Gabrielle Roy was born in March 1909 in Saint-Boniface, Manitoba, the youngest of eleven children. Her mother and father, then, were relatively old at the time of her birth -- 42 and 59 respectively. Like Christine's father in Rue Deschambault (Street of Riches), Léon Roy worked as a colonisation officer for the Department of Immigration, a position he held between 1897 and 1915. His politically motivated dismissal occurred six months before his retirement, thus leaving Roy with no pension to support his family. The family's financial predicament during Gabrielle's youth precluded any chance of her attending university, despite having earned stellar marks throughout high school which put her as one of the top students in the entire province. In 1927, after graduating from grade twelve, she enrolled at the Winnipeg Normal Institute where she completed her teacher training.
After teaching in the rural communities of Marchand and Cardinal, where she taught for a year, Roy returned to Saint-Boniface. There she accepted a teaching job at the Académie Provencher boy's school, a position she held from 1930-37. During this period, Roy began actively pursuing her interest in acting and joined the Cercle Molière theatre troupe. Her experiences as an actor inspired her to leave her teaching position and travel to Europe to study drama. Spending between 1937 and 1939 in Britain and France, the fluently bilingual Roy studied acting for six months before concluding that she did not desire to pursue a career in the theatre. In the meantime, she had also begun to write articles about Canada for newspapers in Paris and pieces on Europe for newspapers in Manitoba and came to realize that writing could be her vocation.
Over the course of her lengthy and prolific career, Gabrielle Roy received many honours, including three Governor General's Awards (1947, 1957, 1978), the Prix Fémina (1947), the Companion of the Order of Canada (1967), the Medal of the Canada Council (1968), the Prix David (1971), and the Prix Molson (1978).
La détresse et l'enchantement, c'est l'enfance, le passage à l'âge adulte d'une très grande écrivaine. Tous les visages de Gabrielle Roy s'y déploient, sur fond de voyage, d'amour, de passion, d'amitié, de quête de soi. On y découvre une femme entière, éprise d'écriture, de liberté. En 2013, avec une amie, nous avons créé un spectacle littéraire intitulé "Tout comme Gabrielle" autour de ce livre, où nous explorions sept facettes différentes de la femme, soit l'enfant, l'amie, l'enseignante, l'actrice, l'amoureuse, la voyageuse et l'écrivaine. Pour chaque visage, nous avions composé des textes originaux qui, juxtaposés à des extraits du livre, incarnait une partie du récit. Le spectacle a été présenté une seule fois, dans le cadre du festival Québec en toutes lettres, dans la superbe salle de bal du Morrin Centre et, au risque d'avoir l'air ésotérique, je crois que la grande Gabrielle était assise quelque part dans la salle et qu'elle veillait sur nous ;)
Longtemps, j’ai évité Gabrielle. On a essayé de me la faire lire au secondaire, puis au Cégep, puis à l’université, et chaque fois, j’ai dit non. Trop long, trop précieux, trop madame. Puis j’ai vieilli, et j’ai fini par arriver à l’âge (pour ne pas dire à la maturité) nécessaire pour aller à la rencontre d’une œuvre. J’ai commencé par une plaquette, La route d’Altamont, une lecture imposée (encore !) dans le cadre d’un cercle de lecture (j’aime full ça les cercles de lecture, je suis nerd de même). Je me suis dit : bon, allons-y, c’est 150 pages, si c’est nul, ça ne le sera pas longtemps. Ben crisse, la magie a opéré. J’en ai même braillé une shot tellement c’était beau. J’ai lu une partie de ses essais-reportages, extraordinaires, puis Ces enfants de ma vie, puis celui-là, quelques années plus tard. Je l’ai fini dimanche.
Asti de wow.
Pour moi, de ce que j’ai lu, et je suis loin d’avoir tout lu, loin, loin, loin on s’entend, c’est peut-être le meilleur livre québécois jamais écrit, pour ne pas dire canadien (me semble que la seule compétition, c’est Richler). Ok, c’est lourd parfois, avec des phrases tricotées avec du subjonctif imparfait où s’empilent les subordonnées ; des passages un peu plates où Roy décrit des arbres et des chemins ; des personnes sans nom parce que la mémoire de Gabrielle lui joue des tours. Mais voilà : c’est pas un livre, c’est un morceau de vie qui palpite, qui éclaire, qui émeut et qui réchauffe. Un bout nuage, un rayon de soleil, un fragment d’histoire. La lucidité et la tendresse avec lesquelles Roy aborde sa jeunesse au Manitoba, puis ses voyages en France et en Angleterre, en mettant à nu ce qu’elle décrit, en creusant en elle la part de joie et de douleur que chacune de ses expériences a déposée en elle, m’a mis à nu aussi. Il y a quelque chose de Proust dans ce livre-là, ne serait-ce que ça raconte la venue de Gabrielle Roy à l’écriture : ça vous donne une idée du calibre de cette oeuvre-là.
C’est pas de farces, j’ai eu envie d’acheter des exemplaires de ce livre-là et de les envoyer à des gens que j’aime juste pour le bonheur de savoir qu’ils l’ont chez eux. Crime, passer 20 minutes sur Goodreads pour écrire ça, c’est déjà le signe de quelque chose. Donc, voilà, allez l’acheter, ça va me rendre de bonne humeur, et vous aussi.
De peine et de misère je l’ai terminé. J’ai décidé de ne pas y mettre de note, parce que je vais sûrement en froisser davantage si je le fais. J’aurais cru que le volet autobiographique m’aurait plu.. Je n’ai pas adhéré à la plume de Gabrielle Roy (sacrilège je sais bien) J’ai trouvé que c’était très axé sur les lieux et les descriptions. Elle nous dit ce qui est arrivé au lieu de nous le faire vivre (ou de me le faire vivre, écrivons ça au Je-me-moi). J’ai trouvé qu’il y avait un aspect nostalgique dans l’écriture, mais il est difficile de me faire vivre quelque chose de nostalgique que je n’ai pas vécu (ça va carrément à l’encontre de la définition de la nostalgie). L’écriture est jolie et poétique, ça m’a pris un certain temps d’adaptation. J’ai dû me calmer les nerfs parce que certaines phrases se lisaient mal dans ma tête (ex: je vous mets celle-là parce que j’aime son propos mais aussi parce qu’elle illustre bien ce que je veux dire) : « Il y avait certains êtres auxquels on s’attachait ainsi très vite et qu’on devait regretter cependant toute la vie peut-être, si on avait le malheur de les perdre. » p435
J’aurais aimé apprécier l’aspect philosophique de l’œuvre, mais malheureusement les éléments précédents ne m’ont pas permis d’avoir accès au cœur de cette histoire et j’ai plutôt senti quelque chose de très (j’ose????!) larmoyant.
J'aurais tellement aimé lire la suite que l'auteure prévoyait écrire ! C'est tellement beau ! Une femme qui a suivi ses rêves et ses envies malgré le milieu d'où elle provenait qui aurait pu l'en découragée. ❤
Une des plus belles plumes qu'il m'ait été donné de lire, un livre qui m'a émue aux larmes souvent et m'a permis de réfléchir à mon rapport à la langue française.
"[...] et la vérité, même triste, même dure, est toujours plus consolante à entendre que le mirage ou le mensonge."
" [...] de tout ce qui peut nous arriver, le triomphe est le plus difficile à endurer quand on est seul. Privé de témoins, il se dégonfle sans tarder."
La détresse et l'enchantement is a great autobiography of a woman artist. And as any great biography it is both unique and typical. Actually it is unique and typical on not just one, but at least two levels. The first level is a story of a young woman searching for her path in life, and the second is a story of a Manitoban French-Canadian in the first third of the 20th century, and both stories are relatable and extraordinary at the same time.
Initially it was the Manitoban line that made me take up this book, but it was the story of the young woman that made me fall in love with it. La détresse et l'enchantement was suggested to me as a follow-up reading on the subject of the history of the French-speaking minority in Manitoba in the 20th century. And so I set out to read a book about those far away people, but to my astonishment instead ended up reading a book about … myself. Yes, that's a trick any good autobiography plays on a reader, when similarities in certain details seem stunning, and the parts where the similarities end make one think about one's own life experiences even more! Yes, in reading, just like in traveling, there is no escape from oneself.
Actually the motif of escape/leaving is one of the central ones in this book: time and again Gabrielle has to leave places and people and each time no matter how difficult it is, leaving results in her obtaining yet another unknown piece of the puzzle that is herself. Wandering as part of coming of age ritual belongs to youth, and this text is about youth of a woman gifted with enough luck, talent, optimism and freedom but initially with very little understanding of herself. In the second part of the book her soul-searching takes her to France and Great Britain and eventually to Quebec, where Gabrielle finds her path, her true calling and settles into the rest of her life. The wanderings are over and the book ends.
And what about Manitoba? It occupies the first half of the book and its image is painted with affection and tenderness. The homeland that had no future to offer to Gabrielle and where she would never resettle nevertheless provided her with the basis on which the rest of her life and her oeuvre would be built. And although Roy went on to become a celebrated Canadian author, her story is still typical for Manitoban French who until this day are faced with a dilemma of remaining at home to face assimilation or leaving the province in order to preserve own francophone identity. A typically Canadian story? Yes, but not only. Anyone who has ever had to leave the familiar for the true has known his or her own Manitoba.
And that’s why this is a great book: through the individual it speaks about the universal. And so for whatever reason you pick it up – for its historical, psychological or travel diary aspects or simply for its beautiful French – I think its 500 pages are sure to make you discover something about all of these aspects and more importantly, about yourself.
A few quotes:
Je lisais … comme toujours lorsqu’on est emporté par la magie d’une histoire bien racontée ou la simple ivresse de se reconnaître à travers des mots plus habiles que les siens. (P. 97)
L’on est ignorant de sa propre vie plus que de toute chose sur terre. (P. 108)
…cette volonté de partir ne me semblait pas venir de moi seule. Souvent elle me paraissait émaner de générations en arrière de moi ayant usé dans d’obscures existences injustes l’élan de leur âme et qui à travers ma vie poussaient enfin à l’accomplissement de leur libération. Serait-ce donc le vieux rêve de mon enfance, qui me tenait toujours, de venger les miens par le succès ? (P. 182)
Quelquefois je m’avoue que ce qui me plaît le plus dans cette idée d’éternité, c’est la chance accordée, en retrouvant les âmes chères, de s’expliquer à fond avec elles, et que cesse enfin le long malentendu de la vie. (P. 240)
… car c’est souvent en errant seule dans les villes inconnues que je suis le mieux arrivée – mais à quelque chose d’autre que ce que je pensais chercher et qui fut presque toujours meilleur. (P. 274)
…au théâtre qui nous apprend à mieux regarder la vie percée à jour, mise à nuous nos yeux ! (P. 279)
Car il m’est arrivé dans un isolement trop complet, cernée de trop de silence, de n’avoir même plus le sentiment de penser, comme si le pauvre mécanisme de la pensée – qui est quand même toujours un appel aux autres – c’était bloqué quelque part en moi. (P. 304)
Ce qui, à mon sujet, m’a causé le plus d’etonnement, c’est peut-être que, malgré ce fond de détresse qui ne m’a guère quittée, j’ai asi souvent pu être heureuse et laisser penser à beaucoup que j’étais, que je suis d’une nature gaie et rieuse – et sans doute ai-je été ainsi, au-delà d’une tristesse qui souvent alors se laissait oublier. (P. 446)
Wow ! Je ne connaissais rien au sujet de cette auteure. Il s’agit d’un livre doux et rude à la fois. J’ai adoré découvrir son écriture et je comprends pourquoi à elle conquis le cœur de tant de gens.
Il s’agit d’une grande quête identitaire, avec des passages fort inspirants qui m’ont fait beaucoup de bien. J’aurais tellement voulu que le roman se poursuive.. ça reste ma plus grande déception. À lire absolument au une fois dans sa vie!
A beautiful book by a wonderful French Candian author whose fiction I have read. Roy's family had lived in Manitoba for a generation or two, far from Quebec which we think of as the home of French Canadians. So there was much less of a French-speaking community and much more exclusion from the majority English speaking community. The family struggled greatly financially but she was able to receive and education and become a teacher. The autobiography follows her life when she - finally - leaves home and spends time in Paris, London and Provence before returning home just before the outbreak of WW II - and beginning her real career as a writer. A great sense of the beauty of nature, and the difficulties of family and love.
je sais pas si c’est parce qu’on a presque le même nom, mais ce livre a eu un effet indescriptible sur moi. je me suis reconnue dans tellement de passages et ça m’a fait du bien. le goût de l’aventure, la multiplication des expériences, la rencontre de l’autre, de soi, du monde.
« mon passé s’était comme aboli avec ses vieilles angoisses qui m’avaient si longtemps entravée. l’avenir ne m’importait plus. j’étais sans souci de ce que je deviendrais. ai-je jamais été si libre ? »
"En fait, elle parla peu, quelques mots seulement à la fois, entre de longs moments de méditation. Mais chaque petite phrase sonnait si juste, provenait d'une réflexion si appropriée, résumait tant de sagesse, était énoncée en termes si parfaits que chaque fois j'en dressais l'oreille." p. 420 Cette citation résume à merveille l'autobiographie de Gabrielle Roy, qui est parsemée de réflexions si vraies sur la vie, elles-mêmes issues du regard lucide de cette auteure exceptionnelle. Chaque phrase du livre est un bijou.
Autobiographie d'une autrice canadienne française inconnue de moi. J'ai eu un peu de mal à y entrer à cause sans doute de son côté catho. Puis je me suis laissé ravir et j'ai adoré la vérité, la simplicité et la profondeur du récit.
Dire au revoir n’est pas chose facile, et c’est ce sentiment d’adieu qui m’habite au lendemain de cette lecture qui m’aura accompagné plusieurs mois. Quelle beauté immense! Que vais-je lire à présent? Merci pour tout Gabrielle.
J'ai toujours eu une fascination pour Gabrielle Roy parce que j'ai lu il y a très longtemps un cahier dans La Presse du samedi qui lui était consacré. J'avais dévoré Bonheur D'occasion, recommandation que m'avait faite Michel Tremblay dans Un Ange cornu avec des ailes de tôle et puis plus rien. Je redouble de fascination avec cette autobiographie que j'ai, oui, pris 2 mois à lire (c'est quand même 550 pages lues par une fille qui travaille trop même aux temps corona). J'ai trouvé une phrase en début d'ouvrage qui, je trouve, donne le ton : "les minorités ont ceci de tragique, elles doivent être supérieures...ou disparaître". Gabrielle Roy est issue d'une minorité qui vit loin de la minorité majoritaire du Québec. Elle se fait écraser dans son Manitoba lointain et au-delà de la subsistance propre, lutte pour d'autres survies : culturelle, linguistique, professionnelle. Cette lecture m'a complètement captivée. C'est comme si j'avais accès à quelqu'un à 90 ans d'ici, que je pouvais l'entendre, la comprendre en direct du passé à travers un médium pas du tout techno, sans son ni image. Elle s'exprime dans une langue tellement belle, tellement orale et touffue en détails. Beaucoup de détails en lecture peut être ronflant, ou transporter. J'ai été transportée, mais pas sans efforts... il faut aussi, en tant que lecteur, s'abandonner un peu et oublier l'écriture moderne en 140 caractères. Cette autobiographie, c'est avant tout une histoire tout ce qu'il y a de plus normal, et à la fois fictionnel... Je n'en reviens pas de tout ce qui lui est arrivé, et qu'elle se livre avec autant de transparence. Elle nous raconte à la fois la détresse, et l'enchantement de sa vie. Quand je lis sur une vie, je me demande à quoi nous sert la fiction tellement c'est captivant. C'est vraiment dommage que le récit se termine au moment de son retour d'Europe, dans la Montréal ouvrière qui l'a inspirée pour son premier roman et j'ai bien hâte de lire la suite, publiée à titre posthume.
Gabrielle Roy écrit si bien et cette première phrase est parfaite. Je m'attendais à trouver plus de similarité entre moi et elle. C'est un peu pompeux à dire, mais je me suis reconnue dans la première de classe qu'on découvre dans la première partie. J'avais tord, parce que c'est une personnalité bien étrange que l'on découvre, qui se laisse porter par les événements, entre la détresse et l'enchantement. Je me demandais pourquoi n'avoir écrit que sur un moment relativement court de sa vie (ses quelques 30 premières années), mais j'ai compris grâce à Internet que la mort l'avait empêchée de poursuivre. Une lecture agréable, mais qui s'étire un peu vers la fin.
Ce n'est pas a priori le type de livres que je lis habituellement, mais j'ai été surprise de m'y découvrir de nombreux points communs (bien que les différences soient encore plus nombreuses) avec cette autrice reconnue qu'est Gabrielle Roy. Ce long récit sur son parcours de jeunesse, et dans lequel elle a souvent réussi à puiser de l'inspiration pour ses écrits, ce long apprentissage vers l'écriture...
En refermant ce livre, j'ai le goût de relire Bonheur d'occasion, mais également de découvrir le reste de l'oeuvre. Je pourrais bien relire ce livre dans quelques années.
Je dois dire que ce récit porte très bien son titre, car la détresse et l'enchantement y sont constamment emmêlés. La jeune Gabrielle passe sans cesse de l'un à l'autre au fil de ses aventures, et se retrouve même parfois coincée entre ces deux sentiments contradictoires et forts!
Ainsi, la détresse c'est la pauvreté, parfois extrême, la maladie, la mort, la difficulté de communiquer vraiment avec ceux que l'on aime, la vie dans une collectivité minoritaire, la lutte acharnée pour conserver sa langue, sa culture, c'est le sentiment d'avoir une voie toute tracée à laquelle on ne peut échapper, de travailler fort pour atteindre ses objectifs, aussi fous soient-ils, c'est l'éloignement dans le temps et l'espace, c'est le dur chemin pour apprendre à se connaître, à trouver sa voie, c'est de se retrouver seule, en pays étranger, sans repères, sans but précis, c'est de vagabonder et de vivre sans même avoir conscience de l'environnement dans lequel on évolue et n'en garder que des souvenir bien flous, c'est de se sentir prisonnière d'un amour passionné, mais sans doute pas véritable et surtout bien décevant, même lorsqu'on a décidé de lui tourner le dos, c'est de faire de grands choix, c'est de plonger tête première dans l'inconnu...
Et tout à côté, l'enchantement c'est de s'émerveiller de l'infinité du ciel et des champs, d'être parfois cette personne heureuse et douée pour le bonheur que les autres voient, de faire la fierté de ses parents, de se découvrir aimée de ses proches, de se découvrir des passions, même on a l'impression que le talent n'y est pas, c'est de faire des rencontres merveilleuses, de se faire amie un moment avec des inconnus, c'est de rencontrer l'amour d'un simple regard, c'est d'arriver chez des étrangers et d'y découvrir un nouveau foyer, des êtres à chérir pour des années à venir, c'est de se réveiller la matin avec une passion toute nouvelle, ou presque, un besoin irrépressible, même si on ignore où cela peut mener, c'est de voir la magie de la vie, tout ce qu'elle a de merveilleux à offrir, c'est de vagabonder, d'aller courir "le monde" sans peur du lendemain, de vivre dans l'instant présent, c'est de découvrir mille détails qui font parfois la beauté du monde...
La détresse et l'enchantement, c'est tout cela, et beaucoup plus.
"J'étais saisie de terreur à la pensée qu'il n'y avait à reculer, que je devais désormais, pour gagner ma vie, plonger dans l'écriture, moi qui tout à coup percevais combien peu je savais encore m'y prendre." p. 504
Je ne saurais avec exactitude par où commencer pour rendre justice à l'oeuvre que l'on dit la plus aboutie de l'auteure; une oeuvre que j'ai savourée. La prose de Gabrielle Roy est d'abord d'une délicatesse et d'une justesse très agréable, réconfortante, douce… On s'y laisse voguer avec bonheur. Surtout que La détresse et l'enchantement possède un ton proche des confidences qui rend le tout encore plus agréable. Pas seulement une autobiographie, ce livre est une sorte de mémoire, de journal de la création, d'essai littéraire. On y trouve deux parties: “Le bal chez le gouverneur” et “Un oiseau tombé sur le seuil”. La première relate l'enfance de Gabrielle Roy et sa vie Manitobaine, en tant que Canadienne française dans une province de l'Ouest canadien majoritairement anglophone. Quant à la seconde partie, c'est l'auteure qui raconte ses deux ans passés en Europe à apprendre l'art dramatique. L'écrivaine est toutefois décédée avant d'achever son oeuvre, qui devait comprendre en tout quatre parties. C'est une autobiographie à savourer pour s'inspirer et découvrir la grand âme qui se cache derrière l'oeuvre de Gabrielle Roy.
“Il y a ceci d'extraordinaire dans la vie d'un livre et de son auteur: dès que le livre est en marche, même encore indistinct dans les régions obscures de l'inconscient, déjà tout ce qui arrive à l'auteur, toutes les émotions, presque tout ce qu'il éprouve et subit concourt à l'oeuvre, y entre et s'y mêle comme à une rivière, tout au long de sa course, l'eau de ses affluents."
N'ayant jamais été attiré par le classique «Bonheur d'Occasion», il me fait plaisir de découvrir Gabrielle Roy par son autobiographie, oeuvre ultime et incomplète (La Détresse et l'Enchantement étant constituée des deux premières parties d'un projet qui aurait du en contenir quatre, au total).
L'autrice raconte les débuts de sa vie, ses premières relations avec la mort, la pauvreté, l'appartenance, mais aussi ses pulsions de liberté, d'éloignement, d'aventure. Au-travers de son histoire, Roy raconte l'apprioisement de sa qualité d'artiste, qui fut ponctué de questionnements et d'incertitudes. En tant que créateur, on s'y reconnaît, et la douceur de sa plume est consolante et validante.
La plume de Gabrielle Roy, lorsqu'elle parle avec tendresse de ses souvenirs, n'est pas sans rappeler Proust, qui lui aussi tangue lentement au fil de sa mémoire retrouvée. La lecture de La Détresse et l'Enchantement est douce, mais intéressante, particulièrement à-partir de la moitié du livre, lorsque l'autrice en devenir partira en Europe, à la recherche d'elle-même.
Une lecture bien plus enrichissante que Bonheur d'Occasion, si vous voulez découvrir l'artiste, à mon humble avis.
Ce récit autobiographique est parfois prenant et intéressant, mais c'est loin d'être toujours le cas. Beaucoup de fadaises, de réflexions personnelles décevantes par leur brièveté et leur naïveté. Mais je retiens la description de la découverte de Londres et le séjour à la campagne voisine de Londres. Et une scène qui m'a paru très poétique au moment du départ du train (l'adieu aux ancêtres au bout du quai). Je me demande comment quelqu'un qui se montre capable de pages aussi belles et puissantes peut se traîner le reste du temps dans de pareilles ornières.
I love the way she puts words together. She has an old-fashioned style of writing, but it is resonating with me. I read the following she wrote about spending time with an 87 year old woman in the country in England in 1939: "It was partly from her that I learned how essential we are to each other, old souls who grieve less for their heyday when they have young people near, and young souls who are less afraid of old age when they see the old still capable of enjoyment and delight."
Toute une année pour lire ce livre, qui est pourtant une grande oeuvre et qui pourrait s’avaler en quelques traits, comme une liqueur bien vieillie. C’est que je me laisse plus difficilement capter par les essais et biographies, mais toujours par les romans plein d’intrigue. Je recommande toutefois sans détour la détresse et l’enchantement dans vos moments de recueillement littéraire. P.s. j’ai découvert que Gabrielle Roy m’était apparentée par sa grand mère maternelle, Émilie Jeansonne!
Je voulais dire cette grande auteure canadienne. Dans l’émission de Mariana Mazza, Livre ouvert, Michel Jean présentait ce titre comme le meilleur de la littérature de notre pays. C’est mon troisième bouquin d’elle. Je reconnais que son écriture est belle, mais son style n’est pas le mien. J’ai préféré « Ces enfants de ma vie ». Je suis contente de l’avoir lu, mais plus encore de l’avoir terminé puis de commencer autre chose 😉
"Mes livres m'ont pris beaucoup de temps dérobé à l'amitié, à l'amour, aux devoirs humains. Mais pareillement l'amitié, l'amour, les devoirs m'ont pris beaucoup de temps que j'aurais pu donner à mes livres. En sorte que ni mes livres ni ma vie ne sont aujourd'hui contents de moi."
Probablement mon livre préféré, si beau, si bien écrit. Gabrielle Roy nous transporte à travers sa jeunesse et des personnages fascinants dans un Canda du début du 20ième siècle et d'un Europe d'avant guerre. Plus qu'une biographie, il s'agit d'une ode à la decouverte de soi et de la vie.
Je ne suis pas un fan des biographies et celle-ci ne fait pas exception, même si j'ai beaucoup apprécié les autres oeuvres de Gabrielle Roy. Le style est lourd à l'occasion car il s'agit probablement d'un ouvrage non terminé publié après le décès de l'autrice.