Jean Duns Scot (v. 1265-1308) a enseigné à Oxford, Paris et Cologne. Franciscain, philosophe et théologien, le «Docteur subtil» doit son surnom à son acuité d’esprit. Son œuvre mêle la précision scolastique et la priorité franciscaine donnée à la charité. Convaincu que tous les hommes recherchent la béatitude, Scot pense que la philosophie ne suffit pas pour y conduire et que la révélation est nécessaire. La fin de l’existence humaine est l’union de l’homme à Dieu. Le moyen pour l’atteindre est d’abord l’éthique, qui culmine dans l’amour de Dieu et du prochain. Mais notre nature seule est insuffisante : la grâce (ou charité incréée) doit la soutenir. La théologie est donc une science pratique elle indique comment la volonté peut conformer les actes humains à l’amour divin, et comment elle prépare à recevoir la béatitude. Ainsi, à toutes les étapes, la théologie est structurée par la charité.
Une savoureuse vulgarisation de la pensée de Jean Duns Scot. L'auteur mobilise en grande partie le prologue de l'Ordinatio (troisième commentaire des Sentences de Pierre Lombard que délivra Scot à l'Université de Paris). Il y aborde la théologie naturelle, les controverses contre les philosophes rationalistes qui eurent lieu à la fin du 13e siècle, les trois types de théologie (divine/in se, des bienheureux, des pèlerins), la métaphysique, ainsi que l'articulation et la distinction entre théologie et métaphysique. Je recommande vivement cette lecture, qui saura sans doute nourrir les réflexions du lecteur intéressé par les scholastiques médiévaux et modernes, Thomas d'Aquin, la théologie naturelle, le rationalisme, et la théologie réformée.