« Écrire tout ça aujourd’hui, ce n’est pas faire le récit d’un désamour, c’est raconter le contramour, comme on dit contralto, contrattaquer ou à contrecourant, révéler la cadence, le rythme qui sous-tend cette histoire, et en même temps, refaire le chemin à l’envers. ». Il y a quelques années déjà, Martine Delvaux publiait le récit d’une rupture amoureuse. Elle reprend ici cette histoire d’amour et de perte de manière à la démaquiller, pour dire toute la vérité, rien que la vérité. Avec ce texte intime, elle fait entendre une voix aimante et. féministe sur l’écriture de la vie, et sur la force réparatrice de la littérature.. Romancière et essayiste, MARTINE DELVAUX a été finaliste au prix Médicis essai pour Ça aurait pu être un film, son plus récent livre, ainsi qu’au prix littéraire Janette-Bertrand. Elle est aussi l’autrice de Thelma, Louise & moi, Pompières et pyromanes, Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage et Le monde est à toi. Son essai Le boys club a remporté le Grand Prix du livre de Montréal..
Martine Delvaux est née en 1968. Romancière et essayiste, elle a publié à ce jour chez Héliotrope trois romans remarqués : C’est quand le bonheur ? (2007), Rose amer (2009) et Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage (2012).
⭐️3,8 D’une écriture de maître (comme d’hab), on retrace partiellement une ancienne histoire d’amour, immense, en explorant la relation avec l’écriture et la création (et le féminisme, certes) Loved the références à Duras, et il faut maintenant que je lise Barthes. Touchant & très beau livre dans son style!
« de femme en femme, de génération en génération, nous nous portons. […] Nous sommes des poupées russes , emboitées les unes à l’intérieur des autres, organiquement hantées. »
Contraste intéressant avec le premier livre écrit qui lui était en plein dans l'émotion versus celui-là qui est après 10 ans de réflexion. Des passages sur l'amour super intéressants et très jolis, j'ai aimé toutes les références à "Fragments d'un discours amoureux". Tellement d'autres bonnes références aussi. J'ai adoré tous les thèmes abordés à partir de sa relation, notamment le féminisme en 2025, la réélection de Trump. Un livre très libre.
« Il n’y a pas de période définie à respecter au terme de laquelle on cesse de s’habiller en noir. Non, il n’y a pas de début ou de fin du deuil parce que le deuil dure tout le temps. Simplement, on apprend à vivre avec lui, on survit, on s’organise, avec les mort·es comme avec les amours perdues, comme avec les traumatismes, les violences, les abus, les blessures si grande qu’on doit sans cesse lutter pour ne pas s’engouffrer en elles. Non, il n’y a pas de guérison possible, et d’ailleurs, pourquoi le souhaiter? Pourquoi devoir guérir à tout prix? D’où vient cette injonction sinon de l’obligation de ne pas embêter les autres avec nos histoires? Comme s’il fallait toujours en revenir de la perte, en revenir de la peine, alors que c’est impossible, au mieux, ça pâlit jusqu’à réapparaître un jour en force, poignard enfoncé d’un coup dans le coeur alors qu’on ne s’y attendait pas, à cause d’une certaine lumière ou d’un parfum, les traits d’un visage inconnu qui semble familier. Rester fidèle à l’amour malgré tout. »
Il va sans dire que Martine Delvaux écrit très bien et que je vais continuer à lire ses romans! J’attendais ce livre avec impatience, surtout après son passage à Il restera toujours la culture en septembre et j'ai surligné plusieurs passages qui m'ont particulièrement touchée.
Cela dit, j’ai davantage aimé le rythme des Cascadeurs de l’amour, ce « livre menti » sur lequel elle revient. Ici, j’ai parfois eu l’impression de perdre le fil. Je trouvais la structure du roman un peu décousue, et les nombreuses références à Fragments d’un discours amoureux de Barthes ou au Ravissement de Lol V. Stein de Duras (que je n’ai pas encore lus) ont créé une certaine distance. J’avais aussi du mal à voir où le récit voulait m’emmener, comme si ça manquait un peu de punch. C’est sans doute ce qui a fait que j’ai un peu moins accroché.
Ce livre m’a déplu. Martine Delvaux dit vouloir réécrire, dans de ce second livre, son histoire d’amour destructrice avec son ex-femme, racontée une première fois dans Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage. Mais à mes yeux, cette histoire n’est jamais réécrite, l’autrice ne fait que raconter sa démarche d’écriture, son envie d’y parvenir, elle y revient constamment, sans jamais le faire concrètement. C’est davantage un livre qui interroge la démarche d’écriture, le sens de la littérature, le féminisme dans un monde en recul, la relation patient-psy, que le récit d’une peine d’amour. C’est pourtant ce que j’avais envie de lire, ce qu’on m’avait promis sur le quatrième de couverture. J’ai adoré Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage, ce récit m’avait bouleversée, était tombé à point dans ma vie, alors que j’avais le cœur en miettes. J’ai trouvé que le livre allait dans plusieurs directions, lançait parfois des idées pêle-mêle.
Ouf. Un trip de mush narcissique, des non sequiturs et des syllogismes à la tonne. Quelques trames narratives sont cohérentes mais elles sont vites interrompues par des énoncés sans queue ni tête. Un exemple: dans un seul paragraphe, l’autrice lie l’échec de la conjugalité suite à son mariage au capitalisme, à l’esclavage et au génocide autochtone. Des passages du personnel au systémique sans pont analytique qui banalisent les enjeux soulevés et qui décrédibilisent le raisonnement.
Ajoutez à ça le sempiternel “artiste qui parle de création” et un deluge de références littéraires pas toujours pertinentes; comme malheureusement trop de titres québécois ces dernières années, un livre écrit par et pour la clique.
3.5, vraiment intéressant à lire deux ans après avoir lu « Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage » et son texte dans le collectif « Trouble, nos ombres »