Dans la maladie, le sujet fait l'experience d'une violence demultipliee, l'assaillant de toutes parts. Violence faite au corps, par le mal et les traitements; violence symbolique des discours, des regards et des jugements infliges au patient par la societe et le milieu medical. Violence d'une marginalisation qui redouble la solitude d'un malade emprisonne dans sa souffrance. Pourtant, la philosophie est largement passee a cote de cette violence. Elle n'aborde en general cette epreuve existentielle que de biais. comme paradigme pour penser l'anormal. Ce detour est significatif d'un malaise, celui de la pensee face a une violence inherente au vivant lui-meme. Comment apprehender ce pouvoir destructeur de la vie ? En quoi nous oblige-t-il a repenser entierement le soin ? Pour quel benefice ?
Claire Marin est professeure de philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles et membre associé de l’ENS-Ulm. Ses recherches portent sur les épreuves de la vie. Elle est notamment l’auteure de Hors de moi (Allia ; J’ai Lu), L’homme sans fièvre (Armand Colin), La maladie, catastrophe intime (PUF) et La Relève : portraits d’une jeunesse de banlieue (Éditions du Cerf). Son dernier ouvrage à l’Observatoire, Rupture(s), a été un très gros succès critique et public.