C’est l’année du baccalauréat pour Magyd, petit Beur de la rue Raphaël, quartiers nord de Toulouse. Une formalité pour les Français, un événement sismique pour l’“indigène”. Pensez donc, le premier bac arabe de la cité. Le bout d’un tunnel, l’apogée d’un long bras de fer avec la fatalité, sous l’incessante pre sion énamourée de la toute-puissante mère et les quolibets goguenards de la bande. Parce qu’il ne fait pas bon passer pour un “intello” après l’école, dans la périphérie du “vivre ensemble” – Magyd et ses inséparables, Samir le militant et Momo l’artiste de la tchatche, en font l’expérience au quotidien. Entre soutien scolaire aux plus jeunes et soutien moral aux filles cadenassées, une génération joue les grands frères et les ambassadeurs entre familles et société, tout en se cherchant des perspectives d’avenir exaltantes. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, cette chronique pas dupe d’un triomphe annoncé à l’arrière-goût doux-amer capture un rendez-vous manqué, celui de la France et de ses banlieues. Avec gravité et autodérision, Ma part de Gaulois raconte les chantiers permanents de l’identité et les impasses de la république. Souvenir vif et brûlant d’une réalité qui persiste, boite, bégaie, incarné par une voix unique, énergie et lucidité intactes. Mix solaire de rage et de jubilation, Magyd Cherfi est ce produit made in France authentique et hors normes : nos quatre vérités à lui tout seul !
Des pages de pure jouissance littéraire alternées avec d'autres qui manquent à dire grand-chose. Et pourtant, ce livre reste jusqu'à la fin, grâce aux derniers 60-70 pages, un récit que je ne regrette pas d'avoir entamé. 3,4/5
Ça part un peu dans tous les sens donc il y a des parties que j'ai préféré à d'autres, des moments où j'ai eu du mal à suivre aussi. Globalement j'ai trouvé que le livre était plein d'une bonne énergie. Et surtout j'ai aimé que ce livre raconte Magyd dans son contexte difficile de cité, plutôt que de vouloir en faire trop et de faire la chronique de sa cité en général. Enfin, en tant que française file de français et qui plus est venant d'un milieu aisé, je pense que ça ne me fait pas de mal d'avoir un aperçu de comment certaines vies peuvent être différentes de la mienne.
Magyd Cherfi, chanteur de Zebda, raconte l'année de ses dix-huit ans dans une cité pauvre de Toulouse : le poids de la famille, les cours de soutien, la chape de plomb sur l'épaule des garçons maghrébins, l'atelier de théâtre, les violences faites aux femmes, mères et filles amenée dès l'enfance à n'espérer en rien. Parce qu'une Arabe, ça ne doit pas rêver, comme un Arabe, ça ne doit pas réussir ses études, ou sinon c'est trahir. Avec des mots des fois crus, toujours poétiques et imagés, Magyd Cherfi nous offre un tableau de l'année 1981, année de l'élection de Miterrand, et de la mort de Brassens et Marley, du côté des futurs "beurs", argument "social du socialisme" et du futur SOS Racisme, cette bienpensance qui ne pense pas aux pères humiliés et aux mères isolées, qui pense que le racisme ne peut être ni politique ni sociétal, que les immigrés sont forcément politisés et forcément à gauche. Un ouvrage magnifique, magistral et utile. Coup de coeur pour moi !
Une bonne surprise. Le personnage est assez déroutant, oscillant sans cesse entre plusieurs identités. S'il n'apporte pas de réponses, il pose de bonnes questions sur les cités, la place des filles, le rôle des grands frères, les questions linguistiques... Et on est assez loin de l'apparente légèreté de "Tomber la chemise". D'ailleurs, la musique et la formation du groupe n'apparaissent qu'en arrière-plan, comme si ce n'était alors qu'une préoccupation secondaire, bien après l'action sociale, la littérature, et ce fameux bac.
Above all, this is a book about the question of identity, something that many teenagers struggle with, but none more so than the children of immigrants.
For me, this book was a challenge to read, with its use of slang, metaphors, double-entendres, innuendos and words of North African origin. When he thought about writing Ma Part de Gaulois, he wanted to write something the people from his banlieu would be able to read. Something they would want to read. Which of course made it more difficult for those of us who weren’t from that quarter and for whom French isn’t the first language.
As I was reading Ma Part de Gaulois, I listened to the audiobook - read by the author himself. I could rarely go more than a few paragraphs before stopping to try to understand just what is being said. But I came to appreciate Magyd’s unique voice.
Magyd was born in 1962 and grew up in the northern suburbs of Toulouse, about five kilometres from the centre. In 1985, he helped form the group Zebda. In Arabic, zebra means butter which in French is beurre. Beur is the French slang for north Africans. Having written poems since an early age, he wrote all the words for their songs which were often very political.
I like that it is located in Toulouse, a city I know well and really like. Over the years, I have passed several months there and visited again as recently as September. But in fact, I don't know the part where the book is located - la rue Raphael is about five kilometres north of the centre, of place du capitole.
The book, narrated by the author, is autobiographical, and his two friends, Samir and Mono are seldom far away. The central theme is the problems of growing up in the two different cultures - French yet Algerian. To like school and the French language, to like reading made him a traitor, a ‘queer’.
“What exactly are you looking for with all these words you learn?”
If the problems of coming to terms with two different cultures were hard for the boys of the neighbourhood, they were far worse for the girls, who were often virtually imprisoned in their homes. His friend Bija ends up in hospital, viciously attacked by her father and brother for simply reading a book.
So it was difficult not to have a love hate relationship with both cultures. Nevertheless, he was proud to be the Hugo of his neighbourhood and couldn’t deny he liked Flaubert and Zola.
Set in the early 1980s as Mitterrand is about to become President, among many there were great hopes for cultural change. And great fears because it was Mitterrand. The same Mitterrand was Minister of the Interior during the Algerian War 1954-7 and confirmed the death penalty for dozens of Algerian FLN rebels, and torture for many, many more. I was shocked to learn this. Ironically, one of his first acts as President was to abolish the death penalty. On hearing the news, his father said, “Mitterrand is going to win? Pack our bags”
No-one from his Quartier has managed to pass the Bac. Most stop reading at the age of 10 or 11. I found that difficult to believe. While I was thinking about it, I suddenly remembered my own school days. No-one took A levels or went to university from my school of 1200 in the early 1960s.
The book is a fictionalised account his life until the age of 18 and passing the Bac.and the problems of conflicting identities. When asked if it led to a certain schizophrenia, he replied, yes, “but I am a schizophrenic cool.” That is, while he wanted to be Flaubert at the age of 18, in fact both cultures have helped define him, and he is the richer for that.
Although I found this a challenging book to read, I found it well worth the effort. To the question as to whether much has changed in the past 40 years, this article from France-Inter would suggest that the answer is no
Je dois vous avouer que j’étais assez récalcitrante avec Ma part de Gaulois, même si l’histoire me touche beaucoup. Et quel soulagement. Quelle petite merveille. Et cela est en grande partie justement dû à son lecteur : Magyd Cherfi, auteur du livre mais aussi parolier-chanteur du groupe Zebda qui nous livre avec ce livre, un bout de son histoire.
Ma part de Gaulois est magnifique. Je l’ai écouté et j’ai ressenti beaucoup de bien être. Cet audio fait du bien. Magyd Cherfi maîtrise les mots et les fait vivre pour nous plonger en plein dans le début dans années 80. En mélangeant le langage de rue et académique, cela donne un ensemble très poétique et sincère. Comme Magyd Cherfi le dit lui-même, être immigré c’est comme être schizophrène et cette dualité se retrouve dans son livre et nous interroge sur notre identité : qui sommes-nous vraiment ?
Je recommande vraiment Ma part de Gaulois aussi bien en livre qu’en audio. C’est intelligent et plein de tolérance, quelque chose dont nous avons aujourd’hui urgemment besoin.
Ce livre contient des passages époustouflants. Les thématiques abordées sont l'immigration (algérienne en France), les identités multiples des deuxièmes générations, le rapport avec la France tout en étant dans la réalités de la vie dans la cité, l'attente excessive des parents immigrés et de la communauté. Magyd Cherfi jongle avec finesse entre ses identités, tantôt français, tantôt issus de l'immigration. Certains passages m'ont beaucoup plu:
"L'exception française c'est d'être français et de devoir le devenir"
"Agnès me regardait avec admiration, elle accordait à mon bac un intérêt supérieur, comme si le sien n'était qu'une formalité administrative. Je vivais ça comme un racisme à l'envers. Pourquoi ce bac n'était qu'une anecdote pour elle et pour moi un exploit ?"
Brillant, drôle, intelligent... ce livre est un véritable bonbon ! Ça raconte l’enfance et l’adolescence, dans les quartier nords de Toulouse, du parolier du groupe Zebda, Magyd Cherfi. Il y raconte avec brio la vie des quartiers dans les années 80 pour un enfant tiraillé entre ses racines algériennes et son désir d’intégration. On y découvre ses indécrotables potes, ses amies du groupe de soutien scolaire et sa mère qui n’a que le bac en tête.
“Allez jury, ce déni ne peut pas durer l’éternité, on est des vôtres, on est les plus fervents supporters de Rousseau, de Voltaire, et même d’Astérix, ce valeureux Gaulois qui défend la patrie, à moins que je ne le confonde avec Vercingétorix, je ne sais plus, je suis perdu.. Crise et re-crise d’identité. On en bave là-bas, derrière le périph, de porter l’étendard nouveau de la banlieue, moi je suis fatigué de trimballer ce sobriquet de “péde” !”
Avec un roman initiatique et une adolescence racontée comme une épopée du quartier des Izards à la recherche du BAC, Magyd Cherfi décrit l'adolescence d'un ado arabe au début de la gauche de Mitterand. Mais aussi son harcèlement à cause de son étudition, la solidarité ... avec un style lyrique et envolé délicieux dont on ne se lasse pas.
Un beau roman racontant l'année de terminale de Magyd, confronté à l'épreuve suprême du baccalauréat dans une cité toulousaine dans les années 90. Amoureux de la langue française, du théâtre, de l'expressivité, du jeu de mot, Magyd se sent aussi amoureux de toutes les filles qu'il croise. Une belle ode à une jeunesse pas facile et des amitiés durables
Le chanteur de Zebda raconte son enfance, la banlieue, le sexisme, l’immigration algérienne, la violence… Mais aussi, le théâtre, la musique et le bac et la culture qui permettent de rêver plus loin. C’est tendre et violent.
Un livre qui n’a malheureusement pas autant de ressort que ce qu’il raconte. Zut !
L’auteur porte un regard sincère et sans concession sur sa banlieue, ses potes, sa famille, et lui-même au milieu de tout ça. Si quelques passages consacrés à ses atermoiements peuvent paraître longs, la plume est tellement géniale (drôle ou grave, en version érudite ou parler de la rue) qu’on lui pardonne tout.
Pas du tout le genre de livres que je lis. Et pourtant, j'ai aimé le lire, du début à la fin ! J'ai aimé lire ces pensées d'adolescent, arabe, l'année du bac, dans les quartiers nord de Toulouse. Une échappée dans un monde si négatif.
Un témoignage très réaliste de la vie dans les quartiers, la fatalité mais aussi les envies qui y règnent. On partage avec des sourires et des larmes les joies et les peurs de l'auteur. Ce bac, cette pièce échappatoire...
la construction de l'identité de l'auteur, que je découvre sur la fin chanteur et parolier du groupe zebda. Une écriture plein de gouaille, à la fois amusante et percutante sur la vie familiale des deuxieme génération dans la cité
4,5/5. Vraiment pas mal. Écriture affinée qui explore plusieurs registres différents et qui parvient à faire un très beau tour d'horizon de l'enfance et de l'adolescence de l'auteur. Un livre intéressant pour son exploitation des sujets du décolonialisme, du féminisme, et de l'affirmation de soi.
Après un démarrage un peu laborieux ( de ma part), j’ai bien aimé l’histoire de ce gamin reubeu passant le bac ( à la fin) et les difficultés que cela implique dans sa banlieue toulousaine (sûrement la même chose dans une banlieue lyonnaise !). Cela a-t-il changé ?
Un jeune homme impulsé à trouver d'autre destin par une mère acharnée raconte son trajet qui fini par le premier bac de la cité, raconte aussi la soif des femmes et des filles qui veulent leurs vies validées par du verbe, rappelle les deux mondes vécu quotidiennement entre le millieu banliesard et celui des 'français'. Une histoire attanchante et aimable, un tournoi important d'une vie particulière qui peut quand même contextualiser quelques soucis acutuels.
Tout le monde connait Zebda et donc tout le monde connait Magyd Cherfi. Mais Magyd Cherfi n'est pas seulement l'ancien chanteur du groupe, il est surtout un auteur à part entière qui maltraite la langue française avec talent. Et c'est là que réside une grande part du plaisir que j'ai eu à lire son autobiographie. Comme son titre l'indique, "Ma part de Gaulois" traite de l'épineuse question des origines de l'auteur lui-même. Comme tout fils d'immigré, cette question est marquée par le territoire, l'espace, les lieux de relégation. Mais ce n'est pas un roman de banlieue, même si tout y est : la violence (gratuite), les (jeunes) femmes cloisonnées, l'art de la vanne, les associations, l'aide aux devoirs, le cannabis, la tradition, etc. C'est une autobiographie et la voix de Magyd Cherfi mérite d'être écoutée car elle est salutairement dissonante : Magyd Cherfi n'a pas d’ancêtres gaulois, pourtant il s'en réclame. Et sa part de Gaulois, elle ne lui a pas été transmise par le sang, mais par la langue française qu'il aime profondément et manipule avec brio, comme son texte le montre à chaque mot, phrase, paragraphe. C'est là qu'on reconnait les bons auteurs, ceux qui offrent un point de vue original sur le réel porté par un usage unique de la langue française.
Début des années 80, Magyd Cherfi, jeune toulousain des quartiers nord, passe son bac. Pour qui ? Pour quoi ? Il ne le sait pas encore. Et sa détermination est mise à rude épreuve, lui qui est constamment pris pour cible par les caïds du quartier. Difficile de réviser son bac dans un appartement bruyant sous l’œil sévère de sa mère ; impossible d’ouvrir un livre dans la rue Raphaël sans se faire casser la gueule. Mais Magyd Cherfi est aussi une figure emblématique de la communauté ; il écrit des poèmes, anime un atelier de théâtre, donne des cours de soutien scolaire. Quand l’atmosphère de son quartier devient trop pesante, il rejoint ces potes de lycée pour jouer du rock au fond d’un garage. Les quatre vies de Magyd Cherfi sont très strictement séparées et tout télescopage peut avoir des conséquences dramatiques. Il navigue avec talents entre ses rôles de fils prodige (maître chanteur de sa propre mère), d’intello insupportable (qui prend de sacrées raclées), de bon samaritain (qui s’engage pour le bien être de sa communauté) et de jeune « Beur » (sans cesse renvoyé à la couleur de sa peau par les blancs).
Dans « Ma part de Gaulois », Magyd Cherfi parvient, par le prisme de son histoire personnelle, à livrer un témoignage puissant sur la vie dans un quartier toulousain dans les années 80. Ecrit dans un style vif et percutant, son récit retranscrit avec talent l’urgence de vivre de cet adolescent perdu entre deux cultures qui sont siennes.