomalie, à croire ce choix inconcevable.
Dans ce livre, onze voix de nullipares. Qui s’y livrent, ou délivrent informations et réflexions. Des textes aux formes très différentes, à l’instar des parcours de vie. Où l’on peut voir à quel point être sans enfant n'exclut ni la notion de transmission, ni le sens de l’humour.
Sous la direction de : Chloé Delaume Avec les textes de : Mona Chollet, Rokhaya Diallo, Mathilde Forget, Amandine Gay, Océan, Aurélie Olivier, Lydie Salvayre, Jane Sautière, Nina Yargekov, Bettina Zourli
Chloé Delaume, de son vrai nom Nathalie Dalain, née à Versailles le 10 mars 1973, est une écrivaine et éditrice française. Elle est également performeuse, musicienne, chanteuse, de manière plus anecdotique. Son œuvre littéraire, pour l'essentiel autobiographique, est centrée sur la pratique de la littérature expérimentale et la problématique de l'autofiction.
Le désir de maternité des femmes, leur fertilité et tout ce qui englobe la création d’un petit être semble être un sujet public, pour lequel tout le monde se permet de donner son avis aux concernées.
Mais concrètement, qu’est ce que ça peut foutre aux autres ce qu’on fait de notre propre corps et de notre vie.
À travers ces témoignages, nous voyons bien qu’il n’y a pas un désir unique de ne pas avoir d’enfant. Parfois, on n’a jamais eu ce besoin, cette envie. Parfois la vie fait que ça n’arrive pas. Parfois des événements traumatiques nous font tirer un trait sur la maternité.
Pour autant, nous ne sommes pas égoïstes. Et ce n’est pas parce que nous n’avons pas d’enfants que nous ne les aimons pas. J’aime énormément mes nièces et mon neveu, j’apprécie interagir avec les enfants de mon entourage. Pourtant, je ne voudrai jamais d’enfant. J’ai des amies pour lesquelles c’était un désir viscéral depuis qu’elles étaient au lycée. Moi à cette époque, je me disais que j’aurai des enfants, mais c’est simplement parce que c’était le schéma social logique à suivre. Je ne me posais même pas la question si j’en avais envie ou pas.
Parfois, des femmes n’ont pas envie de maternité, mais elles ont envie de transmettre et d’accompagner des enfants. Et il y a mille chemins à suivre pour satisfaire ce désir.
Je pourrai parler pendant des heures de ce sujet que je trouve fascinant mais fatiguant en même temps, car ça ne devrait pas être un sujet. Laissons vivre les gens - pardon, les femmes - comment elles l’entendent.
Et si ce petit recueil vous intéresse, je le conseille, il est très intéressant et pousse à la réflexion. Le fait que ce soit plusieurs témoignages, et évidemment tous différents les uns des autres, car chaque femme est différente, permet de se rendre compte que pour une envie commune de ne pas avoir d’enfant, les raisons peuvent être multiples.
Par ailleurs, j’ai été très touchée par le 2e témoignage, celui de Mathilde Forget. Et j'ai fortement apprécié le témoignage d'Océan, qui parle de la parentalité de son point de vue trans.
Utile, apaisant, libérateur. Il faut le lire et le prêter, qu'on soit sans enfant par choix ou parent, ça nous rassemble et nous fait mieux comprendre les autres.
J'ai moins accroché à certains textes et comme mentionné dans d'autres avis, certaines choses manquent à l'appel (notamment l'amitié qui peut aussi faire office de famille choisie). Cela reste malgré tout un chouette recueil qui me parle à fond les ballons, fait du bien à lire et me rappelle que je ne suis pas seule dans ma non-envie de contribuer au réarmement démographique ✌️
Une lecture qui donne à respirer dans un débat fatiguant, presque quotidien, qui semble sans fin (les auteurices le confirment) !
Comme dans « Sororité » (2021), la pluralité des voix permet de souligner la multiplicité des vécus, des choix, des questionnements, des raisons ; le tout étant lié à une question de génération parfois, mais surtout d’histoire personnelle. Qu’on s’y retrouve un peu, beaucoup ou pas du tout, on se sent tout de suite moins seule et ça fait du bien.
Deux manques, deux déceptions cependant :
1) Si les auteurices convoquent très souvent le reproche d’« égoïsme » qui est fait à celleux qui décident de ne pas avoir d’enfants, et reconnaissent pour certaines qu’il y a effectivement un peu de cela derrière leur décision, aucun-e d’entre elleux ne mentionne le fait que, justement, parce que le « travail reproductif » coûte (légitimement) en temps, en énergie et en argent, alors ne pas avoir d’enfants permet de s’engager ailleurs. « Ailleurs » étant les autres, la communauté au sens large, non-humains compris. On le lit certes entre les lignes, avec les expériences de certain-e-s et la peur de l’une de devenir une « mère de droite », mais je regrette que ce point n’est pas évoqué plus clairement : la famille (nucléaire), parfois, pour ne pas dire souvent, dépolitise. Choisir de ne pas avoir d’enfants c’est aussi choisir de consacrer son temps et son énergie à celleux qui sont déjà là et qui sont dans le besoin.
2) Si les auteurices ont clairement découvert d’autres façons de « faire famille », l’amitié semble, elle, complètement oubliée. Quid des ami-e-s ? Le travail reproductif et la famille nucléaire, pour les mêmes raisons évoquées plus haut, a tendance, du moins dans les premières années, à isoler les personnes devenues couples puis parent-e-s. Ne pas avoir d’enfants permettrait, me semble-t-il une plus grande flexibilité et donc disponibilité à l’égard des ses ami-e-s (avec et sans enfants).
3,5/5 mais pour soutenir ce sujet essentiel qu’est la parole de ces femmes, je préfère mettre 4 à défaut de pouvoir ajuster. Tous les textes ne se valent pas. Tous n’ont pas résonné avec ma sensibilité et peut-être ma culture mais tous ont de la force en cela qu’ils expriment des pensées et émotions rarement mises en avant, ou plutôt que j’ai rarement croisé. L’ouvrage mérite d’être connu et promu pour enfin normaliser le droit des femmes à résister aux injonctions qui pourrissent nos esprits. Bravo aux auteur•ices et merci.
Je me suis rendu compte en le lisant que c’est un récit dont j’ai jamais entendu parler. Choisir de pas avoir d’enfant et bien le vivre lol.
Et si on en parlait plus de ces femmes qui choisissent d’être nullipares et kiffent leur vie au max, ça nous donnerait vraiment le choix d’enfanter ou non.
J’ai particulièrement aimé l’idée qu’on peut faire maternité /famille, autrement et c’est finalement ça qui compte (cf le chapitre adopter un adulte).
Je finirais avec un mot tendre pour Macron FUCK TON RÉARMEMENT DÉMOGRAPHIQUE.