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272 pages, Unknown Binding
First published January 1, 1897
Ne souhaite pas, Nathanaël, trouver Dieu ailleurs que partout.
Chaque créature indique Dieu, aucune ne le révèle.
Des que notre regard s'arrête à elle, chaque créature nous détourne de Dieu. (...)
Nathanaël, tu regarderas tout en passant, et tu ne t'arrêteras nulle part. Dis-toi bien que Dieu seul n'est pas provisoire.
Nathanaël, je t'enseignerais la ferveur.
Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. Je ne souhaite pas d'autre repos que celui du sommeil de la mort. J'ai peur que tout désir, toute énergie que je n'aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J'espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespèré.
Eh quoi! pensais-je alors, si ton âme avec ton corps doit se dissoudre, réalise au plus tôt la joie. Si peut-être elle est imortelle, n'auras-tu pas l'eternité pour t'occuper à ce qui ne saurait intéresser tes sens? Ce beau pays que tu traverses, vas-tu le dédaigner, te refuser à ses blandices, à cause qu'elles te seront bientôt enlevées? Plus rapide est la traversée, plus avide soit ton regard; plus precipitée est ta fuite, plus sublime soit ton étreinte! Pourquoi donc, amant d'un instant, embrasserais-je moins amoureusement ce que je sais que je ne pourrai pas retenir? Âme inconstante, hâte-toi! Sache que la fleur la plus belle est aussi la plus tôt fanée. Sur son parfum penche-toi vite. L'immortelle n'a pas d'odeur.