« Gouvernante : nom féminin. Personne qui gouverne, qui a le pouvoir en main. Tu parles ! C’est le plumeau que j’ai en main, moi. Je suis celle qui repasse les robes sublimes de Madame, celle qui sert les invités de Monsieur. Personne ne me remarque mais dans l’ombre je les étudie, ces drôles d’oiseaux. Au lieu de faire domestique, j’aurais pu travailler au Muséum d’histoire naturelle. » Aristocrates maniaques, héritière hystérique, intégriste passionnée, industriel névrosé, sénateur épicurien… Leurs points communs : ils sont riches, très riches, et leur gouvernante c’est Françoise. Après vingt ans d’une carrière silencieuse, la voilà qui raconte sa vie et la leur, avec une réjouissante malice. Des hôtels particuliers de Neuilly aux châteaux du Luberon, elle nous entraîne dans les coulisses de ce théâtre contemporain. Mais quelle mouche a bien pu la piquer ?
Une découverte au hasard dans les rayons de la Fnac : en plus d'être un divertissement qui prête souvent à rire, l'auteure fait une critique assez jouissive du monde des "ultra-riches", dont les remarques et les manies sont aussi drôles que grotesques.
Je remercie chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Flammarion pour ce roman, que j’ai pu recevoir grâce à une édition Masse Critique.
Vendu comme un roman contemporain +/- humouristique, ce livre (qui pourrait être une autobiographie) découle en fait d’une enquête de l’auteur dans le milieu très fermé des « ultra-riches » et de leur personnel de maison. Ca rappelle Downton Abbey (transposé au XXIème siècle) sans le côté feuilleton, les Tribulations d’une caissière pour l’aspect « chronique-qui-dévoile-l’envers-du-décor », mais avec un humour moins décapant, le Complètement cramé! de Legardinier ou même La couleur des sentiments.
Le milieu dépeint est effarant. Pourtant, on s’en doute, mais chaque fois qu’on lit / voit des situations pareilles, on ne peut s’empêcher de se dire qu’on ne vit pas tous sur la même planète. Françoise est un personnage franchement admirable, qui se retrouve gouvernante suite à de mauvaises décisions de son mari (dont elle finit d’ailleurs par divorcer), et qui, malgré tout, arrive toujours à garder la tête haute et prendre les choses avec humour. Pas sûre que j’y parviendrais à sa place.
Les interludes avec Séraphin, qui la place de famille en famille, et les « leçons » qui parsèment le récit sont d’agréables pauses qui rythment le roman, lequel se lit vite et facilement.
Pourtant, je n’ai pas particulièrement accroché avec ce livre; l’humour est présent mais est plutôt lié aux situations, et j’aurais préféré que ça soit plus percutant encore, pour renforcer les propos tenus. Quitte à ce qu’il s’agisse du résultat d’une enquête, je me demande si un livre-enquête n’aurait pas mieux valu qu’un roman, que j’ai apprécié mais sans plus; il m’a manqué quelque chose au niveau de l’écriture, quelque chose que je n’aurais pas forcément cherché dans un livre-enquête. En tout cas, je salue la mise en lumière de l’auteur d’un milieu trop peu connu!
J'ai vraiment aimé ce roman ! Présenté sous la forme de mémoires, il est constitué d'une série de portraits hauts en couleurs des patrons successifs de la narratrice. Occupant le poste de gouvernante, elle est la mieux placée pour connaître et nous faire découvrir tous leurs travers, leurs manies, leurs névroses et leurs secrets inavouables mais aussi, parfois, leur générosité et leur gentillesse. Tout cela raconté avec beaucoup d'humour et d'une plume riche, travaillée et recherchée, pour mon plus grand plaisir. Son regard à la fois lucide, corrosif, désenchanté mais aussi plein de tendresse, parfois, fait que l'on déguste chacun de ces portraits comme autant de bonbons doux et acidulés. Un vrai régal !
Un livre à l'écriture étonnamment fine (humour, qualité d'écriture, références littéraires...) Décrivant les péripéties d'une gouvernante dans le milieu des ultra-riches. Un peu dommage que ce soit un peu caricatural mais plaisant à lire et intéressant.
Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Pour Vous Servir? "Babelio m'a proposé la lecture de ce livre et comme je suis faible, je n'ai pas pu résister plus d'une demi-seconde au sous-titre: les tribulations d'une gouvernante chez les ultra-riches."
Dites-nous en un peu plus sur son histoire... "Après avoir fait faillite avec leur restaurant, Françoise et son mari se voient obligés d'accepter des emplois de gouvernante et cuisinier dans une famille extrêmement riche et découvrent un tout nouvel univers..."
Mais que s'est-il exactement passé entre vous? "Je pensais que j'allais beaucoup rire avec ce livre, la couverture parle d'ailleurs d'humour décapant, malheureusement ce ne fut pas vraiment le cas, ou en tous cas, pas souvent. La narratrice se livre assez peu finalement et le récit manque de liant, il s'agit plutôt d'une suite d'anecdotes plus ou moins amusantes, sans approfondissement, sans chaleur en fait. L'autre conséquence négative de ce recul affiché est qu'il est difficile de s'attacher à Françoise. J'ai senti plus d'aigreur que d'humour à vrai dire et il m'est arrivé de trouver ses patrons plus sympathiques qu'elle-même. Elle peine à nous montrer à quel point ils ont été odieux, ce dont je ne doute pourtant pas, et c'est elle qui paraît snob finalement."
Et comment cela s'est-il fini? "Encore une fois, nous n'en savons pas assez sur elle, sur ce qu'elle devient dans sa nouvelle vie et c'est bien dommage. Quant à la morale de l'histoire, qui nous montre bien que face à l'argent nous sommes tous égaux, elle est particulièrement décevante après plus de 300 pages de jugements et de critiques des riches."
- Tu voudrais faire quel métier plus tard quand tu seras grand(e) ? Les enfants ne répondent que rarement domestique. On peut les comprendre, il y a plus glamour. Ceci dit, la vie n'est pas toujours charmante, ni sexy. Il faut bien gagner sa pitance et on prend ce qui se présente faute de mieux quelques fois. Cette voie, pas choisie de gaité de cœur, réserve bien des surprises, pas toujours agréables (rarement même). Expériences véridiques, nous voilà plongé dans le parcours professionnel de notre narratrice qui a évidemment changé toutes les identités pour plus de discrétion. On sourit souvent devant des situations plus ou moins dingues, mais on n'envie guère les protagonistes, surtout Françoise.
Le style est agréable, on découvre cet envers du décors des riches maisonnées. Ce n'est pas si glorieux. Les ors, les nantis, les manies, les peurs, les méchancetés, tout, vous saurez presque tout. Au final, je suis bien dans ma petite vie.
Un livre instructif, mais qui ne dévoile pas grand chose. Tout juste, on peut penser que le temps s'est figé pour certaines professions. Rien ne semble avoir beaucoup évolué dans ces corps de métier tournés vers le bien-être de nos élites sociales. Alors certes, on n'est pas dans du Zola, mais se maintenir la tête droite, hors de l'eau dans ce panier de crabes, faut le faire, avoir les reins solides et les épaules larges.