Ce volume s’ouvre sur la représentation du patron de tous les peintres, saint Luc peignant la Vierge. Par cette mise en abyme, ce choix emblématique, Daniel Arasse envisage un programme qui va bien au-delà d’une simple «histoire du détail», car ce qu’il vise est la totale relecture de l’histoire de la peinture occidentale à l’aune du détail. Qu’il soit inopinément ou peu à peu découvert, identifié, scruté, isolé, voire découpé de son ensemble, le détail offre en effet une toute autre manière de voir et d’appréhender la peinture. Ainsi, grâce à cette histoire rapprochée des pratiques du pinceau et du regard, un champ nouveau se dessine, remettant en question les catégories de l’histoire de l’art qui semblent avoir été établies «de loin», sans que jamais l’érudition ne prenne le pas sur le plaisir et les «fêtes de l’œil».
Paradoxes, composition, perspective and technique, as well as lots of other details about how one can go about interpreting paintings and what they involve. God, mind, humour, sin, world - all of these manage to creep into fampus paintings and stay out of sight (if not mind) to remind us of how painters dared to see and depict the world in other times.
Le Détail est un ouvrage fascinant qui retrace l’histoire de la peinture sans suivre ses grands mouvements traditionnels mais en se focalisant sur la manière dont les détails sont intégrés dans les œuvres. De l’importance religieuse du détail à la fin du Moyen Âge au rejet de la précision par Delacroix et Baudelaire, Daniel Arasse passe chaque époque au peigne fin afin de dénicher le détail qui illustre au mieux les ambitions artistiques d’une époque. C’est ça qui est surprenant dans ce livre, la manière dont de toutes petites touches de peintures peuvent en dire autant sur un mouvement artistique. Tout est ultra documenté ce qui rend le livre parfois un peu dense et compliqué à lire, ce n’est pas une mauvaise chose mais il faudra sûrement que je le relise. Dans tous les cas, Le Détail reste une approche à la fois savante et originale de l’histoire de la peinture qui place l’observation au centre de son étude.