Ce jour-là, comme chaque matin à l’heure du travail, l’avenue du Maine s’encombrait de gens qui marchaient à pas précipités et de tramways surchargés qui roulaient à grande vitesse vers le centre de Paris. Malgré la foule, j’aperçus tout de suite Sandrine. Elle aussi allongeait le pas et je dus courir pour la rattraper. C’était un lundi. Notre chômage d’été prenait fin, et nous revenions à l’atelier pour commencer la saison d’hiver.
Marguerite Audoux (July 7, 1863 at Sancoins, Cher – January 31, 1937 at Saint-Raphaël, Var) was a French novelist.
Marguerite Donquichote, who took her mother's name, Audoux, in 1895, was orphaned by age three, following the death of her mother and abandonment by her father. She and her sister Madeleine initially lived with an aunt but ultimately spent nine years in the orphanage at Bourges. In 1877, Andoux was put to work as a shepherdess and farm worker in the region of Sologne. There, she fell in love with a local boy, Henri Dejoulx, but his parents would not permit them to marry.
Audoux moved to Paris in 1881. Desperately poor, she found occasional work as a seamstress and made ends meet with whatever menial labour could be found. She bore a stillborn child in 1883; the difficult pregnancy and labor left her permanently sterile.
In Paris, she took custody of her niece, Yvonne. It was Yvonne who at age sixteen inadvertently set in motion her aunt's literary career: Yvonne, while prostituting herself (without Audoux's knowledge) in the Parisian neighborhood of the Halles, met a young man named Jules Iehl. Iehl, who also wrote under the pen name Michel Yell, was moved by the young woman's impossible situation and accompanied her home, where he met Audoux. Iehl and Audoux would remain romantically involved until 1912.
Yell introduced Andoux to the Parisian intelligencia--a group that included Charles-Louis Philippe, Léon-Paul Fargue, Léon Werth and Francis Jourdain. He also encouraged her to write her memoirs. The memoirs fell into the hands of celebrated author Octave Mirbeau and proved so compelling that Mirbeau immediately arranged to have them published.
Though success and critical acclaim followed quickly on the heels of the December 1910 publication of Audoux's memoirs, her next book was ten years in the making. The Studio of Marie-Claire, published in 1920, was merely a modest success; none of her subsequent novels--From the Mill to the Town (1926), The Fiancee (1932), and finally Soft Light, (1937)--matched the success of her bestseller debut.
After her death in January 1937, the novelist was buried in Saint-Raphaël, not far from the ocean she loved.
J'ai pleuré 2 fois lors de la lecture et j'ai bien manqué de le faire deux fois plus souvent. Tous les éléments stylistiques du premier livre, Marie-Claire, que j'avais apprécié s'y retrouvent à nouveau: cet espèce de regard permanent sur le monde qui semble bercer et n'y toucher qu'à peine comme pour ne pas le perturber, ces observations impeccables sur les comportements, situations, etc. des différentes personnes qu'elle côtoie. Ici, on sent une véritable bonté dans les descriptions, qui même lorsqu'elle souligne des défauts, il y a toujours une cause, une possibilité d'y échapper, ce n'est pas si terrible au fond, etc. (sauf les descriptions physiques qui sont parfois un peu violente).
Grosso, l'histoire tourne autour de son arrivée dans un atelier de couture et des divers personnes qui y travaillent donc ses collègues de travail, les propriétaires et certaines clientes en plus des connaissances proches de tout ce monde là. Au fur et à mesure, certaines personnes partent, meurent, d'autres arrivent, les dynamiques changent un peu et on est jamais en manque de nouveauté.
On sent vraiment la personnalité de chaque personne complètement émerger et il y a là une véritable richesse de l'exploration des fonds intérieurs des gens et de leur potentiel. Pas un personnage n'est pas clairement décrit, dont on n'entend pas la voix dans notre tête, dont on s'imagine bien la vie. Ces impressions émergent notamment des descriptions et dialogues de ses collègues de l'atelier de couture, mais aussi des moments rares de partage de récit de vie qui sont comme une pierre qui vient s'ajouter au collier descriptif.
Elle raconte avec un style absolument maîtrisé des récits aussi tragiques que la maladie, mort, le deuil, le viol, les accidents, la déchéance, la pauvreté, la tragédie, etc. Encore mieux, elle décrit comme les personnes de l'atelier aide les autres à travers leurs épreuves, ce réseau de solidarité suite au deuil, à la mort, ces échanges et dévouement que tous mettent pour rester ensemble, aider la propriétaire à garder sa boutique, comment l'atelier évolue et change au courant des années.
On sent aussi son impuissance dans tellement de situation, notamment ses fiançailles annoncées et arrangées avec un homme qu'elle n'aime visiblement pas, mais qu'elle accepte de fréquenter par pression de son entourage. Probablement la seule personne vraiment antagoniste du récit, même à travers un récit plutôt "neutre", ses actions montre un homme avare, arrogant et complètement entitled aux possessions de sa tante qui se dévoue immensément pour lui quitte à s'en ruiner et perdre des objets qui lui sont cher. La description des rencontres dans la rue avec une personne noire et dont ses compagnons de marche font toujours preuves de racisme complètement disproportionnés envers un simple passant est aussi assez parlant de comment elle arrive à montrer comment les gens peuvent paraître gentils, mais sont réellement odieux envers tout ce qui ne leur ressemble pas. Bien qu'elle ne change pas le comportement de ses partenaires de marche, on sent bien la morale anti-discrimination (qui est bien tournée) lorsque la personne noire vient lui faire une sorte de remontrance pour lui dire qu'il est comme elle. [Une note cependant au niveau du lexique employé: l'éditeur aurait définitivement pu moderniser le vocabulaire, c'est une collection destiné à la jeunesse et ça commence à faire beaucoup de racisme qui passe subtilement dans cette collection sans l'adresser à aucun moment ni faire des efforts de l'éviter, à ce niveau, la collection Les plumées n'évolue pas du tout et je continue dans mes reproches d'une très mauvaise édition/préfaçage des textes pour une collection qui veut se démarquer ; surtout pour Talents hauts qui est d'habitude très sensible à ce niveau]
Je pense qu'on ne ressort pas indemne d'une telle lecture, d'un très grand style et d'une immense sensibilité. Marguerite Audoux sait non seulement observer, noter, avoir une immense attention à son entourage et sait le transcrire à l'écrit et à y amener une kyrielle de subtilité et un bel élan narratif où on ne s'ennuit jamais. J'adore l'ajout de retranscriptions de chansons dans le livre, qui non seulement montre très bien l'égaiement ou la tristesse des personnages, mais ajoute définitivement un niveau de lecture supplémentaire et une sorte de mémoire de ces chants là. À ne pas manquer.
Encore un livre incroyable de Marguerite Audoux, féministe, décrivant la dure condition des ouvrières en couture ; le style est toujours implacable et froid avec des femmes qui subissent sans sourciller (le viol de la collègue, le futur mariage de Marie-Claire)... terriblement glaçant.
C'était une histoire un peu trop tranquille à mon goût. On suit la vie d'un atelier de couture parisien et les infortunes des couturières qui y travaillent. Ce sont des vies simples et difficiles (viol, fausse couche, violences conjugales, enfants illégitimes, tuberculose...). On suit le pdv de Marie-Claire, dont on ne sait si elle va se résoudre à épouser son fiancé (il est affreux mais il a (du coup) tout pour réussir. Il est question du quotidien et elle parlait de fiacres et tramways comme elle aurait mentionné le métro et les Uber aujourd'hui. Il était beaucoup question de chansons. Chaque personnage était décrit de manière concise, avec un physique que reflétait la personnalité de chacun.e. Toutes semblaient venir de Sologne, Bourgogne, Bretagne... Depeignant en creux une campagne qui se vide de ses femmes. Deux personnages auxquels sont consacrées peu de lignes : un juif qui loue des machines à coudre à Madame Dalignac (il n'a pas de nom) et un n*** que la narratrice croise qq fois dans la rue. L'autrice s'emploie à lui donner un petit rôle mais ça ne va pas plus loin qu'une dénonciation du racisme (il rappelle leur humanité commune à la narratrice après qu'elle a assisté à une ou deux remarques racistes à son encontre, elle le considère par ailleurs gentiment). Pour 1910, ce n'est peut-être pas si mal ? Tout semble dépeint d'un ton égal : les blessures infligées par le mari de l'une sont autant l'objet de railleries que les grands airs d'une autre.