Presqu’une vie s’est écoulée depuis le 15 novembre 1976. Étienne Vallières va assister à la première d’un documen-taire et ainsi retrouver, sur le grand écran, la ferveur de cette journée où les indépendantistes québécois connurent leur première et seule grande victoire. Dans ce souvenir, vieux de trente ans, se trouve aussi – surtout ? – Julianne.
Entre la liesse collective de 1976 et le remous nostal-gique qui anime le documentaire, Étienne prend conscience de la discontinuité de l’Histoire mais, aussi, de la persistance de certaines émotions brutes. Peu à peu, les temps se confondent et les fils de sa mémoire tressent un questionnement intime : sans le pays, sans l’amour, que reste-t-il ? Qu’est-ce que la vie si le prin-temps n’est possible qu’en mars ? Il était convaincu comme il n’avait jamais imaginé pouvoir l’être. De ce que cette victoire allait permettre, du progrès, de l’amélioration du monde, de cette improbable jeune femme surtout, là, à quelques mètres de lui. Dans l’avenir, il y avait le pays ; dans la foule, cette jeune femme.
Carl Leblanc a été journaliste et documentariste avant de signer un premier livre en 2006, Le personnage secondaire, paru chez Boréal. Il a réalisé Le coeur d’Auschwitz, un documentaire nommé aux prix Jutra 2011, diffusé récemment à plusieurs reprises sur Radio-Canada et présenté en début d’année au MOMA à New York. Le film raconte « l’histoire vraie » de l’artéfact dont il est question dans ce roman.
« Oui, il avait cru en ce Québec libre et aimé Julianne. Et il en était resté quelque chose: la honte d'avoir cru et la douleur d'avoir aimé. »
L’amour du Pays, la douloureuse nostalgie qu’il faut à tout prix combattre, le sentiment d’avoir manqué le train de l’Histoire, ces thèmes sont bien présents dans ce magnifique roman de Carl Leblanc. Lecture difficile, dur rappel qu’on allé si loin et qu’on est passé si proche, mais qu’il ne faut jamais baisser les bras quand ça en vaut réellement la peine
2 étoiles pour la section en 2006. C'est grosso modo un wet dream péquiste. 3 étoiles pour la partie romancée sur l'élection du PQ en 1976. Ça m'a donné le goût de regarder la soirée électorale de 1976.