Quel féminisme pourrait aujourd'hui réunir les Nords et les Suds? Sans nul doute un féminisme non hégémonique, qui prenne en compte les spécificités des unes et des autres mais qui, ce faisant, ne cherche pas opposer centre et périphérie. Ces caractéristiques, qui représentent autant d'exigences, sont précisément celles d'un féminisme de la frontière, capable de se projeter, qui croise sans recouper, et qui rejette aussi bien la fusion que l'hybridation : un féminisme transversal, foncièrement décolonisé.
Cet ouvrage se propose de déconstruire des catégories classiques assimilées ou appliquées au féminisme, comme le care ou l'empowerment, dans une approche qui emprunte tout à la fois à la philosophie sociale et à la pensée décoloniale, pensée qui se définit à la fois contre la postmodernité et la postcolonialité. Féminismes du Nord et du Sud d'hier et d'aujourd'hui sont ainsi soumis à une critique de fond, à la fois historique et épistémologique, s'agissant aussi bien de décoloniser la Shéhérazade médiévale que la Fat(i)ma adepte du féminisme dit musulman, et les femmes du Kazanistan rawlsien autant que celles de la Tunisie post-révolutionnaire.
Globalement, je pense que l'autrice semble avoir un propos profond et nuancé à présenter mais je n'ai pas compris pas mal de choses car 1) soit trop philosophiques, 2) soit pas assez pragmatiques ou exemplifiées, 3) soit mal éditées. J'ai néanmoins noté un certain nombre des sources citées et je poursuivrais ma lecture de cette autrice dans l'espoir de mieux comprendre.
A mi chemin entre la philosophie politique et morale (le chapitre sur le care et le commentaire sur Rawls) et l'essai plus pratique (notamment sur la Tunisie).