Dépêché dans une province lointaine, au climat rigoureux, aux habitants incultes et à la cuisine immangeable, le juge Ti regrette amèrement le luxe de la capitale. Un seul raffinement très en vogue est parvenu jusque dans ces contrées reculées : le go, jeu de stratégie d'origine ancestrale élevé au rang d'art. Les notables locaux en sont fous. C'est bien la veine du magistrat, qui n'y voit qu'un passe-temps pour oisifs ! Il est toutefois contraint de s'y intéresser de plus près lorsqu'il devine que le go pourrait avoir un rapport avec une série de meurtres survenus dans la région.
S'engage alors une partie délicate, dont l'enjeu n'est autre que de nombreuses vies humaines.
Fils d'un professeur de mathématiques à l'Université de Paris VIII et de la directrice du centre de documentation du Planning familial, Lenormand est aussi le petit-fils d'un collectionneur d'art japonais, si bien que son enfance baigna dans la culture, la littérature et les mythes asiatiques. Après un bac de langues en 1982 (il parle russe, anglais et italien), il poursuit ses études à l'Institut d'études politiques de Paris puis à la Sorbonne.
À Madrid, en 1988, il écrit cinq romans coup sur coup afin de cerner ses possibilités littéraires. L'un d'entre eux, Le songe d'Ursule, inspiré par le cycle de Carpaccio conservé au musée de l'Académie, lui vaut le prix Del Duca du jeune romancier.
En 1989, le montant du prix en poche, il va vivre à New York, où il écrit Les amateurs de littérature, publié par les éditions Robert-Laffont sous le titre Les fous de Guernesey.
Dans les années 1990, il reçoit un certain nombre de prix, bourses et encouragements divers, dont la prestigieuse Bourse du Jeune Romancier de la Fondation Hachette (aujourd'hui Fondation Lagardère), le Prix Thyde-Monnier de la Société des Gens de Letres, la bourse Villa Médicis Hors les Murs et le Prix François-Mauriac de l'Académie française.
Auteur de romans historiques exclusivement, il se spécialise dans le XVIIIe siècle, puis dans la Révolution, puis dans la Terreur, puis dans les maisons de santé transformées en prisons à cette époque. Ce parcours culmine avec la publication chez Fayard de deux ouvrages purement analytiques abordant des sujets jamais traités, La pension Belhomme, sur les prisonniers de cette maison de fous, et Douze tyrans minuscules, sur les policiers qui les y enfermèrent. Conscient d'être en train de s'enfermer dans un domaine minuscule, il décide de changer son fusil d'épaule et donne une suite aux romans chinois de Robert van Gulik, décédé en 1967. Ce sera Les nouvelles enquêtes du juge Ti (Librairie Arthème Fayard).
La particularité de ces "nouvelles enquêtes" est de situer avec précision le juge Ti dans le contexte historique de la dynastie des Tang, qui marqua l'apogée de l'empire du Milieu. L'auteur se fonde pour cela sur les nombreux travaux parus ces quarante dernières années, qui lui permettent de restituer avec un soin méticuleux les moeurs, les usages et le raffinement des Tang. L'intérêt de ces livres repose à la fois sur une intrigue criminelle à la Agatha Christie, version asiatique, sur la personnalité d'un mandarin plein d'ironie face aux aléas de l'existence, et sur la reconstitution d'une culture chinoise diverse, inattendue et rayonnante.
On peut s'interroger sur la légitimité de reprendre un héros, sinon créé, du moins popularisé par un précédent écrivain. Force est de reconnaître que le résultat est original, personnel, très éloigné du juge Ti de Van Gulik, et offre au lecteur un aperçu des Tang qu'il ne trouvera nulle part ailleurs.
Les nouvelles enquêtes du juge Ti sont traduites en tchèque (Garamond), en espagnol (Ediciones Paidos Iberica), en portugais (Europress) et en bulgare.
Lenormand est parallèlement l'auteur de récits pour les enfants, dont le cycle de L'orphelin de la Bastille (éditions Milan), qui lui permet d'épancher sa passion pour la Révolution française.
Judge Ti, an amiable senior administrator in T'ang Dynasty China, is a devout Confucian and a keen amateur sleuth. In this novel, apparently the eighth in the series, he has been posted to a far-flung corner of the Empire together with his three wives and assorted concubines. It's cold and miserable, and the natives have found entirely too many things to do with yak fat. Not only that, his predecessor hasn't bothered to collect the taxes.
But even here, close to the Mongolian border, people have a deep respect for the four sacred arts of music, painting, calligraphy and Go. Indeed, the local potentate, Tchao, and his immediate circle are utterly obsessed with the game of Go. Lord Tchao has had a giant Go board constructed in the garden, and is playing a long-drawn-out game against Liu, an elderly Go master who has retired from the capital of Chang-An to live out his last years in accord in the precepts of the Tao.
Ti's suspicions are soon aroused: there have been several unexplained deaths in the recent past, and he starts to ask questions. One evening, he's invited to dinner at Lord Tchao's mansion. Tchao and Liu go out to the giant Go board, where Liu makes his next move. Around the table, Liu then behaves strangely. He confronts another guest, Hou, and asks him if he's made his will. The next day, Hou is discovered stabbed to death. And when Liu is also murdered shortly afterwards, there's no doubt that something bad is going on.
The plot, already hard to swallow, gets more and more bizarre as the story progresses, but none the less has a certain charm. If you like board games and read French, you'll probably enjoy it too.
Je rencontre pour la première fois le Juge Ti qui vit et sévit au 7e siècle en Chine Après la lecture des novellas de Claire North traitant un peu du même sujet (la vie en tant qu'échiquier) le ton léger, un peu superficiel, pour traiter un sujet grave m'a déçu même si l'auteur connait suffisamment l'histoire de la Chine pour ponctuer son récit de détails historiques intéressants qui m'ont entrainé jusqu'à la fin de ce récit à l'intrigue un peu trop cousue de fils blancs
Lu en 2014, puis relu en 2022. Je me souvenais l'avoir apprécié. Ce fut à nouveau le cas. L'intrigue est intéressante bien qu'elle se termine un peu vite à mon goût sur les derniers chapitres. Toujours un plaisir de passer un moment avec le juge Ti.
Le style et le charme des nouvelles enquêtes du Juge Ti sont toujours appréciables, mais cette fois les ficelles de l'intrigue sont un peu trop grosses et manquent un peu d'originalité.